Vins,
Jus de Fruits et
Produits biologiques

Fers de lance de l'industrie
agro-alimentaire Libanaise
|
Le
boom de lagriculture biologique au Liban
En termes de
superficie, la production a connu une croissance
de 310 % en un an

Dans un pays où lagriculture
conventionnelle peine à se faire de la
place, lagriculture biologique commence
à prendre de lampleur même
si sa part dans le secteur reste modeste avec
près de 0, 31 %.
Ainsi, ce mode de culture connaît environ
une croissance de 30 % par an dans le monde.
Lappétit des grands groupes européens
(Danone, Céréal, Bjork, etc) pour
ce marché est la preuve de son potentiel
de développement.
Au Liban, le marché double tous les ans
et la production en termes de superficie a connu
en un an une croissance de 310 % (185 hectares
en 2003 à 758 hectares en 2004). Cette
tendance croissante a également contaminé
des pays voisins tels que lÉgypte
(4 167 hectares), la Turquie (44 552 hectares)
et Israël (5 000 hectares).
Agriculture
bio = certificat
Lagriculture biologique prête toujours
a confusion dans son mode, sa nature et ses
finalités.
En réalité, il ne suffit pas de
cultiver sans pesticides pour qualifier la semence
de biologique.
Ce mode exige une longue préparation
des terrains et des suivis particuliers. Aux
États-Unis, par exemple, un terrain doit
être contrôlé pendant trois
ans avant dêtre reconnu comme biologique.
Globalement, le produit final doit être
certifié soit par un organisme international,
soit via un intermédiaire local qui représente
cet organisme, ou par une entité de certification
locale.
Outre lintérêt écologique
et sanitaire de ce mode de production, lagriculture
biologique présente une approche de productivité
de long terme.
Ainsi, linitiateur du marché de
Souk el-Tayeb, Kamal Mouzawak, explique que
deux perspectives de production se présentent
: une perspective de productivité durable,
telle que lagriculture traditionnelle
ou biologique, et une autre à résultat
immédiat, comme la culture dOGM.
Économiquement, il affirme que le mode
biologique est le plus profitable puisquil
permettra dutiliser le terrain plus longtemps
et de mieux le rentabiliser.
En termes de coûts, malgré les
apparences, lagriculture biologique est
également aussi compétitive que
la culture conventionnelle.
Certes, une culture biologique exige plus demployés
et de contrôle en raison du non-usage
de pesticides. De plus, elle est souvent limitée
en termes de superficie et savère
très coûteuse en termes de certifications.
Mais, dun autre côté, la
culture conventionnelle présente un grand
nombre dexternalités négatives
dues au mauvais usage du terrain, à lexcès
de pesticides, aux conséquences négatives
sur la santé, etc. Ainsi, plusieurs études
de faisabilité ont montré que
si ces externalités étaient intégrées
dans le calcul, la production biologique est
au moins aussi coûteuse quune production
conventionnelle.
Problèmes
du bio au Liban
Malgré la création récente
dune entité de certification locale,
Libancert, toutes ces procédures continuent
de passer par des organismes internationaux.
Ceci rend le processus de contrôle et
de certification plus coûteux en termes
financiers et de temps. Au problème de
certification sajoute celui de labsence
de législations.
Au niveau de la recherche, le nombre détudes
réalisées est limité et
ce mode de culture est peu intégré
dans les programmes académiques.
Quant aux débouchés sur le marché
local, ces produits souffrent aussi dune
méconnaissance de la part des consommateurs.
Lagriculture biologique et ses modalités
restent un concept peu connu. Des adeptes de
ce mode de culture ont récemment commencé
à vulgariser ce concept à travers
des foires, des campagnes, mais surtout à
travers le contact direct avec lagriculteur
et les consommateurs
Pour Rami Zurayk, enseignant a lAUB, le
problème va au-delà de la vulgarisation,
cest un problème dhabitude
et de réflexes de consommation.
« Le problème essentiel est la
définition des priorités de dépenses
», souligne-t-il.
En effet, cette culture a toujours une connotation
« bourgeoise », sachant quelle
cible majoritairement les citoyens à
revenu moyen et élevé. Un produit
biologique est effectivement 20 à 50
% plus cher quun produit ordinaire.
Mais « il faut mettre le prix dans son
contexte général, un produit biologique
exige plus de temps, de savoir-faire, de contrôle,
etc », a relevé M. Mouzawak.
Au-delà du marché local, M. Zureyk
souligne ainsi le potentiel des exportations
biologiques vers les pays du Golfe, plus aisés,
ou de lUnion européenne, dont les
consommateurs sont plus sensibilisés
à ce type de production.
Toutefois, lexportation de ces produits
reste tributaire du caractère saisonnier
de la production, contrairement à dautres
modes de culture qui permettent de contourner
les effets climatiques.
Autre problème dont souffre ce secteur
encore embryonnaire par rapport à dautres
est labsence de soutien étatique.
« Il est impossible de développer
lagriculture sans subventions. Aux États-Unis,
plus de 300 milliards de dollars sont offerts
sous forme de subventions. En Europe également,
les agriculteurs reçoivent des aides
pour chaque hectare cultivé biologiquement
», explique-t-il.
Pour lui, lagriculture biologique ne devient
signifiante que lorsquelle fait partie
intégrante dune politique économique.
« Il faut déclarer le pays entièrement
bio », estime M. Zurayk, qui reconnaît
que ce « rêve peut paraître
absurde ».
Ceci est malheureusement le cas, surtout dans
un pays où lagriculture tout court
est délaissée et ne figure toujours
pas dans les priorités gouvernementales.
Une
enquête-reportage de Magali Ghosn pour
L'Orient-LeJour
  
Le marché de produits fermiers "Bio"
vous donne rendez-vous chaque Samedi à
Beyrouth
Depuis l'été
2004, un groupe de promoteurs des produits fermiers
et labellisés "bio"
par des experts hollandais organise tous les
samedis son propre marché à Beyrouth.
Quelques tentes sont dressées sur le
parking jouxtant le centre Sofil et le haut
de la rue Sursock afin d'attirer en priorité
la clientèle huppée du quartier
d'Achrafieh.
L'expérience semble déjà
concluante d'après Mr Kamal Mizouk à
l'origine de sa création: " Il ne
s'agit pas seulement d'un marché commercial
mais aussi d'un véritable espace de sensibilisation
à l'agriculture biologique" affirme
t-il ainsi avec beaucoup de conviction.
Sur les nombreux étalages
démontables secotoient bien sûr
de nombreux fruits et légumes, des féculents,
des confitures et conserves de terroir
mais aussi une panoplie de pains
de qualité, une mixture de jus de fruits
anti-oxydants et des produits laitiers jusqu'à
certaines plantes aquatiques.Nous ne serions
pas complets sans mentionner le foie gras de
la ferme de Saint-Jacques, sans doute voué
à un beau succès en perspective
des festins de fin d'année...
Certes tous les produits exposés
ne sont pas certifiés "biologiques",
comme l'explique WALID Attaya, le boulanger,
mais certains exposants encore un peu "décalés"ou
écologistes purs et durs bien qu'exigeants
sur l'appellation "bio" tolèrent
cependant la présence parallèle
de produits fermiers.Ce label Biologique est
actuellement délivré moyennant
400 Euros. Johnny Farah, restaurateur de métier
converti à l'agriculture biologique précise:
" Nos clients et nos habitués sont
souvent des gens aisés et éduqués
ou issus des classes moyennes qui sont prêts
à mettre le prix pour manger mieux et
sain!".
Deux des principaux stands du "marché
Bio de Beyrouth" ont été
développés avec l'aide de l'AUB,
l'Université Américaine de Beyrouth,
et un financement dans le cadre du programme
de l'USAID.
Mia Kassem, la responsable du marketing du "Healthy
Basket" (le panier sain), promu par l'AUB
depuis environ deux ans indique que leurs produits
sont exclusivement biologiques et certifiés
par une société hollandaise qui
inspecte à la fois les sols et les puits
d'eau afin de vérifier qu'ils ne sont
pollués ni par des insectisides, ni par
des engrais de synthèse chimiques: "
nos fruits et légumes sont produits par
une quinzaine de paysans agrées, le plus
souvent dispersés et implantés
dans des régions d'altitude et prores
du Liban". Les deux paniers, petits et
moyens, sont vendus dans les deux points de
vente au prix respectif de 66 et 100$.
Ce type d'action développe les zones
rurales en y insufflant l'esprit Bio chez les
paysans. L'opération ne revendique pas
moins de deux cent partenaires désireux
de produire de la qualité avec la possibilité
de les écouler à un meilleur prix.
Sur ce marché qui semble bel et bien
avoir franchi le stade expérimental,
on aura remarqué sous la tente de la
Fondation Renée Moawad, le gros succès
en été des cornets de glace fabriquée
à base de produits laitiers estampillés
"naturel" sans oublier la fameuse
huile d'olive de première pression à
froid, désormais un des fers de lance
des exportations agro-alimentaires libanaises.
On peut également tranquillement déguster
des toasts de foie gras et de magret d'oie exposés
par la ferme "Volaille de Batroun",
un élevage en plein air de la montagne
du Liban-Nord, qui n'hésite plus à
promouvoir ses produits lors de foire-expos
professionnelles.
Pour être complet on citera aussi "le
sel du Liban" dont Ramez Jreige vante les
bienfaits dans un livre ainsi que les ravissants
bouquets de fleurs du Jardin d'Aurélia
Sfeir et certaines plantes aquatiques.Le choix
ne manque décidement pas et de plus en
plus d'habitués se croisent chaque semaine,
les bras chargés de sacs tout en se saluant
sur des "à Samedi prochain!"
LibanVision
> Exemple d'une
gamme de produits naturels libanais
avec
la marque BM, entretien avec Mr Bachir Mechaalany
  
