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Liberté d'opinion:
Beyrouth, place-refuge d'une certaine forme d'expression?
Des sujets ou dossiers sensibles
Le Liban dans



Printemps 2012
Elections des députés représentant les français de l'étranger:
un découpage de circonscriptions ni coupable ni innocent...
par JM Druart

25 Mars 2012- La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a introduit la représentation à l’Assemblée nationale des Français établis hors de France, ces derniers estimés à un peu plus de 2 millions de personnes pour 1, 075 millions d'inscrits sur les listes électorales seront désormais représentés dès juin 2012 et pour la première fois,
par onze députés.
Pour ce faire, les français de l'étranger ont été répartis suivant onze zones définissant chacune une circonscription représenté par un député.

C'est ainsi que le Liban a été affecté à la 10ème circonscription en compagnie de 48 autres pays notamment africains et du golfe persique.
> voir le détail des onze circonscriptions (choisir "votre circonscription" dans le menu).

On note par ailleurs qu'Israel dont on peut affirmer, sans se faire réprimander, qu'à l'échelle du globe, elle appartient à la même zone géographique avec ses frontières communes avec le Liban, a pour sa part été affecté à la 8ème circonscription regroupant la Turquie et 7 autres états souverains entièrement européens ( Chypre, Grèce, Italie, Malte, Saint-Marin et le Vatican).

Nul n'ignore en haute sphère que le Liban et Israel présentent outre cette contiguité géographique, la particularité de concentrer bon nombre de français sur leur sol dont un taux élevé de bi-nationaux comme caractéristique commune.
Comment comprendre alors que l'un soit de fait intégré à la zone méditerranéenne orientale de l'Europe, alors que l'autre soit noyé dans une secteur gigantesque et aussi hétéroclite associant la Namibie, l'Afrique du sud , l'Ouganda ou le Cameroun.

S'il n'est pas à priori coupable de lier Israel à l'Europe, est-il pour autant innocent d"en détacher le Liban en le diluant de cette manière?

Ce choix pourrait davantage relever d'une action lobbyiste sournoise que d'une étude de la réalité des français de l'étranger appelés à être représentés au parlement français.
Nous n'avons guère vu de débat ou d'interrogation concernant ce découpage autant original que surprenant. Nul doute que votre attention et votre réflexion seront aiguisée par un tel choix chargé de symbole qui ne doit rien au hasard et à l'inattention.

On peut donc regretter ce choix délibéré qui ne cherche pas à rassembler des français liés par un destin commun à l'échelle de la planète mais qui ne seront pas unis par un représentant commun. Encore un exemple de division nationale
sans doute autant innopportune que volontaire permettant à certains de tirer les bénéfices de la division.

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Joseph Maïla à l’USJ : Le Liban, une démocratie du paradoxe
Conférence À l'USJ, le philosophe Joseph Maïla a analysé la démocratie libanaise, entre histoire et nouveaux défis. Il a mis en garde contre les menaces de violence et de populisme.
Joseph Maïla, philosophe et politologue, a donné le 26 Février 2009 à l'Université Saint-Joseph une conférence sur « Les défis de la démocratie au Liban ». Professeur dans des universités libanaises, européennes et nord-américaines, M. Maïla a participé au cours de sa carrière à de nombreuses initiatives diplomatiques prônant notamment le dialogue interlibanais, comme à La Celle-Saint-Cloud en 2007. À l'approche d'élections législatives décisives dans l'histoire politique du pays, la conférence de jeudi avait pour ambition de redéfinir le sens de la démocratie pour comprendre ce que celle-ci est devenue aujourd'hui au Liban et envisager les défis auxquels elle se trouve confrontée.
Dès le début de la conférence, M. Maïla a souligné la gravité de la question qu'il était invité à traiter, mettant en avant trois motifs d'incertitude pour un penseur qui aborde ce sujet au Liban : la proximité des élections, dont la mise en place constitue en elle-même un enjeu démocratique, le dérèglement politique inédit qui les a précédées sur la scène nationale, et un contexte régional peu favorable au développement de la démocratie.
« Il n'y a pas de modèle démocratique » auquel le Liban pourrait déroger, a affirmé le philosophe. La démocratie se définit par un choix de gouvernement, un équilibre des pouvoirs, et une culture qui consiste à respecter les libertés et à participer à la vie de la cité. Ici se pose la question des "sujets" de la démocratie : quelle est la nature de la représentation parlementaire au Liban ? Le débat des courants n'arrive pas à surgir parmi les députés, qui représentent des communautés plutôt que des idées.

La charrue devant le bœuf
Joseph Maïla présente ainsi le système libanais comme une « démocratie paradoxale », où existent des libertés réelles qui ne s'inscrivent pourtant pas dans un État de droit. Le premier défi auquel se trouve confronté ce système aujourd'hui est donc la recherche d'une structure - les Libanais n'ont certainement pas été assez fermes dans l'application des accords de Taëf. Non seulement des lois ont été manipulées et des mandats prorogés de manière illégitime, mais ces lois ont également été contournées : plutôt que de renforcer des institutions, on a donné un rôle d'autant plus important aux communautés. « On a mis la charrue communautaire devant le bœuf constitutionnel », a résumé M. Maïla.
Le second grand défi auquel se trouve confrontée la démocratie libanaise est celui de la construction de la citoyenneté. Le philosophe a appelé les Libanais à une véritable discussion démocratique, qui n'est pas sans rappeler celle qu'avait tenté d'instaurer le chehabisme. Il est grand temps, a-t-il ajouté, de parler de justice sociale, de problèmes d'infrastructure ou encore d'habitat : c'est une telle discussion qui permettra, petit à petit, un véritable développement de la société libanaise.

Dangers de la violence
Il a également émis une mise en garde contre les dangers qui guettent la culture politique libanaise, le premier étant la dérive du langage : « L'interdit du meurtre, a-t-il rappelé, se tient et se lève par le langage. » Pour illustrer ses propos, il a fait allusion aux déclarations de Michel Aoun, qui avait menacé lors d'une conférence de presse de couper les langues et les mains de ses détracteurs. Il faut également, selon M. Maïla, se méfier de la dérive populiste, qui consiste à « acclamer le chef, suivre la foule et détester l'autre », ainsi que de l'état d'urgence transformé en mobilisation politique permanente, comme sous les régimes fascistes ou communistes.
La réponse à ces problèmes ? Joseph Maïla n'avait évidemment pas la prétention de proposer une solution magique, mais il a rappelé les bienfaits d'une véritable réconciliation nationale, qui suivrait un programme et des étapes prédéfinies. Les grandes manifestations de masse qui ont animé le pays depuis 2005 ont d'après lui une grande importance : elles alimentent la résistance démocratique du peuple libanais, « seule force qui permet de faire survivre l'espérance démocratique ».

George ACHI | 28/02/2009

Juin 2007: cinq heures à Beyrouth trois jours en Israel
deux poids deux mesures au plus haut niveau



Avril 2008

L'Union pour la Méditerranée : une chance pour les riverains ?
Le 4 avril, l'Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFAPCOM), l'Observatoire d'études géopolitiques (OEG) et l'IPSE ont organisé un débat au Sénat, à Paris, sur le thème : " L'union pour la Méditerranée : une chance pour les riverains ". Ce débat, présidé par le sénateur Christiane Kammermann, a réuni de très nombreux diplomates, hauts fonctionnaires, officiers généraux, universitaires, experts et journalistes. Alain Leroy, ambassadeur en charge de l'Union pour la Méditerranée auprès de la présidence de la République, l'ambassadeur du Royaume du Maroc Fathallah Sijilmassi, Zeina el Tibi présidente de l'Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFAPCOM), Madame le recteur Michèle Gendreau-Massaloux, le docteur Charles Saint-Prot (OEG) et Emmanuel Dupuy (IPSE) ont successivement pris la parole.
Zeina el Tibi, qui a récemment publié dans La Revue du Liban un long entretien avec Henri Guaino, le conseiller spécial du président Sarkozy, a souligné à quel point le projet français d'Union pour la Méditerranée (UPM) ne laisse pas indifférent et elle a insisté sur le grand espoir mais aussi sur les questions que ce projet suscite chez les peuples de la Méditerranée. L'ambassadeur Alain Leroy a rappelé que le projet vient d'une impulsion du Président de la République française. Nicolas Sarkozy est parti d'un constat : tandis que depuis 1989, l'Union européenne s'est beaucoup à l'Est, elle a négligé son Sud. Le premier objectif du projet est donc de remettre la Méditerranée au centre du jeu. Alain Leroy a rappelé les paroles du président Sarkozy : "La Méditerranée n'est pas notre passé, elle est notre futur ". Le périmètre de cette union a été déterminé : tous les pays riverains de la Méditerranée sont concernés, auxquels il faut ajouter la Mauritanie et la Jordanie, ainsi que l'ensemble des pays de L'Union européenne et la Ligue des Etats arabes. Tout le monde devrait se retrouver au Sommet de Paris pour le lancement du projet, les 13 et 14 juillet.
Alain Leroy s'est félicité de l'implication dans le projet de grands pays du sud de la Méditerranée, notamment le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. Il a affirmé qu'il existe une très forte attente de la part de tous les pays concernés. Cet espoir est d'autant plus fort que le processus de Barcelone n'a pas accompli ses objectifs. A la différence du processus de Barcelone, l'Union pour la Méditerranée ne sera pas guidée par la commission européenne et elle respectera l'égalité des pays dans la construction d'un projet commun. Il a également énuméré plusieurs projets concrets : la dépollution de la Méditerranée, l'accès à l'eau potable et le développement des systèmes d'irrigation, le développement d' autoroutes maritimes pour développer le commerce, la multiplication de l'énergie photovoltaïque pour augmenter l'accès à l'électricité, favoriser la recherche, la formation professionnelle, la coopération dans le domaine de la sécurité civile. Concernant la recherche, l'idée a été émise de la création d'un Institut méditerranéen de la recherche scientifique. Mme Michèle Gendreau-Massaloux a pour sa part insisté sur le développement de la formation professionnelle et qualifiante. Elle a également mis l'accent sur la coopération dans le domaine universitaire et de la recherche. Pour financer l'ensemble des projets, les fonds communautaires seront certes utiles, mais d'autres bailleurs de fonds seront sollicités comme la Banque islamique de développement ou la Banque Africaine de développement, le secteur privé ou les pays du Golfe arabe qui pourront être partenaires. D'autant plus que le Conseil de coopération du Golfe arabe sera invité comme observateur.
Fathallah Sijilmassi, ambassadeur du Maroc, a souligné qu'il ne doit pas exister une vision du Sud et une vision du Nord concernant l'union pour la Méditerranée. Il faut construire cette union en respectant l'égalité des pays concernés. C'est un projet " qui, pour exister, doit être un projet commun et approprié par tous les pays qui ont la Méditerranée en partage". Estimant que le choix est entre mouvement et immobilisme, l'ambassadeur du Royaume du Maroc a souligné que la Méditerranée fait face à des écarts de développement: " L'Asie progresse avec des taux de croissance à deux chiffres. Le continent américain, dans sa globalité, s'organise et le monde n'attendra pas que nous ayons réglé nos problèmes pour faire la Méditerranée ". C'est donc un projet "à ne pas rater " parce qu'il est une chance pour les riverains. Selon l'ambassadeur du Maroc, réussir cette union est primordial pour l'Europe car elle va doper sa compétitivité à l'échelle internationale. Notant que la Méditerranée n'est pas uniquement l'immigration clandestine ou l'instabilité, il a affirmé qu'elle est aussi et surtout " un partenaire stratégique avec lequel l'Europe doit construire une dynamique solide pour atteindre des objectifs communs… La Méditerranée n'est pas le problème. Elle est la solution ". Certes, il ya des problèmes politiques et l'on ne peut dissimuler cette réalité : " c'est ce qui conduit à être ambitieux dans notre objectif et pragmatique dans notre approche. En assurant la promotion des projets sur lesquels nous allons travailler ensemble, nous faisons le pari de créer les conditions les plus favorables à une évolution vers la paix ". L'ambassadeur Sijilmassi a ajouté que l'objectif du projet est éminemment politique. Prenant l'exemple de la Palestine, il a déclaré " nous sommes là aussi pour faire en sorte, je vous le dis avec force et en tant qu'ambassadeur du Maroc, que ce ne soit pas l'Autorité palestinienne qui soit membre de cette union mais l'Etat palestinien ".
Le docteur Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques, a insisté sur le fait qu'il ne faut pas perdre de vue les volets politique et culturel. Il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour aider à résoudre les conflits qui déstabilisent la Méditerranée, en particulier le conflit algéro-marocain sur le Sahara marocain, la crise du Liban et la question nationale palestinienne. La résolution de ces crises doit être un objectif prioritaire si l'on veut instaurer un climat serein dans la région : " comment pourra-ton avancer durablement si les frontières algéro-marocaine restent fermées ? Si le Liban ne retrouve pas sa stabilité ? Si le peuple palestinien reste sans Etat ? ". Par ailleurs, Charles Saint-Prot a souhaité que le volet culturel soit privilégié afin d'aider à construire le nécessaire dialogue des civilisations qui doit reposer sur des actes concrets de façon à renouer entre le Nord européen et le Sud musulman de la Méditerranée une relation forte et solide autour d'objectifs communs et pour la politique de civilisation dont le monde moderne a grand besoin.
A quelques mois du lancement de ce vaste projet, Emmanuel Dupuy a présenté les hypothèses les plus probables concernant la répartition des rôles : on parlerait d'une coprésidence franc-égyptienne, de secrétaires généraux espagnols et italiens, et d'un siège du secrétariat général situé en Tunisie. Alain Leroy a souligné que rien n'est encore décidé, si ce n'est que la France souhaite que le secrétariat soit situé dans un pays du Sud.



