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Dominique de Villepin: un destin?
Villepin2007, "une ambition pour la France"

Villepin2007.org

Dominique de Villepin à l'Elysée, le 3 juin 2005.
© AFP/PASCAL PAVANI


"Le soutien syllogique de Chirac à Sarkozy"
Le syllogisme permet de mettre en rapport dans une conclusion deux termes, le majeur et le mineur, au moyen d'un moyen terme. Le majeur et le mineur ne doivent apparaître qu'une fois chacun dans les prémisses, le moyen terme est présent dans chaque prémisse (puisqu'il permet la mise en rapport des deux autres termes) tandis que la conclusion expose le rapport entre le majeur et le mineur, de sorte que le syllogisme est un « rapport de rapports » (expression de Renouvier, Traité)
Jacques Chirac a voulu l'UMP, l'UMP a choisi Nicolas Sarkozy donc il soutient naturellement Nicolas Sarkozy. Si son soutien est logique politiquement parlant, sa forme syllogique en dit long sur la pensée profonde du président;
En fait, il pouvait difficilement faire moins et le candidat Sarkozy devrait bien s'en satisfaire car il permis de penser qu'un soutien trop appuyé l'aurait finalement embarrassé. Il est en effet bien délicat d'être un héritier en rupture... Nous sommes là au coeur de l'ironie politicienne dont les français sont las.
Même Claude Chirac, la fille influente du président, tout comme des chiraquiens affichés tels Patrick Sébastien ou Vincent Lindon, expriment chacun à leur façon leur sympathie ou leur soutien au candidat François Bayrou qui apparait aujourd'hui comme le recours le moins éloigné politiquement pour battre Nicolas Sarkozy.On peut bien atteindre 30% au premier tour, plus difficile est de rassembler 50% au second et un face à face Sarkozy/Bayrou en ferait sans doute jubiler plus d'un dans le camp des Chiraco-villepinistes...Il n'y a qu'à se reporter au sondage que nous réalisons depuis le 13 Mars, au lendemain du ralliement déclaré de Dominique de Villepin, sur les intentions de vote de cette catégorie d'électeurs: Bayrou draine autour de 40% des intentions de vote alors que Ségolène Royal obtient un score au moins égal à celui de Nicolas Sarkozy autour de 25%!
Il apparait donc rassurant que les électeurs décryptent avec aisance les subtilités du jeu politique et les convictions profondes de ses acteurs au-delà de leurs déclarations formelles. Les électeurs du suffrage universel sont bien aptes à déceler l'intérêt de l'usage du
syllogisme ce qui montre combien notre démocratie n'est finalement pas si indigne de ses ancêtres grecs.
JM Druart, Villepin 2007.org

Villepin entre Chirac et Bayrou
Jusqu'au dernier moment tous les frustrés d'une non-candidature de DDV espèrent.
Il sera déterminant de voir comment Jacques Chirac se prononcera lors de l'annonce de son probable retrait de la vie politique institutionnelle.
Tout dépendra de son soutien clair ou sous-entendu voire de sa totale neutralité vis à vis de Nicolas Sarkozy. Alors DDV pourra se "libérer" de sa réserve et annoncer sa décision. Qu'il sache que 30% des adhérents de l'UMP et bien des anonymes se forceront à voter pour Sarkozy ou ne pourront même pas franchir ce pas.
DDV doit bien peser sa décision car, devant le risque d'apparaitre comme un diviseur au cas ou il se présenterait, il pourrait effectivement s'aligner plus ou moins sur la position du chef de l'Etat. Plus ou moins, parce qu'il est probable qu'il ne se résoudra pas à afficher un soutien clair et engagé à Sarkozy compte tenu de leur différence de caractère. Il aurait tout intérêt à s'en distancier pour rester en réserve de la République de manière constructive et pourrait tout aussi bien laisser entendre, qu'à choisir, il préfère le frondeur Bayrou au trop pressé ministre de l'intérieur.
Oui, nous sommes nombreux à ardemment souhaiter la candidature de DDV à la présidentielle ou par défaut qu'il demeure actif à travers un mandat d'élu, député dès 2007 ou maire en 2008 s'il a besoin de se ressourcer quelques mois.Quelle qu'elle soit, sa décision pésera dans la campagne et déterminera le choix de ses partisans.
JM Druart, réaction dans le figaro.fr le 15 Février 2007



Cela nous fait sourire...
L'article ci-dessous paru dans Le Figaro du 9 Novembre 2006, ne peut que réjouir ceux qui ont milité pour l'idée de DDV candidat pour 2007 dès...2004, avant même sa nomination à Matignon;
Nous laisserons donc à l'appréciation des internautes la marge de conviction et d'opportunisme qui peut exister entre différentes initiatives. Sans doute cela illustre t-il la distance qui ne cesse de s'accroître entre les citoyens et la classe politique. A méditer...

« Tu aimes Villepin ? Rejoins-nous ! »
« Tu aimes Villepin ? Rejoins-nous ! » : c'est l'accroche de la « pétition pour Villepin 2007 » qui doit être mise en ligne le 2 décembre sur un nouveau blog, intitulé « Ensemble avec Dominique de Villepin ».
Son créateur, Denis Butaye, jeune conseiller municipal de Colombes (Hauts-de-Seine), se présente comme un membre du club Réforme et Modernité, présidé par le député de la Drôme Hervé Mariton et coprésidé par François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche. Interrogé hier par Le Figaro, Hervé Mariton nous a assuré ne pas avoir été averti de cette initiative.
De « Villepin ou l'énergie de l'action » à « no rupture ! », en passant par l'explicite « je vote Villepin », de nombreux sites en faveur d'une candidature Villepin à l'Élysée ont été mis en ligne depuis sa nomination à Matignon. Et sa chute dans les sondages ne semble pas décourager ses partisans.

>> Villepin : un parcours dans le giron de Chirac


"Une ambition pour la France"


Si l'on veut bien croire le premier ministre, Dominique de Villepin, lorsqu'il repète qu'il n'a aucune ambition présidentielle, nul ne peut contester que les circonstances lui donnent un sacré coup de pouce pour affirmer quelques prétentions et jouer un rôle certain dans la perspective de 2007.
On ne reviendra pas sur ce jour de Février 2003 ou il se révèla aux yeux du monde, en qualité de ministre des Affaires étrangères, un si brillant orateur pour faire valoir la position de la France en tant que meneur du camp du refus à l'intervention américaine en Irak.

Paradoxalement, ce n'est vraiment que depuis la fin du printemps 2005, suite à sa nomination comme premier ministre après la victoire du Non au référendum européen
, qu'il se révèle aux yeux du grand public au sein de l'hexagone. C'est la rentrée de 2005 et le passage du cap des cent jours qui allaient alors donner un sacré coup d'accélérateur au destin du premier ministre: alors que Dominique de Villepin présente le 1er Septembre le plan gouvernemental pour la croissance sociale, Jacques Chirac est victime le lendemain d'un léger accident de santé qui nécessite une admission hospitalière pendant une petite semaine.

