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               Le 
                Mariage Civil 
                une 
                formule à bon prix  
                ou comment se dérober aux lois 
                communautaires  
                sans en faire les frais 
                 
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                Introduction 
                  Le 
                  débat ne date pas d’aujourd’hui. Instauré en 1936 sous le mandat 
                  français, le mariage civil continue de faire couler beaucoup 
                  d’encre au Liban, provoquant une levée de boucliers toutes les 
                  fois qu’il est remis sur le tapis. La polémique suscitée autour 
                  de ce tabou a poussé vers les pays voisins des centaines de 
                  Libanais désireux de contracter un mariage qui ne soit pas soumis 
                  à l’une des 18 communautés religieuses qui monopolisent, chacune 
                  selon ses règles, le statut personnel.  
                   
                  Mobilisation 
                  pour le mariage civil  
                  Septembre 2008- 
                  Un groupe d'universitaires utilise le réseau social Facebook 
                  pour réunir les partisans de la légalisation du 
                  mariage civil. Et ainsi contrer le pouvoir des communautés 
                  religieuses... lire 
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                  MALGRÉ LA CRISE, DES LIBANAIS PRÊTS À DÉPENSER 
                  DES FORTUNES  
                  POUR SE MARIER 
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                    |  
                       Chypre 
                        célèbre les mariages interdits 
                        Pour 
                        les couples israéliens et libanais qui ne peuvent 
                        pas se marier chez eux parce que l'homme et la femme n'appartiennent 
                        pas à la même religion, la solution se trouve 
                        à Chypre. Sur cette île, ils peuvent en effet 
                        s'unir librement, et ce mariage civil sera reconnu dans 
                        leur pays. 
                        Au Proche-Orient, les mariages civils n'existent pas et 
                        aucune autorité religieuse ne se risquera à 
                        célébrer un mariage inter-religieux. Le 
                        Liban et Israël ont des approches différentes 
                        dans la mesure où ils reconnaissent les mariages 
                        civils s'ils sont célébrés à 
                        l'étranger. Et le pays le plus proche pour cela, 
                        c'est Chypre, située à 240 Km du Liban et 
                        à 370 Km d'Israël. 
                        Cette petit île méditerranéenne, qui 
                        prétend avoir vu naître sur son sol Aphrodite, 
                        la déesse grecque de l'amour, a fait des mariages 
                        mixtes une sorte d'industrie. Ses municipalités 
                        font payer à peu près 415 dollars pour une 
                        cérémonie rapide et 190 dollars pour des 
                        cérémonies qui peuvent prendre plus de temps 
                        à organiser. 
                        Au Liban et en Israël, des agences de voyage proposent 
                        des séjours comprenant le transport, des nuitées 
                        dans un hôtel de luxe, les frais de mariage et même 
                        les fleurs pour l'épouse. 
                        L'an dernier, selon des chiffres communiqués par 
                        le gouvernement chypriote, 523 couples du Liban et 1533 
                        d'Israël se sont mariés sur cette île. 
                        Elie Wakim, 39 ans, et Nada Ghamloush, 33 ans, vivent 
                        au Liban. Ils se sont rencontrés sur leur lieu 
                        de travail. Ils sont tombés amoureux et ont décidé 
                        de s'unir. Leur problème, c'est que lui est chrétien 
                        maronite, et qu'elle est baha'i. Ils ont donc fait le 
                        choix de se rendre à Chypre. Nada Ghamloush estime 