Le texte de la tribune de Bruno Guigue
tel qu'il a été publié sur le site oumma.com* jeudi 13 mars 2008.
Bruno Guigue sous-préfet de Saintes a été révoqué par le ministère de l'Intérieur après la publication d'un texte sur Oumma.com. Il a enfreint son "devoir de réserve", selon le préfet de Charente-Maritime et Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur.

"Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU"
"Dans sa rubrique "Point de vue" du 27 février 2008, Le Monde a généreusement offert ses colonnes à un texte d’une hystérie verbale et d’une mauvaise foi insondables. Les accusations qu’il profère à l’égard du conseil des droits de l’homme de l’ONU sont si mensongères que même la liste des signataires ne tempère qu’à peine notre stupéfaction : Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel, Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel .. On peut facilement compléter la liste tant l’omniprésence des intellectuels organiques du lobby pro-israélien nous est devenue familière.
Le titre sans nuances de cette prose haineuse est déjà tout un programme : "L’ONU contre les droits de l’homme". Dès les premières lignes, on peut y lire cet appel angoissé : "L’année 2008 verra-t-elle simultanément le soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU et la destruction de ses principes par la même ONU ? Tout porte à le redouter, tant depuis un certain nombre d’années, par ses dérives, l’ONU s’est caricaturée". Inévitablement le lecteur non averti s’alarme : l’organisation internationale serait-elle brusquement devenue suicidaire ?
Mais par bonheur la suite nous éclaire aussitôt sur les préoccupations profondes de nos signataires : "A Durban, en Afrique du Sud, s’est tenue en 2001 la conférence mondiale contre le racisme, à l’initiative des Nations-Unies. C’est au nom des droits des peuples que furent scandés des "mort à l’Amérique !" et "mort à Israël !" et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes".
Quel rapport entre la géopolitique du Moyen-Orient, manifestement en cause dans les appels à combattre les Etats-Unis et Israël, et l’oppression des femmes que viendrait cautionner le "relativisme culturel" ? Probablement aucun. Mais amalgamer les deux sujets présente l’intérêt polémique de suggérer une pernicieuse concurrence entre les victimes : vous qui condamnez Israël et l’Amérique, vous ne dites rien de la souffrance des femmes opprimées dans les pays musulmans. C’est une antienne dont la rhétorique lobbyiste est coutumière : elle permet de détourner le lecteur occidental de la critique de la politique américaine ou israélienne en fixant son attention sur un problème interne des sociétés moyen-orientales.
Ce rapprochement polémique entre les deux sujets, pourtant, est particulièrement cocasse. L’Arabie saoudite, où le port du voile est obligatoire et les femmes interdites de conduite automobile, est l’alliée historique des Etats-Unis dans la région. Le régime obscurantiste des talibans, lui, a vu le jour sous les auspices d’une CIA qui a prêté ses camps d’entraînement sur le sol américain aux combattants du mollah Omar. En revanche, l’Irak et la Syrie baasistes, plus proches de la norme occidentale en matière de condition féminine, n’eurent pas droit aux mêmes égards. Le premier a été pulvérisé sous les bombes US, la seconde est rangée dans la catégorie des "Etats voyous". Mais peu importe : les partisans de la politique américaine au Moyen-Orient se croient fondés à donner des leçons en matière d’émancipation féminine.
S’agissant de l’ONU, en outre, on ne s’étonnera guère d’un tel ressentiment de la part des porte-parole du néoconservatisme à la française. Car les résolutions du conseil des droits de l’homme, comme hier les déclarations de l’assemblée générale, ont osé mettre en cause la répression israélienne en Palestine occupée. Les 47 Etats élus par leurs pairs au CDH bénéficient de l’égalité de vote. La sensibilité qui s’y exprime reflète donc une opinion majoritaire qui n’a aucune raison de cautionner l’occupation militaire des territoires arabes. Que les thuriféraires d’Israël, cependant, se rassurent : ces résolutions demeurent symboliques à défaut d’être exécutoires. Mais ce n’est pas suffisant. Il leur faut aussi en stigmatiser le principe par un usage grossier de la calomnie.
C’est à quoi s’emploient rageusement les signataires. "Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales .. Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique à l’encontre de ses principes fondateurs. Ignorée des grands médias, jour après jour, session après session, résolution après résolution, une rhétorique politique est forgée pour légitimer les passages à l’acte et les violences de demain".
Symptôme d’une psychose paranoïaque ou monument de la démonologie occidentale : on hésite sur le diagnostic. La seule certitude, c’est que ce réquisitoire contre des forfaits inexistants témoigne d’une inventivité hors du commun. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU voudrait "anéantir la liberté d’expression" ? On se demande bien pourquoi et comment. Mais nos interrogations demeurent sans réponse. Nos polémistes annoncent "la mise à mort de l’universalité des droits" par l’ONU elle-même, mais cette mort annoncée reste nimbée de mystère. Aucune citation des résolutions du CDH ne vient étayer cette accusation, et les détracteurs de l’ONU condamnent ses idées supposées avec une violence inversement proportionnelle aux preuves de ce qu’ils avancent. Visiblement, ils préfèrent parler à sa place en procédant directement au commentaire de ce qu’elle est censée avoir dit.
En guise de citations, on doit alors se contenter des propos résumés au style indirect, sans guillemets, qu’aurait tenus M. Doudou Diène, rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie auprès de l’ONU. L’intellectuel sénégalais aurait ainsi déclaré qu’"énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste, et que la loi française contre le port des signes religieux à l’école participe du racisme antimusulman". Seul problème : ces citations sont introuvables. Si chacun de ces énoncés soulève évidemment des objections, encore faut-il qu’il ait été formulé. Une polémique grossière sur des citations qui n’en sont pas : le procédé condamne ses auteurs.
Au demeurant, les seules citations que les idéologues publiés par Le Monde auraient dû produire à l’appui de leur propre thèse sont celles du CDH lui-même. Mais ils se gardèrent bien de le faire. Livrant leur interprétation tendancieuse en lieu et place de la pensée d’autrui, ils pérorent gravement en prenant leur fantasme pour la réalité : "La confusion est à son comble, affirment-ils, quand est dénoncée comme une attitude raciste toute critique de la religion". Mais d’où vient cette idée ? Qui l’a émise ? Nul ne le sait. N’importe qui, en revanche, peut vérifier ce qu’a énoncé le CDH sur la question religieuse. Il suffit de consulter les compte-rendus officiels des six sessions réunies depuis sa création en juin 2006.
Le 30 mars 2007, le CDH a ainsi adopté une résolution " sur la lutte contre la diffamation des religions". Ce texte nuancé insiste sur "le droit de chacun à la liberté d’expression, qui devrait s’exercer de façon responsable et peut donc être soumis à de restrictions, prescrites par la loi et nécessaires pour le respect des droits ou de la réputation d’autrui, la protection de la sécurité nationale, de la santé ou de la morale publiques, et le respect des religions et des convictions". Sur le plan des principes, ce texte ne diffère guère du droit positif en vigueur dans la plupart des pays, les Etats occidentaux ayant eux aussi entouré l’exercice de la liberté d’expression de certaines limites juridiques. En France, la reconnaissance de la liberté d’expression n’entraîne aucun droit à diffamer son voisin, toute forme d’injure manifestant une discrimination raciale ou religieuse est punie par la loi, et certaines dispositions législatives ont même eu pour effet d’énoncer une vérité officielle sur des faits historiques.
Naturellement, la teneur de cette résolution du CDH n’est pas indifférente au contexte politique lié à la "guerre contre le terrorisme" menée tambour battant par Washington. "Le Conseil se déclare préoccupé par les images stéréotypées négatives des religions et par les manifestations d’intolérance et de discrimination en matière de religion ou de conviction. Il se déclare en outre profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l’islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l’homme. Il note avec une vive inquiétude l’intensification de la campagne de diffamation des religions, et la désignation des minorités musulmanes selon des caractéristiques ethniques et religieuses depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001".
L’adoption de ce texte s’est heurtée à l’opposition des pays occidentaux, mis en minorité lors du vote final. Aucun d’entre eux n’y a vu, toutefois, le danger mortel pour la civilisation universelle que dénoncent les signataires de notre pamphlet antionusien. Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Allemagne "a fait remarquer que, comme l’a établi le rapport de M. Doudou Diène, la discrimination fondée sur la religion ne concerne pas uniquement l’islam, mais également le judaïsme, le christianisme et des religions et croyances venues d’Asie, ainsi que des personnes sans religion. Elle a également souligné qu’il est problématique de séparer la discrimination fondée sur la religion des autres formes de discrimination. Elle a aussi jugé l’utilisation du concept de diffamation contre-productive, préconisant plutôt un texte axé sur la liberté de religion ou de conviction".
Que ce débat témoigne d’une différence de sensibilité sur les questions religieuses entre pays membres de l’organisation de la conférence islamique (OCI) et pays occidentaux est une évidence. Cela méritait une réflexion sur la sécularisation relative des sociétés concernées et la référence, explicite dans les pays musulmans, à des valeurs religieuses. Mais cette réflexion n’effleura même pas l’esprit de nos intrépides signataires qui, faute d’avoir lu les textes auxquels ils font vaguement allusion, en dénaturent volontairement la signification. Refusant de discuter rationnellement les arguments de l’autre, on préfère le stigmatiser en imaginant une dramaturgie grossière mettant en scène des personnages réels. Ce théâtre de marionnettes, du coup, tient lieu d’argumentaire.
C’est ainsi que nos signataires s’en prennent violemment à Mme Louise Arbour, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. " Elle a participé à une conférence à Téhéran consacrée aux droits de l’homme et à la diversité culturelle, dénoncent-ils. Portant le voile, comme la loi de la république islamique l’exige, la haut-commissaire a été le témoin passif de l’énoncé de principes à venir, ainsi résumés : offense aux valeurs religieuses considérée comme raciste. Bien pire, dès le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs mineurs, furent pendus en public. C’est en sa présence que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel à la destruction d’Israël".
Encore une fois, l’art de l’amalgame intellectuel atteint des sommets. Mêlant tout et son contraire, le texte publié par Le Monde mise sur la confuse indignation du lecteur en anesthésiant au passage son jugement critique. Louise Arbour portait le voile à Téhéran, soit. Mais aurait-elle pu, en Israël, organiser une réunion pendant le shabbat ? Les régimes religieux ont des exigences que n’ont pas les autres. On peut le déplorer, mais ils sont chez eux. L’offense à la religion, dans certains pays, est considérée comme une forme de racisme. Faut-il que nous allions les convaincre du contraire, et de quelle manière ? La peine de mort, enfin, est cruellement appliquée en Iran. Mais les aspects odieux du régime de Téhéran ne le résument pas pour autant, et le régime saoudien n’a rien à lui envier. Surtout pas l’amitié des Etats-Unis, où un président texan a été élu sur sa réputation d’exécuteur intraitable des criminels supposés. Sans parler d’Israël, seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles.
Les diatribes iraniennes contre l’Etat hébreu relèvent, elles, d’un affrontement géopolitique dont l’un des principaux paramètres est l’attitude d’Israël lui-même. S’il avait appliqué la peine de mort aux civils palestiniens avec davantage de discernement depuis soixante ans, il n’aurait pas suscité un tel rejet de la part de ses voisins proches ou éloignés. Sous occupation militaire, amputés d’une partie de leur territoire, ou régulièrement bombardés par son aviation, ces derniers ont d’excellentes raisons de le détester. Mais peu importe. Décidés à instruire à charge contre Mme Arbour pour son séjour à Téhéran, nos polémistes incriminent "son silence et sa passivité", qu’elle aurait justifiés par "le respect de la loi iranienne et le souci de ne pas offenser ses hôtes".
"Charbonnier est maître chez soi, commentent-ils. C’est le docteur Goebbels qui utilisait cet argument d’opportunité, à la tribune de la Société des nations en 1933, pour se soustraire à toute critique d’une institution internationale impuissante". On croit rêver. Car, analogie pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui s’assied sur la SDN en 1933 et l’Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967. Comme son lointain prédécesseur, Israël, lui aussi, se "soustrait à toute critique d’une institution internationale impuissante". Et s’il le fait, c’est pour mieux conquérir "son espace vital, de la mer au Jourdain", selon la belle formule employée par Effi Eitam, ministre d’Ariel Sharon, en 2002.
"Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots pour se légitimer. La parole annonce le passage à l’acte", philosophent nos signataires. Ils n’ont pas tort : le 29 février, le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï a brandi la menace d’une "shoah" contre les Palestiniens avant de lancer à Gaza la sanglante opération qui fit 110 victimes palestiniennes en une semaine. Quitte à enfreindre un tabou religieux, l’Etat hébreu, manifestement, a franchi un cap sémantique avant de déchaîner sa puissance militaire : il est passé "de la parole à l’acte".
Mais le meilleur a été gardé pour la fin. "Les idéologies totalitaires avaient remplacé les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues d’avenir radieux ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique. Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la conférence de Durban, c’est bien au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis". Lier dans une même trame le 11 septembre 2001 et les résolutions du CDH, il fallait oser. Il est vrai que nous avons affaire à des spécialistes.
"Retour de Dieu en politique", disent-ils. Nos intellectuels savent de quoi ils parlent : Israël n’est-il pas l’Etat confessionnel par excellence ? "Si la revendication d’un coin de terre est légitime, affirmait Theodor Herzl, alors tous les peuples qui croient en la Bible se doivent de reconnaître le droit des juifs". Bibliquement établie, la légitimité d’un Etat juif en Palestine va de soi : le texte sacré tient lieu de titre de propriété. Pour les sionistes religieux, le retour des juifs en Eretz Israël est inscrit dans le récit de l’Alliance lui-même. Prendre possession de la terre que Dieu a donnée aux juifs fait partie du plan divin, et ce serait le contrarier que de renoncer à cette offrande.
Du coup, aucun compromis n’est possible avec les Arabes. En 1947, le grand rabbin de Palestine martelait le statut théologique du futur Etat juif : "C’est notre forte conviction que personne, ni individu, ni pouvoir institué, n’a le droit d’altérer le statut de la Palestine qui a été établi par droit divin". Chef du parti national-religieux, le général Effi Eitam expliquait à son tour en 2002 : " Nous sommes seuls au monde à entretenir un dialogue avec Dieu en tant que peuple. Un Etat réellement juif aura pour fondement le territoire, de la mer au Jourdain, qui constitue l’espace vital du peuple juif". Au moins, c’est limpide.
Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que le lobby pro-israélien exècre l’ONU : son appétence pour le droit international est inversement proportionnelle à son engouement pour le droit divin. Il est vrai que l’un est infiniment plus favorable au Grand Israël que l’autre. Percuter les résolutions de l’ONU avec la Thora relève de l’exploit intellectuel et du prodige politique : Israël l’a fait. Pour nos signataires, "c’est au nom de Dieu que le plus grand crime terroriste de l’histoire fut commis". Ce n’est pas tout à fait faux, à condition d’inclure dans l’analyse l’Etat hébreu, cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah.
A propos de terrorisme, l’Etat d’Israël, qui plus est, peut se targuer d’un palmarès hors compétition. Les odieux attentats du 11 septembre 2001 ont fait dix fois moins de victimes que le siège de Beyrouh par Tsahal en 1982. Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. L’Etat hébreu mérite bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui décernent à longueur de colonnes. Et quelle outrecuidance, de la part de l’ONU, de vouloir fourrer son nez sale dans les affaires intérieures israéliennes !
A l’instar des pires calomnies, les accusations publiées dans Le Monde du 27 février se sont répandues sur la toile. Elles suscitent sur certains blogs des commentaires haineux que l’on ose à peine citer. M. Doudou Diène y est qualifié de " défenseur de la secte du pédophile fou et des adorateurs du caillou". On y lit que "depuis les invasions musulmanes le croissant fertile est devenu le croissant stérile, et la civilisation a émigré en Occident". Sur l’ONU, un internaute déchaîné résume à sa façon l’article publié par Le Monde : "l’ONU, c’est un ramassis de la racaille islamiste et tiers-mondiste". Qu’attend-on pour supprimer l’ONU ? Ce sera encore plus simple. Islamophobie déclarée, haine du monde arabe, stupéfiante arrogance occidentale, tout y est. Opération réussie, mesdames et messieurs les intellectuels organiques.

