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Lila dit çà:
enfin un premier film-évènement dans le paysage du cinéma libanais
" Lila dit ça "

Sortie le 26 Janvier en France et le 3 Février au Liban,
dans les salles ABC, Dunes, Sodeco, Espace, Galaxy

Il n'est pas si fréquent qu'un film réalisé par un metteur en scène libanais sorte quasi-simultanément en salle à Paris, à Beyrouth et dans la plupart des grandes villes de France.
Cela constitue un évènement unique sans doute depuis la fin de la guerre et l'émergence de cette nouvelle vague de talents
Ziad Doueiri donne sa touche libanaise à ce film officiellement français, tiré d'un scénario italien et tourné dans un esprit américain:
un profil assurément bien libanais pour "Lila" née sous une bonne étoile car, malgré certaines controverses engendrées par son caractère érotique et sensuel affirmé, le film a réussi à échapper à la censure.
Dans la presse libanaise...


Le réalisateur de West Beyrouth est de retour à Beyrouth avec Lila dit ça. Si Lila est coquine et ne mâche pas ses mots, Ziad Doueiri, lui non plus, n'a pas la langue dans sa poche. En avant pour une franche interview.
Entre West Beyrouth (1998) et Lila dit ça (2004), où avez-vous disparu?
J'ai écrit un autre scénario, original et cher. En deux mots, c'est l'histoire d'un diplomate américain qui travaille pour le Département d'Etat. Il convainc le président Bush père qu'il peut venir au Proche-Orient pour mettre Arabes et Israéliens autour de la table des négociations. Mais les événements du 11 septembre 2001 ont eu lieu. En Amérique, on n'était plus prêt à financer un film qui traite le point de vue arabe dans le conflit israélo-palestinien. J'avais obtenu 4 millions d'euros en France. Il nous restait à trouver 12 millions aux Etats-Unis. Bill Murray (Lost in translation) avait quasiment accepté de jouer le rôle. Finalement, nous avons mis Man in the middle dans les tiroirs, pour commencer Lila dit ça. A l'origine, Lila dit ça est un roman. Chimo est l'auteur-narrateur du livre.
Comment s'est fait le contact avec les producteurs italiens détenteurs des droits?
Il y a eu beaucoup de tentatives pour adapter le livre. Personne n'y a réussi. Marina Gefter, la productrice du film, avait vu et aimé West Beyrouth. Elle m'a alors contacté et envoyé le livre. L'auteur, Chimo, est quelqu'un qui a choisi de garder l'anonymat. Nous avons aimé et gardé le nom tout comme certains éléments de l'histoire. Avez-vous eu des soucis dans l'adaptation? Je suis très emballé par la technique de la voix off. Nous nous permettons parfois d'entrer dans la tête de Chimo, pour quelques voix off dans le film. Mais il fallait quand même créer des dialogues! Dans un film, il faut guider le spectateur. Il a fallu créer une structure cinématographique. Bien sûr, nous avons ajouté de nouveaux personnages. Il fallait créer un obstacle à la relation entre Chimo et Lila, pour que cette relation soit signifiante. Mouloud et les copains constituent cet autre pôle. Alors que la mère rappelle à Chimo que son père l'a quittée pour une Française. Elle le ramène sans cesse à ses origines. Il fallait créer des obstacles, pour trouver des conflits. Et quand il y a conflit, il y a drame. Pourquoi le générique ne mentionne pas Joëlle Touma comme co-scénariste? Pour obtenir le soutien du Centre national de la cinématographie (CNC) en France, il faut réunir 14 points. Trois points sont accordés au réalisateur, deux au scénariste, s'ils sont français, etc. Je suis résident français. Joëlle ne l'est pas. En mettant le nom de Joëlle comme scénariste, on aurait pu perdre 10% du financement du film, c'est-à-dire 200000 euros. Nous avons eu recours à la tournure «avec l'aimable participation de Joëlle Touma.» Par quel miracle le film a passé l'épreuve de la censure? J'étais entré dans le bureau de la censure à la Sûreté générale «prêt à dégainer». Mais la femme qui gérait la censure était d'une ouverture d'esprit incroyable. Ce colonel m'a dit que ce ne serait pas juste de censurer un film pour son langage sexuel, alors que tout foyer peut capter une chaîne porno. Elle s'est seulement contentée de l'interdire aux moins de 18 ans. J'étais ravi de cette flexibilité.
Voulez-vous commenter la scène de la masturbation sur la motocyclette?
C'était la plus dure à tourner. J'ai préparé un story-board pour chaque plan à filmer. C'est une scène en mouvement. Alors elle a pris beaucoup de temps et de préparations. Deux acteurs sur une même moto, c'est assez dangereux. En même temps, je voulais que Chimo ne se concentre pas seulement sur le maintien de l'équilibre, mais sur les dialogues aussi. Et puis le solex passait sur des passages dallés. Il vibrait. Il a fallu effectuer des modifications techniques sur la moto, pour absorber les chocs. Et pendant que Lila «branle» Chimo, le dialogue se poursuit. A mon avis, c'est une des plus belles scènes.
Y a-t-il un parallèle à établir entre la Lolita de Stanley Kubrick et votre Lila? Joëlle et moi avons vu le film de Kubrick, tout comme L'amant de Jean-Jacques Annaud et d'autres films. Mais il y a une différence majeure entre Lolita et Lila. La première est une manipulatrice destructive, elle donne envie de lui donner une paire de claques. Alors que Lila est une séductrice constructive, une romantique, un ange avec une langue de pute. Leur seul point commun est la beauté et la sensualité.
Avez-vous eu des problèmes de casting?
Très vite, j'ai trouvé Mohammad (Khouas). Mais le rôle de Lila m'a pris un an et quelque 450 castings. Quand j'ai rencontré Vahina (Giocante), place des Vosges à Paris, j'ai immédiatement senti qu'elle allait tenir le rôle. Carmen Loubbos joue le rôle de la mère dans West Beyrouth et dans Lila dit ça. Ce n'est pas une coïncidence... En effet, j'ai déjà travaillé avec Carmen. J'ai une admiration totale pour elle. C'est une actrice-diva pour moi. Et puis j'ai senti que Chimo devait avoir une mère arabe. Dans le film, on ne sait pas si elle est Maghrébine ou Libanaise...
Sexe, ados, religions... sont des thèmes récurrents chez vous.
Est-ce votre griffe?
En partie... C'est une coïncidence. Mais on laisse toujours sa marque. Je suis fasciné par la religion, bien que j'aie été élevé dans un milieu laïque. Aujourd'hui, la religion est un sujet «chaud». Je suis fasciné par les préjugés religieux et par ce qu'une religion peut penser de l'autre. Je viens d'un pays qui en sait long sur ces conflits... A mon avis, le sexe à l'adolescence est extrêmement énergétique. A cet âge-là, il est libre, maladroit, mais pas tout à fait innocent.
Vous faites également référence aux religions, au 11 septembre, à Al-Jazeera...
Il fallait situer l'histoire dans le temps. Et puis, Joëlle Touma et moi avions envie de parler de religion. On a beau s'éloigner, on revient toujours à ses origines. Nous avons introduit des éléments sur le christianisme, le judaïsme, le conflit israélo-arabe, etc. Nous avons marqué l'empreinte de l'Orient sur l'histoire principale. Le spectateur libanais, par exemple, se reconnaît facilement dans ce cadre. Vous venez de rentrer du festival de Sundance.
Comment Lila a ­t-il été accueilli?
Seulement 16 films ont été sélectionnés à Sundance parmi 1288 candidats. Lila dit ça était le seul film français parmi les seize, et il a fait un tabac. Et de tous les films en lice, il est le seul à être distribué aux Etats-Unis. C'est déjà beaucoup. Je savais que le film allait plaire aux Américains. Je l'ai écrit d'une manière plus américaine que française.



