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Bienvenue sur VISIONS ARABES. Vu de France et d'Occident en général, le monde arabe apparait souvent bien compliqué et irrationnel tant dans son fonctionnement
que dans l'enchainement et le rythme temporel des évènements.

Visions Arabes a pour but principal d'apporter un éclairage original prioritairement
à travers des analyses et opinions de spécialistes issus du monde arabe lui-même.
Comme, le plus souvent, celles-ci sont issus de la presse ou de la blogosphère arabe,
il est nécessaire d'en saisir les subtilités grâce à une maitrise absolue de la langue arabe. Leurs auteurs peuvent vivre sur place ou être "exilés" en Occident ou même ailleurs.

Voilà pourquoi Visions Arabes propose de développer une interactivité entre la connaissance de la langue et des opinions averties venues le plus souvent d'Orient.


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Les tensions grandissantes entre Israel et les Palestiniens suite à la poursuite de la politique de colonisation de Jérusalem-Est et au récent attentat visant un représentant emblématique des juifs ultra-orthodoxes surviennent
quasiment vingt ans jour pour jour après les accords dits de "Wadi Araba" actant les rapports de paix entre l'état hébreu et le royaume hachémite de Jordanie. C'est ici l'occasion de rappeler le rôle non négligeable de la Jordanie dans l'équilibre de la région comme dans la conscience collective et le destin du peuple palestinien.

Voilà pourquoi il nous semble opportun de développer cet aspect de la situation actuelle en apportant un éclairage original et sans doute essentiel au travers de la traduction, ci-après, d'un article du chroniqueur jordanien Nahed Hattar, paru le vendredi 31 octobre 2014 dans le quotidien arabophone libanais, al-Akhbar.

Lire cet article en arabe


Wadi Araba : Fin de partie ?

Au vingtième anniversaire du traité de paix entre la Jordanie et Israël (26 Octobre 1994), connu sous le nom
des " Accords de Wadi Araba ", le roi de Jordanie Abdallah II et les responsables jordaniens lancent, tant dans les médias que dans les coulisses politiques et diplomatiques, une série de déclarations qui expriment leur colère à l'encontre d'Israël en raison des mesures hostiles que ce dernier prend à Jérusalem. Mais l'écrivain israélien Asaf David considère que cette campagne n'est qu'une " lâche " tentative visant à amadouer l'opinion publique jordanienne. David écrit : " Le roi Hussein était un roi arabe ; son fils Abdallah, par contre, est un roi occidental, ce qui simplifie les négociations avec lui ; mais cela le dessert dans sa relation à son peuple, dans ses capacités, voire dans sa légitimité ". Est-ce bien le cas, ou sommes nous devant de sérieux changements dans les relations entre la Jordanie et Israël ?

En vertu des " Accords de Wadi Araba ", la Jordanie bénéficie d'un droit souverain sur les Lieux Saints islamiques à Jérusalem, gérés par des fonctionnaires des autorités jordaniennes. De même, les Patriarches [chrétiens] de la Ville Sainte sont confirmés dans leurs apostolats ecclésiastiques par décret royal [jordanien]. Aussi, si ce droit souverain - reconnu par l'Autorité palestinienne en vertu d'un accord bilatéral - est un symbole de la plus haute importance pour la dynastie jordanienne et sa légitimité [islamique], il est également, pour l'État jordanien, un fait politique majeur cat il reconnaît le rôle de la Jordanie et garantit ses intérêts lors du règlement définitif de la question palestinienne. Et, parmi ces intérêts jordaniens, le sort des réfugiés et des déplacés [palestiniens], le tracé des frontières et des points de passage entre Cisjordanie et Transjordanie, ainsi que l'ensemble des dispositions à venir avec l'État palestinien.

Tel était, en effet, le fond des " Accords de Wadi Araba " conclus en 1994 : La Jordanie reconnaissait de jure l'État d'Israël, mettait un terme à l'état de belligérance et aux demandes qui y étaient rattachées, faisait des concessions en matière de territoire, d'eau et de défense, en échange de la reconnaissance par Israël du Royaume Hachémite de Jordanie et de ses intérêts lors du règlement définitif de la question palestinienne.