Bruno Guigue, diplomé de l'ENA et de l'Ecole Normale Supérieure
Essayiste et politilogue, chroniqueur de politique internationale sur le Moyen-Orient, collaborateur régulier de la revue ETVDES et du site internet oumma.com, Bruno GUIGUE a écrit cinq ouvrages publiés chez L'Harmattan dont
"Proche Orient: la guerre des mots".


*Oumma ou Umma en arabe classique se traduit par communauté

Oumma.com est un des sites majeurs d'information sur la vie cultuelle et culturelle de l'Islam de France


Israel, l'Etat chéri de Nicolas Sarkozy
Shimon Peres sera en mars 2008 le premier invité d’Etat de Nicolas Sarkozy.
Président de l’Etat d’Israël depuis juillet dernier, Shimon Peres, 84 ans, deux fois Premier Ministre dans son pays, co-prix Nobel de la Paix avec Arafat en 1994, sera le premier dirigeant étranger en visite d’Etat en France depuis l’élection à l’Elysée de Nicolas Sarkozy, tous les autres chefs d’Etats étrangers, y compris le colonel Kadhafi, ayant effectué jusque-là une visite officielle au protocole beaucoup plus simplifié.

Selon capital.fr : “le jour de son arrivée, Shimon Peres aura droit à la grande escorte à cheval de la Garde républicaine ; les Champs-Elysées seront décorés aux couleurs israéliennes ; et le président français offrira un dîner de gala à l’Elysée en son honneur. Cette visite interviendra alors que Nicolas Sarkozy espère en privé que la récente rencontre israélo-palestinienne d’Annapolis aux Etats Unis va accélerer le processus devant conduire à la création prochaine d’un Etat palestinien. Le président de la République a d’ailleurs prévu de se rendre, au printemps prochain, en Israël et dans les territoires palestiniens”.
Le président Sarkozy lors de son diner-polémique  au CRIF (crédit-photo Reuters)
Rappelons que l'année 2008 est celle de la célébration du soixantième anniversaire d'Israël qui sera par ailleurs l'invité d'honneur du Salon du Livre inauguré de ce fait le 14 Mars prochain par le président israélien, Shimon Peres. Pas moins de quarante auteurs israéliens y seront ainsi présents.
Que la France accueille avec faste et respect le président Israelien n'a en soi rien de choquant, mais le fait que celui-ci bénéficie en premier du rang de visite d'état après 10 mois de mandat alimentera la polémique soulevée par de nombreux observateurs sur la relation privilégiée et parfois équivoque entretenue par Nicolas Sarkozy avec la communauté israelite mondiale. On se souviendra de la déclaration imprudente du ministre algérien des anciens combattants quelques jours avant son déplacement en Algérie. Nul doute que ceux qui ne pouvaient publiquement que crier au scandale sauront la remettre en perspective par rapport aux conditions de son élection.
Finalement, comment ne pas être surpris par Mr Sarkozy qui ne cesse de mettre l'accent sur les racines chrétiennes de l'Europe tout en exhibant une fascination ostentatoire pour les valeurs véhiculées par l'état d'Israel: l'explication réside peut-être dans le fait qu'il n'aurait découvert ses racines juives qu'à l'âge de vingt ans suite à la mort de son grand-père maternel membre de la communauté juive de Salonique en Grèce. (cf l'article paru le 13 janvier 2008 dans Rue89, "Trois chercheurs grecs explorent les racines de Sarkozy").
Une problématique des français pourrait être de savoir s'ils doivent se rassurer d'avoir élu un apparent détenteur labellisé des valeurs judéo-chrétiennes ou s'il leur faut au contraire s'inquiéter des perturbations que cette découverte tardive aurait pu engendrer dans le fort intérieur de leur président...à qui l'on a d'ailleurs prêté à plusieurs reprises des propos jugés confus et ambigus vis à vis des principes laiques de la République.
Peut-être faut-il chercher dans ses racines les chemins tortueux de son comportement.

Sarkozy l'ami d'Israel: extraits de son discours devant le CRIF le 13 Février 2008
>> A Lire absolument...

Le calendrier Sarkozy-Israel en 2008

13 février :
participation du président de la République française au dîner du CRIF

10 au 14 mars : première visite d’État d’un chef d’État étranger en France depuis l’élection de Nicolas Sarkozy consacrée à la réception du président d’Israël, Shimon Peres

23 au 27 mars : Salon du livre de Paris avec l’État d’Israël comme invité d’honneur et la réception de 89 écrivains israéliens exclusivement de langue hébraïque (aucun russophone, ni arabophone)

Fin Mai ou début Juin: voyage de Nicolas Sarkoy en Israël avec dépôt de gerbe au Mémorial Yad Vashem et discours devant la Knesset

1er juillet : à l’occasion de la prise par la France de la présidence semestrielle tournante de l’Union européenne, relance des divers programmes de coopération euro-israéliens.

13 juillet : sommet préparatoire de l’Union méditéranéenne, sorte de Cheval de Troie permettant de contourner le Processus de Barcelone pour faire entrer Israël dans l’Union européenne.

14 juillet : invitation des Forces armées israéliennes et de la Garde présidentielle palestinienne à défiler lors de la fête nationale française (Pour la première fois depuis 1945, une armée d’occupation et une milice collaborationniste défileront sur les Champs-Élysées).



Le Liban boycottera officiellement le Salon du livre de Paris en raison de la décision de choisir Israël comme invité d’honneur mais...

les libraires libanais seront présents comme chaque année.

Le Liban officiel, c’est-à-dire le ministère de la Culture, boycottera le Salon du livre de Paris en raison de la participation d’Israël, invité d’honneur de cet événement prévu du 14 au 19 mars, a annoncé hier le ministre de la Culture, Tarek Mitri. Le Liban n’est pas le seul pays arabe qui ne participera pas au Salon du livre français.