Bientôt une «
maison écologique libanaise » au cœur du Chouf
Octobre 2005-
La sensibilisation écologique a toujours beaucoup
préoccupé cheikh Nizam Bou Khzam, un écologiste
qui habite toujours son village de Kfarhim,
au Chouf. Chagriné par la dégradation écologique
qu’il constate dans le pays, il a conçu une
« maison écologique libanaise », et a fondé
une association qui porte en arabe le nom du
projet,
« Beit al-lubnani lil bi’a ».
« L’idée m’est venue alors que je réfléchissais
à un investissement possible pour une parcelle
de terrain de 10 000 mètres carrés qui m’appartient,
raconte-t-il. Je ne suis pas agriculteur et
il m’importe beaucoup de préserver la nature
dont j’ai toujours été un passionné. Je me suis
dit alors que si chacun devait fournir un effort
personnel pour la préserver, le mien serait
de concevoir un projet qui répondrait à cet
impératif. » L’association a alors été fondée
dans l’objectif de travailler à la sensibilisation
de la population, dont le cadre sera la « maison
écologique libanaise ». Celle-ci, telle qu’imaginée
par cheikh Bou Khzam, renfermera des espèces
de la faune caractéristique du Liban, notamment
un grand aquarium avec les poissons que l’on
trouve au large des côtes libanaises, des animaux
et des oiseaux (qui seront autant que possible
en liberté, précise-t-il) et des insectes peu
communs ou bénéfiques à l’environnement. La
flore sera également à l’honneur avec des espèces
de plantes libanaises et des arbres qui seront
plantés à même le lieu ou dont les photographies
seront exposées.
L’idée du projet est de permettre aux visiteurs
d’effectuer, en un seul endroit, un tour d’horizon
de la nature libanaise, et de les sensibiliser,
par le fait même, à la fragilité de l’équilibre
naturel, à son importance pour la qualité de
vie des humains et à la nécessité de le préserver
et de freiner la dégradation écologique. La
« maison écologique libanaise » devrait être
réalisée grâce à un effort commun de l’association
qui porte son nom ainsi que de cinq autres ONG
travaillant dans le domaine de l’environnement
et de la sensibilisation : Terre, le Secours
populaire, l’Association du développement de
l’homme et de l’environnement, « Chouaa’ al-bi’a
» et « al-Mustaqbal al-akhdar ». Le projet profitera
également de la collaboration de l’Union des
handicapés du Liban et de l’Association de la
jeunesse non voyante. « Nous ne nous contenterons
pas de faire découvrir à nos visiteurs la belle
nature libanaise, souligne cheikh Bou Khzam.
Nous leur donnerons également un aperçu de la
façon de trier les déchets et leur ferons connaître
d’autres activités écologiques. »
L’ambition de l’écologiste le pousse à aller
encore plus loin. « Nous avons prévu, dans l’enceinte
de la “ maison”, une énorme maquette représentant
le territoire libanais, qui contiendra des sortes
de salles où les enfants aussi bien que les
adultes pourront se mouvoir, découvrant de cette
manière divertissante dans quelle région se
trouve telle ou telle espèce », explique-t-il.
L’idée de la création de cette « maison écologique
» est venue à cheikh Bou Khzam depuis plus de
cinq ans. Pourquoi le retard dans l’exécution
? « Il nous a d’abord fallu du temps pour tisser
un réseau de relations qui nous aide à réaliser
le projet, dit-il. Aujourd’hui, on peut dire
que cette idée a fait son chemin dans la tête
des écologistes et des hommes politiques. Et
je suis heureux que parmi ceux qui s’associent
à moi aujourd’hui, il y ait des ONG et des personnes
de tous bords. » À l’avenir, quand la maison
sera bâtie, les six associations pourront utiliser
ses locaux pour des séminaires ou autres activités.
Il est convenu que l’investissement reviendra
à l’ensemble des six ONG durant un délai qui
sera déterminé ultérieurement, au-delà duquel
il sera exclusivement réservé à l’association
initiale. Le budget du projet a été estimé à
environ un million de dollars, dont 200 000
pour la construction, et le reste pour les jardins,
l’achat des animaux et des plantes…
En attendant la réalisation du projet, dont
la maquette est prête depuis longtemps, des
contacts avec des municipalités françaises
ont été entrepris. Un représentant municipal
français était présent au Liban il y a quelque
temps, selon cheikh Bou Khzam, à l’occasion
de l’organisation d’un camp qui a rassemblé
des Français, des Palestiniens et des Libanais
à Kfarhim. Ayant été impressionné par l’organisation
de l’association de « Beit al-lubnani lil bi’a
», le responsable français a décidé d’œuvrer
pour un jumelage avec une municipalité française
dont l’identité n’est pas encore connue. L’association
espère que ces contacts pourront lui permettre,
à terme, de lancer son projet. « Entre-temps,
nous préparons pour l’année prochaine un camp
encore plus important », souligne cheikh Bou
Khzam.
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L'Agroalimentaire
du Liban s'exporte:
Des jus d’orange
frais libanais dans les supermarchés français!

Mazen
Kassem ne cache pas sa satisfaction. Deux années
de travail portent enfin leurs fruits : une première
cargaison de 20 000 litres de jus frais K-Sun
sera livrée en France le 10 avril 2004. Ces jus
sont stérilisés selon la méthode hyperbar grâce
à une machine issue de la technologie nucléaire
dont il existe seulement quatre exemplaires au
monde, y compris au Liban.
K-Sun sera l’une des entreprises libanaises présentées
aux responsables des achats de la grande distribution
française, lors d’un événement organisé par la
Chambre de commerce franco-libanaise. Au
total, la société libanaise a signé un contrat
pour 80000 litres de jus frais par mois, ce qui
devrait doubler d’un coup ses ventes mensuelles
qui sont au Liban de 40 000 litres. K-Sun a par
ailleurs des commandes dans le Golfe pour 50000
litres par mois, mais la société attend de trouver
un distributeur en mesure de respecter la chaîne
du froid. Dès que ce sera fait, l’ouverture de
ces deux nouveaux marchés lui permettra de multiplier
ses ventes par trois. Et ce n’est que le début,
dit le PDG de K-Sun dont la capacité de production
est de 15 000 litres par jour, bien au-delà de
ce que peut absorber le marché libanais qui est
déjà proche de la saturation. « Au Liban, on a
commencé avec un chiffre d’affaires de 83 dollars
le premier mois ! » Aujourd’hui, K-Sun en est
à un million de dollars par an, dont 55 % proviennent
des ventes de jus, 25% des ventes de salades stérilisées
et conditionnées, et le reste des ventes de fruits
et légumes frais ou découpés et conditionnés.
« Nous livrons à 90 % des restaurants et des cafés
du centre-ville », 280 établissements au total,
déclare Mazen Kassem, sans compter les supermarchés
qui représentent 40 % des ventes. « Dès le départ,
notre objectif était l’export, sachant l’étroitesse
du marché libanais, souligne Mazen Kassem.
Nous pensions d’abord au marché arabe, l’Europe
étant alors encore un rêve. »
Un rêve que les efforts de K-Sun et l’accord euromed
ont rendu possible.
« Le goût incomparable de l’orange libanaise »
devrait faire le reste.
Deux millions de dollars d’investissement
L’histoire de K-Sun commence en 1996, quand les
frères Kassem ont décidé de reprendre l’exploitation
des terrains familiaux dans le Sud qui étaient
jusque-là affermés. L’idée était à l’origine de
vendre des jus frais produits sur place à travers
un réseau de 18 magasins. Deux événements les
ont conduits à revoir leur concept. D’une part,
en raison de l’ouverture de la grande distribution,
K-Sun a préféré ne conserver qu’un seul point
de vente à Hamra qui sert aussi de plate-forme
de redistribution. D’autre part, en 1999, à la
suite de décès liés à la consommation de jus frais,
les États-Unis ont interdit la commercialisation
de jus non pasteurisés. « Nous avons cherché une
alternative à la pasteurisation qui altère le
goût et la couleur et tue les vitamines, et nous
avons trouvé la technologie hyperbar en France.
» La machine, qui ressemble à un tube d’acier
géant, a coûté 800 000 dollars, et l’investissement
total deux millions de dollars, dont 1,1 million
financés par un emprunt. La production a démarré
en mai 2001. Le tube exerce une pression de 5
000 bars (sachant qu’un jet d’eau projeté à 2000
bars coupe du fer) sur le jus conditionné dans
des bouteilles en plastique (tout autre matériel
ne résisterait pas à la pression), tuant ainsi
toutes les bactéries, ce qui porte la durée de
vie du jus frais réfrigéré à 30 jours, au lieu
de quatre jours au naturel.
Pas d’avion réfrigéré
La clé de l’exportation vers la France a été la
signature d’un accord avec la société « à cartes
multiples » KMC qui a elle-même des contrats avec
des grossistes dans les halles de Rungis, la grande
distribution et les restaurants ainsi que son
propre parc de véhicules de livraison. La première
phase de l’accord concerne les jus frais. KMC
est notamment chargée d’une campagne marketing
pour les promouvoir en utilisant le label Liban.
Le marché potentiel est très important, même si
le positionnement de K-Sun est surtout haut de
gamme. « Le jus d’orange K-Sun a été préféré aux
autres par 12 représentants de la grande distribution
sur 12, lors d’un test à l’aveugle réalisé en
France », souligne Mazen Kassem. La deuxième phase
de l’accord avec KMC portera sur l’exportation
de fruits et de légumes calibrés et emballés selon
les normes européennes et commercialisées en utilisant
le nom du Liban pour insister sur les valeurs
gustatives des produits. « Notre plus grande difficulté
pour l’exportation n’est pas de respecter les
normes, puisque, dès le départ, nous avons conçu
l’usine en respectant les impératifs de la certification
HACCP (un système extrêmement strict réservé à
l’agroalimentaire soumis à un contrôle tous les
six mois). La difficulté majeure, c’est d’arriver
à Paris réfrigéré », précise le PDG de K-Sun.
« Nous sommes obligés de passer par le Luxembourg,
car Cargo-Lux est le seul vol réfrigéré au départ
de Beyrouth. Ensuite, la marchandise est transportée
par camions vers Paris », explique-t-il, déplorant
les coûts inutiles.
Sibylle RIZK - L'Orient-Le
Jour
|
Vins
& spiritueux... Itinéraires de la route du vin
Plusieurs itinéraires, plus ou
moins sobres, pour une dizaine de producteurs
de vin. Qui cherchent les moyens d’en faire une
industrie phare. Jusqu’à maintenant, les millésimes
ont été réussis. Mais les viniculteurs ne trinquent
pas encore… En dix ans, le nombre de producteurs
de vin libanais a triplé et le nombre de bouteilles
produites a doublé, pour dépasser les 6 millions
par an. Et ce n’est probablement que le début
d’un processus de croissance prometteur. En fait,
le vent a commencé à tourner en 1995 : le marché
était réservé à trois grandes entreprises (Ksara,
Kefraya, Musar), plus quelques autres producteurs
“historiques” mais à petite échelle (Nakad…).
Aujourd’hui, une dizaine de producteurs se partagent
une masse de consommateurs en augmentation.
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Industrie
du Jus de Fruits :
la montée des 100 %...
On ne le savait pas, mais chacun
de nous consomme près de 25 litres de jus par
an. Évidemment, certains de ces breuvages n’en
ont que la couleur, vaguement orangée. Nous nous
sommes intéressés aux autres. Une quinzaine de
marques de jus libanaises se disputent actuellement
le marché local. Un chiffre considérable, vu la
taille du marché. Et presque chaque année de nouvelles
marques apparaissent sur tous les créneaux : jus
frais, nectar, à base de concentré, etc. Avec
des prix qui vont du simple au quadruple. Pour
cerner les avantages comparatifs, nous avons suivi
l’itinéraire de quatre producteurs qui se positionnent
sur le haut de gamme, le 100 % jus, ou presque.
|
Des
dossiers du Commerce du Levant
réalisés
par Laura Geyman pour la partie vins et
Emanuela Vincenti Abou Chédid pour les jus de fruits.