                        toutefois que le Liban, qui abrite de nombreuses communautés 
                        religieuses, devrait célébrer des mariages 
                        civils. "Parce que si vous respectez votre partenaire, 
                        vous ne devriez pas attendre de lui qu'il change de religion 
                        pour vous", confie-t-elle. 
                        Leur mariage, qui a eu lieu dans l'Hôtel de ville 
                        de Nicosie, la capitale de la partie grecque de l'île, 
                        seule reconnue par la communauté internationale, 
                        a été rapidement célébré, 
                        et sans fioritures. En dix minutes, le couple avait échangé 
                        ses voeux. Ils ont fait quelques photos sur les marches 
                        de l'hôtel de ville, puis se sont dépêchés 
                        pour finir de remplir les papiers appropriés.  
                        Le soir même, ils reprenaient l'avion et, après 
                        un vol d'une quarantaine de minutes, atterrissaient à 
                        Beyrouth. 
                        Beaucoup d'autres couples passent leur lune de miel sur 
                        l'île, généralement ensoleillée, 
                        et où ils mettent entre parenthèses leur 
                        vie souvent stressée, en raison notamment du conflit 
                        du Proche-Orient. 
                        C'est le cas de Dimitri Stafiv et Olga Zaïtseva, 
                        tous les deux 29 ans, d'origine russe, qui vivent en Israël, 
                        dans une ville proche de Jérusalem. Il est juif, 
                        elle est orthodoxe. Ils ne pouvaient donc pas se marier 
                        en Israël si l'un d'eux ne se convertissait pas à 
                        la foi de l'autre. Se convertir au judaïsme est un 
                        long processus passant par des études et des rituels, 
                        et peut être particulièrement difficile pour 
                        des immigrants de l'ex-Union soviétique qui ont 
                        souvent grandi sans éducation religieuse. Dimitri 
                        Stafiv et Olga Zaïtseva se sont mariés ce 
                        mois-ci près de la station balnéaire de 
                        Larnaca, dans un très beau manoir rénové 
                        par la municipalité. Pour Dimitri, qui travaille 
                        dans le bâtiment en Israël, la religion doit 
                        être l'affaire de chacun. "Israël est 
                        un Etat démocratique", explique-t-il. "Tout 
                        le monde devrait avoir la volonté et le droit de 
                        faire ce qu'il veut". 
                        En Israël, les rabbins orthodoxes qui contrôlent 
                        les procédures de mariage et de divorce affirment 
                        que leur stricte définition de la judéité 
                        -elle ne passe que par la mère- est vitale pour 
                        préserver l'unité d'un peuple qui a été 
                        longtemps été persécuté, et 
                        pour éviter à la progéniture de mariages 
                        mixtes d'hériter de problèmes similaires 
                        quand, à leur tour, ils veulent se marier. 
                        Les autorités religieuses sont aussi strictes au 
                        Liban, où les populations musulmanes et chrétiennes 
                        se subdivisent en 18 mouvements religieux officiellement 
                        reconnus. 
                        "Pour nous, une personne qui contracte un mariage 
                        civil est comme une personne qui commet un adultère", 
                        a confié à l'Associated Press le père 
                        Joseph Abdel-Sater, un prêtre catholique maronite 
                        qui est aussi juge religieux. "Le mariage est un 
                        sacrement, alors qu'un mariage civil est un contrat, et 
                        pour cette raison, il est considéré comme 
                        du concubinage". 
                        par 
                        Menelaos Hadjicostis - AP - Octobre 2009 
                         