Alors que les médias admettaient pour la plupart que la prestation de Mr de Villepin avait été plutôt réussie et qu'elle lui avait surtout permis de prendre un peu de vitesse le présidentiable ostensiblement déclaré qu'est Nicolas Sarkozy, le voilà dans un premier temps dans les habits de Jacques Chirac pour sobrement diriger le conseil des ministres le 7 Septembre puis suppléer à nouveau, le plus naturellement du monde, le chef de l'Etat à l'occasion du sommet de l'Onu la semaine suivante à New-York.

Dès le mois de Mai 2004, nous entrevoyions un destin présidentiel pour Dominique de Villepin en créant Villepin2007.org afin de contribuer à une meilleure connaissance de la personnalité de notre actuel premier ministre. Nous nous félicitons qu'aujourd'hui, les circonstances donnent un petit coup de pouce à son destin
en le propulsant sans ostentation volontaire au tout premier plan dans l'exercice des plus hautes responsabilités de l'Etat.

On croira sans aucun doute le palais de l'Elysée qui refuse toute mise en orbite de Dominique de Villepin face au Président de l'UMP.
On souscrira volontiers à l'idée que lorsqu'une ambition est si forte et sincère, celle pour la France bien sûr..., les circonstances peuvent amener une personnalité à se retrouver le plus sobrement du monde dans la position de présidentiable sans en afficher réellement l'ambition. Il est incontestable que cette période laissera dans l'inconscient collectif d'un grand nombre de françaises et de français que l'homme aura simplement fait étalage d'une vraie dimension présidentielle.

C'est manifestement le scénario qui semble se dérouler depuis la rentrée 2005, et si les circonstances ne font alors que faciliter le processus, nous ne nous en plaindrons pas et nous pourrons remercier le ciel... Alors que la quasi-totalité des observateurs et analystes pensent encore que l'appareil d'un grand parti politique est indispensable pour pouvoir prétendre à la compétition présidentielle, nous pensons pour notre part que s'en distancier subtilement peut se transformer en un sacré avantage surtout si une succession de hasards vous propulse
dans une position de président virtuel.

Il convient donc de bien gérer la nouvelle situation ainsi engendrée par les récents évènements afin de sereinement poursuivre un chemin encore long et
sans doute semé d'embuches. Mais, lorsqu'on connait les rapports privilégiés de confiance et de fidélité entre Jacques Chirac et Dominique de Villepin,
on se dit que décidément beaucoup d'atouts sont réunis pour réussir dans l'entreprise!

JM Druart
Villepin2007.org / Septembre 2005

Villepin cultive ses différences avec Sarkozy
par Bruno Jeudy du Figaro / 30 septembre 2006

Si le premier ministre répète qu'il n'a pas «d'ambition présidentielle», il prend systématiquement le contre-pied des propositions du président de l'UMP.

Un pillonage en règle. Depuis la rentrée, Dominique de Villepin ne rate pas une occasion de se démarquer des propositions de Nicolas Sarkozy. Tout y passe : la suppression de la carte scolaire, le service civil obligatoire, la réforme des régimes spéciaux, la «démission» des magistrats ou encore le «minitraité» européen. Invité hier de RMC, le premier ministre a encore exprimé son hostilité, à tout le moins son scepticisme. Dans sa mire, d'abord, la suppression des droits de succession, prônée par Nicolas Sarkozy, et «qui n'irait pas, selon Villepin, dans le sens de la justice sociale».

Mais, il a surtout profité de son passage à la radio pour critiquer vertement les orientations du président de l'UMP en matière de politique étrangère. L'ancien ministre des Affaires étrangères a mal digéré que Nicolas Sarkozy, en voyage aux États-Unis, ait qualifié son action en 2003, pendant la crise irakienne, «d'arrogante». «Je crois qu'il faut connaître et se souvenir des enjeux qui étaient sur la table : le terrorisme, la sécurité de la planète, éviter le choc des civilisations. C'était des enjeux immenses», a-t-il rappelé.

Le sujet du Proche-Orient lui a permis d'évoquer l'affaire Robert Redeker, ce professeur de philosophie menacé de mort depuis qu'il a publié une tribune sur l'islam dans Le Figaro.
«C'est inacceptable, ca montre bien que nous vivons dans un monde dangereux», a-t-il dit.

Sur RMC, Dominique de Villepin a aussi exprimé publiquement ses doutes sur la possibilité pour Nicolas Sarkozy de cumuler sa casquette de ministre et celle de candidat, au risque d'entretenir la confusion sur le financement de la campagne. «Il peut y avoir un problème. Il faut que la confusion soit à tout prix évitée. Quand il s'agit d'un déplacement spécifiquement politique, il doit être clairement affiché comme tel», a-t-il prévenu, alors que le numéro deux du gouvernement n'exclut pas de rester ministre jusqu'au bout.

«Faut vous présenter !»

Que cherche Villepin ? Officiellement, il n'a pas «d'ambition présidentielle». «Je n'ai pas d'arrière-pensées», jure-t-il en privé, sans jamais dire explicitement qu'il ne sera pas candidat en 2007. «Il est libre de dire ce qu'il pense, que ça plaise ou non», explique un de ses amis.

Rassuré par sa rentrée plutôt réussie, Dominique de Villepin est d'abord en quête d'une réhabilitation après le désastre du CPE et l'affaire Clearstream. En hausse dans les sondages, il se repositionne sur une image plus «gaulliste social». Il affiche aussi un profil plus décontracté, presque libéré.

Après ce passage à la radio, il a arpenté pendant deux heures les allées du Mondial de l'automobile. L'occasion de défendre toujours et encore son «patriotisme économique». Il a assuré qu'il se montrerait «particulièrement vigilant» sur les promesses du PDG de PSA, Jean-Martin Folz, de ne procéder à «aucun licenciement sec» après l'annonce d'un plan de réduction d'effectifs.

Dominique de Villepin a aussi échangé quelques mots avec le patron de Michelin Michel Rollier ainsi qu'avec Serge Dassault – président du Figaro –, qui lui a fait découvrir le véhicule tout électrique Cleanova, conçu par le groupe.

Il a serré beaucoup de mains. Apprécié les encouragements de jeunes supporters : «Faut vous présenter ! On ne veut pas de Sarkozy !», a lancé l'un d'eux. Il a même retrouvé son sens de l'humour. Témoin cette scène. Thierry Breton, qui accompagne le premier ministre, , interrompt Carlos Goshn : «Quand mettrez-vous sur le marché la nouvelle Twingo ?» «En juin 2007», répond le PDG de Renault. Hilare, Dominique de Villepin prend alors son ministre de l'Économie par le bras : «Tu cherches déjà une voiture pour le printemps prochain !»



Rentrée 2006: Dominique de Villepin joue à qui perd gagne
par Michel Noblecourt


Avant l'été, le diagnostic était aussi implacable qu'unanime : Dominique de Villepin, défait sur le CPE, englué dans l'affaire Clearstream, était politiquement mort. Définitivement hors jeu pour l'élection présidentielle, confronté à une fronde de sa majorité sur la fusion GDF-Suez, il ne lui restait plus, croyait-on, qu'à gérer les affaires courantes jusqu'en avril 2007 et à se faire oublier.

