Amchit
est un village singulier
Visiter Amchit, cest un peu comme simmerger dans une
peinture de Monet. À quelque 40 kilomètres du brouhaha
beyrouthin, ses sinueuses ruelles de pierres blanches senchaînent
avant de dévoiler, au loin, un bleu marin semblant ne faire
quun avec le ciel. Les palmiers bordent lhorizon,
laissant entrevoir les « grandes demeures », véritables
bijoux architecturaux disséminés à travers
le village. La richesse de lhistoire de Amchit tient notamment
au fait quil fut un grand carrefour commercial stratégique,
aux abords de Byblos et de Batroun.
« Les cèdres du village de Jaj étaient envoyés
par le pont entre Amchit et Byblos, puis en direction de la Palestine
pour construire le palais de Salomon », raconte Antoine
Issa, président de la municipalité depuis 21 ans
*.
En
2019, Amchit avait été élu Village
préféré des libanais
Amchit
regorge de richesses accumulées par ses grands commerçants
au cours du XVIIIe siècle. Soie, produits agricoles
les affaires étaient alors florissantes pour les habitants
de Amchit qui avaient pour particularité de ne pas suivre
un modèle féodal. « Entre la fin du XVIIIe
siècle et le début du XIXe siècle, les familles
du village ont décidé de construire de grandes
demeures pour montrer leur richesse », explique Bassam
Lahoud, architecte et professeur à la LAU. Aujourdhui,
ces maisons font la fierté et la réputation architecturale
du village de lancien président Michel Sleiman. Imposantes,
les demeures disposent chacune de caractéristiques qui
leur sont propres. Encore occupées, il faut toquer aux
portes et compter sur la disponibilité des maîtres
des lieux pour pouvoir les visiter.
Trésors magistraux
Petit havre de paix, le village se visite idéalement à
pied, le temps dune demi-journée. Nichée dans
le quartier Saint-Élisée et entourée dune
véritable jungle darbres des quatre coins du monde,
la maison Zakhia impressionne dabord par la taille de sa
cour intérieure fermée. Le regard est ensuite attiré
par son plafond et ses superbes poutres en bois, ainsi que par
les vitraux multicolores qui donnent une allure sacrée
à la bâtisse. « On peut remarquer aussi les
mandalounes, ces fenêtres jumelées dinspiration
vénitienne et byzantine », précise Bassam
Lahoud.
Un
village lié à Ernest Renan
Cest dans cette maison qua
séjourné lécrivain et philosophe
français Ernest Renan, en 1860, en compagnie de son épouse
Cornélie et de sa sur Henriette.
Dansun petit salon adjacent à la cour intérieure,
la famille Zakhia a exposé les lettres qui attestent
du passage de lhomme de lettres. Henriette Renan, décédée
de la malaria en 1861, a été enterrée plus
loin, dans le caveau de Mikhaël Tobia, à la demande
de lécrivain.
À
quelques rues de là, la maison Wehbé attend elle
aussi de révéler des trésors insoupçonnés.
Après avoir grimpé les marches menant au premier
étage de la bâtisse, le visiteur découvre
des fresques magistrales peintes à même le plafond
de la pièce principale. Les styles se mélangent,
entre baroque et ottoman. Dorures et nuages sentremêlent,
bordés plus bas de portraits des ancêtres Wehbé,
tandis que le mobilier dépoque a été
conservé. Dans les pièces suivantes, le visiteur
est frappé tantôt par une impressionnante explosion
de couleurs du sol au plafond, tantôt par la précision
des fresques florales et animalières. Des fresques qui
mériteraient dêtre restaurées, mais
les fonds manquent Derrière la maison, quelques
palmiers-dattiers rappellent le passage de voyageurs venus dArabie
et dIrak quelque huit siècles plus tôt. «
Amchit était surnommé la Bassora du Liban »,
rappelle Bassam Lahoud.
Brassage des communautés Le
quartier de léglise Saydé nest pas
en reste. Trois maisons de la famille Lahoud offrent, elles
aussi, leur lot de surprises. Un peu en retrait, imposante au
bout dune allée darbres, la demeure de lancien
général Farès Lahoud a des allures de petit
palais. Et pour cause, elle a été construite selon
les plans ottomans de lun des palais de Yildiz avec pour
particularité ses larges voûtes à huit arêtes.