«Le ministère de la Culture va s’abstenir de participer (au Salon du livre) cette année, pour protester contre la décision des organisateurs de nommer Israël comme invité d’honneur à l’occasion du 60e anniversaire de (la) création » de l’État hébreu, a annoncé M. Mitri dans un communiqué.
De source proche du ministre, on indique que le fait de choisir Israël comme invité d’honneur constitue une « provocation » pour le Liban. On assure également qu’aucun pays arabe ne participera officiellement au Salon.
Cette année, il n’y aura donc pas de stand officiel libanais loué par le ministère de la Culture à ce Salon du livre.
Nadim Tarazi, directeur de « La maison du livre », l’ONG qui était chargée de l’organisation des activités du stand du ministère de la Culture, souligne que jusqu’à hier, 11 éditeurs libanais devaient être présents sur le stand du Liban et six signatures d’auteurs libanais étaient prévues lors du Salon parisien du livre. « Normalement, quelques jours avant le début du Salon, le nombre des auteurs qui signent leurs ouvrages double », explique-t-il.
Il indique également que l’année dernière, 14 auteurs libanais ont signé leurs livres, qui étaient écrits aussi bien en langue arabe qu’en langue française. Le stand présentait, en 2007, 15 éditeurs. « Si le nombre a diminué de quatre entre l’année dernière et cette année, c’est à cause de la crise économique », explique-t-il.
Depuis 2005, le ministère libanais de la Culture a un stand à cette manifestation parisienne.
Mais si le Liban officiel sera absent, les libraires, eux, participeront au Salon. Interrogés par L’Orient-Le Jour, ils expliquent que c’est une foire commerciale à laquelle ils se rendent pour choisir des livres et rencontrer des éditeurs.
Pour beaucoup de professionnels du livre, « les libraires du Liban n’ont aucune raison de boycotter le Salon du livre de Paris ». D’ailleurs, nombre d’entre eux soulignent que s’ils se rendent au Salon ce n’est pas pour rendre hommage au pays qui est mis à l’honneur, mais pour les contacts professionnels.
D’autres indiquent également qu’ils ne sont pas des exposants pour boycotter le Salon. Ils y vont simplement pour voir les fournisseurs et leur présence comme leur absence ne changera en rien les choses.
Michel Choueiri, directeur de la librairie al-Bourj, confirme de son côté : « Seul le stand officiel du Liban ne sera pas dressé. Les libraires libanais seront présents. Notre présence est importante pour notre travail, pour rencontrer les auteurs et les éditeurs. » D’ailleurs, M. Choueiri estime que même si leur pays boycottera l’événement, les libraires marocains, algériens et tunisiens participeront au Salon du livre.


Sarkozy et le vote juif: moteur!

Dîner annuel du Crif le 13 février 2008: Sarkozy passe à table
Cette année, c'est le président de la République et non le Premier ministre qui sera l'invité d'honneur du dîner du Crif et prononcera un discours. Une première critiquée par certains intellectuels et par le président d'honneur du Crif, Theo Klein.
Pour la première fois, un président en activité a accepté de se rendre au diner annuel du CRIF le 13 février.
Traditionnellement, le Premier ministre délivrait un message à la communauté lors de ce rendez-vous républicain, qui compte environ 800 invités parmi lesquels les représentants politiques, ceux de la vie religieuse et sociale, des hommes d’affaires, des diplomates, des responsables de la communauté juive ainsi qu’un nombre important de journalistes.
Ce dîner est devenu au fil des années un rendez-vous majeur dans l’agenda politique français au cours duquel le gouvernement dévoile sa politique concernant le Moyen-Orient et plus particulièrement Israël. « Ce diner permet à la communauté de rencontrer une fois par ans les autorités de ce pays », explique un responsable du CRIF à "European Jewish Press."
Richard Prasquier, le président du CRIF, qui a été élu en mai 2007, "a souhaité innover en invitant le nouveau président de France en tant qu’invité d’honneur", indique Edith Lenczner, la directrice de communication, ajoutant :
« Ceci est exceptionnel mais l’idée est de le faire à chaque fois qu’un nouveau président est élu. »
Le président de la République sera accompagné par son Premier ministre, François Fillon, et par son cabinet ministériel.

Maroc: un journal islamiste dénonce la position
"pro-sioniste" de Sarkozy

15 Février 2008 - Le journal du Parti islamiste Justice et Développement (PJD) a qualifié de "pro-sioniste" le président français Nicolas Sarkozy critiquant vivement ses déclarations faites mercredi lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
"La face sioniste du président français s'est davantage dévoilée quand il parlait du 60e anniversaire de la création de l'entité sioniste sur la terre de Palestine annexée par la force, la terreur, le meurtre et les expulsions", écrit vendredi Al Adala Wa Tanmia, journal du PJD, première formation d'opposition au parlement marocain. "C'est vrai, je suis l'ami d'Israël", avait déclaré M. Sarkozy, ajoutant que le 60e anniversaire de la création de l'Etat d'Israël est "un événement dont nous devons souligner l'importance". M. Sarkozy avait également affirmé qu'il ne serrerait "pas la main à ceux qui refusent de reconnaître l'Etat d'Israël". Le journal islamiste, qui parle du "prétendu holocauste du peuple juif" durant la Seconde guerre mondiale, rétorque: "que Sarkozy sache que la liste de ceux qui n'aiment pas lui serrer la main comprend plus d'un milliard de personnes. Et qu'il ne soit pas berné par quelques adeptes de la normalisation" avec Israël.

Sarkozy : "Mes racines sont à Salonique"
PARIS-ATHÈNES (EJP)---Né en janvier 1955, Sarkozy avait une éducation privilégiée dans la banlieue de Paris riche de Neuilly où il a servi comme maire de 1983 à 2002. Il a étudié le droit et - à la différence de la plupart de la classe dirigeante de la France - a évité l'École d'Administration nationale d'élite (ENA). Deux fois marié, Sarkozy a trois enfants - le troisième par sa femme Cecilia avec qui son rapport orageux a reçu l'envergure répandue dans les magazines de commérage.

La famille Mallah de Salonique
La mère de Sarkozy est de la famille Mallah, qu'est à l'origine venue d'Espagne comme tous les Juifs de Salonique, la Grèce du nord et a quittée avec l'expulsion des Juifs par le Roi Ferdinand. Ils se sont installés initialement en France.

Environ 100 ans plus tard la famille a immigré en Salonique. L'arrière-grand-père de Sarkozy, qui est mort en 1913, était un bijoutier bien connu en Salonique. Son affaire a été détruite quand un feu en 1917 détruit presque la ville entière de Salonique.

La tombe de Mordohai Mallah existe encore aujourd'hui à Stavroupoli où il a été transféré du vieux cimetière juste avant que les allemands ne marche dans le cité pendant la deuxième guerre mondiale et ont détruit le cimetière juif.

Le grand père de Nicolas, Benoît, était le premier enfant de sept enfants. Son nom réel était Aaron mais la famille, l'a surnommé Benico. À l'âge de 14 ans Benico et sa mère sont partis pour la France où il a étudié la médecine et a servi dans l'armée française comme un docteur pendant la première guerre mondiale, où il a rencontré sa femme future Adel Bouvieux une jolie infirmière.

Pour l'épouser il a été baptisé Catholique et a pris le prénom Benoît.
Le couple avait deux filles Suzanne et Andrée, la mère de Nicolas, qui a épousé en années 50 un immigrant hongrois Paul Sarkozy, le père de Nicolas.

L'honneur grec
En juillet 2006, tandis que lors d'une visite en Grèce, Nicolas Sarkozy a été honoré à l'Ambassade de France à Athènes par la Communauté juive de Salonique.

Une plaque a été dévoilée qui dit : "En souvenir de la visite de Nicolas Sarkozy en Grèce de la Communauté juive Thessaloniki, la ville de vos ancêtres, mère et ville d'Israël et Jérusalem des Balkans."

Avec la plaque la communauté a donné au ministre français un album de son arbre généalogique retournant à son arrière-arrière--grand-père avec les images de ses ancêtres. Sarkozy a reconnu un peu des gens sur les images de ses albums familiaux.

À l'événement la femme du président de la communauté juive de Salonique David Saltiel, Lucie, qui est née de la même famille Mallah, était aussi présente. Sarkozy visiblement ému a remercié la communauté et a dit : "Mes racines sont ici".

La plupart des membres de la famille Mallah ont péri dans l'Holocauste. Aujourd'hui les membres restants vivent principalement en Suisse, en France et en Angleterre.

source: http://www.ejpress.org/article/16221
Traduit au mieux du grec



Comment l’Elysée s’est fait duper par Damas
sur la question libanaise

Le Liban est condamné à l’impasse. En suspendant sa coopération diplomatique avec la Syrie, ce qui a provoqué mercredi une mesure réciproque de Damas, Paris a enfin pris acte qu’il n’avait rien à attendre du régime syrien. Ce qui a exaspéré les responsables français, c’est le double jeu syrien. D’un côté, les dirigeants baasistes prétendaient n’avoir aucune influence sur l’opposition libanaise, de l’autre, ils encourageaient celle-ci à demander davantage de ministères clés et de pouvoir.

Ce retour de Paris à la fermeté est néanmoins bien tardif. Il intervient après deux entretiens téléphoniques entre Nicolas Sarkozy et le président syrien, Bachar al-Assad ; une rencontre début novembre entre Bernard Kouchner et son homologue syrien, Walid Mouallem, à Istanbul et les visites en catimini à Damas, les 4 et 20 novembre, de deux très proches collaborateurs - Jean-David Levitte et Claude Guéant - du président français. «Nous avons estimé, et c’est là un point de rupture par rapport à une époque passée, que nous ne risquions rien en allant dialoguer avec la Syrie […]. En l’ignorant […], nous risquions de conduire la Syrie, par ostracisme, à bloquer le processus» de désignation d’un président libanais, expliquait alors Levitte.

D’où le sentiment aujourd’hui que Paris a été victime d’un marché de dupes, même s’il pourra toujours plaider avoir fait tout son possible pour trouver une solution à la crise libanaise. Celle-ci, qui s’affirme sans précédent depuis la guerre civile (1975-1990), a éclaté en 2006 avec le départ du gouvernement des ministres prosyriens. Elle s’est aggravée depuis la fin du mandat du président proche de la Syrie Emile Lahoud, le 24 novembre. Ce qui intrigue, c’est l’excès de confiance que Paris a accordé à Damas pour sortir le Liban de la crise alors même que se poursuivaient à Beyrouth les attentats imputés au régime syrien. «En échange de sa coopération, Paris a proposé à la Syrie la fin de son isolement diplomatique et un retour sur la scène internationale», souligne le politologue Khattar Abou Diab.

«On pouvait penser qu’une proposition de cette importance, le régime syrien n’irait pas jusqu’à la refuser», confirme un diplomate. C’était, à l’évidence mal connaître Damas, dont l’intérêt de reconquérir le Liban prime sur toute autre considération. L’erreur de Paris a aussi été de négocier sans fixer de délai avec un pays dont la politique a toujours été de chercher à gagner du temps.

Dès lors, loin de faciliter l’élection présidentielle, la main tendue à la Syrie s’est avérée plutôt catastrophique pour la majorité antisyrienne soutenue par l’Occident. Elle a en effet donné aux dirigeants syriens une grande liberté de manœuvre et de négociations. «La médiation française a rétabli le rôle de négociateur influent de la Syrie au Liban. Elle est redevenue un facteur important dans les élections», estimait déjà en décembre Samir Frangié, un député de la majorité antisyrienne. Damas a même reconnu avoir marqué des points : «La Syrie est aujourd’hui plus forte qu’elle ne l’était» pendant ses vingt-neuf ans de présence militaire, avouait récemment son vice-président, Farouk al-Charah. Mercredi, la majorité libanaise, par son chef, Saad Hariri, a fait savoir qu’il craignait que les récentes déclarations syriennes annoncent une prochaine déstabilisation du Liban.
Par Jean-Pierre Perrin dans Libération du 4 Janvier 2008

A Lire > « Israël derrière les assassinats au Liban » ou
l'observatoire des théories du complot



"L’Effroyable imposture 2"
Le nouveau livre de Thierry Meyssan,
une enquête inédite remettant en cause de nombreuses légendes médiatiques sur le Proche-Orient

Le nouveau livre de Thierry Meyssan, L’Effroyable imposture 2, est paru à la fin du mois de Mai 2007, simultanément en français à Paris et en arabe à Beyrouth.
L’ouvrage, qui traite de l’offensive israélienne contre le Liban et du remodelage du Grand Moyent-Orient, est déjà salué comme une référence par de nombreuses personnalités libanaises, surtout parmi l'opposition parlementaire, faut-il le souligner?