Or voilà que le premier ministre opère une rentrée en fanfare. En une seule semaine, il aura fait le "20 heures" de TF1, un déplacement mouvementé en Haute-Savoie, une interview à L'Express, une conférence de presse et un séminaire gouvernemental à Troyes. Sans oublier l'université d'été de l'UMP.
Dominique de Villepin est de retour. Requinqué, offensif, pugnace même, il est sur tous les terrains, décidé à être lui, et, à la différence d'un Nicolas Sarkozy qui, sitôt investi par l'UMP en janvier, quittera le gouvernement, "dans l'action jusqu'au dernier jour". Il arbore, comme autant de trophées, les fruits de "sa" politique : une croissance revigorée, un taux de chômage qui redescend à 8,9 % et qu'il espère faire passer en 2007 sous la barre des 8 %. Une vraie embellie !

Le politique reconnaît des erreurs et s'offre un nouveau visage, social. Il avait dédaigneusement négligé le dialogue social sur le CPE, malgré une loi de mai 2004 qui aurait dû l'y contraindre, et le voilà décidé à engager une réforme, concertée avec les partenaires sociaux, pour donner plus d'espace à la négociation. Il avait concocté, pour 2007, un "bouclier fiscal" favorisant les ménages aisés, et le voilà qui distribue du pouvoir d'achat, comme l'aurait fait un premier ministre socialiste soucieux de profiter de l'aubaine de la croissance, aux ménages modestes. Mieux encore, sur l'épineux dossier GDF-Suez, objet de la session extraordinaire du Parlement début septembre, il ne semble plus avoir à craindre que la volonté d'obstruction de la gauche.

Le nouveau Villepin n'a pas pour autant reconquis une légitimité qu'on lui a toujours disputée. Non élu, il a été nommé à Matignon au lendemain d'un référendum perdu. Remis en selle, en juillet, sur la crise proche-orientale, avec une visite à Beyrouth où il a retrouvé ses talents de diplomate, il a recueilli de faibles dividendes. Dans le dernier baromètre IFOP-Journal du dimanche, il a gagné, fin août, 4 points en un mois, mais il n'est jamais qu'à 32 % d'opinions favorables. Il croit pourtant avoir trouvé l'antidote à la mort politique qui lui était promise au printemps : l'action, encore l'action, toujours l'action. Dominique de Villepin tente de jouer à qui perd gagne.
Etre "dans l'action jusqu'au dernier jour", c'est, pour le premier ministre, sa façon d'être "utile" pour faire gagner son camp en 2007. Mais avec quel champion ? Bien sûr, Dominique de Villepin ne perd pas une occasion d'afficher son total... désintéressement personnel : il n'est pas candidat. Voire. Dans son esprit, la "cristallisation du choix" présidentiel est la rencontre entre un homme et un peuple et ne se joue que dans l'ultime ligne droite. Il ne cache pas sa réticence sur la "primaire" de l'UMP, qu'il juge de surcroît prématurée, tant il faut "éviter de choisir quelqu'un qui suscite ensuite le doute"...
Quand il parle des "atouts considérables" de la droite pour 2007, il prend soin de mettre exactement sur le même plan "le président de l'UMP, le gouvernement, le président de la République". Enfin, quand, semblant faire la leçon au PS, il trace le portrait-robot d'un présidentiable - "On ne s'improvise pas président, cela se prépare, s'apprend, on prend des coups, on réfléchit, on fait mieux, on éprouve la solitude de la décision et de l'impopularité" -, il dessine davantage son propre profil que celui de son rival. En jouant à qui perd gagne, Dominique de Villepin est peut-être simplement en train de "reprofiler" son destin politique.

Michel Noblecourt
opinion parue dans Le Monde du 2 Septembre 2006


2006, le chemin de la réforme

L'éditorial, d'Alexis Brézet du Figaro

C'était il y a six mois – un siècle. Sur les décombres de la Constitution européenne, Dominique de Villepin prenait les rênes d'une majorité moralement épuisée et électoralement exsangue. Croissance en berne, pétrole en hausse, chômage persistant : le contexte économique était calamiteux. Sur le plan politique, le nouveau premier ministre faisait figure de novice ; son attelage avec Nicolas Sarkozy paraissait une incongruité. Bien peu imaginaient que Villepin pourrait faire bouger si peu que ce fût une France encalminée.

Deux cents jours plus tard, autre tableau. La croissance repart, timidement certes, mais elle repart. Le chômage recule, doucement sans doute, mais avec régularité. La majorité est stabilisée ; les relations entre Villepin et Sarkozy, normalisées : en s'accordant sur les primaires, les deux hommes viennent d'offrir à la droite quelques mois de (relative) tranquillité. Résultat : Dominique de Villepin, dont la cote de popularité n'a cessé de progresser, fait désormais figure de rival – sinon d'égal – de Nicolas Sarkozy dans la course à l'Elysée.

«A-t-il de la chance ?», demandait Napoléon avant de nommer un général. «N'a-t-il que de la chance ?», reprend l'écho face à la «surprise» Villepin. Procès injuste : le premier ministre n'a certes pas décrété la reprise mondiale mais il a su saisir l'occasion pour adapter la France au contexte nouveau. Contrat nouvelles embauches, apprentissage, bouclier fiscal, privatisations, mais aussi «responsabilité parentale», regroupement familial, mariages blancs : en matière économique comme en matière «sociétale», les six mois écoulés dessinent un indéniable chemin réformateur.

Et maintenant, faut-il maintenir le rythme ? La question, ravivée par l'urgente nécessité du désendettement, va se poser en cent occasions dans les mois qui viennent. Peut-on, dans l'année qui précède l'élection présidentielle, poursuivre des réformes rarement populaires ? Ou bien faut-il mettre à la cape en espérant parvenir sans trop de casse au grand rendez-vous ? En affirmant que 2006 serait une «année utile», Dominique de Villepin a affiché sa détermination. Au-delà d'un bilan qui plaide en sa faveur, deux raisons, au moins, incitent à prendre son engagement au sérieux. La première raison tient à la relative sérénité avec laquelle la société française a accueilli la médecine villepinienne.
Qui aurait dit il y a six mois que le Code du travail serait assoupli sans heurt, le collège unique adapté sans drame ?
Les syndicats, ces temps-ci, essuient échec sur échec : c'est le signe que la France, pour peu qu'on sache lui parler, est sans doute moins irréformable qu'on le dit.

La deuxième raison est plus politique. Face à Sarkozy, principe d'action et même d'hyperaction, Villepin n'a pu se créer un espace que parce qu'il a su, à sa manière, incarner lui aussi le mouvement. En contraignant sa nature à l'immobilité, il laisserait le champ libre à son rival. En somme, si Dominique de Villepin ne songe pas à être candidat en 2007, l'intérêt du pays lui commande de pousser les feux de la réforme. Mais, s'il envisage de se présenter, son intérêt politique lui crée la même obligation. Alors...