Vins
libanais
Curieux
consommateur
Premier facteur de croissance donc, le
comportement du consommateur qui, de plus
en plus, perçoit le vin comme une boisson
non seulement buvable, mais appréciable.
Et contrairement à ses habitudes, il fait
la part belle à la production locale.
«Environ 80 % de la consommation, en nombre
de bouteilles, se fait encore sur les
vins libanais, indique Anthony Karam,
responsable du Comptoir du Vin. Pourtant,
le public est curieux de découvrir des
vins étrangers, en raison de la tendance
mondiale, mais aussi parce que les barrières
douanières ont été baissées de 105 à 70
%». C’est en fait la concurrence entre
une longue habitude de consommation (de
vin libanais) et un prestige historique
international (du vin français par exemple).
«Pendant longtemps, les vins d’importation
étaient réservés à une élite, déclare
Henri Debbané, d’Enoteca ; nous avons
réussi à les démocratiser un peu, mais
le consommateur reste prudent, il se cantonne
le plus souvent à des valeurs refuge,
à des vins qu’il connaît déjà. Et comme
le prix est décisif, il n’est pas prêt
à payer deux ou trois fois le montant
d’un vin local pour goûter un vin d’importation».
Le consommateur préfère donc, en cas de
doute, se cantonner aux produits locaux,
même si les produits étrangers sont de
plus en plus nombreux et de moins en moins
chers. «Les Libanais sont gourmands en
nouveautés, confirme Wadih Riachi, responsable
de la cave Vintage, récemment installée
au centre-ville ; et même s’ils restent
fidèles aux grands Bordeaux, ils souhaitent
déguster de produits différents, comme
les vins du nouveau monde. Mais la demande
reste forte sur les vins libanais, souvent
pour les faire goûter à l’étranger, signe
de fierté nationale. Néanmoins, la consommation
est encore ponctuelle ; elle n’est ni
régulière ni continue». Il s’avère en
effet que, malgré une nette amélioration,
la consommation de vin n’est pas encore
entrée dans les mœurs quotidiennes. «Le
vin est toujours considéré comme un produit
de fête, ajoute Riachi. Peu de gens ont
l’habitude de l’associer à leur repas
quotidien. De plus, beaucoup d’erreurs
sont commises au niveau des restaurants,
étant donné qu’il n’existe pas de formation
de sommelier au Liban. Je suis cependant
convaincu que le vin deviendra la boisson
alcoolisée la plus consommée au Liban
dans les dix prochaines années». Cet optimisme
semble être partagé par les producteurs
libanais qui sont chaque année plus nombreux
à tenter leur chance dans ce domaine.
|
Prix sobres
Coordination et cohésion
sont donc deux éléments qui doivent
encore être travaillés, et l’Union viticole
du Liban, qui regroupe l’ensemble des
producteurs, a un rôle important à jouer
à ce niveau. «L’Union viticole du Liban
doit travailler avec l’Office international
de la vigne et du vin (OIV) pour contrôler
la qualité du vin libanais, demande
Sami Ghosn, copropriétaire de Massaya.
Elle doit aussi œuvrer en coordination
avec les services de l’État et faire
une promotion conjointe du vin libanais».
Bonne nouvelle, non confirmée encore
: l’OIV pourrait organiser son congrès
annuel en 2004 au Liban. Pour Charles
Ghostine, PDG de Ksara, l’intervention
d’un Institut de la vigne et du vin
est aussi indispensable à la bonne santé
du secteur : «Un tel institut aura pour
mission d’établir les règles liées au
développement du secteur vitivinicole
au Liban. Il donnera des orientations
aux viticulteurs ; il entamera des travaux
de recensement géographique, qualitatif
et quantitatif des vignobles. Il devra
aussi étudier les implications du sol
et du climat et leurs répercussions
sur les vignes. En somme, il aura deux
rôles : le premier scientifique et technique
et le second de contrôle et de promotion».
Ceci dit, l’idée d’un tel institut a
été rejetée par le ministre de l’Agriculture,
Ali Abdallah, pour des raisons X, mais
serait favorablement accueillie par
le ministère de l’Industrie. La question
du prix des vins libanais revient également
sur le tapis. Bien sûr, les intéressés
se défendent vivement lorsqu’on les
taxe de surévaluer les prix de leurs
vins. «Nos produits sont un peu chers,
car les raisins coûtent très cher, argumente
Salim Nakad, propriétaire des vins Nakad.
Ils sont vendus entre 0,50 et 0,65 $
le kilo. De plus, les bouchons, les
bouteilles, les étiquettes doivent tous
être importés, et coûtent aussi très
cher. Nous travaillons donc surtout
à faire baisser les prix du raisin».
Même politique chez Clos St. Thomas.
Nathalie Touma ajoute : «Nous faisons
de notre mieux pour réduire les coûts
de production, ce qui se traduit principalement
par la plantation de nouveaux vignobles
pour notre compte au lieu de l’achat
de raisins sous contrat. La réduction
de nos coûts en est notable». Mais il
faut aussi que les vignes soient identifiées,
parcellarisées, en ayant eu le temps
de se développer. De l’avis des spécialistes,
pour qu’un vignoble soit identifiable,
il faut respecter un certain nombre
de normes. Si le Liban veut faire partie
de la nouvelle vague des vins du monde,
il devra être capable d’informer le
public sur ses différentes régions de
production ; pour l’instant, certains
producteurs achètent des vignobles un
peu partout. «En fin de compte, le potentiel
d’exportation profitera soit à ceux
qui sauront bien promouvoir leurs vins,
soit à ceux qui sauront faire un partenariat
intelligent à l’étranger», prévoit Anthony
Karam. Mais les producteurs ont conscience
que certains éléments de succès ne sont
pas entre leurs mains. «Nous attendons
la paix dans la région, précise Sami
Ghosn. Plus il y aura de touristes européens
au Liban, plus le vin s’exportera facilement.
Le Chili n’a pu faire connaître son
vin qu’après la chute de Pinochet. De
plus, il faut inciter les paysans libanais
à planter davantage de raisin, avec
des prêts sur 15 ans et non sur 7 ans
avec Kafalat». Donc séduire à l’étranger
ne se fera pas tout seul, c’est un travail
de longue haleine. Les principaux obstacles
restent l’absence de régulation au niveau
des modes de production et des aires
géographiques. «Il ne faut pas se faire
d’illusions, conclut Karam. Le Liban
ne fera pas partie des vins du monde
du jour au lendemain, alors que des
pays à très ancienne tradition vinicole
comme l’Australie sont encore critiqués
au niveau mondial, car leur réglementation
est toujours considérée comme trop souple».

Route du vin
Côté
commercial,
producteurs et cavistes enchaînent
les initiatives pour faire connaître,
encore plus, et apprécier leur boisson
de prédilection. Pour Sélim Wardy, tous
les amateurs de vin sont des clients
potentiellement intéressants. Il faut
donc s’éloigner de l’élitisme. Et les
professionnels sont très motivés : séances
de dégustation, foires aux vins, circuit
touristique de la route des vins… «Des
initiatives commencent à être prises,
mais il n’y a pas encore de véritable
appellation de “route des vins”, précise
Anthony Karam. On peut visiter les vignobles
de Kefraya et la fameuse cave des jésuites
de Ksara, mais Musar est à Ghazir, donc
loin de la Békaa, et les autres sont
disséminés. Il n’y a donc pas vraiment
de route comme on peut le concevoir
dans le Bordelais ou en Bourgogne».
De plus, ce type de projet s’adresse
surtout à des amateurs déjà éclairés.
«Des initiatives comme la route des
vins sont bonnes pour le tourisme, mais
il faut organiser davantage d’événements,
de sponsoring, de dégustations, des
enchères», ajoute Wadih Riachi. Des
événements plus populaires permettraient
de toucher un plus vaste public, comme
les foires aux vins. «La foire aux vins
permet d’animer la boutique, de faire
découvrir des produits au public», poursuit
Riachi. L’un des principaux obstacles
à la consommation, en particulier pour
les jeunes de 25 à 30 ans, est le prix.
Dans une foire, des promotions sont
faites pour que le public soit tenté
de faire des essais. «Il faut arrêter
de sacraliser le vin, conclut Riachi.
C’est peut-être un produit noble, à
manier avec précaution, mais qui doit
être bu en fin de compte».

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Un marché en pleine évolution
Force
de frappe
Comme
toujours, dès qu’un secteur d’activité
se découvre de nouvelles potentialités,
nombreux sont ceux qui voudraient profiter
rapidement de cette nouvelle manne.
La production de vin n’échappe pas à
la règle. «C’est une tendance mondiale,
remarque Anthony Karam. Au Liban, cette
croissance s’est accompagnée d’une multiplication
des investisseurs. La production a doublé
et la demande a augmenté en proportion».
Parmi ces nouveaux venus, tous n’ont
pas eu la même approche. On peut d’ores
et déjà observer les réussites plus
ou moins brillantes de chacun. «Les
entrées les plus significatives sont
celles de Wardy et de Massaya, en termes
de budget publicitaire, de bouteilles
produites et en force de frappe au niveau
de la distribution, ajoute Karam. Massaya
est distribuée par Vincenti et Wardy
par Bocti, deux grosses entreprises
de distribution, installées depuis longtemps
sur le marché. De plus, Massaya bénéficie
d’une bonne participation étrangère,
notamment française (voir encadré).
Et peut donc profiter de leur réseau
en Europe et en Amérique du Nord. D’autres
petits producteurs n’ont pas eu nécessairement
les mêmes atouts». L’autre problème
est inhérent à la production de vin
: pour produire, il faut des vignes,
des vignes plantées. Et il faut attendre
leur maturation, ce que certains ne
font pas. Mais une augmentation si rapide
et si importante du nombre des professionnels
enrichit-elle vraiment le marché ? «Chaque
producteur a un style spécifique, note
Henri Debbané. Il existe deux tendances
: ceux qui décident de rester traditionnels,
jouant sur les gammes de prix et la
qualité des vins en faisant des assemblages
; et ceux qui proposent des vins de
cépage (une variété unique de vigne,
comme le Syrah, le Merlot…), en plus
des vins d’assemblage (association de
différents types de vignes). Wardy s’est
spécialisée dans les vins de cépage,
Ksara commence à produire dans ce créneau,
alors que Kefraya ne veut pas en faire
pour l’instant et reste dans un style
plus traditionnel d’assemblage». Mais
de l’avis général, la qualité des vins
libanais est en progression. Dans l’ensemble,
les producteurs investissent fortement
au niveau technique afin d’améliorer
la qualité et de concurrencer les vins
étrangers. Les parts de marché se sont
effectivement un peu redistribuées,
mais les leaders restent les mêmes.
Musar reste premier en exportation ;
Ksara et Kefraya se disputent la première
place sur le marché local. Néanmoins,
tout le monde n’est pas convaincu de
l’équilibre du marché. «La création
de nouvelles caves à haut potentiel
de production, avec peu de marchés à
l’export, risque de mener à une guerre
des prix et à une saturation de la place»,
s’inquiète Carlos Adem, PDG de Fakra.
«Il n’y aura jamais trop de producteurs
au Liban ; au contraire, car la concurrence
doit permettre une émulation saine,
argumente Wadih Riachi (Vintage). Il
ne faut pas raisonner en termes de volume,
mais de qualité. Il y a encore un énorme
travail à faire en viticulture, mais
d’ici à 10 ans le Liban pourrait devenir
la star de la Méditerranée». Et c’est
bien là l’objectif de la majorité des
producteurs locaux. La question est
de savoir s’ils s’y prennent bien.
|
Troisième
vague mondiale
Alors que des pays comme l’Argentine,
la Nouvelle-Zélande ou même l’Afrique
du Sud commencent à se faire une réputation
sur le marché international du vin,
nombreux sont les professionnels libanais
qui souhaiteraient suivre la voie pavée
par Musar et développer leurs marchés
à l’exportation. Non seulement parce
que le marché local reste minime, mais
surtout parce que le Liban dispose de
potentialités qui, bien exploitées,
ouvriraient des perspectives sans limites
au niveau mondial. «La tendance est
à la diversification de la demande mondiale,
remarque Anthony Karam ; celle-ci n’est
plus axée sur le bordelais, mais sur
les vins du monde. Deux vagues de ces
vins ont déjà eu lieu, le Liban pourrait
faire partie de la troisième». Ce contexte
international positif est d’autant plus
intéressant que le vin libanais n’est
pas entièrement inconnu à l’étranger,
alors que certains pays, comme la Nouvelle-Zélande
par exemple, ont dû partir de rien.
«À Vinexpo, la plus grande foire mondiale
du vin organisée à Bordeaux, personne
n’a été surpris de voir que le Liban
produit du vin, à la différence du Chili
ou de l’Argentine, remarque Henri Debbané.
Le vin libanais a toujours plus ou moins
existé». Néanmoins, cet avantage ne
suffit en aucun cas à ouvrir toutes
grandes les portes des marchés mondiaux.
«Les vins dits du nouveau monde se basent
sur des gammes de prix très basses,
ce qui est nécessaire pour pénétrer
les marchés européens, poursuit Henri
Debbané. Les producteurs libanais n’ont
pas opté pour cette démarche. Beaucoup
d’étrangers goûtent et apprécient les
vins libanais, mais ne savent pas où
les trouver en Europe, en dehors des
restaurants libanais et de certaines
caves où ils sont vendus très cher.
Le travail d’une association des producteurs
de vins libanais sera donc de promouvoir
le Liban en tant que pays viticole,
et non de promouvoir un “château” ou
une marque».