                          
                         
                        Étude auprès de Libanaises mariées 
                        à des étrangers 
                        Une 
                        étude sur les femmes mariées à des 
                        étrangers a été effectuée 
                        courant 2008. Ce document, le premier du genre au Liban, 
                        devrait être publié prochainement. 
                        L'étude a été menée, certes, 
                        auprès de Libanaises mariées à des 
                        étrangers, mais aussi auprès des tribunaux 
                        religieux et chériés, où chrétiens 
                        et musulmans font enregistrer leurs mariages, ainsi qu'auprès 
                        de la Direction générale de la Sûreté 
                        générale et auprès de l'Unrwa. 
                        Les chiffres étudiés sont étalés 
                        sur treize années, de 1995 à 2008. L'année 
                        1995 a été choisie parce qu'elle suit directement 
                        celle durant laquelle la loi sur la naturalisation avait 
                        été adoptée. 
                        Sur 17 860 mariages mixtes contractés entre des 
                        Libanaises et des étrangers, 87,5 % sont enregistrés 
                        auprès des tribunaux chériés alors 
                        que 12,5 % sont enregistrés auprès des tribunaux 
                        religieux chrétiens. 
                        Près de 51,1 % des mariages mixtes entre des Libanaises 
                        et des étrangers se font chez les sunnites, suivis 
                        des chiites (33,6 %) puis de la communauté grecque-orthodoxe 
                        (5,6 %). 
                        Le pourcentage de musulmanes mariées à des 
                        Arabes est plus important que celui des chrétiennes, 
                        alors que le pourcentage de ces dernières mariées 
                        à des Européens et à des Américains 
                        est plus important que celui des musulmanes. 
                        Les musulmanes mariées à des étrangers 
                        le sont à des ressortissants de pays arabes (81,8 
                        %), à des Européens (9,1 %) ou à 
                        des Américains (4,7 %). 
                        Ces pourcentages diffèrent pour les chrétiennes. 
                        Ainsi, les chrétiennes épouses d'étrangers 
                        sont mariées à des ressortissants arabes 
                        (50,2 %), à des Européens (25,6 %) ou à 
                        des Américains (16,3 %). 
                        Si on regarde ces chiffres de plus près, on constate 
                        que chez les sunnites mariées à des étrangers, 
                        38,9 % d'entre elles le sont à des réfugiés 
                        palestiniens, 19,2 % à des Syriens et 7,9 % à 
                        des Égyptiens. 
                        Quant aux chiites mariées à des étrangers, 
                        elles ont épousé des Irakiens (22,3 %), 
                        des Syriens (20,3 %) et des Égyptiens (9,6 %). 
                        Les chrétiennes mariées à des étrangers 
                        épousent des Syriens (29,7 %) des Américains 
                        (10 %), des Français (9,4 %), des Palestiniens 
                        (8,2 %) et des Égyptiens (7,3 %). 
                        Le choix des nationalités s'explique probablement 
                        par l'appartenance communautaire. Ainsi, les sunnites 
                        épousent en premier lieu des Palestiniens de la 
                        communauté sunnite, les chiites des Irakiens de 
                        leur propre communauté, et les chrétiennes 
                        des Syriens chrétiens. 
                        Le projet du PNUD uvrant pour le respect des droits 
                        des femmes libanaises concernant la loi sur la nationalité 
                        devrait rendre publique prochainement  
                        cette étude.  
                       
                     | 
                   
                 
                  
                  Ecoutez 
                  un reportage d'Arte-Radio sur le mariage mixte au Liban. 
                  Au 
                  Liban, les relations entre les communautés sont parfois difficiles. 
                  Les couples de confessions différentes choisissent alors le 
                  mariage civil, le plus souvent à Chypre... 
                   
                    
                  Nouveauté 
                  à lire sur le sujet 
                  aux éditions l'Harmattan 
                   
                  LES MARIAGES ISLAMO-CHRÉTIENS 
                  Père Charles Saad 
                    
                   
                  Les 
                  mariages entre personnes de religion ou de confession différentes 
                  sont-ils conseillés ou non ? 
                  A l'instar de la plupart des religions, le christianisme et 
                  l'islam y sont défavorables chacun à leur manière. 
                  Il est à souligner la grande discrimination existant 
                  entre le droit de la femme et celui de l'homme musulmans. Celui-ci 
                  a le droit de choisir son épouse parmi les musulmanes 
                  comme parmi celles des "gens du Livre" tandis que 
                  la musulmane n'est autorisée à se marier qu'avec 
                  un musulman. 
                  Le père 
                  Saad, actuellement prêtre auxiliaire à La Valette 
                  dans la banlieue de Toulon(sud de la France) prépare 
                  actuellement une thèse en droit canonique. 
                  Son ouvrage apporte non seulement un éclairage pour le 
                  grand public sur ce thème sensible de plus en plus fréquemment 
                  vécu par de nombreuses familles mais aussi une contribution 
                  scientifique incontestable incitant à une réflexion 
                  en profondeur. 
                   
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                  LA PAGE DE L'EDITEUR: 
                  ISBN : 2-7475-8805-X  septembre 
                  2005  778 pages 
                   environ 60 € port inclus 
                   
                 
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                  Le Mariage Civil 
                   
