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5 novembre 2022
Les accords de Taef ont 33 ans et on en reparle beaucoup!

L'accord ou les accords de Taef est un document d'entente nationale

Il s'agit d'un traité inter-libanais signé le 22 octobre 1989, destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise qui dure depuis 1975. Il est présenté comme une tentative de restauration de la paix par un cessez-le-feu et par la réconciliation nationale. Négocié à Taëf en Arabie saoudite, il est le résultat des efforts politiques d'un comité composé du roi Hassan II du Maroc, du roi Fahd d'Arabie saoudite et du président Chadli d'Algérie, avec le soutien de la diplomatie américaine.


Pourquoi en reparle t-on autant, maintenant?
Le Liban semble instable et fragile comme jamais à l'issue du mandat du président Aoun commencé en 2016 et qui vient de s'achever le 31 octobre 2022 après six années marquées par une crise économique et financière sans précédent pour le peuple libanais et l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 qui restera le fait historique et traumatisant de ce sextenat. Dans l'agitation politique ambiante marquée par l'impossibilité d'élire un successeur à Aoun avant son départ et un gouvernement démissionnaire tout juste compétent pour expédier les affaires courantes, l'ambiance est électrique et la peur du grand vide constitutionnel refait surface avec en point d'orgue la résilience de l'accord de Taef pour régir le cadre institutonnel du pays.
Certains se laissent même aller jusqu'à évoquer de passer à autre chose. Si ces accords arrachés à la sortie d'une guerre civile semblent effectivement faire date, on n'imagine pas à l'heure actuelle la société libanaise et la classe politique
assez apaisées et matures pour se mettre d'accord sur un nouveau texte de nature constitutionnelle.
Même si chacun sait qu'il faudra bien un jour transcender ces accords de Taef pour écrire une nouvelle page d'un Liban stable, il ne serait pas imaginable de passer par une période sans leur faire référence au risque de voir le Liban sombrer une nouvelle fois dans le chaos. Les récents incidents lors d'une émission politique sur une chaine majeure, la MTV, montrent combien la paix est menacée par les passions non mairisées, des frustrations exacerbées et un partisianisme excessif.
Voilà assez de raisons sans doute pour que les puissances arabes et occidentales ne montent au créneau pour rappeler qu'à ce stade il n'y a que cet accord de Taef comme noeud gordien du maintien de la paix civile au Liban.

A cet égard, il est bon de rappeler à l'heure ou nous écrivons ces lignes, que le pacte national (essentiellement entre Maronites et Sunnites) de 1943 qui fait date pour la naissance du Liban en tant que nation à part entière va entrer dans sa quatre-vingtième année le 22 Novembre 2022...

Le texte intégral officiel en français des accords
> Lire...

Sous un parrainage saoudien, soutien libanais et occidental à Taëf
Au niveau diplomatique, la conférence sur l'accord de Taëf, organisée par l'Arabie Saoudite à l'UNESCO de Beyrouth le 5 novembre 2022, a confirmé l’alignement saoudo-franco-américain sur la nécessité d’appliquer le texte, préalablement à toute révision.
Cette conférence a surtout permis de recentrer au niveau institutionnel le cadre d’un éventuel débat autour du document d’entente nationale.
> Lire l'article de Sandra Noujeim pour Ici Beyrouth...

Taëf et le nouveau rôle saoudien au Liban
La conférence sur Taëf, organisée le samedi 5 Novembre à l’Unesco par l’ambassade d’Arabie Saoudite, accompagne un regain d’intérêt saoudien pour le Liban.
L’Arabie, à l’instar des puissances occidentales, est consciente du fait que l’Iran a la haute main sur la situation au Liban, mais entend contribuer sur "ce terrain iranien" aux solutions à la crise, auxquelles le Hezbollah lui-même ne serait pas réfractaire.
> Lire les détails...