L’Europe est
ouverte
L’un des facteurs d’amélioration
pourrait tenir dans l’accord passé avec
l’Union européenne, notamment sur les
tarifs douaniers. En fait, c’est une
arme à double tranchant : l’exportation
des vins libanais en sera facilitée,
mais les vins importés ne souffriront
plus de taxes rédhibitoires. «Actuellement,
les vins étrangers sont taxés à 70 %,
regrette Debbané. Avec les accords passés
avec l’Europe, les tarifs douaniers
seront réduits. Cette nouvelle réglementation
permettra de réajuster les prix des
vins importés, notamment des grands
crus. Les prix des Bordeaux génériques,
par exemple, deviendront très proches,
voire inférieurs à ceux des vins libanais.
Évidemment, certains producteurs locaux
devront revoir leur marge à la baisse».
L’accord d’association prévoit en fait
deux mesures pour le vin européen importé
: le “vin de qualité” verra son taux
douanier passer de 70 à 35 % (dans 5
ans), alors que le taux du “vin ordinaire”
baissera seulement à 56 %. Mais plus
encore que le prix, c’est la qualité
des vins libanais qui sera concernée
par cet accord, à tel point qu’il pourra
conditionner, positivement ou non, l’avenir
des vins locaux à l’export et au Liban-même.
«L’accord Euro-Méditerranée aidera certainement
le vin libanais à s’exporter, avance
Anthony Karam ; en même temps, la concurrence
sur le marché local sera encore plus
forte. Mais il ne suffira pas de baisser
nos prix si la qualité ne s’est pas
améliorée entre-temps. La perspective
de cet accord peut être un facteur d’amélioration,
même si on ne sait pas comment cela
se passera au moment voulu. Cela dit,
le “chauvinisme de la consommation”
ne suffira pas éternellement à soutenir
le vin local». Mais dans tous les cas,
les producteurs libanais doivent donc
envisager une réglementation plus formelle.
Comment ?
Appellation
contrôlée
Un des moyens de garantir
une qualité de production est de créer
une appellation d’origine contrôlée.
Plus encore que pour réguler la production
locale, l’AOC serait un élément de crédibilité
pour l’exportation. «L’adoption d’une
AOC crédible donne des garanties de
qualité que nous n’avons pas actuellement,
concède Henri Debbané. Elle permettrait
de distinguer les différentes régions
de production et de garantir une certaine
authenticité. Elle n’aura pas à être
poussée aussi loin qu’en France, mais
ce serait une bonne chose pour l’exportation».
Pour Michel de Bustros (Kefraya) «c’est
bien par l’AOC que nous pourrons être
internationalement reconnus». Pourtant,
cette éventualité ne fait pas l’unanimité,
certains considérant que d’autres démarches
devraient être entreprises avant de
se lancer dans un projet de cette ampleur.
«La création d’un cahier des charges
me paraît nécessaire, précise Wadih
Riachi. L’AOC est très contraignante,
elle vise surtout à limiter la chaptalisation
et elle réduit le rendement. Le cahier
des charges permettrait d’assainir la
production. Davantage de contrôles sanitaires,
par l’État ou par autorégulation, seraient
plus utiles». L’un n’empêcherait pas
l’autre, mais peut-être faut-il encore
progresser étape par étape, l’AOC étant
l’ultime pas à accomplir vers une production
totalement régulée. Pour Carlos Adem,
«le syndicat des producteurs d’alcools,
de vins et de boissons alcoolisées au
Liban, en coopération avec l’UVL et
plusieurs ministères ont déjà établi
des normes de qualité en ligne avec
les lois internationales. Le vin du
Liban n’a rien à envier aux vins des
pays les plus prestigieux dans ce domaine».
|
Ecotourisme,
Route des Vins,
Visite guidée des Domaines libanais...
Notre
Dossier