Villepin pile et face

par Daniel RONDEAU*
Depuis plus de dix ans, l'écrivain Daniel Rondeau entretient avec Dominique de Villepin un dialogue ininterrompu.
Il ouvre pour nous ses carnets et raconte la longue ascension qui l'a conduit à Matignon; témoignage:




1ère partie

Le 21 juin dernier, chaleur et gris sur Paris. A Matignon, des ouvriers montent une estrade pour la Fête de la musique. Dans son bureau du 1er étage, Dominique de Villepin, en chemise et cravate bleue, long, mince, oppose un calme inédit à ceux qui tiennent son échec pour assuré : "Je voudrais prouver que le pouvoir n'est pas forcément le refuge du cynisme, du scepticisme et de l'inaction." Ce matin-là, Thierry Breton, le ministre des finances, a parlé de la dette publique avec des chiffres abyssaux. Trois semaines plus tôt, la France a dit non à l'Europe, cette maison commune paradoxale, parce que non démocratique, dont les architectes semblent avoir au fil du temps oublié les origines et les fins.

Une morosité durable affecte notre pays, dirigé depuis longtemps par des gouvernants paralysés par leur prudence. Dernier en titre : Jacques Chirac. Les Français, tentés de vivre en arrière, dans une quiétude provinciale, s'enferment avec leurs plaintes, s'adonnent à la peur et au repentir, sans savoir qu'ils sont enviés, leur volonté trébuche. "Notre démocratie est complètement bloquée, dit Villepin. Je ne peux réformer que par surprise, en restant dans l'équilibre, la vraie nature française, dans la justice, qui n'est pas l'égalité, et dans le mouvement. C'est seulement parce que c'est difficile que je peux réussir."

Les deux plus proches collaborateurs de Villepin nous rejoignent. Il entretient avec eux un dialogue de chaque instant. Pierre Mongin, cheveux courts et gris, sourcils et yeux noirs, teint mat, bistre des cernes ; et Bruno Le Maire, grande taille, peau pâle, sourire et placidité sans affectation sur toute sa personne. Mongin a apporté une photo de Jean Moulin sur son bureau de directeur de cabinet. Sur celui de Le Maire (auteur d'une thèse sur Proust sous la direction du professeur Tadié), un exemplaire des Essais de Montaigne. Deux styles. Villepin reprend avec eux une discussion assez vive. "Vous avez les chiffres que Breton a donnés ce matin. Il faudra trouver les moyens de faire des économies. C'est juin 1940, nous sommes le dos au mur. Est-ce que les gens s'en rendent comptent ?"

Depuis juillet 2004, les trois hommes se sont préparés à ce qu'ils considèrent comme une mission de la dernière chance. La Place Beauvau, sous Villepin, est devenue une sorte de laboratoire clandestin de la société française, où le ministre de l'intérieur a beaucoup reçu, écouté, sans jamais rien en laisser savoir. Des syndicalistes, des professeurs, des économistes, des patrons de PME, des parlementaires, des agriculteurs, des experts-comptables spécialistes de l'emploi, des prostituées, un ancien président (Giscard), des dirigeants de grandes sociétés, parmi lesquels Villepin compte de nombreux amis (Jean-Louis Beffa, Thierry Desmarest, Henri de Castries, Bertrand Collomb, etc.). Tous ces efforts, naturellement, sans aucune certitude de se retrouver à Matignon (Villepin a été prévenu de sa nomination deux jours avant son arrivée Rue de Varenne, mais il l'avait activement anticipée, par déduction, dès le début de l'année, j'y reviendrai).

J'avais été surpris, Place Beauvau, de l'entendre dire qu'il faisait alors "un travail sur lui-même" . Curieux. Mais il avait le sentiment qu'il y avait quelque chose de fondamental dans notre société (les violences, les angoisses, les crispations, mais aussi l'identité nationale) qui lui échappait (et à tous les politiques) et qu'il ne pouvait imaginer réformer sans d'abord se réformer lui-même. Pour regarder le proche et l'innommé d'une réalité française souvent observée de haut, il a maté ses impatiences, s'est interdit ses condamnations à l'emporte-pièce ("Tous des cons..." ).
Son lyrisme s'est bridé.

C'est un nouveau Villepin qui arrive à Matignon. D'une conférence de presse à l'autre, les journalistes découvrent l'aune de sa métamorphose. De quoi leur parle-t-il ? De l'emploi, du prix de l'essence, de la croissance sociale... Je lui dis que certains le trouvent un peu... Il m'interrompt : "... Un peu besogneux. Oui, je suis besogneux. Et humble. Je ne veux pas gâcher les deux ans que j'ai devant moi. La démocratie, ce n'est pas attendre sempiternellement les prochaines élections. Je connais le maître mot de Nicolas Sarkozy et de Laurent Fabius, et d'autres encore : rupture. Ils n'ont que ça à la bouche ! S'il y a rupture, je crains qu'elle ne soit pas démocratique. Evitons la surenchère et la montée des extrêmes, faisons bouger les lignes.
La réalité d'aujourd'hui ne tient pas dans les vieux clivages."

C'est ainsi qu'il a fait de ses cent jours un début plutôt qu'une fin. En changeant, et en restant lui-même, c'est-à-dire gaulliste ascendant Bonaparte. L'Empereur, "alchimiste des hommes et des légitimités", avant d'user la France dans la gloire militaire, avait jeté les bases d'un Etat moderne et d'une réconciliation des deux France. "De Gaulle aussi, dit Villepin. Qu'est-ce qu'il fait en 1944 ? La rupture ? Non, la continuité. Et quand il revient en 1958 ? La continuité."

La presse le désigne concurrent adoubé de Sarkozy pour l'élection de 2007. Il lève les bras au ciel : "J'ai rencontré trois fois Nicolas Sarkozy en tête à tête depuis que je suis ici. A chaque fois, il m'a répété la même chose : 'Ça se jouera entre vous et moi. Personne n'en doute. Que le meilleur gagne'. A chaque fois, j'ai nié être entré dans cette perspective."

Cela ne veut pas dire qu'il ne pense pas à demain. Depuis qu'il a 20 ans il se prépare. "Mais enfin, qu'est-ce que tu veux ? Dis-le-nous, préviens-nous un peu à l'avance" , lui disent ses proches, parfois lassés de cette tapisserie qui ne s'achève pas. Il dit que servir est son secret. Réponse de sphinx. C'est son côté ombre. Il cache ses besoins d'absolu sous un manteau de mystères.

On croit le connaître, et on le découvre plus complexe qu'on ne l'imaginait.Quand Bayrou dénonce la politique people (les photos de la fille de Villepin publiées dans Elle , les joggings médiatisés avec ou sans Sarkozy), Villepin lui téléphone aussitôt : "Je fais mon jogging tous les jours depuis trente ans, sans journalistes. Les photos de ma fille ont été publiées sans son accord et sans même qu'elle soit prévenue. Sache bien que j'ai servi l'Etat pendant toute ma vie dans la discrétion la plus totale et surtout dans le bonheur de cette discrétion."

2ème Partie
Le 15 septembre dernier, le premier ministre français rit avec Zapatero, serre la main de Bush, embrasse Kofi Annan et Lula, parle avec Poutine, Jintao, Blair et Berlusconi. Il vient de passer une nuit blanche à mettre au point ses déclarations dans une chambre de l'hôtel Mandarin Oriental à Colombus Circle, avec Bruno Le Maire et nos deux ambassadeurs, Jean David Levitte et Jean-Marc de la Sablière. Quand il arrive à la tribune, George W. Bush se redresse sur son siège et branche son écouteur.