Al-Bukhari, l'ambassadeur d'Arabie Saoudite au Liban:
Il n’y aura aucune intention ou proposition de modifier l’accord de Taëf
L’ambassadeur saoudien Walid Al-Bukhari a souligné que « la conférence sur l’Accord de Taëf reflète l’intérêt et le rôle moteur de l’Arabie saoudite dans la préservation de la sécurité, de l’unité et de la stabilité du Liban et du Pacte national ».
Il a déclaré lors de la conférence nationale sur le 33e anniversaire de la conclusion de l’accord de Taëf : « Nous comptons sur la sagesse des dirigeants libanais et sur les aspirations du peuple qui cherche à vivre dans la stabilité. »
Il a conclu : « La France nous a assuré qu’il n’y aura aucune intention ou proposition de modifier l’accord de Taëf. »

Selon M. Mikati, Premier ministre démissionnaire qui expédie les affaires courantes du pays, «L’accord de Taëf est la meilleure solution à la crise libanaise et l’Arabie saoudite nous soutient».
Le Premier ministre par intérim du Liban et l’ambassadeur de l’Arabie saoudite à Beyrouth ont mis en lumière l’importance de l’accord de Taëf, lors d’une conférence tenue le samedi 5 novembre 2022.

L’ambassadeur Walid ben Abdallah Bukhari a en effet organisé un forum au Palais de l’Unesco à Beyrouth qui a réuni plus de 1 000 personnalités politiques, économiques, diplomatiques et universitaires.

Étaient présents ceux qui ont participé à la rédaction de l’accord de Taëf, le diplomate aguerri Lakhdar Brahimi, qui a joué un rôle important dans la conclusion du pacte, Walid Joumblatt, le chef du Parti socialiste progressiste, des députés du Courant patriotique libre et le candidat à la présidence Sleiman Frangié.

Trente-trois ans après la signature de l’accord, qui a mis fin à quinze ans de guerre civile au Liban, sous parrainage arabe et international, l’Arabie saoudite, principal acteur de la conclusion de l’accord, a réaffirmé son attachement à la réconciliation nationale au Liban.

Le forum s’est tenu dans le contexte d’une campagne lancée contre l’accord de Taëf par le Hezbollah et son allié, le Courant patriotique libre.

Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, affirme que le forum est la preuve que l’Arabie saoudite est toujours aux côtés du Liban. La forte participation montre que l’accord est toujours la meilleure solution à mettre en œuvre.

M. Boukhari réitère l’attachement de l’Arabie saoudite et de ses dirigeants à la sécurité, la stabilité et l’unité du Liban.

«Il est urgent d’appliquer la formule de coexistence soutenue par l’accord de Taëf, c’est-à-dire la préservation de l’entité libanaise irrévocable et la conservation de l’identité et de l’appartenance arabe du Liban.»

Parlant de l’initiative française de tenir un dialogue national entre les entités libanaises, M. Bukhari note que la France, dirigée par le président Emmanuel Macron, n’a aucune intention de revoir l’accord de Taëf ou de modifier la Constitution.

Pendant ce temps, M. Brahimi a félicité l’ancien président libanais de la Chambre des représentants, Hussein el-Husseini, pour son rôle dans la conclusion de l’accord, et l'ancien président du pays René Mouawad, élu après la signature de l’accord et assassiné avant de pouvoir exercer ses fonctions.

Il a également évoqué le souvenir de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et feu le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Faisal «qui étaient les héros de l’accord de Taëf».

M. Brahimi déclare: «L’accord de Taëf a ouvert la voie aux Libanais pour construire leur nouvel État. Nous avions fondé nos espoirs sur le comité tripartite formé pour accompagner le processus de mise en œuvre de Taëf. Telle était la volonté du roi Fahd ben Abdelaziz et d’autres dirigeants arabes, mais l’invasion du Koweït par l’Irak a interrompu le travail du comité.»

L’ancien Premier ministre libanais, Fouad Siniora, dit: «L’élection d’un président qui croit en l’accord de Taëf revêt une grande importance pour compléter les autorités constitutionnelles et cela nécessite de bonnes intentions de la part de chacun.»

Walid Joumblatt soutient qu’ «avant d’envisager de modifier l’accord de Taëf tel que proposé par certaines personnes, nous devrions mettre en œuvre ses conditions, ainsi que d’autres modalités annexes, et éventuellement abolir le sectarisme politique selon un plan inclus dans l’accord», appelant à la formation d’un comité chargé de cela.