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Nouveau
au Liban !
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Stages
de formation
et d'initiation à la dégustation
des vins: voir le programme...
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Jus de Fruits libanais: Marché
en pleine expansion
Les
Principaux Jus à 100 %
|
Produits
|
Prix du L (LL)
|
Ingrédients déclarés
|
K-Sun
|
3850
|
Oranges fraiches
pressées
|
Balkis
|
3650
|
Oranges fraiches
pressées pasteurisées
|
Libby's Organic
|
3320
|
Jus d'orange
concentré, eau, Vitamine C
|
Froot
|
2250
|
Jus d'orange
concentré pasteurisé, eau
|
Maccaw
|
1850
|
Jus d'orange
concentré pasteurisé
|
Libby's
|
1495
|
Jus d'orange
concentré pasteurisé
Vitamine C, provitamine A et calcium
|
Squeez
|
1450
|
Jus d'orange
concentré pasteurisé, eau
|
Pampa
|
1325
|
Jus d'orange
concentré pasteurisé
Vitamine C
|
Note
: Les prix ont été vérifiés dans 2 supermarchés.
Ils concernent des jus à 100 %, produits localement
et disponibles en bouteilles d'un litre, sauf
pour Libby's dont la capacité est de 1200 ml (mais
le prix a été ramené pour 1 litre).
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Balkis
Balkis a été créé en 1999. Il s’agit
d’une entreprise familiale gérée par Imad Beydoun
et ses fils, Hassan et Mohsen, et aidée par une
quinzaine de salariés. La famille Beydoun a décidé
de produire des jus de fruits naturels. C’était
tout naturel, puisqu’elle possède des terres à
Ansariyé (Sud), où l’on trouve des orangers et
des citronniers.
• Production.
La production du jus d’orange suit un processus
bien rodé : les oranges sont lavées, pressées,
puis pasteurisées. La pasteurisation est un “traitement
de choc” sur le jus : il s’agit de le chauffer
à très haute température puis de le refroidir
très rapidement, en 20 secondes. Ce qui élimine
du coup toutes les bactéries. Généralement, il
y a deux méthodes pour avoir du jus d’orange.
La première consiste à opérer un trou dans l’orange
et en extraire le jus ; les bactéries restent
alors dans l’écorce. Le jus ainsi pressé a une
durée de vie d’un mois. La seconde consiste à
presser l’orange, de “l’huile” sort alors de l’écorce
et donne un goût naturellement amer au jus. Mais
le produit se gâte en quelques jours. Balkis a
choisi la première méthode. Selon Mohsen Beydoun,
directeur général, la technique de production
est simple en elle-même, le plus délicat est de
préserver la chaîne de froid, «ce qui n’est pas
respecté par tous les producteurs au Liban». Ajoutons
à cela l’importance d’un emballage neutre et opaque,
en l’occurrence le TetraPack, ce qui permet une
bonne conservation du jus. Il existe en plus plusieurs
sortes d’orangers qui donnent, suivant les saisons,
différentes variétés de fruits et de jus. Balkis
produit aussi du jus de citron et de pamplemousse,
toujours à base de fruits frais.
• Commerce. Pour
Mohsen Beydoun, «le marché libanais a une bonne
capacité d’absorption. En été, on exploite jusqu’à
90 % de notre capacité». La production est alors
de 1 700 litres de jus d’oranges par heure, résultat
du pressage de 4 tonnes d’oranges. Mais le problème,
c’est de pouvoir gérer le décalage entre la production
d’orange, qui est plus importante en hiver, et
la demande sur le marché, qui décolle en été.
Donc l’entreprise est obligée d’acheter ailleurs
ses oranges en été, au moment où les prix flambent.
Une caisse de 20 kg d’oranges se vend entre 20
000 et 40 000 LL en été, alors qu’elle ne coûte
que 2 000-4 000 LL en hiver. L’entreprise achète
700 à 800 caisses par jour. Les ventes se font
dans les petites et grandes surfaces, mais aussi
dans les restaurants et les hôtels.
• Perspectives.
Mohsen Beydoun est optimiste : le marché libanais
va encore se développer. Partout dans le monde,
les méthodes de production sont presque les mêmes.
D’autant plus que les équipements et la technologie
qui existent au Liban sont similaires à ceux qui
sont utilisés à l’étranger. D’autre part, l’entreprise
va être certifiée ISO incessamment. Ce qui est
nécessaire pour promouvoir l’exportation. L’entreprise
exporte déjà dans quelques pays arabes, notamment
aux Émirats et en Arabie saoudite, du jus qui
est congelé entre-temps dans des camions frigorifiés.
Le jus d’orange est vendu alors en gros, et mis
en emballage sous un autre nom.
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K-Sun
C’est en 1996 que la société K-Sun
a vu le jour. Elle appartient à la famille Kassem
qui possède des terres agricoles au Sud (où sont
plantés agrumes et avocats) et dans la Békaa (pommes,
poires, pêches…). L’idée au départ était d’aménager
18 points de vente qui distribueraient tous les
fruits et les légumes provenant du domaine familial,
mais aussi des jus de fruits frais. Deux points
de vente ont été d’abord ouverts, le premier à
Hamra et le second à Sin el-Fil. Toutefois, ce
projet a été interrompu lors de l’ouverture des
grandes surfaces dans la capitale. Et la stratégie
de l’entreprise s’est modifiée. L’entreprise compte
30 employés, l’usine se trouve juste à proximité
du verger. Le jus d’orange frais sera le premier
jus produit dans l’usine en 1996. Seront ensuite
commercialisés la limonade, le jus de carotte,
de pamplemousse et de pomme. Quelques mois plus
tard sont produits, en plus des jus, des cocktails
de fruits. Actuellement, il y a 65 variétés de
produits, dont cinq jus différents d’orange.
• Production.
Le directeur général Mazen Kassem est formel :
«Nous avons été les premiers à lancer les jus
frais, il nous a fallu créer un marché». Le processus
de production est invariable : il y a d’abord
la cueillette des oranges, qui seront lavées,
puis pressées par la technique du trou dans l’orange,
qui sépare la pulpe et le fruit. Une fois le jus
mis en bouteille, ces récipients sont introduits
dans une machine cylindrique, et soumis à une
pression très forte, de 5 000 bars. Un procédé
qui élimine les bactéries. Pour Mazen Kassem,
«cette technique de production est tout à fait
nouvelle ; elle vient des États-Unis et a été
adoptée uniquement en France dans une usine qui
produit Pampryl, puis au Mexique, et enfin au
Liban». Elle offre une alternative à la pasteurisation
que certains préfèrent éviter. “L’hyperbar” était
à l’origine utilisé dans la médecine ; il a été
testé sur le lait, puis appliqué aux jus. Ce jus,
une fois produit, a une durée de vie de 21 jours,
lorsqu’il est conservé à une basse température.
D’autre part, dans l’usine, les conditions sanitaires
appliquées sont celles en vigueur en Europe. La
température à l’intérieur de l’usine varie entre
2 et 12 degrés, selon l’étape de la production.
Les jus ont toujours le même goût. Ce qui n’est
pas simple à obtenir. Car, lorsqu’il s’agit d’un
jus de fruit 100 % naturel, et en raison de différentes
variétés d’oranges selon les saisons, il est dur
d’obtenir une uniformité. C’est pourquoi entre
trois et cinq genres d’oranges sont mélangés pour
obtenir le jus, de sorte que sa couleur et son
goût ne varient pas.
• Commerce.
Un accord a été conclu entre K-Sun et les grandes
surfaces pour que le prix reste invariable, d’un
supermarché à un autre. Les jus sont vendus dans
les petites et grandes surfaces, mais aussi dans
les hôtels et les restaurants. L’entreprise a
cependant plusieurs projets d’extension en vue,
le premier est de lancer sur le marché une limonade
sans sucre. De même, des salades composées et
emballées sous vide viennent d’être mises sur
le marché. Côté commerce, les jus vont être exportés
en France au début de l’été. Et des pourparlers
sont en cours avec un distributeur à Dubaï. Toutefois,
l’exportation dans les autres pays arabes, notamment
en Arabie saoudite, est problématique, au vu des
lois qui constituent des obstacles. Notamment
l’obligation de transporter la marchandise dans
un camion appartenant à l’importateur saoudien.
|
Maccaw
La société Libanjus a été fondée
en 1960 par Mikhaël Gharios. Depuis, elle n’a
cessé d’évoluer, d’une part en perfectionnant
les techniques de production, mais aussi en grandissant.
Au départ, la société produisait des jus de fruits
uniquement pour l’exportation en Union soviétique
et en Europe de l’Est. Dès 1978, l’industrie se
diversifie : sont produits alors, en plus des
jus de fruits, des concentrés de jus et des sauces
tomates, destinés aux marchés libanais et arabe.
Les années 90 marquent également un tournant dans
la société, puisque de nouveaux produits seront
lancés.
• Production.
L’année 1998 voit la naissance d’un nouveau jus
de fruit, Maccaw. Avec à la clé un investissement
considérable pour importer des États-Unis de nouvelles
techniques de production pour la pasteurisation,
la stérilisation ou la “déaréation”. Tous les
jus sont produits à partir de fruits frais. Certains
comme la pomme ou l’orange sont achetés sur le
marché libanais, tandis que d’autres sont importés,
comme les ananas qui viennent de Hawaii et des
Philippines, les mangues des Indes et les bananes
du Honduras. En 2002, encore un nouveau jus a
été lancé sous le nom “Uno” ; il est allégé par
rapport à Maccaw et contient des vitamines et
des minéraux.
• Commerce.
Selon le directeur de Libanjus, Edmond Gharios,
le Liban est un des marchés les plus difficiles.
D’abord, il est restreint, mais aussi parce que
les consommateurs libanais sont exigeants : ils
veulent des produits de qualité, mais à un prix
compétitif. Libanjus exporte néanmoins une partie
de sa production vers les pays arabes, notamment
en Jordanie, en Irak, en Syrie et en Libye. Et
à moindre degré, en Europe, notamment en Allemagne
et en Angleterre. Toutefois, l’exportation est
pénalisée par le coût des transports maritimes
qui reste élevé. Il y a de ce point de vue, une
concurrence très forte de l’Espagne, qui bénéficie
de sa proximité géographique avec les marchés
gros consommateurs. Actuellement, «rien n’est
fait par les agences maritimes ni par l’État pour
résoudre ce problème de coût et encourager l’exportation
des produits libanais», estime Edmond Gharios.
• Diversification.
C’est en 1993 que Libanjus investit dans des machines
entièrement informatisées, pour lancer un nouveau
produit, une glace appelée Danish Iceberg. C’était
un vrai défi, vu la forte implantation des glaces
étrangères, mais aussi locales. Pour ce, la société
a misé sur une technique d’avant-garde qui réduit
les cristaux d’eau et diminue le risque de contamination
de la glace. Ce procédé innovateur vient du Danemark
(d’où le nom de la glace), du plus grand fabricant
de telles machines en Europe.
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Libby’s
C’est en 1967 que la société Interbrand commence
à produire des jus de fruits, sous licence de
l’américain Libby’s. Mais entre-temps, en 1982,
la marque Libby’s est rachetée par Nestlé.
• Production.
Les concentrés sont achetés de l’étranger, et
les jus produits dans l’usine libanaise. Chaque
concentré a un itinéraire différent : l’ananas
provient des Philippines, le concentré de jus
d’orange et de pamplemousse des États-Unis, celui
de la mangue est importé des Indes. La production
de ces jus est soumise à de nombreuses contraintes,
puisque la société mère a un droit de regard sur
la technique de production mais aussi sur les
produits achetés. La capacité de production est
de 10 000 litres de jus par heure. En hiver, la
production journalière atteint 10 000 caisses
(1 caisse = 8 litres), un volume qui double en
été. Interbrand produit essentiellement deux genres
de jus : les 100 % naturels et les nectars. Et
depuis deux ans a été lancé sur le marché le jus
Organic. Cette année, une campagne publicitaire
a été élaborée pour mieux le faire connaître du
grand public. Ce jus produit en Grande-Bretagne
est issu de fruits ne contenant aucun produit
chimique.
• Commerce.
Selon le directeur de l’entreprise, Salah Abdel
Rassoul, une étude de marché a montré que 12 millions
de caisses de jus de fruits sont vendues par an,
tous genres confondus. Soit près de 25 litres
par personne et par an. Sur ce volume, Interbrand
revendique une part de 4,5 millions de caisses
par an, avec ses différents produits. Libby’s
est également exporté dans les pays de la région,
notamment l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Égypte,
la Jordanie mais aussi au Yémen et en Libye. Selon
Salah Abdel Rassoul, chaque année des sommes considérables
sont investies par l’entreprise pour acquérir
de nouvelles machines. Cette année, un nouveau
système de traitement de l’eau va être installé,
mais aussi des congélateurs.
|
Comment
déchiffrer les étiquettes ?
• Le jus frais : c’est un jus de fruits
à 100 %, sans aucun additif, aucun traitement,
aucune pasteurisation, conservation de courte
durée.
• Le pur jus : c’est un jus de fruits à
100 %, sans aucun additif, pasteurisé, conservation
longue durée.
• Jus à base de concentré : jus à base
de fruits à 100 %, parfois ajout de sucre, traitement.
• Nectar : il contient 25 à 50 % de jus,
avec de l’eau, du sucre et des acidifiants.
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L'Agroalimentaire du Liban
s'exporte:
Des jus d’orange frais libanais
dans les supermarchés français!

Mazen
Kassem ne cache pas sa satisfaction. Deux années de travail portent
enfin leurs fruits : une première cargaison de 20 000 litres de
jus frais K-Sun sera livrée en France le 10 avril 2004. Ces jus
sont stérilisés selon la méthode hyperbar grâce à une machine
issue de la technologie nucléaire dont il existe seulement quatre
exemplaires au monde, y compris au Liban.
K-Sun sera l’une des entreprises libanaises présentées aux responsables
des achats de la grande distribution française, lors d’un événement
organisé par la Chambre de commerce franco-libanaise. Au
total, la société libanaise a signé un contrat pour 80000 litres
de jus frais par mois, ce qui devrait doubler d’un coup ses ventes
mensuelles qui sont au Liban de 40 000 litres. K-Sun a par ailleurs
des commandes dans le Golfe pour 50000 litres par mois, mais la
société attend de trouver un distributeur en mesure de respecter
la chaîne du froid. Dès que ce sera fait, l’ouverture de ces deux
nouveaux marchés lui permettra de multiplier ses ventes par trois.
Et ce n’est que le début, dit le PDG de K-Sun dont la capacité
de production est de 15 000 litres par jour, bien au-delà de ce
que peut absorber le marché libanais qui est déjà proche de la
saturation. « Au Liban, on a commencé avec un chiffre d’affaires
de 83 dollars le premier mois ! » Aujourd’hui, K-Sun en est à
un million de dollars par an, dont 55 % proviennent des ventes
de jus, 25% des ventes de salades stérilisées et conditionnées,
et le reste des ventes de fruits et légumes frais ou découpés
et conditionnés. « Nous livrons à 90 % des restaurants et des
cafés du centre-ville », 280 établissements au total, déclare
Mazen Kassem, sans compter les supermarchés qui représentent 40
% des ventes. « Dès le départ, notre objectif était l’export,
sachant l’étroitesse du marché libanais, souligne Mazen Kassem.
Nous pensions d’abord au marché arabe, l’Europe étant alors encore
un rêve. »
Un rêve que les efforts de K-Sun et l’accord euromed ont rendu
possible.
« Le goût incomparable de l’orange libanaise » devrait faire le
reste.
Deux millions de dollars d’investissement
L’histoire de K-Sun commence en 1996, quand les frères Kassem
ont décidé de reprendre l’exploitation des terrains familiaux
dans le Sud qui étaient jusque-là affermés. L’idée était à l’origine
de vendre des jus frais produits sur place à travers un réseau
de 18 magasins. Deux événements les ont conduits à revoir leur
concept. D’une part, en raison de l’ouverture de la grande distribution,
K-Sun a préféré ne conserver qu’un seul point de vente à Hamra
qui sert aussi de plate-forme de redistribution. D’autre part,
en 1999, à la suite de décès liés à la consommation de jus frais,
les États-Unis ont interdit la commercialisation de jus non pasteurisés.
« Nous avons cherché une alternative à la pasteurisation qui altère
le goût et la couleur et tue les vitamines, et nous avons trouvé
la technologie hyperbar en France. » La machine, qui ressemble
à un tube d’acier géant, a coûté 800 000 dollars, et l’investissement
total deux millions de dollars, dont 1,1 million financés par
un emprunt. La production a démarré en mai 2001. Le tube exerce
une pression de 5 000 bars (sachant qu’un jet d’eau projeté à
2000 bars coupe du fer) sur le jus conditionné dans des bouteilles
en plastique (tout autre matériel ne résisterait pas à la pression),
tuant ainsi toutes les bactéries, ce qui porte la durée de vie
du jus frais réfrigéré à 30 jours, au lieu de quatre jours au
naturel.
Pas d’avion réfrigéré
La clé de l’exportation vers la France a été la signature d’un
accord avec la société « à cartes multiples » KMC qui a elle-même
des contrats avec des grossistes dans les halles de Rungis, la
grande distribution et les restaurants ainsi que son propre parc
de véhicules de livraison. La première phase de l’accord concerne
les jus frais. KMC est notamment chargée d’une campagne marketing
pour les promouvoir en utilisant le label Liban. Le marché potentiel
est très important, même si le positionnement de K-Sun est surtout
haut de gamme. « Le jus d’orange K-Sun a été préféré aux autres
par 12 représentants de la grande distribution sur 12, lors d’un
test à l’aveugle réalisé en France », souligne Mazen Kassem. La
deuxième phase de l’accord avec KMC portera sur l’exportation
de fruits et de légumes calibrés et emballés selon les normes
européennes et commercialisées en utilisant le nom du Liban pour
insister sur les valeurs gustatives des produits. « Notre plus
grande difficulté pour l’exportation n’est pas de respecter les
normes, puisque, dès le départ, nous avons conçu l’usine en respectant
les impératifs de la certification HACCP (un système extrêmement
strict réservé à l’agroalimentaire soumis à un contrôle tous les
six mois). La difficulté majeure, c’est d’arriver à Paris réfrigéré
», précise le PDG de K-Sun. « Nous sommes obligés de passer par
le Luxembourg, car Cargo-Lux est le seul vol réfrigéré au départ
de Beyrouth. Ensuite, la marchandise est transportée par camions
vers Paris », explique-t-il, déplorant les coûts inutiles.
Sibylle RIZK - L'Orient-Le Jour
|
Vins & spiritueux...
Itinéraires de la route du vin
Plusieurs itinéraires, plus ou moins sobres, pour
une dizaine de producteurs de vin. Qui cherchent les moyens d’en
faire une industrie phare. Jusqu’à maintenant, les millésimes
ont été réussis. Mais les viniculteurs ne trinquent pas encore…
En dix ans, le nombre de producteurs de vin libanais a triplé
et le nombre de bouteilles produites a doublé, pour dépasser les
6 millions par an. Et ce n’est probablement que le début d’un
processus de croissance prometteur. En fait, le vent a commencé
à tourner en 1995 : le marché était réservé à trois grandes entreprises
(Ksara, Kefraya, Musar), plus quelques autres producteurs “historiques”
mais à petite échelle (Nakad…). Aujourd’hui, une dizaine de producteurs
se partagent une masse de consommateurs en augmentation.
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Industrie du Jus de
Fruits :
la montée des 100 %...
On ne le savait pas, mais chacun de nous consomme
près de 25 litres de jus par an. Évidemment, certains de ces breuvages
n’en ont que la couleur, vaguement orangée. Nous nous sommes intéressés
aux autres. Une quinzaine de marques de jus libanaises se disputent
actuellement le marché local. Un chiffre considérable, vu la taille
du marché. Et presque chaque année de nouvelles marques apparaissent
sur tous les créneaux : jus frais, nectar, à base de concentré,
etc. Avec des prix qui vont du simple au quadruple. Pour cerner
les avantages comparatifs, nous avons suivi l’itinéraire de quatre
producteurs qui se positionnent sur le haut de gamme, le 100 %
jus, ou presque.
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Des
dossiers du Commerce du Levant
réalisés par Laura Geyman
pour la partie vins et
Emanuela Vincenti Abou Chédid pour les jus de fruits.