L'aisance avec laquelle Villepin a endossé les habits présidentiels pour s'asseoir à la table des grands et souffler avec eux les soixante bougies de l'ONU ne doit rien au hasard. Il y a vingt-cinq ans que Villepin est entré dans la diplomatie et qu'il en fréquente chaque jour les hommes et les dossiers.

A l'aube des années 1980, pour ce jeune homme né au Maroc en 1953, sortant de l'ENA, assoiffé de mouvement et qui n'oublie pas que de Gaulle a toujours raisonné, dès juin 1940, à l'échelle de la planète, la diplomatie était plus qu'une vocation, une évidence. D'autant que le Quai d'Orsay sait s'y prendre avec les poètes comme lui, ceux dont les mots roulent de la lave ou des délicatesses de sylphe. Il suffit que leurs dépêches restent concises.

Sur la carte du monde, il ne voit que l'Afrique. L'Afrique reste le socle fantôme de la planète, une terre de surnature et de grande pauvreté, ravagée (et abandonnée) par l'Occident. En 1977, effectuant son service militaire dans la marine, il descend du Clémenceau, où il présente le journal télévisé du bord tous les soirs aux 2 000 membres de l'équipage. Il est caillassé avec ses camarades par des enfants qui protestent contre la présence française. A sa sortie de l'ENA, Villepin choisit le Quai, et retrouve la Corne de l'Afrique, avant de prendre la direction du service de presse de l'ambassade de France à Washington.

De l'autre côté de l'Atlantique, sa réputation grandit. Il reçoit tous les Français de passage ou en poste sur la Côte est. Des journalistes (Jean-Pierre Elkkabach, Jean Daniel), des intellectuels (Régis Debray, Edgar Morin, Alain Minc), des hommes d'affaires (Alain Gomez). Il noue une amitié imprévue et durable avec Katherine Graham, la propriétaire du Washington Post , rencontrée lors d'une exposition Gauguin. L'Amérique du Nord agit sur lui comme un accélérateur. L'impact du pays sera suffisamment durable pour que, quelques années plus tard, en 2002, évoquant son avenir en cas de défaite de Chirac à l'élection présidentielle, il envisage en privé la possibilité d'un exil de l'autre côté de l'Atlantique.

Après Washington, New Delhi. Dans l'air indien montent les fumées des bûchers où des hommes s'immolent. Villepin est "ébloui" par la douceur d'un homme, Rajiv Gandhi, revenu affronter le chaos, après une traversée du désert. "Il m'a aidé à comprendre la grande leçon de Napoléon et de Gaulle : il y a toujours deux chances." Puis c'est le retour à Paris en 1992, et à ses dossiers africains, au Quai.

C'est peu après que Chirac le convoque : "Dominique, lui dit-il, voyez Balladur. Il faut l'aider à préparer sa réflexion diplomatique." Il se met aussitôt au travail avec Nicolas Bazire et Edouard Balladur, qui lui propose, en arrivant à Matignon, de devenir son conseiller diplomatique. Trop tard. Alain Juppé vient de lui demander de prendre la direction de son cabinet au Quai d'Orsay.

Curieux tandem : Villepin l'imaginatif et Juppé le raisonnable. Ce chaud-froid crée une dynamique. Pour la première fois, Villepin trouve une tâche à la mesure de son énergie et de son goût pour l'effort : un directeur de cabinet est toujours prisonnier de son travail. Ni soirée ni week-end. Villepin gère l'ordinaire et les crises, envoie son ministre à Sarajevo sans avertissement, prépare une réforme du Quai, tout en mettant de l'ordre dans les circuits. Quelques vieux kroumirs se montrent alors oublieux des règles de la morale publique. Villepin purge notre diplomatie de ces réseaux parallèles où prospèrent les bacilles de la corruption. Il neutralise les connexions de ces diplomates et les pousse vers la sortie, avec discrétion, sans états d'âme.

A la veille de Noël 1994, l'affaire de l'Airbus piraté à Alger le mobilise vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Chirac, qui parle à Villepin au téléphone dix fois par jour, comprend que son interlocuteur est seul à Paris. "Qu'est-ce que vous faites ce soir ?", demande le maire de Paris. "Rien, je reste à mon bureau." "Venez dîner avec nous." "Et c'est ainsi, raconte Villepin, que je me suis retrouvé pour le réveillon de Noël chez Joe Allen, aux Halles, avec Chirac, Claude et Bernadette." Depuis le début de la prise d'otages, Villepin plaide pour que l'avion soit autorisé à décoller et à atterrir en France, où la police trouvera plus facilement le moyen d'intervenir. Le lendemain, Chirac persuade Pasqua de laisser décoller l'avion pour Marseille.

En 2002, après cinq années au palais de l'Elysée, le voici de retour comme ministre des affaires étrangères. Contre toute attente, car il s'était préparé à partir pour la Place Beauvau. Sur sa table de travail, qui fut celle de Vergennes, l'encrier de Talleyrand, ce "diable boiteux" qui a toujours voulu être l'homme de la France, et près de lui, face à ses visiteurs, un tableau de Zao Wou-ki. Personne, et lui non plus, ne peut encore imaginer les prochaines accélérations de l'Histoire, qui vont lui donner un rôle.

L'Amérique, traumatisée par le 11-Septembre, cherche à entraîner la communauté internationale dans une embuscade diplomatique à l'ONU contre l'Irak, pays désarmé dont elle prétend qu'il menace la paix mondiale. Le 14 février 2003, Villepin porte la parole française à l'ONU. Son discours est applaudi dans l'enceinte des Nations unies. En France, il provoque un frisson à droite comme à gauche. Le pouvoir est aussi une question d'incarnation. Villepin a incarné, ce jour-là, une certaine idée de la France. En Amérique du Sud, où les télévisions diffusent alors quotidiennement ses interviews en espagnol, dans les pays arabes et musulmans, en Afrique, il est devenu l'homme qui résiste à George W. Bush. Ce sont les événements qui fabriquent les hommes. Villepin est en phase avec l'idée qu'il s'est toujours faite de la vocation universelle de notre pays : il fonce.

3ème partie
Je l'ai alors accompagné pendant deux mois. Il menait les conseillers qui lui faisaient cortège, leurs impedimenta informatiques dans les bras, à un train de marathonien, les exhortant d'une voix forte à parfaire jusqu'à la dernière minute chacune des interventions qu'ils avaient souvent passé la nuit à préparer. Son principal ennemi ? Le temps. Et pourtant, aucune lésine dans la gestion de son agenda : il se montre avec chacun de ses visiteurs d'une disponibilité aux limites de l'extravagance. Pendant cette guerre pour la paix, où la féerie diplomatique remplace les batailles, curieusement, l'Europe reste absente de ses préoccupations. Comme si le monde lui cachait l'Europe.