Plus bas, la solennelle demeure de lancien ambassadeur
Nazih Lahoud, extrêmement bien conservée, simpose
avec fraîcheur et élégance. À gauche,
plusieurs bâtisses appartenant à Bassam Lahoud,
en pierre grise et aux volets bleus, attirent lil.
Il faut toutefois longer les barrières en fer forgé
avant de descendre un petit escalier en contrebas pour être
propulsé, en quelques minutes, au cur de lhistoire
de Amchit. Contre toute attente, une incroyable niche souterraine
réunit, sous la demeure, les vestiges dune crypte
chrétienne du IIIe siècle, dune synagogue
et dun cimetière juif datant environ du VIIIe siècle
et détables du XVIe siècle appartenant à
des chiites. « Jai restauré toute la crypte,
mais jai dû arrêter mes explorations, car
le sol de la maison au-dessus était menacé »,
déplore Bassam Lahoud. Véritable merveille, elle
rappelle quune communauté juive venue dIran
et dIrak sest implantée dans le village entre
760 et 970 après J-C avant larrivée des
grandes familles qui constituent le village jusquà
aujourdhui. Lorigine du nom de Amchit pourrait dailleurs
remonter à cette époque. Selon différentes
versions, le nom du village pourrait signifier « le peuple
original » en hébreu, ou encore « le peuple
de Chit » en araméen, en référence
au dieu phénicien.
Amchit, cest aussi un littoral impressionnant par le bleu
de ses eaux dont les vagues viennent sécraser sur
les rochers aux reflets dorés tout au long de lannée.
Une longue corniche propice aux balades à pied ou à
vélo permet de profiter pleinement du paysage alors que
Beyrouth se dessine au loin.Une série de restaurants
sur la côte permet de mêler les plaisirs du palais
et de la baignade. Un peu plus haut, niché au bout dun
dédale de petites rues, se trouve le célèbre
camping Les Colombes, adossé sur une falaise. Fondé
dans les années 1960 par Malik Lahoud, son nom fait référence
à la commune de Colombes, en Île-de-France, dont
était originaire sa femme, rencontrée lors dun
voyage à Saint-Charbel.
Fiche
technique
Nombre
dhabitants : 35 000.
Altitude : 222 mètres.
Célébrités du village : lancien
président de la République Michel Sleiman
; le chanteur et compositeur Marcel Khalifé ;
le chanteur et compositeur Marwan Khoury ; lécrivaine
et journaliste Afifa Karam ; lactrice et chanteuse
Salwa Katrib ; le compositeur Roméo Lahoud.
Spécialités culinaires : la mouwakara,
friandise de pâte feuilletée fourrée
de noix et damandes concassées, ancienne
recette perpétuée par Furn el-Sabaya ;
le manouché aux ufs.
Activités : tourisme culturel et religieux, baignade
en mer, vélo, course à pied.
Climat : tempéré. Ensoleillé en
été, frais en hiver.
Comment
y accéder ?
Prendre
lautoroute en direction du nord depuis Beyrouth,
la sortie vers Amchit se trouve peu après Byblos.
À ne pas rater
Visiter les « grandes demeures ».
Se balader dans les ruelles du village.
Se promener à pied ou à vélo
sur la corniche qui longe le littoral.
Passer une journée ou une nuit au camping
Les Colombes.
Le port de Amchit, les plages publiques de Becchache
et de Meqaaili. *
Lors des élections municipales de Mai 2025, c'est
l'acteur libanais Tony Issa, à la tête
de la liste "Amal (Espoir) Amchit" qui a remporté
le scrutin.
Reportage
à partir de celui réalisé en juillet 2023
par Julie Kebbi pour l'OLJ
Retour
vers Amchit en 2008
Amchit
paré pour la fête et pour lélection de son fils
à la présidence
qui, après des mois d'attente aura finalement lieu le 25 Mai 2008
Le général Michel Souleiman est né
le 21 novembre 1948 à Aamchit, à proximité de la
ville millénaire de Jbeil à 40 kilomètres au nord
de la capitale libanaise.