Vins
libanais
Curieux
consommateur
Premier facteur de croissance donc, le comportement du
consommateur qui, de plus en plus, perçoit le vin comme
une boisson non seulement buvable, mais appréciable. Et
contrairement à ses habitudes, il fait la part belle à
la production locale. «Environ 80 % de la consommation,
en nombre de bouteilles, se fait encore sur les vins libanais,
indique Anthony Karam, responsable du Comptoir du Vin.
Pourtant, le public est curieux de découvrir des vins
étrangers, en raison de la tendance mondiale, mais aussi
parce que les barrières douanières ont été baissées de
105 à 70 %». C’est en fait la concurrence entre une longue
habitude de consommation (de vin libanais) et un prestige
historique international (du vin français par exemple).
«Pendant longtemps, les vins d’importation étaient réservés
à une élite, déclare Henri Debbané, d’Enoteca ; nous avons
réussi à les démocratiser un peu, mais le consommateur
reste prudent, il se cantonne le plus souvent à des valeurs
refuge, à des vins qu’il connaît déjà. Et comme le prix
est décisif, il n’est pas prêt à payer deux ou trois fois
le montant d’un vin local pour goûter un vin d’importation».
Le consommateur préfère donc, en cas de doute, se cantonner
aux produits locaux, même si les produits étrangers sont
de plus en plus nombreux et de moins en moins chers. «Les
Libanais sont gourmands en nouveautés, confirme Wadih
Riachi, responsable de la cave Vintage, récemment installée
au centre-ville ; et même s’ils restent fidèles aux grands
Bordeaux, ils souhaitent déguster de produits différents,
comme les vins du nouveau monde. Mais la demande reste
forte sur les vins libanais, souvent pour les faire goûter
à l’étranger, signe de fierté nationale. Néanmoins, la
consommation est encore ponctuelle ; elle n’est ni régulière
ni continue». Il s’avère en effet que, malgré une nette
amélioration, la consommation de vin n’est pas encore
entrée dans les mœurs quotidiennes. «Le vin est toujours
considéré comme un produit de fête, ajoute Riachi. Peu
de gens ont l’habitude de l’associer à leur repas quotidien.
De plus, beaucoup d’erreurs sont commises au niveau des
restaurants, étant donné qu’il n’existe pas de formation
de sommelier au Liban. Je suis cependant convaincu que
le vin deviendra la boisson alcoolisée la plus consommée
au Liban dans les dix prochaines années». Cet optimisme
semble être partagé par les producteurs libanais qui sont
chaque année plus nombreux à tenter leur chance dans ce
domaine.
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Prix sobres
Coordination et cohésion sont donc
deux éléments qui doivent encore être travaillés, et
l’Union viticole du Liban, qui regroupe l’ensemble des
producteurs, a un rôle important à jouer à ce niveau.
«L’Union viticole du Liban doit travailler avec l’Office
international de la vigne et du vin (OIV) pour contrôler
la qualité du vin libanais, demande Sami Ghosn, copropriétaire
de Massaya. Elle doit aussi œuvrer en coordination avec
les services de l’État et faire une promotion conjointe
du vin libanais». Bonne nouvelle, non confirmée encore
: l’OIV pourrait organiser son congrès annuel en 2004
au Liban. Pour Charles Ghostine, PDG de Ksara, l’intervention
d’un Institut de la vigne et du vin est aussi indispensable
à la bonne santé du secteur : «Un tel institut aura
pour mission d’établir les règles liées au développement
du secteur vitivinicole au Liban. Il donnera des orientations
aux viticulteurs ; il entamera des travaux de recensement
géographique, qualitatif et quantitatif des vignobles.
Il devra aussi étudier les implications du sol et du
climat et leurs répercussions sur les vignes. En somme,
il aura deux rôles : le premier scientifique et technique
et le second de contrôle et de promotion». Ceci dit,
l’idée d’un tel institut a été rejetée par le ministre
de l’Agriculture, Ali Abdallah, pour des raisons X,
mais serait favorablement accueillie par le ministère
de l’Industrie. La question du prix des vins libanais
revient également sur le tapis. Bien sûr, les intéressés
se défendent vivement lorsqu’on les taxe de surévaluer
les prix de leurs vins. «Nos produits sont un peu chers,
car les raisins coûtent très cher, argumente Salim Nakad,
propriétaire des vins Nakad. Ils sont vendus entre 0,50
et 0,65 $ le kilo. De plus, les bouchons, les bouteilles,
les étiquettes doivent tous être importés, et coûtent
aussi très cher. Nous travaillons donc surtout à faire
baisser les prix du raisin». Même politique chez Clos
St. Thomas. Nathalie Touma ajoute : «Nous faisons de
notre mieux pour réduire les coûts de production, ce
qui se traduit principalement par la plantation de nouveaux
vignobles pour notre compte au lieu de l’achat de raisins
sous contrat. La réduction de nos coûts en est notable».
Mais il faut aussi que les vignes soient identifiées,
parcellarisées, en ayant eu le temps de se développer.
De l’avis des spécialistes, pour qu’un vignoble soit
identifiable, il faut respecter un certain nombre de
normes. Si le Liban veut faire partie de la nouvelle
vague des vins du monde, il devra être capable d’informer
le public sur ses différentes régions de production
; pour l’instant, certains producteurs achètent des
vignobles un peu partout. «En fin de compte, le potentiel
d’exportation profitera soit à ceux qui sauront bien
promouvoir leurs vins, soit à ceux qui sauront faire
un partenariat intelligent à l’étranger», prévoit Anthony
Karam. Mais les producteurs ont conscience que certains
éléments de succès ne sont pas entre leurs mains. «Nous
attendons la paix dans la région, précise Sami Ghosn.
Plus il y aura de touristes européens au Liban, plus
le vin s’exportera facilement. Le Chili n’a pu faire
connaître son vin qu’après la chute de Pinochet. De
plus, il faut inciter les paysans libanais à planter
davantage de raisin, avec des prêts sur 15 ans et non
sur 7 ans avec Kafalat». Donc séduire à l’étranger ne
se fera pas tout seul, c’est un travail de longue haleine.
Les principaux obstacles restent l’absence de régulation
au niveau des modes de production et des aires géographiques.
«Il ne faut pas se faire d’illusions, conclut Karam.
Le Liban ne fera pas partie des vins du monde du jour
au lendemain, alors que des pays à très ancienne tradition
vinicole comme l’Australie sont encore critiqués au
niveau mondial, car leur réglementation est toujours
considérée comme trop souple».

Route du vin
Côté
commercial,
producteurs et cavistes enchaînent les initiatives
pour faire connaître, encore plus, et apprécier leur
boisson de prédilection. Pour Sélim Wardy, tous les
amateurs de vin sont des clients potentiellement intéressants.
Il faut donc s’éloigner de l’élitisme. Et les professionnels
sont très motivés : séances de dégustation, foires aux
vins, circuit touristique de la route des vins… «Des
initiatives commencent à être prises, mais il n’y a
pas encore de véritable appellation de “route des vins”,
précise Anthony Karam. On peut visiter les vignobles
de Kefraya et la fameuse cave des jésuites de Ksara,
mais Musar est à Ghazir, donc loin de la Békaa, et les
autres sont disséminés. Il n’y a donc pas vraiment de
route comme on peut le concevoir dans le Bordelais ou
en Bourgogne». De plus, ce type de projet s’adresse
surtout à des amateurs déjà éclairés. «Des initiatives
comme la route des vins sont bonnes pour le tourisme,
mais il faut organiser davantage d’événements, de sponsoring,
de dégustations, des enchères», ajoute Wadih Riachi.
Des événements plus populaires permettraient de toucher
un plus vaste public, comme les foires aux vins. «La
foire aux vins permet d’animer la boutique, de faire
découvrir des produits au public», poursuit Riachi.
L’un des principaux obstacles à la consommation, en
particulier pour les jeunes de 25 à 30 ans, est le prix.
Dans une foire, des promotions sont faites pour que
le public soit tenté de faire des essais. «Il faut arrêter
de sacraliser le vin, conclut Riachi. C’est peut-être
un produit noble, à manier avec précaution, mais qui
doit être bu en fin de compte».