                   
                  Devenu un véritable rituel, le 
                  voyage à Nicosie est désormais le chemin à faire, mais pas le 
                  seul, pour tous ceux qui cherchent à fuir le mariage religieux 
                  et à conclure un mariage bien vite fait à moindres frais. Toutefois, 
                  rares sont les couples qui connaissent bien la loi régissant 
                  ce type de contrat et les effets juridiques qui en découlent. 
                  Car si la loi libanaise autorise et reconnaît le mariage civil 
                  contracté à l’étranger, certaines situations échappent aux règles 
                  du droit commun libanais et retombent sous la coupe de la juridiction 
                  religieuse, notamment en cas de litige ou de succession. En 
                  cherchant à échapper aux multiples contraintes du communautaire, 
                  surtout lorsqu’il y a une dissolution du mariage, interdite 
                  par certaines communautés, certains couples se lancent aveuglément 
                  dans l’aventure civile sans en connaître les rouages. Mais il 
                  n’en reste pas moins que le libre choix laissé aux Libanais 
                  par la loi d’opter pour le régime matrimonial qu’ils veulent 
                  suppose un libéralisme d’autant plus appréciable à la lumière 
                  d’autres systèmes de la région qui restent extrêmement hermétiques. 
                   
                   
                   
                  Cette « échappatoire » juridique, 
                  les Libanais la doivent à l’article 25 de l’arrêté 60 L.R. (lois 
                  et règlements) de 1936, paru sous le mandat français, qui a 
                  autorisé le citoyen à contracter un mariage civil hors du Liban. 
                  Cette loi prévoit la création d’une communauté de droit commun. 
                  Par conséquent, tous ceux qui n’appartiennent pas à une communauté, 
                  ou qui désirent abandonner leur communauté de naissance, pourraient 
                  adhérer à ce que Me Ibrahim Traboulsi, avocat à la Cour et chargé 
                  d’enseignement à la faculté de droit et de sciences politiques 
                  à l’USJ et à La Sagesse, appelle « la communauté non communautaire 
                  » ou « de droit commun ». Celle-ci peut ainsi organiser et administrer 
                  son statut personnel dans les limites de la législation civile. 
                  Chaque année, des centaines de couples voyagent à l’étranger 
                  appartenant parfois à la même communauté ou à des communautés 
                  différentes pour conclure leur mariage auprès des autorités 
                  civiles, « un choix libre qui comporte implicitement un refus 
                  de l’application du droit communautaire seul applicable au Liban 
                  à leur statut personnel », explique le professeur Traboulsi. 
                  Le mariage civil est reconnu par l’État libanais et c’est le 
                  tribunal libanais qui est compétent en la matière. En cas de 
                  litige, ce dernier intervient pour faire appliquer la loi du 
                  lieu de la célébration du mariage. Cela suppose que les magistrats 
                  soient polyvalents quant à leur connaissance des régimes juridiques 
                  étrangers et aux particularités propres à chaque pays qu’ils 
                  sont censés mettre en application. « Bien entendu, cette compétence 
                  existe chez la plupart d’entre eux . Mais le juge libanais n’est 
                  pas un surhomme et peut parfois ignorer certaines nuances », 
                  précise Me Traboulsi, en faisant remarquer qu’au stade actuel, 
                  les magistrats libanais sont beaucoup plus spécialisés dans 
                  la loi chypriote à cause notamment du nombre élevé de cas qui 
                  leur sont soumis.  
                  Effets juridiques  
                   