«Tout cela n’a pas de sens avant d’élire un président et de former ensuite un gouvernement crédible capable de mettre en œuvre les réformes nécessaires menant à la reprise économique et financière.»

Le prêtre Boulos Matar, qui représente le patriarcat maronite, déclare: «Les chrétiens et les musulmans constituent une même nation dans l’accord de Taëf. Au Liban, nous sommes frères dans le nationalisme, l’arabisme et l’humanité. J’exhorte donc les Libanais à lutter contre leurs conflits au nom de la fraternité.»

«Le système politique est sujet à changement sur la base d’un dialogue qui ne doit pas prendre fin.»

La coordonnatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Joanna Wronecka, souligne que l’accord de Taëf est garanti par la résolution internationale 1701 dans de nombreuses clauses. Cet accord établit un cadre pour mettre fin au sectarisme et renforcer la coexistence pacifique. Il a également établi un nouveau système politique qui répond aux aspirations des Libanais. Des efforts doivent être déployés pour mettre en œuvre l’accord d’une manière qui garantisse la stabilité du Liban.

L’ancien député Boutros Harb, qui a joué un rôle dans l’accord de Taëf, précise: « Il est facile de critiquer l’accord aujourd’hui, mais les massacres et les bombardements dont le Liban a été témoin à l’époque n’étaient pas faciles. La nouvelle formule exige le compromis de chacun au profit du Liban.

L’ancien député Edmond Rizk déclare que «l’essence de l’accord est un partenariat civilisé dans un système libre. Il n’y a pas de coercition dans le patriotisme et l’enjeu n’est pas le texte de l’accord».

L’ancien député Talal Merhebi indique que «beaucoup de gens parlent de modifier l’accord de Taëf sans le lire. Il n’y a pas de troïka dans l’accord et toute réunion tenue en dehors du Liban pour se retourner contre l’accord de Taëf est un complot contre le pays».

Le chercheur Nizar Younes critique la transformation du Liban en un État de quotas confessionnels au moyen de pratiques post-Taëf et en remplaçant l’identité arabe par des identités populistes.

«Si nous ne mettons pas en œuvre l’accord de Taëf, nous ne pouvons pas préserver le Liban», rapporte-t-il. (Source Al-Arab News)



Pourquoi certains considèrent que les accords de Taef
sont devenus caducs?

Chronique de Mr Xavier Houzel écrite en Juin 2021
Pour comprendre le dysfonctionnement d’un système dont on s’accorde à reconnaître qu’il est unique au monde et qu’il mérite d’être sauvé, il faut s’arrêter longuement aux Accords de Taëf conclus sous l’égide de l’Arabie saoudite en 1989 pour mettre fin à la guerre civile de 1975. Ils ont été reconduits tels quels – à défaut d’être reformulés comme il aurait fallu au fil des évènements – sur une période de trente ans. Ils servent encore aujourd’hui de constitution au Liban.
La constitution au Liban d’un gouvernement de mission comme l’a préconisé le président de la République Française est du ressort de l’exorcisme. Après quatre cents ans de domination ottomane, vingt-cinq ans d’influence française, trente ans de difficile indépendance (avec un débarquement de Marines en 1958), trente ans d’occupation syrienne et trente années supplémentaires de sujétion à l’Arabie saoudite, les Libanais ont hérité de nombreux démons dont ils continuent d’être habités ; il faut les en excuser. Ils méritent un sort meilleur que celui d’une descente aux enfers, comme on la leur promet.

Auparavant, la vie nationale s’articulait autour d’un Pacte non écrit, dit Pacte national libanais, datant de 1943, entre les trois communautés chiites, maronites et sunnites. Le corpus de l’ensemble des documents à valeur historique fondatrice de la nation libanaise comprend aussi d’autres textes comme l’Accord du 17 mai 1983[i] entre le Liban et Israël « actant que l’état de guerre entre le Liban et Israël a pris fin et n’existe plus » rendu caduc par les Accords de Taëf, de même que les verbatims de deux conférences dites de réconciliation tenues à Genève et Lausanne au printemps de 1984 « actant l’arabité du peuple libanais ». Les noms des pères fondateurs du Liban d’alors sont, tout en roueries et subtilités : Camille Chamoun, Pierre Gemayel, Kamal Jumblat et Rachid Karamé, auxquels il faut ajouter celui d’un absent, l’Imam Chiite Moussa Sadr, disparu en Libye en 1978, lequel prônait la modération, la justice sociale et le dialogue entre les communautés. On comprend pourquoi les Libanais ont une perception de leur Histoire qui va « de la qualité à l’espace, de l’espace à la chose et de la chose à l’horizon des choses », selon l’expression de Merleau-Ponty.