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Un marché en pleine évolution
Force
de frappe
Comme
toujours, dès qu’un secteur d’activité se découvre de
nouvelles potentialités, nombreux sont ceux qui voudraient
profiter rapidement de cette nouvelle manne. La production
de vin n’échappe pas à la règle. «C’est une tendance
mondiale, remarque Anthony Karam. Au Liban, cette croissance
s’est accompagnée d’une multiplication des investisseurs.
La production a doublé et la demande a augmenté en proportion».
Parmi ces nouveaux venus, tous n’ont pas eu la même
approche. On peut d’ores et déjà observer les réussites
plus ou moins brillantes de chacun. «Les entrées les
plus significatives sont celles de Wardy et de Massaya,
en termes de budget publicitaire, de bouteilles produites
et en force de frappe au niveau de la distribution,
ajoute Karam. Massaya est distribuée par Vincenti et
Wardy par Bocti, deux grosses entreprises de distribution,
installées depuis longtemps sur le marché. De plus,
Massaya bénéficie d’une bonne participation étrangère,
notamment française (voir encadré). Et peut donc profiter
de leur réseau en Europe et en Amérique du Nord. D’autres
petits producteurs n’ont pas eu nécessairement les mêmes
atouts». L’autre problème est inhérent à la production
de vin : pour produire, il faut des vignes, des vignes
plantées. Et il faut attendre leur maturation, ce que
certains ne font pas. Mais une augmentation si rapide
et si importante du nombre des professionnels enrichit-elle
vraiment le marché ? «Chaque producteur a un style spécifique,
note Henri Debbané. Il existe deux tendances : ceux
qui décident de rester traditionnels, jouant sur les
gammes de prix et la qualité des vins en faisant des
assemblages ; et ceux qui proposent des vins de cépage
(une variété unique de vigne, comme le Syrah, le Merlot…),
en plus des vins d’assemblage (association de différents
types de vignes). Wardy s’est spécialisée dans les vins
de cépage, Ksara commence à produire dans ce créneau,
alors que Kefraya ne veut pas en faire pour l’instant
et reste dans un style plus traditionnel d’assemblage».
Mais de l’avis général, la qualité des vins libanais
est en progression. Dans l’ensemble, les producteurs
investissent fortement au niveau technique afin d’améliorer
la qualité et de concurrencer les vins étrangers. Les
parts de marché se sont effectivement un peu redistribuées,
mais les leaders restent les mêmes. Musar reste premier
en exportation ; Ksara et Kefraya se disputent la première
place sur le marché local. Néanmoins, tout le monde
n’est pas convaincu de l’équilibre du marché. «La création
de nouvelles caves à haut potentiel de production, avec
peu de marchés à l’export, risque de mener à une guerre
des prix et à une saturation de la place», s’inquiète
Carlos Adem, PDG de Fakra. «Il n’y aura jamais trop
de producteurs au Liban ; au contraire, car la concurrence
doit permettre une émulation saine, argumente Wadih
Riachi (Vintage). Il ne faut pas raisonner en termes
de volume, mais de qualité. Il y a encore un énorme
travail à faire en viticulture, mais d’ici à 10 ans
le Liban pourrait devenir la star de la Méditerranée».
Et c’est bien là l’objectif de la majorité des producteurs
locaux. La question est de savoir s’ils s’y prennent
bien.
|
Troisième
vague mondiale
Alors que des pays comme l’Argentine, la Nouvelle-Zélande
ou même l’Afrique du Sud commencent à se faire une réputation
sur le marché international du vin, nombreux sont les
professionnels libanais qui souhaiteraient suivre la
voie pavée par Musar et développer leurs marchés à l’exportation.
Non seulement parce que le marché local reste minime,
mais surtout parce que le Liban dispose de potentialités
qui, bien exploitées, ouvriraient des perspectives sans
limites au niveau mondial. «La tendance est à la diversification
de la demande mondiale, remarque Anthony Karam ; celle-ci
n’est plus axée sur le bordelais, mais sur les vins
du monde. Deux vagues de ces vins ont déjà eu lieu,
le Liban pourrait faire partie de la troisième». Ce
contexte international positif est d’autant plus intéressant
que le vin libanais n’est pas entièrement inconnu à
l’étranger, alors que certains pays, comme la Nouvelle-Zélande
par exemple, ont dû partir de rien. «À Vinexpo, la plus
grande foire mondiale du vin organisée à Bordeaux, personne
n’a été surpris de voir que le Liban produit du vin,
à la différence du Chili ou de l’Argentine, remarque
Henri Debbané. Le vin libanais a toujours plus ou moins
existé». Néanmoins, cet avantage ne suffit en aucun
cas à ouvrir toutes grandes les portes des marchés mondiaux.
«Les vins dits du nouveau monde se basent sur des gammes
de prix très basses, ce qui est nécessaire pour pénétrer
les marchés européens, poursuit Henri Debbané. Les producteurs
libanais n’ont pas opté pour cette démarche. Beaucoup
d’étrangers goûtent et apprécient les vins libanais,
mais ne savent pas où les trouver en Europe, en dehors
des restaurants libanais et de certaines caves où ils
sont vendus très cher. Le travail d’une association
des producteurs de vins libanais sera donc de promouvoir
le Liban en tant que pays viticole, et non de promouvoir
un “château” ou une marque».

L’Europe est ouverte
L’un des facteurs d’amélioration pourrait
tenir dans l’accord passé avec l’Union européenne, notamment
sur les tarifs douaniers. En fait, c’est une arme à
double tranchant : l’exportation des vins libanais en
sera facilitée, mais les vins importés ne souffriront
plus de taxes rédhibitoires. «Actuellement, les vins
étrangers sont taxés à 70 %, regrette Debbané. Avec
les accords passés avec l’Europe, les tarifs douaniers
seront réduits. Cette nouvelle réglementation permettra
de réajuster les prix des vins importés, notamment des
grands crus. Les prix des Bordeaux génériques, par exemple,
deviendront très proches, voire inférieurs à ceux des
vins libanais. Évidemment, certains producteurs locaux
devront revoir leur marge à la baisse». L’accord d’association
prévoit en fait deux mesures pour le vin européen importé
: le “vin de qualité” verra son taux douanier passer
de 70 à 35 % (dans 5 ans), alors que le taux du “vin
ordinaire” baissera seulement à 56 %. Mais plus encore
que le prix, c’est la qualité des vins libanais qui
sera concernée par cet accord, à tel point qu’il pourra
conditionner, positivement ou non, l’avenir des vins
locaux à l’export et au Liban-même. «L’accord Euro-Méditerranée
aidera certainement le vin libanais à s’exporter, avance
Anthony Karam ; en même temps, la concurrence sur le
marché local sera encore plus forte. Mais il ne suffira
pas de baisser nos prix si la qualité ne s’est pas améliorée
entre-temps. La perspective de cet accord peut être
un facteur d’amélioration, même si on ne sait pas comment
cela se passera au moment voulu. Cela dit, le “chauvinisme
de la consommation” ne suffira pas éternellement à soutenir
le vin local». Mais dans tous les cas, les producteurs
libanais doivent donc envisager une réglementation plus
formelle. Comment ?
Appellation contrôlée
Un des moyens de garantir une qualité
de production est de créer une appellation d’origine
contrôlée. Plus encore que pour réguler la production
locale, l’AOC serait un élément de crédibilité pour
l’exportation. «L’adoption d’une AOC crédible donne
des garanties de qualité que nous n’avons pas actuellement,
concède Henri Debbané. Elle permettrait de distinguer
les différentes régions de production et de garantir
une certaine authenticité. Elle n’aura pas à être poussée
aussi loin qu’en France, mais ce serait une bonne chose
pour l’exportation». Pour Michel de Bustros (Kefraya)
«c’est bien par l’AOC que nous pourrons être internationalement
reconnus». Pourtant, cette éventualité ne fait pas l’unanimité,
certains considérant que d’autres démarches devraient
être entreprises avant de se lancer dans un projet de
cette ampleur. «La création d’un cahier des charges
me paraît nécessaire, précise Wadih Riachi. L’AOC est
très contraignante, elle vise surtout à limiter la chaptalisation
et elle réduit le rendement. Le cahier des charges permettrait
d’assainir la production. Davantage de contrôles sanitaires,
par l’État ou par autorégulation, seraient plus utiles».
L’un n’empêcherait pas l’autre, mais peut-être faut-il
encore progresser étape par étape, l’AOC étant l’ultime
pas à accomplir vers une production totalement régulée.
Pour Carlos Adem, «le syndicat des producteurs d’alcools,
de vins et de boissons alcoolisées au Liban, en coopération
avec l’UVL et plusieurs ministères ont déjà établi des
normes de qualité en ligne avec les lois internationales.
Le vin du Liban n’a rien à envier aux vins des pays
les plus prestigieux dans ce domaine».
|
Ecotourisme, Route des Vins,
Visite guidée des Domaines libanais...
Notre Dossier