                  Contracté à l’étranger, le mariage civil produit 
                  tous les effets juridiques qui y sont liés, tels que l’inscription 
                  à l’état civil, la légitimité des enfants nés de ce mariage 
                  et « le seul principe » du droit à la succession (c’est à dire 
                  que les enfants issus de ce mariage peuvent bénéficier de l’héritage). 
                  Toutefois, et c’est là où commencent les complications, c’est 
                  la loi religieuse et non civile qui s’applique aux modalités 
                  de cet héritage, et ce chez toutes les communautés confondues. 
                  Les couples mixtes – qui essayent souvent de se dérober aux 
                  régimes communautaires en optant pour le mariage civil – sont 
                  vite rattrapés par ces derniers en matière de succession. Cependant, 
                  « ce sont les mariages mixtes célébrés entre chrétiens et musulmans 
                  qui posent le plus de problème, puisque la différence de religion 
                  interdit réciproquement l’héritage entre époux », rappelle Me 
                  Traboulsi. Pour les chrétiens, c’est la loi de succession de 
                  1959 qui s’applique, celle-ci étant soumise au droit de la communauté 
                  du défunt. Un autre problème, et de taille cette fois-ci, se 
                  pose dans le cas des mariages contractés entre deux musulmans. 
                  « Bien que reconnaissant la validité du mariage civil du point 
                  de vue de sa forme, le droit musulman n’en admet pas les effets 
                  juridiques. Seul le chareh s’applique dans ce cas précis », 
                  précise Me Habib Nassar, avocat à la Cour et spécialiste en 
                  matière de mariage civil. C’est ce qu’on appelle « le principe 
                  de la territorialité de l’islam », le juge libanais n’étant 
                  pas compétent pour trancher dans ce cas de figure. Une mesure 
                  qui, semble-t-il, vise principalement à décourager les mariages 
                  mixtes. « Cette interdiction est liée à la charia qui prohibe 
                  à une musulmane d’épouser un non-musulman, l’inverse n’étant 
                  pas vrai », affirme Me Nassar. Ainsi, qu’il s’agisse d’un couple 
                  libanais musulman ou d’un couple libanais et étranger (une Libanaise 
                  musulmane mariée à un Turc musulman), c’est le tribunal chérié 
                  qui est compétent pour trancher le litige. Par conséquent, le 
                  couple se retrouve à la case départ et se voit appliquer les 
                  règles du droit musulman, « le principe étant que le chareh, 
                  qui reconnaît la seule confirmité de la célébration du mariage 
                  civil et non le contenu, en rejette tous les effets, dont l’égalité 
                  entre les deux époux », indique Me Nassar. Les « bénéfices » 
                  escomptés du mariage civil sont alors « neutralisés par le droit 
                  musulman, sur base de l’article 79 du code de procédure civile 
                  qui donne la primauté au chareh ». À quoi servirait alors le 
                  mariage civil entre deux musulmans ? « À rien pratiquement, 
                  répond l’avocat. Le problème majeur est que beaucoup de couples 
                  musulmans ignorent la loi et croient à tort pouvoir profiter 
                  des effets du contrat civil », pouvoir profiter.  
                   
                  Nécessité d’un accord à l’amiable  
                   
                  La situation est tout à fait autre lorsqu’il 
                  s’agit d’un couple mixte marié civilement. Mais là encore, les 
                  exceptions sont de taille et gare à ceux qui les ignorent. Il 
                  faut d’abord savoir qu’en tant que principe général, la loi 
                  libanaise ne favorise pas un droit communautaire sur un autre. 
                  Ainsi, en cas de conflit de compétence et pour éviter qu’un 
                  droit religieux ne prenne le dessus sur un autre, c’est l’assemblée 
                  plénière de la Cour de cassation – qui est un tribunal civil 
                  – qui tranche suivant des règles neutres. « Ici, on respecte 
                  la volonté des deux époux », précisé Me Nassar. Toutefois, le 
                  problème se pose dès lors qu’il s’agit d’une double célébration, 
                  c’est-à-dire lorsque les époux ont choisi de contracter un second 
                  mariage, religieux, avant ou après le mariage civil. Dans leur 
                  grande majorité, les gens ont tendance à croire que dans tous 
                  les cas de figure, « c’est le mariage religieux qui l’emporte, 
                  même si l’un des deux époux invoque l’inscription à l’état civil 
                  ». Seul un accord à l’amiable entre les deux époux peut résoudre 
                  la situation et faire valoir le contrat civil. Mais les mariés 
                  n’en ont pas pour autant fini avec les tracas.  
                   
                  Comment préserver ses biens 
                  Il faut d’abord savoir que selon que l’on se marie à Chypre, 
                  en France, en Turquie ou aux États-Unis, la loi diffère à chaque 
                  fois et ce ne sont pas les mêmes règles civiles qui s’appliquent. 
                  La loi chypriote, par exemple, dicte que la dissolution du mariage 
                  ne peut être obtenue avant l’expiration de trois ans à partir 
                  de la date de la célébration du mariage « sauf, évidemment, 
                  en cas d’adultère ou de faute très grave », précisent les juristes. 
                  Ce n’est pas le cas en France où l’on peut obtenir le divorce 
                  à tout instant. « En Italie par contre, la procédure est plus 
                  complexe, et il faut passer auparavant par une séparation », 
                  indique Me Traboulsi. Autre piège à éviter, la déclaration des 
                  biens, qui requiert une vigilance absolue et une connaissance 
                  des règles applicables. Selon la loi française, c’est le régime 
                  de la communauté des biens qui s’applique automatiquement, « 
                  à moins que les époux n’aient choisi auparavant le contraire 
                  ». Même règle à Chypre où les époux doivent, par écrit, demander 
                  la séparation des biens avant la célébration du mariage. « C’est 
                  un point très important qui risque de créer beaucoup de problèmes 
                  par la suite, surtout qu’au Liban, c’est le régime de la séparation 
                  des biens qui s’applique », précise Me Traboulsi. Bref, autant 
                  de points litigieux et à connaître par le couple – de préférence 
                  –, avant de s’embarquer dans une liaison qui ne comporte d’autres 
                  dangers que l’ignorance des règles.  
                   