Vue de l’extérieur, la situation est plus intelligible : l’esprit des Accords de Taëf est d’abord géostratégique. Il porte le sceau d’Abdallah bin Abdulaziz, prince bédouin de grande tente, futur régent et roi d’Arabie saoudite. Il avait une vision à longue échéance. L’armée syrienne pouvait rester au Liban de façon indéfinie et se déployer dans la plaine de la Bekaa ; les politiques économique, culturelle et extérieure du Liban devaient s’aligner sur celles de la Syrie. Un accord de fraternité sera même été signé entre le Liban et la Syrie le 22 mai 1991. Au-delà de sa tutelle sur le Liban, les accords faisaient de la Syrie l’élément structurant d’une construction régionale appelée à être un jour élargie dans le monde arabe. Le Liban faisait partie du monde arabe et n’avait pas besoin de frontières comme on les dessine à la mode de Sykes et de Picot.

L’invasion du Koweït par l’Irak pendant la Guerre du Golfe de janvier 1991 fut une première transgression de l’esprit des Accords de Taëf. Aussi bien fut-ce avec regret que l’Arabie saoudite participa à ce conflit. Cet esprit fut enfreint une deuxième fois après les attentats du 11 septembre 2001, lors de l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, décidée contre l’avis de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la France. Un vide était créé en Mésopotamie que la République Islamique d’Iran allait bientôt remplir. Les chiites libanais, qui en référaient au clergé de Nadjaf en Irak et qui recevaient de Saddam Hussein la majeure partie des bourses de leurs étudiants, se tournèrent vers la Perse.

L’un des fidèles de l’Ayatollah Khomeini, actif en Syrie et au Liban, le diplomate Ali Akbar Mohtachemi (qui vient de décéder) s’évertua à rapprocher la Syrie et le Liban de l’Iran révolutionnaire et schismatique. La création qu’on lui doit du « Hezbollah », que n’avaient pas anticipée les parrains arabes des Accords de Taëf, ne découragea cependant pas le prince Abdallah, soucieux de trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Assumant la régence du royaume à partir de 1996, il jeta un pavé dans la mare en adressant – fait exceptionnel – une offre de paix à Israël (dite Plan Abdallah) pour en terminer avec ce conflit. Son initiative fut reprise et adoptée par la Ligue Arabe à l’occasion de son sommet de Beyrouth de Mars 2002. En vain.
L’année 2005 porta un coup fatal aux Accords de Taëf, en mettant à l’imbrication de la Syrie et du Liban mais elle précipita aussi la Syrie dans le camp adverse ! Les vues du président Bachar al-Assad étaient favorables à la Russie et à l’Iran ; elles divergeaient de celles des États-Unis et de la France (le discours de Villepin était loin et Chirac était un Atlantiste convaincu). L’Égypte et l’Arabie saoudite avaient opté pour l’Ouest.

2005 est l’année où Abdallah devient roi, après avoir reconduit à Houston le Pacte de Quincy. La date marque la rupture du camp occidental avec la Syrie : Rafik Hariri[ii] est assassiné, Ghazi Kanaan[iii] se suicide et Abdel Halim Khaddam[iv] fait défection, ce qui fait crier au complot. L’affaire ne sera jamais élucidée. La violence du traumatisme subi (on peut parler de douleur) provoque la coupure définitive d’un cordon ombilical entre les deux pays !