La droite israélienne a longtemps considéré que la Jordanie n'est que la partie orientale de la " Terre d'Israël ", et que les Israéliens ont accepté la partage de la Palestine historique en deux parties : Aux Juifs, la partie occidentale entre Jourdain et Méditerranée et, aux Palestiniens, la partie orientale entre Jourdain et désert. Cette opinion au sujet de laquelle la gauche israélienne est ambigüe et que de plus en plus de milieux américains approuvent a toujours inquiété le régime jordanien qui, dans ces conditions, a vu dans la reconnaissance du Royaume par Israël un bénéfice équivalent à la " renonciation pure et simple au projet de la patrie de substitution ", selon les propres termes du premier ministre jordanien de l'époque, Abdel Salam al-Majali. [Note du traducteur : Le projet de la patrie de substitution est le projet qui consistait à considérer la Jordanie comme une partie de substitution pour les Palestiniens qui seraient amenés à quitter tous le territoire d'Israël].

Mais ce projet est resté bien vivace ; car, pour l'enterrer, il eût fallu établir une réalité politique nouvelle - en Cisjordanie et à Gaza - qui eût mis fin à l'occupation, aux implantations de colons et aux agressions ; une réalité qui eût garanti le droit au retour des Palestiniens ; une réalité qui eût permis l'établissement d'un État palestinien souverain, indépendant d'Israël et doté de relations privilégiées avec la Jordanie. Tout cela était supposé survenir dans un délai de cinq après la signature des " Accords d'Oslo " de 1993, donc en 1998. Nous sommes en 2014, et aucun de ces vœux ne s'est réalisé.

Il y a aujourd'hui des faits nouveaux qui font dire à Israël qu'il est temps de solder les comptes. Car l'axe de la résistance et du refus est pris (et épuisé) par une guerre défensive contre le terrorisme. Les États de l'ancien axe des modérés, quant à eux, vivent une série de crises qui leur enlèvent toute influence sur la question palestinienne : L'Égypte est saignée par le clivage politique, le terrorisme et les graves problèmes démographiques et économiques ; l'Arabie Saoudite, se sentant menacée par la poussé de l'Iran au Yémen, au Bahreïn, voire à l'intérieur du territoire saoudien, se saigne dans des conflits régionaux, ce qui place la cause palestinienne hors de son champ de priorités. De ce fait, les Palestiniens et les Jordaniens sentent qu'ils sont devenus une proie facile pour les dirigeants de Tel-Aviv, ceux-là mêmes qui ont montré les crocs et entrepris de solder le dossier de Jérusalem de manière définitive.

Car Jérusalem, symboliquement, politiquement et dans les faits, est l'arène israélienne première pour s'affranchir des ententes et des accords antérieurs et pour remodeler le paysage palestinien dans son ensemble selon les vues de Tel-Aviv : À Gaza, un mini-État apprivoisé ou encerclé ; en Cisjordanie, après avoir raflé environ 60 % du territoire, des îlots palestiniens " autonomes " qui pousseront la population à émigrer au lieu d'encourager les réfugiés à retourner, ce qui menace l'existence même de la Jordanie.

Inquiet d'une possible volte-face israélienne à l'égard de la Jordanie, Le roi Abdallah II manœuvre tous azimuts et lance une campagne visant à dire aux Israéliens qu'il possède des cartes qu'il menace d'abattre, telles que le gel du Traité de paix et de coordination sécuritaire entre les deux États, tandis que les fuites dans la presse évoquent sa menace de " constituer un gouvernement de coalition auquel serait associée l'opposition nationale ", ou de " renforcer ses liens avec l'Iran ".


Il est très probable que le roi jordanien vise à exprimer son inquiétude face à " l'extrémisme israélien " qu'il a qualifié, dans un échange avec des parlementaires, de l'autre face du terrorisme, afin de mettre la pression sur Netanyahou et freiner ses ardeurs. Mais le problème est que le projet sioniste à l'égard de la Jordanie n'est plus la thèse d'extrémistes qu'un gouvernement israélien de droite peut parfois évoquer pour des raisons de tactique politicienne ; ce projet représente désormais une stratégie bénéficiant d'un consensus israélien qui considère que la conjoncture actuelle est le moment opportun pour mettre un terme à la partie qu'Israël joue avec Amman depuis vingt ans.


Traduit par César SAKR
3 Novembre 2014




Le 5 Novembre, suite à une escalade des incidents sur l'esplanade des Mosquées qui se sont étendus à la vieille ville de Jérusalem, la Jordanie a annoncé le rappel de son ambassadeur en Israël « pour protester contre l'escalade israélienne ». Le pays a fait également part de sa volonté de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies « contre les attaques répétées d'Israël contre les lieux saints musulmans ».
L'enchainement des évènements démontre ici toute la pertinence de l'article sélectionné et traduit ci-dessus



La révolte de la jeunesse à Jérusalem peut-elle se transformer en insurrection?
>> Lire (en Anglais) sur Al-Monitor, "le pouls du Moyen-Orient"


Consultez l'article original d'Al Akhbar en pdf et en intégralité


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