                  Jeanine JALKH 
                    
                   
                   
                
                   
                     
                        
                        Les couples homosexuels 
                        au Liban 
                        voilà 
                        un sujet bien sensible et tabou puisqu'en 2005, l'homosexualité 
                        est toujours considéré comme un délit. 
                        Des initiatives se multiplient pour tenter de structurer 
                        la communauté et faire valoir ses revendications 
                        en s'appuyant le plus souvent sur des communautés 
                        bi-nationales,  
                        comme par exemple les franco-libanais,  
                        avec un site-web developpé entre Beyrouth et Paris 
                        HELEM  
                     | 
                   
                 
                Les 
                  couples témoignent : de la conviction avant tout 
                  Lynn Maalouf et Hala Moussawi ont toutes deux emprunté la voix 
                  chypriote, par conviction, mais aussi pour éviter les rituels 
                  religieux que suppose un mariage effectué au sein de leur communauté 
                  respective. Lynn est chrétienne comme son mari d’ailleurs, mais 
                  tous deux se disent athées et refusent dès le départ les lois 
                  de l’Église. Pour le couple, «ce n’est pas tant le côté légal» 
                  qui les intéressait lorsqu’ils ont décidé de se marier civilement, 
                  «que le respect des principes qu’ils partagent». Leur choix 
                  a d’ailleurs été avalisé par leurs familles respectives qui 
                  ont «béni» leur union à Chypre. Pour Hala, une musulmane chiite 
                  qui a épousé un grec-orthodoxe, c’est pratiquement pour les 
                  mêmes raisons qu’elle a opté, avec son mari, pour Nicosie. «Mon 
                  mari est athée et moi agnostique. Nous ne voyions aucun intérêt 
                  à nous soumettre au prêtre ou au cheikh pour consacrer notre 
                  union. En tant que couple mixte, nos parents n’en ont que plus 
                  apprécié cette formule neutre, qui a fini par contenter tout 
                  le monde», explique la jeune mariée. Hala raconte, pour l’histoire, 
                  comment, à leur arrivée à l’hôtel de ville de Nicosie, le maire 
                  a saisi un Coran et une Bible, leur demandant à chacun de prêter 
                  serment. «C’était d’autant plus drôle que nous avions tout fait 
                  pour fuir ce cérémonial», dit-elle. Mais, les deux époux qui 
                  avaient déjà l’esprit à autre chose se sont exécutés sans demander 
                  plus de précision sur un «petit détail» qui n’avait d’autre 
                  portée que son symbolisme. 
                  "La société civile réclame, depuis plusieurs années, 
                  un statut personnel civil facultatif." 
                   