Que l’on ne s’étonne pas de voir la Syrie tiraillée depuis entre l’Iran, la Russie et la Turquie ! Qu’on ne se plaigne pas non plus de voir l’état dans lequel le Liban est aujourd’hui réduit ! Bref ! Le roi fit de son mieux pour préserver le Liban et son intégrité. Soucieux de lui donner un autre cadre structurant, il envisage, en janvier 2011, l’instauration d’un marché commun arabe. Son ministre des Affaires étrangères, le prince Saoud bin Fayçal, voit une Union Douanière Arabe en place dès 2015 et prévoit l’inauguration du Marché Commun pour 2017. Mais le souverain meurt avant. Le projet comportait un réseau ferré de même que l’électrification complète de toute la région.

Le printemps égyptien va mettre un terme à ce beau projet. Hosni Moubarak est balayé ; le régime syrien est ébranlé ; le petit Liban est contraint d’accueillir 1,5 million de réfugiés syriens. Ce n’est pourtant qu’en 2013 que les positions seront définitivement figées par rapport à la Syrie. L’État Islamique a fait son apparition ; la situation a gagné en complexité. Les fondamentaux qui constituaient le noyau dur des Accords de Taëf ne sont plus là. Le roi comprend que l’armée est le dernier rempart du Liban et son épine dorsale de secours. Il partage cette analyse avec la France, ancienne mandataire du pays du Cèdre.

C’est pourquoi, en décembre 2013, il octroie trois milliards de dollars d’aide financière au Liban, pour que son armée, faiblement équipée, achète des armes et il demande que la transaction se fasse avec la France dans la plus grande transparence. Le président libanais de la République, Michel Sleimane, déclare alors : « Il s’agit de l’aide la plus importante dans l’histoire du Liban et de l’armée libanaise… Le roi saoudien a décidé d’octroyer une importante aide au Liban d’une valeur de trois milliards de dollars alloués à l’armée libanaise pour renforcer ses capacités »… Les armes seront achetées de l’État français dans les plus brefs délais vu les relations historiques qui le lient au Liban et à l’étroite coopération militaire entre les deux pays. » Il faudra près d’un an et demi pour que cet accord se concrétise. Certains équipements seront livrés en avril 2015 ; une deuxième livraison était prévue au printemps 2016. Le roi Abdallah ne pouvait pas faire plus ; il est décédé en janvier 2015. Entre la signature des Accords de Taëf en 1989 et le jour de la mort du roi, les avances prodiguées à fond perdu au Liban par l’Arabie saoudite se sont montées à 112 milliards de Dollars.

À peine un an après la disparition du roi – juste le temps qu’il faut pour que sa succession soit organisée – l’Arabie saoudite, constatant des « positions libanaises hostiles résultant de la mainmise du Hezbollah sur l’État », annonce avoir interrompu son aide. D’autres décisions, concernent la France, à laquelle le nouveau roi et son fils
reprochent de ne pas couper toute relation avec le « Hezbollah » libanais.

Le mauvais sort frappe à nouveau le Liban car le royaume vient ainsi d’exprimer sa protestation contre le rôle en Syrie de la milice du parti libanais « Hezbollah » qu’il juge préjudiciable à ses intérêts. Sous l’impulsion de son fils, le nouveau roi Salman bin Abdulaziz a engagé son armée au Yémen dans un cycle de dépenses militaires somptuaires. Les rentrées pétrolières du pays sont en diminution et le pays a du mal à honorer ses propres engagements, notamment les 8 milliards de Dollars de dettes qu’il a accumulées à l’égard de la compagnie de construction Saudi Oger, propriété du Libano-saoudien Saad Hariri.

En avril 2016, cette entreprise de bâtiment et de travaux publics licencie 20 000 employés, ce qui n’empêche pas son propriétaire d’accepter, huit mois plus tard, le 18 décembre 2016, le poste de Président du Conseil des ministres du Liban. En juin 2017, la société n’est toujours pas remboursée de ses avances et elle doit mettre au chômage la quasi-totalité de son personnel et fermer ses portes.