Les donneurs de leçons peuvent méditer:
Israël confronté à une montée du racisme

14/12/2007 Une étude souligne l’hostilité à l’égard des Israéliens d’origine arabe. ISRAËL pensait que son passé l’avait placé à l’abri de tels phénomènes, mais découvre soudainement que le racisme et la discrimination sont de plus en plus répandus en son sein. Précédée d’une série d’actes d’antisémitisme et de discriminations à l’encontre de la minorité juive éthiopienne, la publication d’un rapport sur la montée du racisme en Israël a provoqué un débat particulièrement vif cette semaine.

Selon un sondage effectué par l’Association israélienne pour les droits civiques (ACRI), 75 % de la population juive d’Israël refuserait d’habiter le même immeuble qu’un Arabe, 50 % estiment que les Arabes ne méritent pas d’avoir les mêmes droits que les autres citoyens. Deux tiers des jeunes sont persuadés que les Arabes sont moins intelligents, pas instruits, sales et violents. Jusqu’à présent, ces préjugés contre la minorité arabe d’origine palestinienne ayant choisi de rester en Israël après la création de l’État juif en 1948 étaient considérés comme un mal inévitable. Et ils n’avaient jamais soulevé l’indignation des plus hautes autorités de l’État.

« La population arabe d’Israël ne peut plus vivre ainsi et la population juive d’Israël ne peut pas continuer de vivre avec de telles statistiques », a réagi le ministre israélien arabe des Sports et de la Culture, Ghaleb Majadle. Le ministre de la Construction et du Logement, Ze’ev Boim, a critiqué le rapport. « Comme ils sont minoritaires, alors tout est la faute de la majorité juive, juge-t-il. Les droits civiques doivent être les mêmes pour tous. Nous devons nous demander : que se passe-t-il de leur côté, quel est le comportement de la minorité vis-à-vis de la majorité ? Est-ce que les Juifs peuvent entrer et vivre dans des immeubles ou même des quartiers habités par les Arabes? ».

Les Juifs d’Éthiopie discriminés
Les préjugés ne se limitent plus à la minorité arabe, qui compte aujourd’hui 1,2 million de personnes. Ils touchent aussi les Falachas, les Juifs d’Éthiopie dont Israël a sponsorisé l’immigration depuis trente ans. Ces dernières semaines, les médias israéliens ont fait état de plusieurs cas de « ségrégation » dans le système scolaire. Ainsi, une école religieuse de Petah Tikva, une banlieue déshéritée de Tel Aviv, a dispensé des cours séparément à quatre élèves d’origine éthiopienne nés en Israël. Leurs récréations n’avaient pas lieu à la même heure que les autres élèves. Motif : ils n’étaient pas jugés suffisamment religieux. Le premier ministre, Ehoud Olmert, s’est dit choqué. « Le sentiment d’injustice qu’ont les Juifs éthiopiens n’est pas détaché de la réalité, a-t-il dit . Nous devons changer cette réalité. » Tzippi Livni, la ministre des Affaires étrangères, a dénoncé les discriminations contre les Falachas sur le marché du travail et pour les locations d’appartement.

La multiplication des agressions antisémites contre les Juifs ultraorthodoxes, perpétrées par la forte minorité d’origine russe au cours de l’année passée, avait fait surgir le débat sur la nécessité d’élaborer une loi punissant les crimes antisémites et les actes racistes. S’estimant vacciné contre de telles dérives en raison de son passé, l’État hébreu n’avait pas jugé nécessaire de voter de telles lois jusqu’à présent.

Patrick Saint-Paul pour Le Figaro


11 Septembre, Irak, guerre des 33 jours: à qui profite l'horreur?
Les Etats-Unis sont ils les maitres réels de leur propre politique?
Le concept americano-sioniste est-il réservé aux paranoiaques?

Rice citée à comparaître dans une affaire d’espionnage
La secrétaire d'Etat américaine et plusieurs hauts responsables des services de renseignements américains devront s’expliquer sur leurs liens avec des lobbyistes pro-israéliens.

Condoleezza Rice à la barre. C’est ce que demandent les avocats de deux lobbyistes pro-israéliens, Steven Rosen et Keith Weissman, mis en cause dans une affaire d’espionnage. Accusés d'avoir divulgué des informations « secret défense » alors qu'ils travaillaient pour l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le principal lobby juif à Washington, les deux hommes espèrent que ce témoignage, ainsi que celui d’autres hauts responsables, soutiendra leur ligne de défense. Le juge T. S. Ellis, du tribunal fédéral d'Alexandria les a autorisés à convoquer la secrétaire d’état pour témoigner pendant leur procès, prévu l’année prochaine.

Treize hauts responsables américains, dont le conseiller présidentiel américain à la sécurité nationale Stephen Hadley, devront témoigner pour s’expliquer sur des conversations avec Steven Rosen et Keith Weissman.

Les lobbyistes sont accusés d'avoir reçu des informations classées secret défense de la part d'un responsable du Pentagone et de les avoir communiquées à un responsable israélien ainsi qu'à la presse. Ces informations contenaient des détails sur le réseau terroriste al-Qaida, la politique des Etats-Unis en Iran et l'explosion des tours Khobar en Arabie Saoudite. Les accusés estiment que les témoignages de ces responsables actuels ou passés tendront à montrer que leurs actions ne reflètent rien d'autre que la pratique officielle des discussions par des canaux officieux à Washington.

Si la secrétaire d'Etat et les autres responsables concernés par la citation à comparaître finissent par témoigner effectivement, le procès devant une cour fédérale de Washington pourrait bien donner l'occasion d'apprendre des choses sur les coulisses de la politique extérieure des Etats-Unis.


Tout rapport avec ce qui suit ne serait évidemment que pure coincidence >>>

"Liban, Pays des esclaves"
18 Octobre 2007 à 20h50, à regarder avec du recul!

Envoyé spécial, émission-culte de France 2 rarement tendre avec les libanais...
Un documentaire qui ne peut que soulever l'indignation des libanais tant il est partial et peut laisser croire que son principal objectif est de véhiculer, une fois de plus?, une image négative du pays; au profit de qui???

Bienvenue à l'aéroport Rafic-Hariri", susurre une voix féminine tous les quarts d'heure. 7 h 30 du matin, le hall est vide. Seule une salle d'attente est noire de monde. Sur le mur, un panneau indique "zone de réception pour les bonnes". Des chrétiens, des musulmans, des couples, des familles entières, arrivent. Parmi eux, M. Hadj, un médecin franco-libanais. Il est pressé, le travail à l'hôpital l'attend : "Les agences s'occupent de tout, explique-t-il, mais il faut venir soi-même pour la livraison de la bonne." "En 2002, j'ai littéralement sauvé de la famine une Togolaise en la prenant chez moi, raconte une dame en jeans. Je l'ai d'abord payée 50 dollars (35 euros) par mois, mais au bout de six mois, comme elle travaillait très bien, je l'ai augmentée à 75 dollars (53 euros)."

Depuis des années, des jeunes filles d'une trentaine de pays pauvres viennent se placer comme domestiques au Liban. Aujourd'hui, elles sont plus de 90 000 Sri-Lankaises, 30 000 Ethiopiennes, 40 000 Philippines, sans parler des autres nationalités, dont beaucoup de Burundaises et de Malgaches. Une personne sur seize vivant au Liban est une domestique étrangère, selon le quotidien anglophone Daily Star. Ces domestiques sont payées 200 dollars par mois pour les Philippines (les plus éduquées), 150 dollars pour les Ethiopiennes, 100 dollars pour les Sri-Lankaises - moins de 20 centimes d'euro de l'heure. L'employeur peut à tout moment "rendre" la bonne, qui, elle, n'a pas le droit de partir.

Ce matin, les futurs employeurs attendent les passagères de l'avion d'Ethiopian Airlines arrivé à 2 heures du matin : 200 jeunes filles pour l'heure parquées sous douane, accroupies les unes contre les autres. Pas de boissons, pas de nourriture, pas de toilettes. Comme l'exige la sûreté nationale, leur passeport transitera directement des mains du policier des frontières à celles de l'employeur.

La jeune Ethiopienne qui foule pour la première fois le sol libanais ignore que son passeport ne lui sera rendu que le jour de son départ. Elle ne se doute pas qu'à cet instant elle vient de perdre sa liberté. Le docteur Hadj vérifie d'un coup d'oeil que le nom correspond à celui que lui a donné l'agence, fait, d'un geste du bras, "yalah", sans parole ni sourire. Son maigre bagage à la main, la jeune fille tente de le suivre en jetant des regards terrorisés de tous côtés. Ils doivent se rendre à l'agence de placement. Là, elle va probablement signer un nouveau contrat, en arabe, avec des conditions qui n'auront plus rien à voir avec les engagements pris dans son pays. Son salaire risque de diminuer. Selon l'ambassade des Philippines, certaines jeunes filles travaillent gratis les trois premiers mois, voient la durée du séjour obligatoire passer de deux ans à trois ans et sont privées de toute liberté : interdiction de sortir seule de la maison, de correspondre avec sa famille et de communiquer avec l'extérieur. Sans parler de la chambre promise qui risque d'être un balcon, voire la cuisine ! Refuser de signer ? Trop tard. Sans argent, sans passeport, elles voient le piège se refermer.

Le jour de la signature du contrat, l'agence se verse entre dix et quinze fois le premier salaire de la domestique. Une jeune Ethiopienne revient au total à 2 400 dollars à l'employeur (billet, visa, visite médicale, contrat chez le notaire, etc.). Une somme importante, dont 60 % reviennent à l'agence. A Beyrouth, 380 agences de placement de personnel de maison officielles envahissent le paysage d'affiches publicitaires. Il y a quelques années, l'une d'entre elles avait même proposé des soldes de Sri-Lankaises !

21 juin 2007. Anlyn Sayson, une jolie Philippine de 21 ans, arrive au Liban. Le 29 juin, elle meurt, en se jetant d'un balcon du cinquième étage d'un appartement de Beyrouth. Que s'est-il passé durant cette semaine pour pousser une jeune fille sans histoires à se suicider ? Selon la police libanaise, la jeune domestique aurait fait une crise de nerfs chez ses employeurs à Tripoli, dans le nord du pays. Ceux-ci l'auraient illico ramenée à l'agence de placement NK Contrat, à Beyrouth. Le patron de l'agence, Negib Khazaal, raconte que la jeune fille était très excitée et que l'un de ses employés lui aurait donné des calmants avant de la laisser seule dans l'appartement. A 3 heures du matin, les voisins ont entendu des cris. Ils ont trouvé le corps fracassé de la jeune fille gisant sur le trottoir. Résultats de l'autopsie : il y avait des doses massives de méthanol, une substance neurotoxique particulièrement dangereuse, dans l'estomac d'Anlyn Sayson.

Si sa mort a donné lieu à quelques lignes dans la presse locale, la plupart de ces suicides ont lieu dans l'indifférence totale. Pourtant, le nombre de suicides de domestiques ne cesse d'augmenter : 45 Philippines, 50 Sri-Lankaises et 105 Ethiopiennes se sont suicidées ces quatre dernières années. "Dans de nombreux cas, raconte Sami Kawa, médecin légiste, les mortes sont couvertes d'ecchymoses, de morsures ou de brûlures."

Tout un système d'exploitation est en place où chacun, Etat, agences, employeurs, joue sa partition, souvent avec la complicité des pays d'origine. Depuis 1973, le Liban "importe" des domestiques étrangères qui ne sont protégées par aucun texte de loi : le code du travail ne s'applique pas à elles. Et selon les associations caritatives, leur situation ne cesse d'empirer. "Depuis quelques années, nous enregistrons une augmentation des actes de violence et de viols", explique-t-on à Caritas.

"A ma connaissance, il n'y a pas eu au Liban une seule condamnation pour crime ni pour viol en trente ans, seulement quelques rares et faibles condamnations au pénal pour coups et blessures", souligne Me Roland Tawk, qui défend les domestiques depuis plus de dix ans. La plupart des affaires se traitent à la libanaise : comme la majorité des cas de maltraitance s'accompagnent de non-paiement de salaire, la victime laisse tomber sa plainte pour viol contre le versement de son salaire, ou bien le salaire est totalement oublié, mais elle récupère enfin son passeport. La violence n'est pas l'apanage des employeurs. Ici, on peut faire corriger une bonne par la police ou, plus fréquemment, par les agences de placement.
Le résultat d'un sondage effectué par l'association Caritas en 2007 auprès de 600 employeurs est édifiant. Plus de 91 % des sondés confisquent le passeport de l'employée, 71 % ne la laissent pas sortir seule, plus de 31 % avouent la battre, 33 % limitent sa nourriture, 73 % surveillent ses fréquentations et 34 % la punissent comme un enfant.
Elles sont quarante, cachées au sous-sol de l'ambassade des Philippines. Trente à l'ambassade du Sri Lanka. Autant dans une annexe de l'ambassade d'Ethiopie. Toutes veulent rentrer au pays mais n'ont pas touché leur salaire depuis des mois voire des années. Les journaux publient les noms et souvent les photos de celles qui sont en fuite, et la police est chargée de ramener les fuyardes à l'employeur de gré ou de force.