Il a intégré larmée libanaise en 1967 ou il
est nommé lieutenant alors quil était en formation
à lécole militaire avant dentrer en service
actif en 1970.
Le
général Michel Sleimane est né à Amchit
en 1948.
Décembre
2007-
Le village de Amchit (caza de Jbeil) a revêtu son habit
de fête, non seulement pour Noël, mais aussi parce
que la joie de ses habitants pourrait bientôt être
décuplée, avec la perspective de lélection
du général Michel Sleimane, commandant en chef de
larmée et fils de la région, à la présidence
de la République. Ainsi, un arbre de Noël haut de
huit mètres a été placé près
du bâtiment historique de la place de lArmée,
décoré de 450 étoiles de Noël, avec,
à sa base, cette inscription : « Le fils de Amchite,
sauveur du Liban ».
Une enseigne lumineuse a été placée non loin
de là, avec des photos du général Sleimane.
Antoine Issa, président du conseil municipal de Amchite,
a précisé que la municipalité se prépare
au jour de lélection, et a commencé à
distribuer des drapeaux libanais et des bougies en vue des célébrations.
Il a ajouté quun opuscule sur la biographie du général
Sleimane sera distribué le même jour.
Tourisme
au Liban:
Tout pour séduire les vacanciers à Amchit, joyau du patrimoine
qui
déploie son charme sur 5 km de côtes
pour flâner, nager, découvrir...
Des demeures au style
architectural rare
La
résidence du général Farès Lahoud Lahoud se distingue par un
style architectural byzantin.
Les
maisons de Amchit ont un style assez particulier, qu’on retrouve
dans le Chouf et à Damas. « Elles se caractérisent par deux
types principaux, explique Mona Yazbeck, architecte et peintre.
La maison à double niveau dont les bases voûtées en forment
le soubassement, l’étage principal étant formé d’une cour intérieure
à ciel ouvert, autour de laquelle sont réparties les différentes
chambres et salles de la maison. Ces dernières sont ouvertes
l’une sur l’autre ce qui permettait de circuler d’une façon
continue. L’architecture de ces demeures est inspirée de celles
méditerranéenne et arabe, notamment de l’atrium romain ou perse.
Il y a une centaine d’années, certaines de ces résidences étaient
encore à ciel ouvert. Aujourd’hui, le hall est fermé et surmonté
d’œils-de-bœuf, soit de lucarnes rondes ou rectangulaires, pour
en assurer l’éclairage. » « De forme rectangulaire, avec un
simple rez-de-chaussée et un toit de terre, le deuxième type
de maisons (beit el-mad), supporté par une enfilade d’arcades,
se caractérise par la liberté de division intérieure », lit-on
dans une étude sur le patrimoine religieux de Amchit, effectuée
par le secteur mariste de Liban-Syrie, en 1991. Cette même étude
souligne qu’« au début du XXe siècle, les nouvelles habitations
présentent deux types principaux : certaines d’aspect extérieur
plutôt austère sont en pierre de taille, sans balcons, d’autres
riantes et coquettes, aux arcades multiples et aux balcons ouvragés,
s’harmonisent au mieux avec la végétation environnante ». «
C’est à cette même époque qu’est construite la maison des frères
maristes, Notre-Dame du Liban, la plus imposante d’Amchit à
l’époque, avec son rez-de-chaussée et ses deux étages surmontés
d’une toiture à deux pentes avec tuiles, et d’une croix en pierre
aux extrémités nord et sud », trouve-t-on également dans l’étude
des maristes. Une
résidence à l’architecture unique La résidence du général Farès Lahoud Lahoud se caractérise
toutefois par un style architectural byzantin, un mélange des
styles grec et oriental. La demeure, de 1 000 m2, a été édifiée
sur un rocher en 1882, sous la surveillance de deux ingénieurs
italien et français. Elle comporte une chapelle, comme la plupart
des maisons de la localité, un bureau extérieur et est entourée
d’un jardin de 20 000 m2 environ. La demeure est faite sur les
plans d’un des palais ottomans de Yaldez, près d’Istanbul. Elle
se caractérise par ses deux voûtes à huit arêtes, un exemple
unique au Liban. La voûte est assez large au niveau du salon,
et la rosace est à un niveau relativement bas par rapport au
sol. Dans le plan original de la demeure, un autre étage était
prévu, mais les travaux de construction ont été suspendus à
cause de la Première Guerre mondiale. Une citerne d’eau en forme
de « L » se trouve au-dessous du salon avec des arcades porteuses.