Le monde entier va assister à la confession quasi publique du Président du Conseil des ministres du Liban, auteur d’une faillite retentissante dont il se sait responsable mais pas coupable. Il est l’hôte à Riyad de Mohamed bin Salman (MBS), nommé depuis peu prince héritier et vice-premier ministre du royaume. Hariri justifie sa bouleversante
démission par la mainmise excessive qu’il dénonce du Hezbollah et de l’Iran sur le Liban, où il déclare craindre pour sa vie ! On pense à son père. L’accusation qu’il profère est d’une très grande gravité et la crise que déjà elle déclenche est propice à toutes les suppositions. Aucun commentateur de presse n’ose mettre en doute ni l’authenticité de sa démarche ni la sincérité de son émotion. Les chancelleries sont abasourdies, jusqu’au moment où l’on apprend que l’avion du président de la République Française en provenance des Émirats Arabes Unis fait un détour inopiné par la capitale saoudienne et se présente à l’atterrissage sans y être invité.

La nouvelle se propage qu’Emmanuel Macron vient au secours de Saad Hariri, séquestré par un Barbe Bleue des temps modernes aussi redoutable que perfide ! On connaît la suite : plus de peur que de mal. Saad Hariri n’est retenu par personne. « Iron Man Macron » reprend son vol et l’incident est clos. Oui, peut-être, mais il ne l’est pas pour tout le monde, parce que le jeune prince n’a pas toléré et n’oubliera jamais l’humiliation que le président de la République Française vient de lui faire subir devant les caméras du monde entier. Le nouvel homme fort d’Arabie saoudite ne craint personne et il n’a que faire du Liban, de la Syrie, du Levant, du Moyen-Orient et du reste du monde.

Mais, comme c’est souvent le cas avec les tentatives avortées d’actes majeurs – le plus souvent parce que les hommes ne sont pas à leur mesure – ce qu’il en reste sert de hochet ou de chiffon rouge en marge de secrets enfouis et d’espoirs abandonnés :
MBS va se servir des Accords de Taëf, puisqu’ils sont sur la table et qu’on les dit sacro-saints. Ils survivent de plus belle à Beyrouth, où l’on se berce encore d’illusions.

D’autant plus qu’une violente explosion a secoué le pays – les silos du port de Beyrouth ont explosé, deux cent morts, le pays sombre dans un puits sans fond. MBS ne cille pas. Emmanuel Macron a accouru. À ce drame et à la crise bancaire s’ajoute une crise gouvernementale. MBS va laisser Iron Man Macron et son ministre Le Drian se dépatouiller seuls avec la communauté internationale ; il guette le faux-pas, une erreur d’appréciation de Jeanne d’Arc. Les bailleurs de fonds répondent présents mais ils chargent la France de subordonner leur aide à des réformes. L’enfer du Liban, c’est Iron man Macron qui va le vivre !

MBS mobilise les familles timariotes[v] sunnites libanaises – l’ancienne clientèle du Sultan de Constantinople[vi], désormais inféodée à l’Arabie saoudite. Leurs rejetons sont tous là, dans un rituel de reddition, nus sous leurs robes de bure, autour du meilleur d’entre eux, Saad Hariri, missionné pour tenir le rôle de l’imbécile heureux, profil qu’il doit conserver le plus longtemps possible, docile aux pieds d’un suzerain inflexible pour lequel il ne sert à rien de sauver un pays tout entier, comme il pourrait le faire d’un battement de cil.
La consigne à faire respecter par ceux qu’en d’autres temps, on eût qualifiés de collaborateurs est que le Français ne puisse pas au grand jamais être crédité de quelque succès que ce soit, ni dans la résolution de la crise gouvernementale, ni dans la solution de la crise bancaire, ni dans le dénouement de la crise politique, sociétale et morale du Liban. C’est à eux d’enrayer la formation d’un gouvernement au Liban.

Tant que le Hezbollah tient le haut du pavé à Beyrouth et que l’Iran pavane en Syrie, en Irak, à Gaza et au Yémen, il est exclu que le Liban s’en tire. D’autant plus que les délégations respectives du Renseignement saoudien et du Renseignement iranien, qui se parlent à Bagdad, s’accordent sur un point : pas de gouvernement au Liban pour l’instant – au moins jusqu’aux élections iraniennes du 18 Juin. Les Américains ne feront rien non plus pour soutenir l’initiative de la France ; ils iront même, s’il le fallait, jusqu’à la torpiller. Les chrétiens maronites, pour lesquels le Liban fut cousu sur mesure, sont désunis comme d’habitude et l’amnistie dont ils ont bénéficié aux termes des Accords de Taëf désormais en carton-pâte n’est pas gravée dans le marbre.