A l'ambassade d'Ethiopie, Yeftusran, 22 ans, est prostrée sur une chaise depuis le matin. Elle a un bras cassé. L'assistante sociale de l'ambassade, Lina, Libanaise compatissante, tente de comprendre son histoire, mais Yeftusran est mutique, hormis quelques mots qu'elle répète en boucle : "Je veux rentrer à Addis-Abeba." Ses yeux sont vides, sa détermination est terrifiante. Au bout de plusieurs heures, la jeune femme lâche par bribes son histoire. Depuis quatre ans, elle vit dans une famille de campagnards, dans le nord du pays. Le fils de 22 ans lui a cassé le bras parce qu'elle n'avait pu - ou su - ramasser la grand-mère impotente qui gisait au sol. Yeftusran ne veut ni voir un médecin ni en dire plus. Le lendemain, l'ambassade fera chercher ses affaires personnelles pour l'expédier à Addis-Abeba. "Nous avons eu trois suicides cette semaine, j'ai peur pour celle-ci, murmure Lina. Une Ethiopienne arrivée il y a deux jours est à l'hôpital. Elle serait tombée d'un balcon", poursuit l'assistante sociale en levant les yeux au ciel.

Environ 400 domestiques croupissent en prison pour des vols imaginaires, affirme Me Roland Tawk. Dès qu'une employée de maison prend la fuite, l'employeur dépose plainte pour vol. Durant l'été 2006, l'attaque israélienne au Liban et le désarroi des Libanais fuyant les bombes ont été largement couverts. Les médias ont évoqué, sans s'attarder sur le sujet, le nombre de 30 000 domestiques abandonnées dans des appartements fermés à clef, souvent avec le chien. A leur retour, les employeurs étaient furieux. La domestique était partie ! "Nous avons eu beaucoup de mal à récupérer leurs passeports, certains employeurs menaçaient d'entamer des procès pour abandon de poste", raconte Annie Israel, assistante sociale à l'ambassade des Philippines.

Le dimanche, les services religieux sont bondés à Beyrouth. Les domestiques qui ont droit au congé hebdomadaire et celles qui sont en fuite se retrouvent. A l'église Saint-Joseph, le Père MacDermott, un Américain de 75 ans installé au Liban depuis trente ans, dénonce chaque dimanche le calvaire des domestiques et souhaite que la hiérarchie chrétienne s'implique. En 2001, les évêques du Moyen-Orient ont publié un rapport sur le calvaire des domestiques, mais il est resté confidentiel.

En 1948, le Liban a signé un traité contre la confiscation des papiers d'identité. En 1991, la Convention des droits de l'homme est devenue partie intégrante de la Constitution libanaise.

Grand reporter à France 2, Dominique Torrès est la fondatrice du Comité contre l'esclavage moderne et l'auteur d'"Esclaves" (éd. Phébus, 1996). Elle a réalisé un reportage, "Liban, le pays des esclaves", qui sera diffusé sur France 2 dans le cadre d'"Envoyé spécial", le jeudi 18 octobre 2007.


Liban: les spécialistes divisés sur l'assassinat d'Antoine Ghanem

Le fait d'avoir donné la parole au spécialiste du Moyen-Orient Antoine Basbous a soulevé beaucoup de réactions de la part des internautes.

Pour ce spécialiste, l'assassinat mercredi à Beyrouth d'Antoine Ghanem, député antisyrien, est lié à la prochaine élection présidentielle libanaise, qui se tient à partir du 25 septembre. Selon Basbous, Damas et Téhéran sont prêts à éliminer physiquement des parlementaires pour obtenir un vote favorable.

Rue89 a donc interrogé un autre spécialiste du Liban, Joseph Bahout, un politologue qui récuse la thèse d'Antoine Basbous:

Si la personnalité d'Antoine Ghalem, membre du camp souverainiste du 14 mars, éminemment antisyrien, fait de la Syrie le principal suspect, Joseph Bahout tient à apporter des nuances.
Certes, les prosyriens, en assassinant un député, renoueraient ainsi avec la politique de la terreur et torpilleraient l'élection présidentielle. Le message délivré à la majorité serait clair: réfléchissez à deux fois avant d'imposer votre propre candidat.

Cependant, l'assassinat de Ghanem arrive alors que des tractations entre les différentes forces politiques libanaises sont en cours, et que la Syrie s'active en coulisses à travers des émissaires arabes et européens, dont la diplomatie française.

Des négociations qui s'acheminaient vers la désignation d'un président de consensus, ménageant les intérêts vitaux de la Syrie:
"L'assassinat d'hier a freiné ce processus et ramené la crispation politique libanaise à son point de départ. Le bénéficiaire de cet attentat pourrait être celui qui ne voulait pas voir ce processus de négociation aboutir. Qui est ce bénéficiaire?
La question reste entière."

L'espoir de voir les forces politiques du pays adopter un candidat du consensus est désormais bien loin. La seule certitude: la condamnation du Liban à n'être qu'un pays coincé, très poreux aux enjeux régionaux:
"La vie politique du Liban est le reflet quasi exact des tiraillements régionaux et internationaux. Aujourd'hui, la région vit des heures cruciales entre l'Irak, la Palestine ou l'Iran. Il n'y a pas de raisons que le Liban ne tienne pas à nouveau ce funeste rôle de caisse de résonance régionale."

En campant sur leur position, Joseph Bahout estime que les politiques libanais manquent une chance historique, avec la désignation d'un candidat "neutre", de trouver un compromis certes boiteux, mais qui permettraient au pays d'échapper un peu aux enjeux régionaux.
Coincé entre des poudrières, le Liban paye une confrontation qui dépasse largement ses frontières. Les deux mois de tractations pour l'élection présidentielle s'annoncent donc très sombres pour les Libanais. Avec le risque d'une explosion politique si, à la date du 26 novembre, aucun candidat ne satisfait les deux camps.

Joseph Bahout s'inquiète également de l'"après", et brandit le risque d'un scénario comparable à ce qui se passe dans la bande de Gaza ou en Irak


Le lobby israélien au cœur de la polémique aux Etats-Unis
Septembre 2007- Un ouvrage dénonce le soutien inconditionnel de Washington à l’Etat hébreu.
Lorsque, l’an dernier, l’ambassadeur de France aux Etats-Unis a invité la candidate à la présidentielle Hillary Clinton, celle-ci lui a adressé ce message très direct : «Je ne parle avec aucun ambassadeur, sauf un, l’ambassadeur d’Israël.» Cet échange confirme l’importance cardinale d’Israël dans la politique intérieure des Etats-Unis. L’influence profonde du lobby pro-israélien dans la diplomatie américaine au Moyen-Orient est indiscutable. Mais jusqu’où va-t-elle ? Ce soutien sert-il les intérêts américains ? Telles sont les questions explorées par le Lobby pro-israélien et la Politique étrangère des Etats-Unis (1), un livre dont débat le tout-Washington depuis sa sortie, voilà quelques semaines. «Aucun autre essai académique a eu un tel impact, écrit la New York Review of Books, depuis la publication du livre de Samuel Huntington le Choc des civilisations [1993].»
Charge.
Compte tenu des tabous historiques et sémantiques qu’elle aborde, cette étude a demandé un courage considérable à ses deux auteurs, John Mearsheimer, de l’université de Chicago, et Stephen Walt, de Harvard. Les deux universitaires ont conscience de marcher sur un champ de mines. A la suite d’un article à l’origine de l’ouvrage actuel publié dans la London Review of Books en 2006, «nous avons été dénoncés comme antisémites […] par des éditorialistes du Jerusalem Post, du New York Sun, du Wall Street Journal et du Washington Post», constatent-ils dans leur préface. «Dès qu’on critique Israël ou l’Aipac [le Comité des affaires publiques américano-israélien, qui s’intitule sur son site web «le lobby pro-israélien en Amérique», ndlr] , on est sûr d’être accusé d’antisémitisme. C’est la tactique diffamatoire classique. La plupart des gens hésitent à aborder ce genre de questions en raison de ces attaques», dit Stephen Walt. Leurs pressentiments ont été amplement confirmés. La charge a été sonnée par Eliot Cohen, un professeur de l’université Johns-Hopkins, dans une opinion publiée dans le Washington Post intitulée «Oui, c’est antisémite». Cohen reproche aux auteurs, non sans une certaine mauvaise foi, le fait que leur ouvrage ait été applaudi par l’ancien chef du Ku Klux Klan. D’autres critiques ont qualifié les universitaires de «sombres obsédés du complot». Et ce n’était qu’un début.
En septembre, un livre a été publié pour dénoncer les deux auteurs : les Mensonges les plus mortels, le lobby israélien et le mythe du contrôle juif. Selon son auteur, Abraham Foxman - président très controversé, y compris au sein de la communauté juive américaine, de l’Anti-Defamation League -, l’idée «pernicieuse» qu’il existe un lobby israélien doté d’une influence hors de proportion sur la diplomatie des Etats-Unis «fait partie du mythe antisémite traditionnel du complot juif ». «Les stéréotypes antisémites haineux refont surface et deviennent acceptables», s’inquiète Foxman.

Christ.
Que disent Walt et Mearsheimer ? Qu’il y a un lobby pro-israélien composé d’organisations juives, mais aussi d’éditorialistes, d’hommes d’affaires et de «chrétiens sionistes». Cette importante minorité fondamentaliste, qui vote républicain, croit littéralement que le Christ reviendra lorsque les juifs auront repris possession de la «Terre sainte». «Ce n’est en aucun cas, insistent les auteurs, un mouvement unifié doté d’une direction, et ce n’est pas un complot ou une conspiration qui contrôle la diplomatie américaine», mais plutôt «une coalition disparate d’individus et d’organisations qui œuvre pour aiguiller la politique américaine sur une voie pro-israélienne».
Les auteurs n’ont aucun mal à démontrer la nature exceptionnelle de la relation entre les Etats-Unis et Israël. Entre 1972 et 2006, les Etats-Unis ont mis leur veto à 42 résolutions des Nations unies critiquant Israël. L’an dernier, pendant qu’Israël bombardait le Liban, la Chambre des représentants a adopté, par 410 voix contre 8, une motion de soutien inconditionnel à Israël.
L’ouvrage devient discutable lorsqu’il affirme que sans le lobby pro-israélien «la guerre [d’Irak] n’aurait presque certainement pas eu lieu». La démonstration : «La quasi-totalité des néoconservateurs est fortement engagée aux côtés d’Israël», ajoutent-ils. Mais les vrais maîtres d’œuvre de la guerre d’Irak demeurent George W. Bush et le vice-président Dick Cheney. Et c’est oublier que plusieurs sondages, comme le concèdent les auteurs, ont démontré que la communauté juive amé­ricaine était plus opposée à ­cette guerre que l’Américain moyen.
«Pays normal». L’influence du lobby serait telle qu’il compromettrait l’intérêt national américain, avancent-ils. L’alliance entre les Etats-Unis et Israël, utile pendant la guerre froide, suscite l’hostilité des pays arabes à l’égard des Etats-Unis, qui sont la cible des terroristes islamistes. Et s’il n’est pas dans l’intérêt de Washington de poursuivre son soutien inconditionnel à Israël, c’est que le lobby pro-israélien y est pour quelque chose.
Pour Walt et Mearsheimer, les Etats-Unis devraient considérer Israël comme un «pays normal», car son existence, selon eux, n’est plus en danger : «L’influence politique du lobby et sa sagacité en termes de relations publiques ont découragé les leaders américains à rechercher des politiques moyen-orientales conformes à leurs intérêts, qui protégeraient aussi Israël de ses pires erreurs. L’influence du lobby, pour résumer, est mauvaise pour les deux pays.» Ils préconisent «une discussion franche et civilisée sur l’influence du lobby».