La
maison de Zakhia Toubia où
Ernest Renan séjourna de 1860 à 1861.
Une
cave témoin de treize civilisations La résidence de Mikhaël Lahoud est l’une des demeures mères
des Lahoud de Amchit. Sa cave, de 800 m2, située au-dessous
de la maison, a été le témoin de treize civilisations qui se
sont succédé à Amchit. « La plus ancienne pièce est une crypte
qui date du IIIe siècle, explique Bassam Lahoud, architecte,
photographe et fils du propriétaire de la demeure. Ce n’est
qu’au VIIIe siècle qu’apparaît la première construction, au
niveau des voûtes. Il s’agissait d’une synagogue, d’une nécropole
et d’une citerne d’eau. » D’autres constructions suivirent jusqu’à
la moitié du XIXe siècle. La deuxième phase importante (étables)
remonte toutefois au temps des mamelouks au XIVe siècle. Et
c’est au siècle dernier que les travaux de restauration ont
été entamés. « Cette cave bénéficie d’un emplacement important
puisqu’elle se trouve sur une colline et domine ainsi tout l’ancien
village de Amchit, souligne Bassam Lahoud, qui ajoute : « J’ai
commencé à explorer cet espace en 1988. Au fur et à mesure de
l’avancée des travaux de restauration, je découvrais de nouvelles
pièces. Les façades est et sud sont dotées de meurtrières, éléments
de défense militaire. » Aujourd’hui, la cave de la maison sert
de siège à l’atelier Bel, un lieu de rencontre des peintres,
architectes et artistes, et à la Maison libanaise de la photographie,
une association créée par Bassam Lahoud pour l’archivage des
photographies du Liban et des Libanais, l’organisation d’ateliers
de travail, de séminaires, d’expositions de professionnels et
d’amateurs, ainsi que la publication de photographies et de
livres. Elle sert aussi d’un musée de la photo.
Le camping de Amchit
Sur
une superficie de 30 000 m2, le camping de Amchit, le
premier au Moyen-Orient, a été créé en 1965. À l’origine
de ce projet, Denise, une Française mariée à Malek Lahoud.
Ennuyée de voir la salle de bains de sa maison envahie
par les touristes et les étrangers, que son époux invitait
à camper dans le terrain qui entourait leur maison au
lieu de passer la nuit dans leur voiture, elle eut l’idée
de créer un camping où elle pourrait les héberger. Elle
percevait alors des prix symboliques pour couvrir les
frais de son projet. Le camping de Amchit était même
recommandé par les guides internationaux et les offices
touristiques. Après la guerre de 1975, il a été mis
sous gérance libre, puis fermé des années durant, faute
de touristes. De retour du Brésil en 1989, la fille
de Denise et de Malek, Pascale, et son époux, François,
ont décidé de rouvrir le camping sous une nouvelle formule
d’hébergement. Aujourd’hui, celui-ci comporte 25 « tengalows
» de 7 m2, 22 chalets équipés, d’une superficie variant
entre 20 et 70 m2, et pouvant contenir six personnes,
ainsi que 22 emplacements pour dresser des tentes. Un
espace a été de même aménagé pour les anniversaires
et les barbecues. Le prix de la nuitée est fixé à 30
000 LL pour les « tengalows », une réduction est automatiquement
accordée si les touristes amènent leurs draps, matelas
et oreillers. Les campeurs paient 4 500 LL la nuit et
ont accès aux douches. En ce qui concerne les chalets,
ils sont loués à 45 000 LL. À partir du camping de Amchit,
les touristes peuvent accéder à la plage. Les responsables
des lieux ne sont toutefois pas responsables des accidents
qui y surviennent.
Pour de plus amples informations, appeler aux 09/622401
– 09/622402.