Avec le roi Abdallah, le Monde Arabe a perdu la sagesse qu’il devait au savoir-faire unique d’un grand monarque : la connaissance des hommes et de leurs ressorts. La finalité des Accords de Taëf, qui reposait sur des impératifs d’équilibre et de stabilité, n’a plus rien à voir avec le moteur actuel de la crise. L’avenir des cantons du petit Liban et le sort des autres provinces du Levant, dont les échelles, parties de Smyrne, se projettent jusqu’à Jérusalem et la Mer Rouge, sont sans rapport avec la notion substantielle de souveraineté nationale. Privés de leur poutre maîtresse syrienne et de leur portée, les Accords de Taëf devraient être reformulés.

De même qu’on ne saurait tirer de l’analyse d’évènements survenus autour du Golfe Persique de 1990 à nos jours assez d’enseignements pour expliquer suffisamment pourquoi le système de Taëf est devenu inopérant sur les bords de la Mer Méditerranée, on ne devrait pas pouvoir non plus imputer la crise libanaise d’aujourd’hui à un simple problème d’ego entre hommes, alors que c’est pourtant le cas !

Le président français est tributaire des positions prises à l’encontre de la Syrie par ses prédécesseurs et la France est bridée par le fameux « Caesar Syrian Civilian Protection Act ». Donald Trump est passé par là avec ses gros sabots. Le président de la République Française pourrait être tenté de s’effacer devant MBS pour ne pas rentrer dans son jeu puéril de Vilain, mais il lui est impossible d’abandonner les Libanais pris en otage.S’il est exact, comme l’écrit l’Orient-Le Jour, que la France serait prête à passer « à la vitesse supérieure en brandissant la menace d’une forme de mise sous tutelle internationale du Liban, si le blocage gouvernemental persistait alors que les services publics s’effondrent l’un après l’autre », Eh bien, qu’elle agisse !! Cela ne résoudrait certes pas le problème d’ego des grands de ce monde, mais Saad Hariri pourrait consacrer plus utilement son temps à sa société saoudienne et à ses avocats.

Le peuple libanais, quant à lui, découvrirait alors qu’il est souverain – les uns trouvant que cela vaut bien une messe (parole de patriarche) et les autres que cela vaut bien cent vierges au paradis (parole de mufti) !


Dans le même ordre de pensée, l'opinion d'un ancien ministre libanais Ibrahim El Daher écrit en Février 2021:
« Pourquoi les accords de Taëf se grippent ? »
> Lire...



Conclusion

A la lecture de ces correspondances et opinions, il apparait que le moment n'est pas venu d'un retour sur ces accords de Taef, ce qui constituerait à court terme une menace sérieuse sur la paix civile au Liban.
Cependant, le fait que le besoin subit de s'y référer se fasse sentir dans une séquence de double vide institutionnel révèle le climat d'angoisse ambiant et la nécessité de mettre à jour un cadre institutionnel prenant en compte l'évolution de la société libanaise depuis 1990.
Bien entendu, on observe que l'immobilisme conviendrait à certains, ceux là même qui ont été les principaux promoteurs de ces accords à l'époque. Il est clair aussi que la communauté chiite reste pour le moment assez discrète sur le sujet et que le rôle des puissances internationales traditionellement influentes au Liban sera un critère inévitable sur la teneur de toute évolution d'un cadre constitutionnel au Liban.

Tant que cette réemergence des accords de Taef dans le débat est un signe de lucidité sur l'absolue nécessité d'un cadre politique de référence dans une période d'incertitudes, tout ira bien...mais il faudra que la classe politique libanaise retrouve au plus vite davantage de maturité pour combler le vide actuel et être capable d'une imagination féconde pour constuire un nouveau cadre constituionnel: le besoin est bien réel mais y a t-il aujourd'hui une réelle volonté d'agir dans la bonne direction en faisant primer l'intérêt général sur les réflexes claniques ou communautaires?

La seule certitude est sans doute que le Liban ne pourra survivre longtemps dans un immobilisme qui déboucherait inévitablement sur des bouleversements douloureux.

 


















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