Au prince Saoud Al-Fayçal, ministre des affaires étrangères d'Arabie saoudite, il raconte sa visite au pape Jean Paul II : "Sa parole est en avant, comme Rimbaud." Réponse du prince : "Vous aussi vous étiez une star, à l'ONU..." A chacun, il montre la même détermination, tempérée par la vitesse du sourire et le précis des phrases, sans arrogance. Sa décontraction chaleureuse range prudents et rieurs de son côté. C'est ainsi que dans l'antichambre de Jean Paul II, à Rome, quand le baron Copa-Solari, gentilhomme du pape, lui montre une fresque représentant Néron, Villepin éclate de rire et s'exclame, à la stupéfaction de Pierre Morel, notre ambassadeur au Vatican : "Vous savez que Bernadette Chirac m'a surnommé Néron depuis la dissolution ! Maintenant, je pourrai dire que j'ai le pape avec moi..."

L'un de ses soucis était alors de garder le contact avec les deux chefs de la diplomatie anglo-saxonne, Jack Straw et Colin Powell, moins éloignés des positions françaises qu'ils ne pouvaient l'avouer. Il arrivait qu'il les rudoie. Prenant connaissance dans l'avion Ankara-Amman d'une déclaration de Colin Powell indiquant que "la France subirait les conséquences de sa politique" , il avait aussitôt fait prévenir le département d'Etat de son souhait de parler au ministre. Colin Powell l'avait rappelé quand nous étions encore en voiture sur le tarmac d'Amman. Villepin lui avait alors posé une question sans préambule : "Alors, Colin ! Que se passe-t-il, tu veux que les Etats-Unis déclarent la guerre à la France ? Tu n'as aucune chance de gagner..." Powell vivait alors avec la "tâche" du mensonge sur son uniforme de général. Il encaisse en silence, son interlocuteur éclate de rire.

Le même jour, dans l'avion qui nous ramenait de Riyad, il était tard et nous étions encore loin de Paris, quand Villepin me confia : "Jamais je n'aurais imaginé que ce à quoi je m'étais préparé toute ma vie soit confronté à un tel choc de la réalité."

J'ai reparlé récemment de cette période de la guerre d'Irak avec Villepin, devenu premier ministre, en lui demandant s'il n'était jamais tenté d'en tirer les leçons. Après tout, les faits n'ont-ils pas démontré qu'il y avait dans la désinvolture de Bush quelque chose de dangereux pour le monde et l'Amérique elle-même ? "Impossible, je suis contraint à l'humilité tant que notre pays ne se sera pas relevé."

Quelques jours plus tard, le destin lui permettait de revenir symboliquement à l'ONU, en lieu et place de Jacques Chirac. A son retour, le président, sorti du Val-de-Grâce, le convoque pour le féliciter. "J'ai senti qu'avec lui, dit Villepin, il n'y avait pas de rapport de force. Tous ceux qui imaginent que je serai un jour en indélicatesse avec lui se trompent."

3. Les deux hommes se connaissent depuis 1980. Jacques Chirac, alors maire de Paris, cherche quelqu'un pour l'aider sur le terrain diplomatique. Ce sera Villepin. Dès cet instant, Chirac le consulte chaque semaine. Villepin travaille tous les soirs et chaque week-end, en plus du reste, et bénévolement, pour nourrir la réflexion de Chirac et le tenir informé des dossiers sensibles. Un jour, le maire de Paris lui demande son avis sur une déclaration qu'il doit faire. Villepin envoie sa note à Alain Juppé, alors la plume de Chirac. Une seule phrase en fait, d'un humour qui cingle. Chirac, en l'absence de Juppé, convoque aussitôt l'auteur de la remontrance pour lui dire : "C'est de gens comme vous dont j'ai besoin. Un jour, nous travaillerons ensemble." Et il dresse la liste des présidents de la Ve et de leurs hommes de confiance. "De Gaulle avait Capitant. Pompidou, ses copains de Normale. Giscard n'avait personne. Quant à Mitterrand, il est entouré d'une cour et cela le perdra."

En 1995, dans les semaines qui précèdent la campagne présidentielle, quand les sondages et la presse donnent Balladur vainqueur, la rumeur dit Chirac près de jeter l'éponge. Villepin, en tête à tête, l'exhorte non sans brutalité à marquer son territoire et envoie lui-même son fax de candidature. "Depuis cette campagne, nos destins sont liés" , dit Villepin.

4. Je le rencontre à l'automne de cette année-là, chez un peintre marocain, Medhi Qotbi, assis un jour à côté de lui dans un avion et avec qui il s'est lié (il faudrait dresser la liste de ces amitiés de hasard qui ne doivent rien à la politique). Villepin était alors une pièce maîtresse du sérail présidentiel. Il surprenait par sa franchise et par son charme, mais plus encore par une énergie singulière, que j'apparentais à une sorte d'enthousiasme révolutionnaire, que ne modérait pas un attachement conservateur aux principes de notre Histoire et de l'Etat.

Pour ne rien arranger, il était aussi poète, écrivain et menait de front plusieurs projets de livres (Les Cent-Jours , Eloge des voleurs de feu , Le Cri de la gargouille ). "J'assume" , disait-il alors. La poésie est action : souvenons-nous de René Char au plus fort de la guerre, sa façon de forcer l'homme vers plus de souveraineté. Et de Paul Celan : "Jadis, il y avait de la hauteur."

Evoquer ce qui a été sublime, de l'endroit où il se tenait, c'était la verveine qu'il avait trouvée pour dire ce qu'il pensait de notre temps et de son camp. Il n'était pas difficile de deviner où il cherchait ses modèles, parmi les hommes qui acceptaient la présence du destin et connaissaient "le langage chiffré" des mots.

4ème partie
Je le retrouve de loin en loin dans son bureau de l'Elysée. Peintures coptes de chevaliers célestes au mur, éditions originales (Gracq, Genet) dans sa bibliothèque. Pour qui se plaît à imaginer la vie comme un roman, l'Elysée est une bonne adresse. Le lieu où se nouent et se dénouent les intrigues de la cour. Hubert Védrine, qui avait occupé la même fonction de secrétaire général sous Mitterrand, m'avait dit un jour : "C'est un poste d'observation unique sur la comédie humaine." Villepin regarde, jauge, apprécie. Les caractères, les profondeurs de champ, les volontés, les épaisseurs de secrets. La société française est déjà bloquée et apparemment incohérente. "Que fait le pouvoir ? me dit Villepin un matin de mars 1997 ? S'enferme-t-il dans une pièce décidé à n'en sortir qu'une fois prises un certain nombre de décisions ? Non, bien sûr, il consulte, il prend un verre avec les pompiers. Bref, il s'arrange pour ne rien décider. C'est un pouvoir virtuel, comme notre démocratie, brouillée par de faux débats et contaminée par le chômage."

En 1995, Chirac a été élu sur une idée, la fracture sociale, concept aiguisé par Villepin pendant la campagne. Mais chaque projet de réforme soulève des protestations catégorielles en même temps que les députés défilent dans le bureau de Chirac pour l'encourager à dissoudre. Le président, Juppé et Villepin décident d'en finir. Les législatives propulsent Lionel Jospin à Matignon. Le secrétaire général est désigné comme responsable du désastre de la droite.