Ziad Doueiri, scénariste et réalisateur libanais, qui s’était fait connaître sur la scène locale et internationale avec son premier film “West Beyrouth”, a réalisé un second long métrage, “Lila dit ça”, sorti hier jeudi 3 février, à Beyrouth, de même qu’il est projeté dans 52 salles en France depuis le 26 janvier et favorablement accueilli.

Le film avait été sélectionné pour le “Festival de Sundance” créé par Robert Redford, depuis 24 ans. Grand-messe du cinéma indépendant, il s’est déroulé, récemment, à Park City dans l’Utah. Il a été aussi projeté dans d’autres festivals à Toronto et, à Carthage... Au mois d’octobre, le film avait été présenté, à la presse libanaise, suivi de deux séances dans le cadre du Festival du film du Moyen-Orient. Il avait affiché salle comble et reçu un très bon accueil.

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de l'article de Nelly Hélou de la Revue du Liban


Quid des acteurs?

Le rôle de Lila est interprété par Vahina Giocante, jeune actrice qui s’était fait connaître à travers une dizaine de films. “Je l’avais vue dans “Marie Baie des Anges”, affirme Ziad, elle avait 14 ans et j’ai craqué pour elle. Lors du casting du film “Lila dit ça”, elle est venue dans nos bureaux par coïncidence, la productrice lui a proposé de lire le scénario et il lui a plu. On s’est retrouvé à Paris, place des Vosges et j’ai senti, tout de suite qu’elle était pour ce rôle. Durant le tournage, elle a eu un moment d’hésitation disant: j’ai peur de certaines phrases trop osées et je vais paraître vulgaire. Mais j’ai tenu bon refusant de changer les dialogues et elle m’a fait confiance”. Ziad révèle que l’actrice est d’origine corse, non nordique et elle est brune. Il a fallu en faire une blonde pour le scénario.

L’acteur Mohamed Khouas, qui joue le rôle de Chimo, est Français d’origine algérienne, qui n’avait jamais fait du cinéma ou du théâtre auparavant. “J’ai trouvé qu’il avait un visage doux et une vulnérabilité naturelle corres-pondant au rôle, affirme le cinéaste. J’ai décidé de l’engager et on a travaillé ensemble. Cela nous a pris plus de temps et d’efforts mais le résultat est bon”.

L’actrice libanaise Carmen Lebbos, joue le rôle de la mère de Chimo. “C’est mon actrice-fétiche, lance Doueiri et j’ai un très bon rapport avec elle, en tant que personne et interprète. Elle travaille instinctivement, plus que de façon cérébrale. Elle sent le rôle et si elle s’attache à ceux qui jouent avec elle, elle donne le meilleur d’elle-même. Dans Lila, Chimo lui rappelait son fils, presque de même âge auquel elle est très attachée. Dans certaines séquences, elle était réellement émouvante et sur le plateau nous avions tous les larmes aux yeux”.
Devant l'entrée d'un ciné à Lille lors d'une avant-première en Janvier 2005
Devant l'entrée d'un ciné à Lille lors d'une avant-première en Janvier 2005

Ziad Doueiri confie, enfin, qu’il écrit avec Joelle Touma le scénario de son quatrième film qui se déroulera à la fois au XVIème siècle et de nos jours avec pour cadre le Mexique et, pour thème, la foi, les croyances. Il espère, aussi, pouvoir réaliser son scénario “The man in the middle”. N’hésitez pas à voir “Lila dit ça”; le film est attachant, bien joué, porteur de multiples messages et dégage, loin de la vulgarité, une sensualité où se mélangent la provocation et l’innocence.



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