Philippe Grangrereau
correspondant de Libération à Washington
(1) John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, éditions la Découverte, 20 euros.

Sur le même sujet voir le site officiel de l'AIPAC et la page Wikipédia consacrée à cette puissante association lobbyiste pro-israelienne dont les actions débordent sans doute largement les seules frontières américaines...



Des intellectuels juifs français dénoncent
"l'offensive meurtrière d'Israël"
Août 2006- Il y a des voix "dissidentes" en France que "personne ne veut entendre", affirment des personnalités juives du monde médical, littéraire ou politique. Elles tentent, dans un appel public, de dénoncer "l'offensive meurtrière d'Israël" et réclament "un cessez-le-feu immédiat" au Proche-Orient. En quelques jours, 177 personnes ont signé l'appel.
Ces voix semblent indiquer une première brèche, selon des signataires, dans le soutien qu'apporte la communauté juive de France aux actions d'Israël au Liban.
L'appel, lancé à l'initiative du professeur de médecine Marcel-Francis Kahn, intitulé "Nous, Juifs contre les frappes d'Israël"
et publié par le quotidien Libération, s'inspire de celui lancé, en 1982, par l'historien Pierre Vidal-Naquet aux intellectuels juifs pour se désolidariser de l'opération "Paix en Galilée", qui avait mené l'armée israélienne jusqu'à Beyrouth.
Vingt-quatre ans plus tard, Rony Brauman, l'ex-président de Médecins sans frontières (MSF), déplore "l'esprit communautaire des juifs de France se retrouvant systématiquement autour d'Israël". Quant à l'ancien ambassadeur de France à l'ONU, Stéphane Hessel, il estime que "c'est à la diaspora de pointer les erreurs du gouvernement israélien".

"PROPAGANDE"

Les signataires réprouvent le "monopole" de la parole juive de certaines organisations communautaires, telles que le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). "La voix qu'on a entendue jusqu'à présent n'est pas celle des juifs de France mais c'est celle du CRIF", martèle Richard Wagman, président d'honneur de l'Union juive française pour la paix (UJFP).
Ces personnalités rappellent que les juifs de France ne soutiennent pas "aveuglément" Israël. Ils évoquent, comme Raymond Aubrac, "une propagande qui pousse à le croire", estimant que "la paix sociale est en jeu". L'ancien résistant craint que juifs et musulmans - "deux communautés vulnérables" - s'affrontent, chacun pensant défendre Israël et la Palestine ou le Liban. Il redoute également une poussée d'un sentiment "judéophobe" en France.
Le président du CRIF, Roger Cukierman, assure que les signataires de cet appel ne représentent qu'"un courant extrêmement minoritaire" au sein de la communauté juive.

L'écrivain Marek Halter stigmatise ceux qui "exhibent leur étoile jaune pour condamner Israël". Mais, comme l'explique l'ancien président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Yonathan Arfi, lorsque Israël se retrouve dans une situation délicate, "beaucoup de juifs préfèrent garder le silence plutôt que critiquer Israël. Ils évitent de donner du grain à moudre aux personnes qui haïssent ce pays".

Mustapha Kessous / Le Monde du 11 Août 2006


Dissonances au coeur du Printemps de Beyrouth:

Le Hezbollah refuse le jeu américain et dénonce les ingérences
Classée comme formation chiite radicale, le Hezbollah ne s'était pas encore départi d'une certaine ambiguïté, entre prudence et embarras, trois semaines après l'assassinat de Rafic Hariri.
S'apprête-t-il à changer d'attitude? La question est posée à Walid Charara. journaliste, chercheur en relations internationales, et auteur avec Frédéric Domont d'un livre paru en 2004 aux Editions Fayard - «Le Hezbollah. Un mouvement islamo-nationaliste».
Que signifie l'intervention du Hezbollah jusqu'ici plutôt attentiste?
La manifestation n'est pas dirigée contre le retrait syrien, mais contre l'ingérence américaine. Pour cheikh Nasrallah, le chef du Hezbollah, il y a là une ligne rouge que le Hezbollah ne peut tolérer: les Etats-Unis sont accusés d'instrumentaliser à la fois les dissensions internes et la résolution 1559 de l'ONU, dont le véritable objectif est le désarmement de la résistance libanaise. Le ton, cependant, demeure conciliant. Cheikh Nasrallah ménage les acteurs de l'opposition, qui ne s'estiment pas visés par la manifestation.
L'initiative du Hezbollah ne résonne pas moins comme une dissonance. Peut-elle aller jusqu'à disloquer le mouvement de contestation?

Les manifestations ont associé des courants divers. Pour l'instant, aucun projet alternatif ne se dessine. Bien plus: sur l'avenir de l'opposition et sur la nature des relations entre le Liban et la Syrie - autrement dit sur deux questions capitales - les divergences ne sont pas dissipées. Le Hezbollah, de son côté, ne renonce pas au dialogue. Il tentera plutôt de gagner à sa cause les autres composantes du paysage politique - lesquelles n'exigent pas toutes son désarmement. Fort d'une importante capacité de mobilisation, il devrait aujourd'hui réunir à Beyrouth des partisans nombreux et disciplinés. Je ne crains pas les provocations ni les dérives violentes. En mai 2000, lorsqu'Israël a retiré ses forces du Sud-Liban, de nombreux observateurs européens avaient cru pouvoir annoncer d'inévitables débordements. Il n'en fut rien: aucun règlement de compte n'a eu lieu, aucune exécution sommaire.
Vous assimilez le Hezbollah à la résistance...
C'est en effet la résistance du Hezbollah qui a conduit la première puissance militaire du Proche-Orient à quitter le territoire libanais. Ce combat national, il en a été l'inspirateur et le meneur. Il l'a porté avec le soutien de l'ensemble des partis, gauche et droite confondues. Il en retire un respect qui dépasse les clivages communautaires. Bien implanté dans la population chiite - la plus nombreuse du pays, avec 40% des habitants -il apparaît comme l'une des principales formations du Liban, peut-être la plus importante.
Ce «parti du Dieu» est-il aussi islamiste?
Un parti de ce genre se donnerait pour objectif l'instauration d'un Etat islamique. Tel n'est pas le projet du Hezbollah. Parti d'inspiration religieuse, il a accepté la règle de la coexistence que suppose le jeu politique dans un Liban multiconfessionnel.
Le Hezbollah peut-il conduire une politique indépendante de ses parrains syriens et iraniens? Cette terminologie n'est pas la mienne. Parti libanais, le Hezbollah appartient plutôt avec ses alliés palestiniens, syriens et iraniens à un axe stratégique qui a pour but de se défendre contre les visées hégémoniques d'Israël. Le contentieux central, celui qui surdétermine à la fois la scène politique régionale et les évolutions de chacun des pays du Proche-Orient, demeure en effet le conflit israélo-palestinien
Entretien réalisé le 7 Mars 2005 par Jean-François Verdonnet pour la Tribune de Genève

Après la pensée unique, la pensée muselée?
"La liberté d'expression francophone trouvera t-elle désormais
son salut en dehors de Paris?"


Annulation des Forums
RFI - RMC MO
au Salon Lire en Français!

RFI et RMC MO
ont le regret d'annoncer l'annulation des deux forums d'information prévus les 23 et 24 Octobre dans le cadre du 13ème salon du livre de Beyrouth.
Si aucune explication officielle n'a été fournie, on imagine que la réorganisation nécéssaire suite à "l'affaire Ménargues" y est sans doute pour quelque chose.


La couverture du livre qui scandalise une bonne partie de la rédaction de RFI.
On notera que
"Le Mur de Sharon" est co-édité par France Inter qui n'a pas semblé aussi choqué, du moins pour le moment...

20 Octobre 2004 - Alors qu'Alain Ménargues, longtemps correspondant de RFI à Beyrouth, de 1980 à 1995, vient d'être contraint de quitter ses fonctions de Directeur-Général Adjoint de la station dont il dirigeait l'information depuis à peine 4 mois, Fredéric Domont et Walid Charara sortent chez Fayard un essai sur le Hezbollah
à l'occasion du Salon Lire en Français de Beyrouth.

Le Ministère français des Affaires étrangères, principal bailleur de fonds de RFI, fut très embarrassé par les déclarations de Ménargues concernant la politique d'Ariel Sharon, et la sortie quasi-simultanée d'un essai sur le parti du Hezbollah libanais constitue un hasard du calendrier qui ne manque pas de piment.

En cette période ou il semble délicat d'exprimer la moindre opinion critique sur la politique Israelienne, ou faire connaitre les mouvements qui osent s'y opposer est souvent assimilé à du militantisme, il sera intéressant de voir la place qui sera réservé à cet essai dans les médias français...
A vrai dire, nos attentes demeurent modestes, histoire de ne pas être trop déçus!

En attendant, nous aurons au moins la chance d'en savoir plus à Beyrouth puisque la sortie du livre coincide avec l'ouverture du salon "Lire en Français et en Musique" et que les deux auteurs seront sur place pour le présenter.

De son côté Alain Ménargues a entamé une longue séance de signature à la Librairie Stephan le Samedi 23 Octobre qui a connu un large succès...

JMD
Antisémitisme et non-sens Évoquant son nouvel ouvrage, Le Mur de Sharon, Alain Ménargues affirme : « Il existe en Palestine autonome une balafre hideuse, incompréhensible, et j’ai voulu savoir pourquoi. Que ce livre plaise ou non, ce n’est pas mon problème. J’ai voulu coller à la réalité. » Et cet anathème antisémite qu’on lui a lancé ? « Il est maintenant de bon ton, dès qu’on critique le gouvernement israélien, d’être traité d’antisémite, ce qui ne veut rien dire. Les sémites sont aussi les Arabes. Mon livre n’est absolument pas critiqué, et on prétend pourtant que je suis antisémite. C’est une espèce de voile pour cacher la réalité – en termes de manipulation de l’information. Le terme “antisémite” commence à ne plus vouloir rien dire », souligne-t-il. Et de préciser qu’il a reçu des centaines de lettres de soutien : « La France profonde est très irritée par ces accusations qui sont portées à tort et à travers dès lors que le gouvernement israélien est critiqué. La France est un vieux pays de libertés, et la liberté se gagne tous les jours. Mais il y a des accrocs. Mon cas en est un. » Alain Ménargues ne se sent nullement investi d’une mission. Ce n’est pas un journaliste « engagé », au sens précieux du terme. Son seul but est d’informer, d’expliquer aux Français ce qui se produit ailleurs. Son message aux Libanais est simple, direct : « Les Libanais ont la chance d’avoir un pays merveilleux. Ils doivent s’en occuper.
Le dialogue et la tolérance sont les deux concepts qui mènent à la paix et à la sécurité. »


Extraits d'une interview accordée à L'Orient Le Jour le 25 Octobre


Le Hezbollah :
un mouvement islamo-nationaliste

par Frédéric DOMONT et Walid CHARARA :



Fréderic Domont et Walid Charara signeront leur ouvrage au stand de la LIBRAIRIE ANTOINE

le Dimanche 24 Octobre
à partir de 19 heures

A l'intersection de l'enquête journalistique et de l'analyse politique, ce livre traduit une volonté d'apporter un éclairage nouveau sur l'un des principaux acteurs de la scène proche-orientale, et celle de contribuer à créer les conditions d'un dialogue rendant possible une alternative commune aux confrontations régionales et à leurs conséquences désastreuses.