Je le revois quelques mois plus tard. Il fulmine contre la consanguinité parisienne, la médiocrité des ambitions. Et Chirac ? "Il va mieux, mais il est sans monture." Et lui, s'est-il fait des relations amicales dans le gouvernement Jospin ? "Deux ou trois, Allègre, Védrine, Kouchner." Jeudi dernier, à Matignon, je l'interroge de nouveau sur cette dissolution. "La seule différence entre moi et les autres, c'est que j'ai toujours assumé notre décision. Cela dit, les problèmes n'ont pas changé. Le refus des réformes, le goût des combinaisons, la survie sans risque. Cette inaction engendre la dérision et salit la politique. Je n'ai oublié ni le 21 avril ni le 29 mai. Je crois que la politique c'est l'action, et, pour conduire la mienne, je m'arrime à une fidélité française et à quelques grands principes que chacun commence à connaître, c'est ma clarté."


5. Ce qui est certain, c'est que la crainte bien connue du président de la République de "déchirer le tissu social français", exprimée devant nombre de ses visiteurs, a fini par empoisonner ses relations avec ses premiers ministres. Le président avait peur de déchirer le tissu, et le premier ministre craignait que le président n'ait raison. Leur dialogue fortifiait la tyrannie du statu quo. Pourquoi est-ce que cela changerait ? "Ma relation avec le président est fondée sur un double registre. Celui des principes républicains et gaullistes. Et celui d'une recherche de solutions concrètes, sans idéologie. Je crois aux synthèses politiques, pas aux marchandages. Le président est assuré de ma fidélité, je connais sa pensée, le clavier qui est le sien, les fragilités dont il parle, je les prends en compte et nous avançons." Et si, au bout du compte, Chirac n'était pas mécontent d'avoir en face de lui un premier ministre qui décide ?

Il y a six mois, l'histoire n'était pourtant pas écrite. Une solide connivence existait entre les deux hommes, fondée sur des années de travail en duo, de passions communes, l'Afrique, la culture asiatique, de fidélité (jamais je n'ai entendu un mot contre Chirac dans la bouche de Villepin, qui sait mes réserves). Mais le président envisageait de finir son quinquennat avec Raffarin. C'était pour lui un confort politique et personnel. Par qui voudriez-vous le remplacer, disaient ses interlocuteurs (dont Alain Juppé) ? Villepin ? Votre ancien secrétaire général ? Surtout pas. La politique est un métier et, au coeur de ce métier, il y a l'élection.

Villepin lui a forcé la main. Un soir de l'été 2004, chez Claude Perdriel, industriel et homme de presse, la précision de ces phrases vaut condamnation d'un système à bout de souffle : "Regardons les pays qui sortent de soixante-dix ans de communisme ! Pour la première fois depuis longtemps, ils ont le sentiment d'avoir rendez-vous avec l'Histoire. Quittons notre léthargie ! Et que le pouvoir redevienne un espace d'invention et de décision."

Au début de l'année 2005, lassé d'attendre des décisions qui tardent, il part à la conquête de Matignon et s'en cache à peine. Le 2 janvier, je lis son entretien, très offensif, dans le Journal du dimanche , et je l'appelle : "Villepin premier ministre, c'est pour cette année ?" Réponse sans hésitation : "Absolument." Place Beauvau, il accélère sa réflexion et son travail de métamorphose. Un matin, il met publiquement Raffarin dans les cordes. "Il faut aller plus vite, plus loin, plus fort." Habité par le sentiment de l'urgence, persuadé que la crise morale, sociale et politique exige davantage de sacrifices et de pédagogie.

Villepin voit Raffarin le lendemain, qui ne lui dit rien. Aucune réaction de "recadrage" à l'Elysée. Chacun s'habitue à le regarder de façon différente. Après le 29 mai, Chirac l'appelle à Matignon et tourne une page de sa propre vie.

6. L'été passe sur Matignon avec une douceur enviable. Un léger retard à l'allumage de l'état de grâce, mais le nouveau Villepin, son obsession de l'emploi, créent la surprise, et les événements semblent s'organiser pour le servir. Il touche les premiers dividendes de sa préparation, de ses méthodes de travail collectif, du style de sa communication (jamais de petites phrases, une conférence de presse mensuelle). Il savoure ce calme sans illusions, s'inquiétant de voir de grands Etats (les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, l'Iran) s'organiser pour défendre leurs intérêts nationaux et leur souveraineté, et donne tous ses soins aux concepts de patriotisme économique et de croissance sociale.

Mais au retour des journées parlementaires de l'UMP à Evian, le 20 septembre, tous ses visiteurs sont brutalement décommandés. Les vrais rendez-vous se nomment : déficit de la Sécurité sociale, prix du pétrole, Hewlett-Packard, SNCM. C'est pour affronter la crise qu'il est à Matignon. La crise cogne à sa porte. Plus de palladium. Le voici en première ligne, dans le temps des épreuves, l'ordalie qu'il attendait, au fond. Il a besoin d'obstacles pour que ses élans ne soient pas arrêtés court.

Plus important : il était impatient de rencontrer la vérité des Français, et la sienne aussi, face à ce déclin qu'il récuse. Les dossiers dévorent ses jours et ceux de ses ministres, dont certains, déjà, peinent à suivre les premiers pas de cette marche forcée qu'est le parcours de tout locataire de Matignon. Jeudi dernier, après une nuit très écourtée, il évoque rapidement les élections allemandes. Partout les dés roulent. "Que chacun prenne ses responsabilités. Les jeux de rôle ne suffiront pas à nous sortir de la nasse." Il se prépare pour demain et promet des surprises. Il n'oublie pas que ce sont les événements qui emploient les hommes.

Cet "Article" qui a fait l'objet de nombreuses réactions est paru dans le journal Le Monde du 4 Octobre 2005


Daniel Rondeau à Istambul par © Ara Guler

* Daniel Rondeau, 57 ans, écrivain et chroniqueur littéraire à L'Express, a publié de nombreux livres, parmi lesquels Tanger (1987),
Tambours du monde (1989),
Chronique du Liban rebelle (1991), Alexandrie (1997), Istambul (2002) et, plus récemment, Dans la marche du temps (Grasset), paru en 2004.
Il a reçu en 1998 le grand prix Paul-Morand de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre et dirige la collection "Bouquins" chez Robert Laffont.
Son dernier essai, "Camus ou les promesses de la vie", vient de paraître en Novembre 2005.


Villepin est-il à Chirac ce que Pompidou fut à de Gaulle ?
par Guillaume Tabard *

A l'aube du quinquennat, Valéry Giscard d'Estaing avait qualifié Jean-Pierre Raffarin de «Pompidou poitevin». Dans le président de la région Poitou-Charentes, l'ancien chef de l'Etat retrouvait la rondeur et l'esprit madré de son prédécesseur à l'Elysée.
La comparaison sied pourtant davantage à Dominique de Villepin. Elle vient spontanément à l'esprit avec la rencontre symbolique du premier ministre avec les partenaires sociaux, hier après-midi, au ministère du Travail, Rue de Grenelle. Le dix-huitième locataire de Matignon de la Ve République n'a pas choisi par hasard la salle où Georges Pompidou signa les célèbres «accords de Grenelle» qui mirent fin à l'embrasement de mai 1968.