Le
jardin de Abdallah Zakhia, 50 ans d’histoire
Vieux
de 50 ans, le jardin de Abdallah Zakhia, un avocat qui lutte
en faveur de l’environnement, comporte quelque cinq cents espèces
de fruits tropicaux (litchi, papaye, goyave, mangue, avocat...),
de fleurs (aristolochia de la forêt tropicale du Brésil, d’arbustes
(cardamome, café de Colombie...) et d’arbres (pins, lauriers,
roses...). L’originalité de ce jardin c’est qu’il a été planté
par son propriétaire, graine par graine. « J’ai veillé à ce
que la nature ne soit pas transformée, insiste Me Zakhia. Quand
j’ai commencé à cultiver mon jardin, il n’existait pas de canalisations
d’eau. J’arrosais manuellement mon jardin. » Me Zakhia reçoit
des élèves de différentes écoles ainsi que des visiteurs étrangers
avides de tourisme culturel. Le sourire ne quittant pas ses
lèvres, il admire son jardin en répétant son adage préféré :
« Planter un jardin, c’est planter le bonheur. »
Une
excellente adresse pour manger en bord de mer à
la lisière de Amchit et Byblos >>>
Al
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Restaurant de poissons ou seafood restaurant ouvert
au cours de l'été 2003 et qui a connu
un succès immédiat avec près de
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locale et même une étonnante soupe de poissons.
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Il
est rare que nous soyons élogieux mais voilà
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lors des soirées jazz du Mercredi...
Accueil chaleureux, ambiance rêveuse au bord de
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Une
Authentique ville de charme
entre mer et collines
Amchit,
une ville riante qui a su faire cohabiter le calme et la vie
active.
Avec
ses quelque quatre-vingt demeures et églises classées, depuis
1992, sur la liste du patrimoine libanais, sa nature verdoyante,
sa mer bleue et son histoire riche sur les plans politique,
religieux, culturel, artistique, artisanal et commercial, Amchit
a tout pour séduire les touristes. Si l’ancienne ville invite
à la marche dans une atmosphère calme, c’est du côté du littoral
que Amchit regorge de vie.
Située à 40 km du centre-ville de Beyrouth
et à 3 km au nord de Byblos, cette localité est installée sur
un promontoire dominant la baie.
Deux entrées prévues
sur l’autoroute Beyrouth-Tripoli mènent à la ville : l’une du
sud et l’autre du nord. Débouchant sur un quartier populaire,
l’entrée sud de la ville pourrait décevoir le visiteur. Il ne
faut surtout pas se fier aux apparences. Cette première impression
est vite dissipée. À peine engagé sur la route principale de
Amchit, le visiteur est aussitôt conquis : la localité commence
à dévoiler son charme. Bordée de lauriers sauvages, celle-ci
donne un avant-goût des joyaux que réserve la ville au vacancier.
Car, visiter Amchit est synonyme d’une balade à pied dans les
ruelles de l’ancienne ville à la découverte des jardins, des
églises et des demeures vieilles de plusieurs centaines d’années,
qui témoignent des différentes civilisations qui y sont passées.
Les bougainvilliers rouges, blancs, jaunes, mauves et roses,
qui longent les ruelles et les jardins de la localité, ajoutent
une charmante note colorée au paysage verdoyant. Ils se confondent
à plusieurs autres arbustes, arbres et plantes entourant les
maisons, notamment les oliviers, les figuiers, les figuiers
de barbarie et les dattiers qui ont valu à Amchit son surnom
de « Bassora du Liban ». Au fil de la promenade, une douceur
émanant des lieux envahit l’estivant. La chapelle Sainte-Sophie,
bâtie dans une grotte en contrebas de l’église Mar Geryes, attire
par sa belle voûte de style romain. Et la maison de Nazih Lahoud
surprend avec son arcade renversée, unique en son genre. Plus
loin, la demeure de Zakhia Toubia, où Ernest Renan, écrivain
et philologue français en mission archéologique au Liban, séjourna
avec sa femme Cornélie et sa sœur Henriette de 1860 à 1861,
enchante par ses « mandalouns » et ses façades décorées par
des objets trouvés sur des sites archéologiques à Byblos. Sur
une plaque accrochée au mur de la demeure, on lit que c’est
également à Amchit que Renan « trouva la sérénité et l’inspiration
nécessaires pour écrire l’une de ses œuvres majeures : La vie
de Jésus. C’est ici aussi, qu’Henriette, décédée en 1861, repose
dans le caveau de la famille Zakhia, tout près de l’église de
ce village qu’elle a tant aimée. » Près de l’église al-Saydet
du village, le terrain sur lequel s’élève la maison de Mikhaël
Lahoud a servi de lieu de camp à l’armée de l’émir Béchir II
lors du soulèvement de Lehfed en 1820. Plus haut, sur la colline,
se dresse, majestueuse, la résidence de Farès Lahoud Lahoud,
bâtie sur un rocher et surplombant toute la localité. Elle a
servi de cadre à plusieurs séquences de films et de publicités.