                  Un sujet récurrent  
                  On parle de mariage civil au Liban depuis cinquante ans déjà. 
                  Lors de la discussion de la loi du 2 avril 1951, qui a délimité 
                  les pouvoirs des autorités ecclésiastiques, plusieurs députés 
                  se sont soulevés et ont demandé à instaurer une loi sur un statut 
                  personnel civil facultatif au Liban, sans oublier la grève décrétée 
                  par l’ordre des avocats de Beyrouth qui s’opposait à son tour 
                  aux prérogatives consacrées aux autorités religieuses dans le 
                  domaine du statut personnel. – Il y a eu ensuite les propositions 
                  de M. Raymond Eddé concernant l’instauration du mariage civil 
                  au Liban. Mais aucun projet de loi n’a été présenté. – À plusieurs 
                  reprises, le conseil de l’Ordre des avocats de Beyrouth a souhaité 
                  voir appliquer au Liban une loi civile de statut personnel. 
                  – Dans les années 70, le parti démocrate, qui regroupait parmi 
                  ses rangs Émile Bitar, Joseph Moghaizel, Auguste Bakhos, Bassem 
                  el-Jisr, élabora un projet sur un statut personnel facultatif 
                  au Liban. Le député Bakhos le présenta au Parlement, aucun débat 
                  n’a eu lieu sur ce projet. – Le Mouvement national, présidé 
                  par Kamal Joumblatt, proposa dans un documet de réforme (1975-1976) 
                  l’élaboration d’une loi sur un statut personnel facultatif en 
                  but de consolider les liens entre Libanais. Ce mouvement ne 
                  cachait pas ses idées laïques à tous les niveaux. – Les députés 
                  adhérant au Parti national syrien déposèrent au Parlement libanais 
                  en juillet 1997 un projet de loi sur un statut personnel facultatif. 
                  – Un projet de loi élaboré par un groupe de juristes chargé 
                  par l’ancien président Élias Hraoui a été distribué en Conseil 
                  des ministres en vue de sa discussion. Ce projet a été publié 
                  dans la presse en date du 6/2/98. c’est la première fois qu’un 
                  projet de loi sur ce sujet est adopté et présenté par le chef 
                  de l’État. Ce projet s’inspire de plusieurs codes civils: français, 
                  belge, suisse, turc et tunisien. C’est un code de « statut personnel 
                  libanisé », prenant en compte les aspirations des citoyens, 
                  respectant les traditions au-delà des appartenances communautaires. 
                  C’est un code complet traitant de tous les sujets ayant trait 
                  aux problèmes du statut personnel des Libanais, des fiançailles 
                  jusqu’à la succession.  
                   
                  Chypre, paradis des 
                  économies matrimoniales  
                  Comment expliquer cette ruée vers Chypre ? 
                  Et qu’est-ce qui séduit autant les couples libanais qui convoitent 
                  le mariage civil ? Si la question de «l’aisance» relative à 
                  obtenir une dissolution du mariage est, en elle-même, une motivation 
                  importante, elle reste toutefois insuffisante. Ainsi, outre 
                  les effets juridiques recherchés, une majorité de Libanais opte 
                  pour cette formule pour des raisons économiques, voire pour 
                  échapper aux multiples contraintes procédurales ou sociales 
                  d’un mariage organisé «à la libanaise». Les chiffres sont parlants: 
                  pour un couple de deux personnes, une célébration à Chypre ne 
                  saurait dépasser les 1000$, une somme qui, par ailleurs, couvre 
                  le coût du transport, les frais administratifs (dont 300 $ pour 
                  la célébration avec un forfait supplémentaire pour la publication 
                  des bans), en plus de la cérémonie organisée pour fêter l’heureux 
                  événement. Il faut savoir que l’on peut même choisir la langue 
                  de la célébration (l’anglais à Nicosie, le français à Larnaca) 
                  et limiter au maximum les frais occasionnés pour la décoration 
                  des lieux. La mariée a également la possibilité de louer la 
                  robe sur place. Attention d’oublier les 2 témoins qui peuvent 
                  être libanais ou, à défaut, chypriotes (cela réduit encore plus 
                  les frais de transport). Bref, un véritable «mariage à la carte» 
                  vous est proposé sur cette île, paradis de l’économie matrimoniale, 
                  où les mariés peuvent même quitter l’hôtel de ville en mobylette, 
                  après la cérémonie, comme en témoigne une jeune mariée. Souci 
                  d’économie ou originalité? Quant aux formalités, elles suivent 
                  un chemin quasiment balisé: les papiers sont envoyés au maire 
                  de la ville où a lieu la célébration. Ce dernier les transmet 
                  au ministère des Affaires étrangères chypriote qui, à son tour, 
                  les communique au consulat libanais chargé de les envoyer au 
                  ministère de l’Intérieur au Liban pour inscrire le mariage à 
                  l’état civil. Organisé en 48 heures, le mariage est expéditif 
                  et simplifié à outrance.  
                   
                    
                   
               
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        Mariage 
          du plaisir ou temporaire? 
            
          une singularité au sein de la communauté 
          chiite  
       
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