Certes, au physique, rien ne rapproche le fumeur trapu du sportif élancé. La fougue lyrique et la passion de l'Etat du premier ministre en place, puisant son inspiration dans la geste gaullienne, ne ressemble pas plus au pragmatisme de son lointain prédécesseur, passé par la banque et agacé par la vigilance grandiloquente des gardiens de la flamme gaulliste. On se plaît pourtant à imaginer les conversations littéraires entre l'auteur d'une Anthologie de la poésie française, citant de mémoire Eluard dans ses conférences de presse, et celui d'un Eloge des voleurs de feu, passionné de René Char.

Mais le vrai parallèle entre les deux premiers concerne leur trajectoire. Villepin et Pompidou ont débarqué à Matignon sans être passé par la case électorale, tenant leur légitimité de leur seul lien de confiance avec le président de la République. Georges Pompidou avait été chargé de mission auprès du général de Gaulle à la Libération et son directeur de cabinet à Matignon, en 1958 ; Dominique de Villepin fut secrétaire général de l'Elysée durant tout le premier mandat de Jacques Chirac. Cette absence de légitimité politique initiale fut pour eux comme une tache originelle difficile à effacer. En 1962, les députés UNR (gaullistes) prirent comme un affront la désignation d'un non parlementaire.
En 2005, les élus UMP ne cachèrent pas leur scepticisme à l'égard de celui que Jacques Chirac préféra à Nicolas Sarkozy et que beaucoup assimilaient toujours
à l'«expérimentation hasardeuse» de la dissolution.

Pompidou comme Villepin n'ont cependant pas tardé à prendre pleinement la dimension de leur poste et à démentir les pronostics les ravalant au rang de simple directeur de cabinet du président de la République.
La différence de chronologie et de contexte ne doit pas conduire au contresens. Pompidou est devenu premier ministre au milieu du premier mandat de De Gaulle et est resté six ans et deux mois à Matignon – un record qui ne sera sans doute jamais battu – ; Villepin, lui, fut nommé dans la deuxième moitié du second mandat de Chirac et, du fait du quinquennat, n'a signé qu'un bail de moins de deux ans.
Mais, le Pompidou de 1968 et le Villepin de 2006 sont dans la même position à l'égard du chef de l'Etat. En raison de leur ambition autant que de la situation institutionnelle.
«C'est en gravissant les marches de Matignon que l'on pense la première fois à l'Elysée», admettait le président défunt. Pour l'actuel premier ministre, le scénario est plutôt inverse : c'est parce qu'il pensait déjà à l'Elysée qu'il a voulu passer par la case Matignon.

Toujours est-il que la cote présidentielle de l'un comme de l'autre a grandi à mesure que celle de leur mentor déclinait. Dans les deux cas, une crise a servi de révélateur. Celle de mai 1968 pour Pompidou, celle des banlieues pour Villepin. A tort ou à raison, de Gaulle à l'époque et Chirac aujourd'hui ont donné le sentiment de peiner à comprendre le mouvement et à y apporter une réponse forte tandis que leurs chefs de gouvernement respectifs affichaient autorité et sérénité.

Dès lors, à leur corps défendant, l'affirmation du chef du gouvernement a mécaniquement conduit à affaiblir ou à marginaliser le chef de l'Etat. Aux yeux de nombreux électeurs gaullistes, un départ du père de la Ve République n'était plus un drame puisqu'en la personne de Georges Pompidou la relève était garantie. Le fameux appel de Rome, par lequel le futur président élu assurait avoir «peut-être un destin», fut à la fois un affront à de Gaulle et un soulagement pour les électeurs de droite. Les plus intégristes des gaullistes ne se sont d'ailleurs pas privés de reprocher à Pompidou d'avoir ainsi favorisé la victoire du non au référendum de 1969.


Trente-six ans plus tard, les chiraquiens, qui craignaient de voir l'actuel chef de l'Etat cloué au sol par l'offensive Sarkozy, disposent d'un nouveau champion capable, du moins dans les sondages, de rivaliser avec le président de l'UMP. Du coup, la mise en orbite de Villepin passe par une marginalisation de Chirac. Pour preuve : l'humiliant sondage Ifop publié avant-hier dans Le Journal du dimanche affirmant que 2% seulement des électeurs de l'UMP souhaitaient voir le président de la République porter l'étendard du parti majoritaire en 2007.

Mais la réussite de l'opération de transfert électoral suppose une certaine prise de distance pour que le successeur présenté soit porteur d'une nouvelle offre et non simple légataire d'un héritage. Entre de Gaulle et Pompidou, le passage de témoin fut en partie conflictuel.

Rien de tel entre Chirac et Villepin. Les deux hommes ont un objectif commun : empêcher la victoire de Nicolas Sarkozy, favori d'aujourd'hui. Mais pour ne pas laisser au patron de l'UMP le monopole de la «rupture», le premier ministre sera contraint d'exercer à son tour un «droit d'inventaire» sur les années Chirac. Et, déjà, certains chiraquiens évoquent la nécessité pour Dominique de Villepin de quitter Matignon plusieurs mois avant la présidentielle, pour ne pas se retrouver dans la même situation que Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel Jospin, tous trois battus. D'autres évoquent même l'idée d'une élection présidentielle anticipée. Départ de Matignon, présidentielle anticipée : les deux événements, tous deux imprévus, qui avaient facilité l'entrée de Pompidou à l'Elysée.

* Rédacteur en chef adjoint au service politique du Figaro.



La révélation Villepin
La présentation de son plan de relance et l’hospitalisation du Président ont conféré au Premier ministre une stature de dauphin.

> Les mesures du plan Villepin
Ces mesures peuvent-elles redonner confiance aux Français ? Les mesures Villepin peuvent-elles relancer la croissance ?
Les mesures fiscales annoncées par le gouvernement ont-elles déjà fonctionné ailleurs ? La réforme de l’impôt sur le revenu va-t-elle dans le bon sens ?
Une réforme fiscale favorable aux très hauts revenus
Le plan Villepin va-t-il réduire le chômage ?
Nicolas Sarkozy contraint à la surenchère libérale Sarkozy et Villepin,
des ennemis de dix ans
Challenges (n°2 nouvelle formule)
a interrogé cinq économistes pour analyser ses mesures.


Toujours sur le thème du dauphin
Monsieur le dauphin Dominique de Villepin a mis ses pas dans ceux du président. « Le Point » raconte comment, dans le plus grand secret, il s'était préparé à Matignon ; comment il « travaillait Chirac » et comment, aujourd'hui,
il joue la mélodie du bonheur.


> Lire l'article de Catherine Pégard paru dans Le Point du 29 Septembre 2005



Pour la 1ère fois en France, un Premier Ministre anime, seul,
une émission de radio pour dialoguer avec les français.



Réecoutez l'intervention de Mr de Villepin sur RMC

Mr de Villepin en compagnie de l'animateur de RMC, Jean Jacques Bourdin



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