Les propriétaires de certaines de ces demeures ouvriront leurs
portes aux visiteurs qui désirent se familiariser avec l’architecture
d’antan. Les habitants, affables, trouveront même du plaisir
à guider les vacanciers à travers la localité.
Les
endroits à visiter
Nous
vous proposons une liste des plus importantes demeures
et églises à visiter à Amchit – les maisons de Zakhia
Toubia, Mikhaël Toubia, de la famille Wehbé, Alice Francis,
de la famille Sleiman, Licha’a Karam, Béchara Karam, Lahoud
Lahoud, Adib Lahoud, Mikhaël Lahoud, Youssef Lahoud, Nazih
Lahoud, Jean Lahoud, Farès Gébraël Lahoud, Farès Lahoud
Lahoud ;
– Saint-Maron, siège de l’archevêché maronite de Jbeil
;
– le couvent des frères maristes ;
– les églises Saydet Amchit, Sainte-Barbe, Saint-Maron,
Saint-Antoine, Saint-Michaël, Saint-Jean, Mar Zakhia,
Saints-Pierre-et-Paul et Saint-Élisée (Mar Licha’a), al-Wardieh,
Saint-Georges avec la grotte de Sainte-Sophie, Saydnaya
et Mar Rouhana, Mar Mtanios el-Wadi.
La
chapelle Sainte-Sophie, bâtie dans
une grotte en contrebas de l’église Mar Geryes.
En
descendant vers la côte
Le tour dans l’ancienne ville terminé, il est important de s’aventurer
du côté du littoral. Amchit est dotée d’une superbe côte de
cinq kilomètres de long. Les plages de sable sont toutefois
rares, à cause des falaises. Il est cependant possible de se
baigner du côté du camping et sur les deux plages publiques,
Ma’akaylé et al-Bachach. L’accès à la plage est également possible
à travers les petits centres balnéaires parsemés çà et là sur
le littoral, moyennant environ 7 500 LL pour les adultes et
5 000 LL pour les enfants. Les friands de poisson, de mezzé
et de méchoui trouveront leur bonheur dans les restaurants situés
sur le front de mer, qui leur servent leurs plats favoris pour
un prix moyen de 25 dollars par personne. Pour ceux qui recherchent
une ambiance plus décontractée, Le Puncho, un snack-bar au bord
de la mer, propose du fast-food et des boissons que l’on peut
siroter en pêchant, en lézardant au soleil ou en discutant avec
ses amis. Quant à ceux qui désirent des goûts plus originaux,
ils pourront se rassasier auprès des vendeurs de manakichs,
comme Fern el-Sabaya, qui leur proposeront des « akrass bi beid
» (pizza aux œufs), une spécialité amchitiote. Au terme de la
journée et avant de quitter la localité, les amateurs d’objets
insolites pourront visiter les ateliers des artisans spécialisés
dans le travail des feuilles de dattiers. Cette activité, à
l’origine destinée aux objets utilitaires, prend aujourd’hui
un aspect décoratif, grâce aux efforts de Mona Yazbeck, architecte,
conceptrice des objets et coordinatrice du projet. « J’essaie
de transformer ce travail artisanal en un métier qui pourra
bénéficier aux artisans, tout en les gardant autonomes, assure-t-elle.