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Nouveau
au Liban !
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Stages
de formation
et d'initiation à la dégustation des vins:
voir le programme...
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Jus de Fruits libanais: Marché en pleine
expansion
Les Principaux Jus
à 100 %
|
Produits
|
Prix du L (LL)
|
Ingrédients déclarés
|
K-Sun
|
3850
|
Oranges fraiches pressées
|
Balkis
|
3650
|
Oranges fraiches pressées
pasteurisées
|
Libby's Organic
|
3320
|
Jus d'orange concentré, eau,
Vitamine C
|
Froot
|
2250
|
Jus d'orange concentré pasteurisé,
eau
|
Maccaw
|
1850
|
Jus d'orange concentré pasteurisé
|
Libby's
|
1495
|
Jus d'orange concentré pasteurisé
Vitamine C, provitamine A et calcium
|
Squeez
|
1450
|
Jus d'orange concentré pasteurisé,
eau
|
Pampa
|
1325
|
Jus d'orange concentré pasteurisé
Vitamine C
|
Note
: Les prix ont été vérifiés dans 2 supermarchés. Ils concernent
des jus à 100 %, produits localement et disponibles en bouteilles
d'un litre, sauf pour Libby's dont la capacité est de 1200 ml
(mais le prix a été ramené pour 1 litre).
|
Balkis
Balkis a été créé en 1999. Il s’agit d’une entreprise
familiale gérée par Imad Beydoun et ses fils, Hassan et Mohsen,
et aidée par une quinzaine de salariés. La famille Beydoun a décidé
de produire des jus de fruits naturels. C’était tout naturel,
puisqu’elle possède des terres à Ansariyé (Sud), où l’on trouve
des orangers et des citronniers.
• Production. La production
du jus d’orange suit un processus bien rodé : les oranges sont
lavées, pressées, puis pasteurisées. La pasteurisation est un
“traitement de choc” sur le jus : il s’agit de le chauffer à très
haute température puis de le refroidir très rapidement, en 20
secondes. Ce qui élimine du coup toutes les bactéries. Généralement,
il y a deux méthodes pour avoir du jus d’orange. La première consiste
à opérer un trou dans l’orange et en extraire le jus ; les bactéries
restent alors dans l’écorce. Le jus ainsi pressé a une durée de
vie d’un mois. La seconde consiste à presser l’orange, de “l’huile”
sort alors de l’écorce et donne un goût naturellement amer au
jus. Mais le produit se gâte en quelques jours. Balkis a choisi
la première méthode. Selon Mohsen Beydoun, directeur général,
la technique de production est simple en elle-même, le plus délicat
est de préserver la chaîne de froid, «ce qui n’est pas respecté
par tous les producteurs au Liban». Ajoutons à cela l’importance
d’un emballage neutre et opaque, en l’occurrence le TetraPack,
ce qui permet une bonne conservation du jus. Il existe en plus
plusieurs sortes d’orangers qui donnent, suivant les saisons,
différentes variétés de fruits et de jus. Balkis produit aussi
du jus de citron et de pamplemousse, toujours à base de fruits
frais.
• Commerce. Pour Mohsen Beydoun,
«le marché libanais a une bonne capacité d’absorption. En été,
on exploite jusqu’à 90 % de notre capacité». La production est
alors de 1 700 litres de jus d’oranges par heure, résultat du
pressage de 4 tonnes d’oranges. Mais le problème, c’est de pouvoir
gérer le décalage entre la production d’orange, qui est plus importante
en hiver, et la demande sur le marché, qui décolle en été. Donc
l’entreprise est obligée d’acheter ailleurs ses oranges en été,
au moment où les prix flambent. Une caisse de 20 kg d’oranges
se vend entre 20 000 et 40 000 LL en été, alors qu’elle ne coûte
que 2 000-4 000 LL en hiver. L’entreprise achète 700 à 800 caisses
par jour. Les ventes se font dans les petites et grandes surfaces,
mais aussi dans les restaurants et les hôtels.
• Perspectives. Mohsen Beydoun
est optimiste : le marché libanais va encore se développer. Partout
dans le monde, les méthodes de production sont presque les mêmes.
D’autant plus que les équipements et la technologie qui existent
au Liban sont similaires à ceux qui sont utilisés à l’étranger.
D’autre part, l’entreprise va être certifiée ISO incessamment.
Ce qui est nécessaire pour promouvoir l’exportation. L’entreprise
exporte déjà dans quelques pays arabes, notamment aux Émirats
et en Arabie saoudite, du jus qui est congelé entre-temps dans
des camions frigorifiés. Le jus d’orange est vendu alors en gros,
et mis en emballage sous un autre nom.
|
K-Sun
C’est en 1996 que la société K-Sun a vu le jour.
Elle appartient à la famille Kassem qui possède des terres agricoles
au Sud (où sont plantés agrumes et avocats) et dans la Békaa (pommes,
poires, pêches…). L’idée au départ était d’aménager 18 points
de vente qui distribueraient tous les fruits et les légumes provenant
du domaine familial, mais aussi des jus de fruits frais. Deux
points de vente ont été d’abord ouverts, le premier à Hamra et
le second à Sin el-Fil. Toutefois, ce projet a été interrompu
lors de l’ouverture des grandes surfaces dans la capitale. Et
la stratégie de l’entreprise s’est modifiée. L’entreprise compte
30 employés, l’usine se trouve juste à proximité du verger. Le
jus d’orange frais sera le premier jus produit dans l’usine en
1996. Seront ensuite commercialisés la limonade, le jus de carotte,
de pamplemousse et de pomme. Quelques mois plus tard sont produits,
en plus des jus, des cocktails de fruits. Actuellement, il y a
65 variétés de produits, dont cinq jus différents d’orange.
• Production.
Le directeur général Mazen Kassem est formel : «Nous avons été
les premiers à lancer les jus frais, il nous a fallu créer un
marché». Le processus de production est invariable : il y a d’abord
la cueillette des oranges, qui seront lavées, puis pressées par
la technique du trou dans l’orange, qui sépare la pulpe et le
fruit. Une fois le jus mis en bouteille, ces récipients sont introduits
dans une machine cylindrique, et soumis à une pression très forte,
de 5 000 bars. Un procédé qui élimine les bactéries. Pour Mazen
Kassem, «cette technique de production est tout à fait nouvelle
; elle vient des États-Unis et a été adoptée uniquement en France
dans une usine qui produit Pampryl, puis au Mexique, et enfin
au Liban». Elle offre une alternative à la pasteurisation que
certains préfèrent éviter. “L’hyperbar” était à l’origine utilisé
dans la médecine ; il a été testé sur le lait, puis appliqué aux
jus. Ce jus, une fois produit, a une durée de vie de 21 jours,
lorsqu’il est conservé à une basse température. D’autre part,
dans l’usine, les conditions sanitaires appliquées sont celles
en vigueur en Europe. La température à l’intérieur de l’usine
varie entre 2 et 12 degrés, selon l’étape de la production. Les
jus ont toujours le même goût. Ce qui n’est pas simple à obtenir.
Car, lorsqu’il s’agit d’un jus de fruit 100 % naturel, et en raison
de différentes variétés d’oranges selon les saisons, il est dur
d’obtenir une uniformité. C’est pourquoi entre trois et cinq genres
d’oranges sont mélangés pour obtenir le jus, de sorte que sa couleur
et son goût ne varient pas.
• Commerce.
Un accord a été conclu entre K-Sun et les grandes surfaces pour
que le prix reste invariable, d’un supermarché à un autre. Les
jus sont vendus dans les petites et grandes surfaces, mais aussi
dans les hôtels et les restaurants. L’entreprise a cependant plusieurs
projets d’extension en vue, le premier est de lancer sur le marché
une limonade sans sucre. De même, des salades composées et emballées
sous vide viennent d’être mises sur le marché. Côté commerce,
les jus vont être exportés en France au début de l’été. Et des
pourparlers sont en cours avec un distributeur à Dubaï. Toutefois,
l’exportation dans les autres pays arabes, notamment en Arabie
saoudite, est problématique, au vu des lois qui constituent des
obstacles. Notamment l’obligation de transporter la marchandise
dans un camion appartenant à l’importateur saoudien.
|
Maccaw
La société Libanjus a été fondée en 1960 par Mikhaël
Gharios. Depuis, elle n’a cessé d’évoluer, d’une part en perfectionnant
les techniques de production, mais aussi en grandissant. Au départ,
la société produisait des jus de fruits uniquement pour l’exportation
en Union soviétique et en Europe de l’Est. Dès 1978, l’industrie
se diversifie : sont produits alors, en plus des jus de fruits,
des concentrés de jus et des sauces tomates, destinés aux marchés
libanais et arabe. Les années 90 marquent également un tournant
dans la société, puisque de nouveaux produits seront lancés.
• Production. L’année 1998
voit la naissance d’un nouveau jus de fruit, Maccaw. Avec à la
clé un investissement considérable pour importer des États-Unis
de nouvelles techniques de production pour la pasteurisation,
la stérilisation ou la “déaréation”. Tous les jus sont produits
à partir de fruits frais. Certains comme la pomme ou l’orange
sont achetés sur le marché libanais, tandis que d’autres sont
importés, comme les ananas qui viennent de Hawaii et des Philippines,
les mangues des Indes et les bananes du Honduras. En 2002, encore
un nouveau jus a été lancé sous le nom “Uno” ; il est allégé par
rapport à Maccaw et contient des vitamines et des minéraux.
• Commerce. Selon le directeur
de Libanjus, Edmond Gharios, le Liban est un des marchés les plus
difficiles. D’abord, il est restreint, mais aussi parce que les
consommateurs libanais sont exigeants : ils veulent des produits
de qualité, mais à un prix compétitif. Libanjus exporte néanmoins
une partie de sa production vers les pays arabes, notamment en
Jordanie, en Irak, en Syrie et en Libye. Et à moindre degré, en
Europe, notamment en Allemagne et en Angleterre. Toutefois, l’exportation
est pénalisée par le coût des transports maritimes qui reste élevé.
Il y a de ce point de vue, une concurrence très forte de l’Espagne,
qui bénéficie de sa proximité géographique avec les marchés gros
consommateurs. Actuellement, «rien n’est fait par les agences
maritimes ni par l’État pour résoudre ce problème de coût et encourager
l’exportation des produits libanais», estime Edmond Gharios.
• Diversification. C’est en
1993 que Libanjus investit dans des machines entièrement informatisées,
pour lancer un nouveau produit, une glace appelée Danish Iceberg.
C’était un vrai défi, vu la forte implantation des glaces étrangères,
mais aussi locales. Pour ce, la société a misé sur une technique
d’avant-garde qui réduit les cristaux d’eau et diminue le risque
de contamination de la glace. Ce procédé innovateur vient du Danemark
(d’où le nom de la glace), du plus grand fabricant de telles machines
en Europe.
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Libby’s
C’est en 1967 que la société Interbrand commence à produire des
jus de fruits, sous licence de l’américain Libby’s. Mais entre-temps,
en 1982, la marque Libby’s est rachetée par Nestlé.
• Production.
Les concentrés sont achetés de l’étranger, et les jus produits
dans l’usine libanaise. Chaque concentré a un itinéraire différent
: l’ananas provient des Philippines, le concentré de jus d’orange
et de pamplemousse des États-Unis, celui de la mangue est importé
des Indes. La production de ces jus est soumise à de nombreuses
contraintes, puisque la société mère a un droit de regard sur
la technique de production mais aussi sur les produits achetés.
La capacité de production est de 10 000 litres de jus par heure.
En hiver, la production journalière atteint 10 000 caisses (1
caisse = 8 litres), un volume qui double en été. Interbrand produit
essentiellement deux genres de jus : les 100 % naturels et les
nectars. Et depuis deux ans a été lancé sur le marché le jus Organic.
Cette année, une campagne publicitaire a été élaborée pour mieux
le faire connaître du grand public. Ce jus produit en Grande-Bretagne
est issu de fruits ne contenant aucun produit chimique.
• Commerce.
Selon le directeur de l’entreprise, Salah Abdel Rassoul, une étude
de marché a montré que 12 millions de caisses de jus de fruits
sont vendues par an, tous genres confondus. Soit près de 25 litres
par personne et par an. Sur ce volume, Interbrand revendique une
part de 4,5 millions de caisses par an, avec ses différents produits.
Libby’s est également exporté dans les pays de la région, notamment
l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Égypte, la Jordanie mais aussi
au Yémen et en Libye. Selon Salah Abdel Rassoul, chaque année
des sommes considérables sont investies par l’entreprise pour
acquérir de nouvelles machines. Cette année, un nouveau système
de traitement de l’eau va être installé, mais aussi des congélateurs.
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Comment déchiffrer
les étiquettes ?
• Le jus frais : c’est un jus de fruits à 100 %, sans aucun
additif, aucun traitement, aucune pasteurisation, conservation
de courte durée.
• Le pur jus : c’est un jus de fruits à 100 %, sans aucun
additif, pasteurisé, conservation longue durée.
• Jus à base de concentré : jus à base de fruits à 100
%, parfois ajout de sucre, traitement.
• Nectar : il contient 25 à 50 % de jus, avec de l’eau,
du sucre et des acidifiants.
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