Frédéric Domont est chef du bureau régional de Radio France Internationale au Liban. Il parcourt le Proche et le Moyen Orient depuis quinze ans. Walid Charara est journaliste et chercheur en relations internationales. Il est par ailleurs consultant pour de nombreux médias arabes et occidentaux. Tous deux s'efforcent de promouvoir le dialogue entre l'Orient et l'Occident. Le Hezbollah libanais, au travers de ses vingt années d'existence, est une illustration vivante de l'émergence et de l'évolution d'un mouvement islamo-nationaliste.
Créé après l'invasion du Liban par l'armée israélienne en 1982, ce parti deviendra en quelques années le principal acteur de la résistance nationale contre Israël. Son intégration au système politique national, son ouverture en direction des autres composantes du pays, participeront à la construction d'un véritable consensus libanais autour de son combat contre l'occupation. Son efficacité militaire, son réalisme politique en feront un allié de choix pour Damas, Téhéran et même, dans une certaine mesure, pour Le Caire et Riyad face à ce qu'elles appellent les visées hégémoniques d'Israël. Il deviendra également un interlocuteur reconnu par les diplomaties européennes, russe ou chinoise.
En revanche, pour Washington, engagé dans sa campagne mondiale antiterroriste, le Hezbollah constitue, selon les dires du Sous Secrétaire d'Etat Richard Armitage, " l'équipe A du terrorisme, alors qu'Al Qaïda n'est actuellement que l'équipe B". Après la seconde guerre d'Irak, de nombreux responsables, experts et analystes américains invitent l'administration Bush à l'éradiquer. Ce refus des Etats-Unis de reconnaître le Hezbollah comme une des composantes politiques essentielles du Liban révèle la nature et l'ampleur des bouleversements que Washington entend provoquer dans le cadre de son projet de " remodelage du Moyen-Orient ".
Cette approche annonce une exacerbation de la tension et des violences et peut être même des guerres dont les conséquences et les retombées sont loin d'être prévisibles. Evidemment, la radicalisation des opinions publiques arabes qui s'ensuivra renforcera encore plus les franges extrêmes de la mouvance islamiste au détriment de ses courants politiques.


Contacter l'Editeur concernant cet ouvrage:
Librairie Arthème Fayard
Dominique Fusco
75, rue des Saints-pères 75006 Paris
tél. 01.45.49.82.00 fax 01.45.49.82.51

fayard.fr



A Suivre:
Comment le livre "Hezbollah, mouvement islamo-nationaliste est-il présenté par les médias en France?






















REVUE de PRESSE...
Frédéric Domont et Walid Charara:


"Démonter la théorie du choc des civilisations à travers le prisme du parti de Dieu"

Comme ils ont écrit le livre à deux, ils donnent leur interview ensemble. Globalement d’accord sur le fond, ils ont chacun ses nuances et sa vision de la vie. L’un, Frédéric Domont, est un journaliste français (à RFI), établi au Liban depuis novembre 2000, mais après y avoir fait plusieurs séjours, et l’autre, Walid Charara, un journaliste et un chercheur libanais, qui fait la navette entre Beyrouth et Paris tout en défendant ses valeurs et ses croyances.
En termes romanesques, cela s’appelle une rencontre et, pour le lecteur, c’est le début d’une grande aventure.
Car leur ouvrage, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, édité par Fayard, n’est pas un livre banal sur un sujet d’actualité.
C’est plutôt une analyse globale d’une situation complexe, dans une région qui l’est tout autant et qui a favorisé l’émergence d’un parti comme le Hezbollah, né au départ dans un concours de circonstances, suite à l’invasion israélienne du Liban en 1982 et dans la foulée de la révolution islamique en Iran en 1978. Depuis, c’est un cheminement étonnant qui a donné à ce parti une dimension nationale et une intégration de plus en plus profonde au sein de la société libanaise. Les auteurs font d’ailleurs une distinction entre les mouvements islamistes transnationaux, qui veulent faire la guerre à tous les régimes non islamistes, et ceux qui s’inscrivent dans une stratégie. Comme le Hamas et d’autres, le Hezbollah fait partie des seconds, et dans ce livre, c’est une vision de la situation régionale et internationale, à travers le prisme du Hezbollah et en suivant sa propre évolution, que racontent les auteurs. Mais pourquoi écrire un tel livre aujourd’hui ? Walid Charara et Frédéric Domont sont d’accord pour préciser que le point de départ de l’aventure de ce livre a été les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. C’est d’ailleurs ce jour-là qu’ils se sont rencontrés chez un ami commun, et en commentant la situation, ils se sont rendu compte que bien que venant d’horizons différents, ils étaient tous deux hostiles à la théorie du choc des civilisations et avaient un peu les mêmes peurs et appréhensions. Walid Charara raconte que « Frédéric a eu l’idée de faire un tour dans la banlieue sud (de Beyrouth) pour y recueillir les impressions de la population là-bas sur les attentats, et je lui ai présenté un vieux militant originaire du village de Hounine au Sud, détruit par les Israéliens en 1948. Cet homme, qui avait fait ses études dans une école chrétienne et qui avait milité dans les rangs de la gauche, est devenu islamiste dans les années 70. Sa trajectoire est donc emblématique ». « Cette histoire a été le déclic du livre, ajoute Frédéric Domont.
Nous avons pensé qu’il était important de faire entendre cette voix et de montrer les différences fondamentales entre le discours islamiste et celui qui s’articule autour d’enjeux stratégiques pas nécessairement religieux.
Personnellement, je rejetais déjà la théorie du choc des civilisations et j’avais déjà un regard différent sur ce qui se passait, considérant que le problème était politique et non religieux. J’ai donc voulu faire ce livre. » Cet ouvrage, qui est plus qu’un document, un regard croisé entre (pardon pour les clichés) l’Européen et l’Arabe musulman, est aussi le fruit d’un cheminement interne de chacun des deux autres. Interrogés, tous deux refusent de dire qui a fait le plus grand pas vers l’autre, mais sont ravis de voir qu’ils se sont retrouvés d’accord sur un même refus des idées reçues et des préjugés, et sur une vision globale de la situation régionale et internationale. Si Walid Charara a des idées claires et des convictions évidentes, Frédéric Domont est plus nuancé. Pour lui, le souci principal est d’essayer de comprendre, et c’est en ce sens qu’il a fait un effort pour aller vers les autres. « Nous n’invitons pas le lecteur à adhérer à nos thèses, déclare-t-il. Mais nous espérons qu’il essaiera, comme nous, de comprendre. Nous lui offrons une autre lecture des faits, et nous espérons que nos pensées convergentes puissent servir de pont entre les conceptions du monde. »

De longues discussions et quelques compromis
Comment peut-on écrire un tel livre à deux ? « Nous avons d’abord réfléchi ensemble, répondent-ils en même temps. Nous avons ensuite écrit chacun de notre côté, en nous relisant ensemble. Il y a eu de longues discussions et quelques compromis, mais pas vraiment de grandes concessions de part et d’autre, puisque la thèse centrale est commune. » À travers un rapide historique de la situation au Liban et dans la région, les auteurs retracent les circonstances qui ont vu la naissance du Hezbollah. Ils rapportent même une phrase étonnante du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, dans laquelle celui-ci affirme que « sans l’invasion israélienne de 1982, le Hezbollah n’aurait sans doute pas existé ». Autrement dit, et les auteurs l’expliquent très clairement, la dimension de la libération nationale est plus importante dans l’idéologie du Hezbollah que les concepts purement religieux. Et cette formation, qui, dans l’inconscient collectif, aurait été la création des services iraniens, dans un souci d’exporter la révolution islamique toute récente, serait en fait une formation bien ancrée dans la société libanaise, notamment au Sud qui, depuis 1948, n’a cessé de subir les agressions israéliennes et en particulier dans le fief chiite de Jabal Amel. Le concept peut paraître révolutionnaire. Il devient surtout cohérent et convaincant au fil des chapitres. Mais n’y a-t-il pas un risque que cet ouvrage ne soit perçu comme une plaidoirie en faveur du Hezbollah ? « Notre objectif, répond Walid Charara, n’était pas de rendre service au Hezbollah. Ce livre n’est nullement un “ouvrage autorisé”, comme on dit. Mais nous voulions faire connaître aux lecteurs un des principaux acteurs de la scène régionale. Tout comme nous voulions replacer le conflit régional dans son vrai cadre : il y a un État hégémonique et des populations qui tentent de lutter contre cette hégémonie. Nous voulions insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une guerre de religion. Quant au Hezbollah, il n’est absolument pas intervenu dans l’ouvrage.
Nous avons rencontré certains de ses membres, que nous citons dans le livre. Mais ils n’ont rien à voir avec lui. »
À contre-courant de l’idéologie dominante
Frédéric Domont aussi confirme que ce n’est pas un livre engagé. « C’est vrai qu’il s’inscrit à contre-courant de l’idéologie dominante, avec tout l’héritage de préjugés et de stéréotypes, et la caricaturisation abusive que l’on fait actuellement du monde arabe. Nous avons voulu, à travers le cas d’école qu’est le Hezbollah, donner une autre lecture de ce qui se passe dans la région. Mais même avec notre vision, nous pensons être capables de recul et surtout, nous avons essayé de faire un travail honnête. » L’ouvrage décortique en effet toute la logique du Hezbollah, ses racines idéologiques, sa naissance, son évolution, la notion de kamikaze, la dimension nationale de sa stratégie, ses efforts médiatiques et la création d’al-Manar, son rôle dans le système politique libanais, sa vision de la situation en Palestine et ses liens avec les organisations palestiniennes, ses relations avec l’Iran et la Syrie, etc. C’est un véritable document, qui se lit en plus comme un roman. Et pour bien montrer au lecteur qu’il s’agit d’un ouvrage profond, à la hauteur des défis qui se posent aujourd’hui aux intellectuels, il commence par deux citations, l’une de l’imam Ali, l’autre de Chamfort, un des grands penseurs de la Révolution française. Une fois de plus, c’est la preuve que l’Orient et l’Occident peuvent se rencontrer, voire s’entendre. C’est donc un merveilleux message d’espoir par le dialogue que nous offrent deux auteurs qui ont choisi de se lancer ensemble dans l’aventure.

Scarlett HADDAD



Un livre passe au crible la problématique du Hezbollah
Dépêche AFP | 01.11.04 |reprise par Le Monde:
Sous le titre "Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste", deux journalistes Walid Charara et Frédéric Domont exposent dans un livre présenté au salon du livre de Beyrouth, la problématique de ce mouvement dans le collimateur de Washington, et s'interrogent sur son avenir.L'ouvrage, qui se veut selon ses auteurs, "à l'intersection de l'enquête journalistique et de l'analyse politique" décrit sur près d'un quart de siècle "la faculté d'adaptation de cette formation politico-militaire aux modifications des rapports de force sur la scène proche-orientale".Faculté due, selon eux, à l'originalité de ce parti qui en fait un "cas d'école dans la mouvance islamique".Née dans la foulée de l'invasion israélienne du Liban en 1982, parrainé dès le départ par les gardiens de la révolution iraniens, le Hezbollah prend "le relais des combattants palestiniens expulsés par Israël" et de la gauche libanaise brisée par l'installation au Liban d'un pouvoir pro-américain.Très vite le Hezbollah joue les rassembleurs. Bien que d'inspiration iranienne, il tourne le dos dès 1985 au projet de "construction d'une société islamique et s'adapte à la diversité religieuse et politique du Liban" et limite son action à "la lutte contre l'occupation israélienne du Liban", même s'il sert souvent de caisse de résonance à Téhéran et à Damas, ses deux soutiens régionaux.Sans trancher l'épineux sujet de ses relations avec les preneurs d'otages occidentaux, le livre verse au dossier les dénégations du Hezbollah et en contre-partie des témoignages de poids comme celui d'Alain Chouet, ancien chef de la DGSE, le contre-espionnage français.Une fois ce dossier réglé en 1989, "le Hezbollah s'adapte à la nouvelle donne créée par la fin de la guerre civile libanaise" en 1990.En 1996, alors que les accords d'Oslo ont reçu un coup dur avec l'assassinat un an auparavant d'Itzhak Rabin, "le Hezbollah résistera avec succès à la tentative israélienne de détruire son infrastructure militaire".Après les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis emboîtent le pas aux Israéliens. Le Hezbollah est placé sur la liste américaine des organisations terroristes.Le Hezbollah se retrouve depuis 2 septembre dans le collimateur du Conseil de sécurité de l'Onu, dont la résolution 1559 d'inspiration franco-américaine, exige le désarmement.Est-ce la fin de Hezbollah comme mouvement armé, ou "pourra-t-il encore une fois s'adapter" à la convergence franco-américain sur le dossier libanais, la nouvelle donne crée par les attentats du 11 septembre et l'intervention militaire américaine en Irak ? Telles sont les questions pour le moment sans réponse posées par les auteurs

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