Il est même possible de créer des objets et des meubles sur
mesure. » Ce travail artisanal consiste à transformer les feuilles
de dattiers en sacs, chapeaux, paniers à pain, sous-plats, plateaux,
paravents, tapis, lampadaires, meubles et tant d’autres objets
décoratifs. Le prix varie entre 10 et 150 dollars et peut atteindre
les 500 dollars pour un fauteuil, par exemple. Les plus chanceux
auront la possibilité de voir les artisans à l’œuvre. « C’est
un travail délicat qui consiste en une première étape à défricher
les feuilles de dattiers, à les couper en de fines ou de grosses
lamelles et à en former des tresses avant d’exécuter le modèle
désiré », explique une artisane. C’est un métier de longue haleine
et un amour pour les travaux manuels. Peut-être est-ce l’une
des causes qui justifie le nombre limité des personnes qui s’y
adonnent (une dizaine environ). Flâner, nager et découvrir une
autre facette du patrimoine libanais, Amchit est un amalgame
de tout cela. Si vous cherchez à meubler votre journée, n’hésitez
pas à faire le détour. L’effet est garanti.
Une
école et un hôpital gratuits Menant un
niveau de vie plutôt aisé, les Amchitiotes se sont tournés
vers les groupes sociaux les moins favorisés. Ainsi, Mikhaël
Toubia, l’un des grands commerçants de la région, avait
décidé de faire don des deux tiers de ses biens au waqf
afin de construire un hôpital, dont les services seront
assurés gratuitement. Décédé avant qu’il ne fasse le legs,
c’est son frère, Jabbour, qui rédigea le testament aux
noms de Mikhaël et de lui-même. Le premier gérant, Zakhia
Chalhoub, nommé par Jabbour, a donné son accord au testament,
et l’hôpital Saint-Michaël fut construit en 1860. Aujourd’hui,
les soins continuent à y être assurés gratuitement par
une trentaine de médecins et quelques infirmières, grâce
aux efforts de sœur Marie du Sacré-Cœur, originaire de
Amchit et appartenant à la congrégation des sœurs de la
Sainte-Famille maronite de Ibrine. L’école primaire al-Wardieh,
installée dans une construction datant du XIXe siècle
et tenue par la famille Karam, est une autre leçon humanitaire.
Jusqu’à ce jour, les cours continuent à y être dispensés
gratuitement.
Projets
de développement Bien
que dotée de plusieurs atouts qui en font une ville touristique
par excellence, Amchit ne possède pas l’infrastructure vitale
pour le développement de ce secteur, qui commence à évoluer
depuis quelque temps seulement. Toutefois, certaines améliorations
sont en train de se produire au sein de la localité. Le Dr Antoine
Issa, généraliste et président du conseil municipal, explique
que deux projets constituent actuellement une priorité : la
construction, en coopération avec la Banque mondiale, du boulevard
maritime qui s’étend, sur une distance de deux kilomètres et
demi, du port de Amchit vers le camping et la restauration de
la place de Amchit, parallèlement à la création d’une bibliothèque
publique. « Le boulevard maritime sera achevé en septembre prochain,
explique le Dr Issa. En ce qui concerne les travaux sur la place,
que nous avons baptisée la place de l’Armée, ils seront achevés
en août. Une statue représentant une ancienne demeure amchitiote,
enveloppée du drapeau libanais et réalisée par Pierre Karam,
y sera érigée. Nous avons de même exproprié une ancienne demeure
située sur la place. Elle sera transformée, dans les mois qui
viennent, en une bibliothèque publique. » La municipalité ne
s’est pas contentée de ces uniques rénovations. Le Dr Issa indique
que l’an dernier près de cinquante chalets construits d’une
façon illégale sur les propriétés maritimes ont été démolis.
Cette année, les petites industries qui y sont présentes subiront
le même sort. La municipalité a également aménagé deux plages
publiques de galets (al-Bachach et Ma’akaylé), reboisé l’ensemble
du village et assuré quelque 700 poteaux électriques.
Avec
le concours de Nada
Merh
édition du 25 Juillet
2003
Numéro
de téléphone utile Les
personnes désireuses de commander des objets confectionnés à
partir des feuilles de dattiers peuvent appeler Mona Yazbeck
au 03/481345.