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"Le Cèdre du Liban ou l'enracinement
de la présence libanaise en France"

A Tours, un cèdre du Liban monumental, gratifié du label « Arbre remarquable de France » fait la fierté de la ville



Alors que le Liban commémore le 14 Mars 2007, le second anniversaire de la révolution du Cèdre, celle qui a mis fin à l’occupation syrienne de notre territoire, nous voilà, en France, à l’occasion de ce souvenir mémorable, admiratifs devant un majestueux Cedrus libani devenu un symbole ancré dans l’esprit des habitants de Tours, ville située à 237 kilomètres de Paris.
Les Tourangeaux sont fiers de l’un des arbres les plus célèbres de leur ville, visité par les touristes au même titre que le musée ou la cathédrale de Tours : le superbe cèdre du Liban dont la croissance stupéfiante oblige les responsables de son entretien à élaguer régulièrement ses lourdes branches.
La place réservée à ce cèdre dans le cœur des habitants de Tours vaut la place que les Parisiens réservent à la tour Eiffel : « Le cèdre est là comme un phare, imposant. Ah cet arbre ! Il a toutes les vertus positives ! » s’extasie M. Gilbert Flabeau, responsable des collections végétales et animales au sein du service du patrimoine de la mairie de Tours et chargé de la gestion des parcs anciens.
En effet, ce cèdre du Liban, bicentenaire, est l’un des plus grands d’Europe.
Il a été planté en 1804, sous Napoléon 1er, dans un haut lieu historique où les murs de l’ancien Palais des archevêques (le musée des Beaux-Arts depuis 1940) l’entourent en plein cœur d’un jardin dit « à la française », où deux mosaïques se partagent les lieux encadrés par des haies d’ifs taillés en créneaux. En leur centre se situe un boulingrin (étendue de pelouse servant autrefois de terrain pour le jeu de boule).
Au détour du porche de la cour du musée apparaît le majestueux cèdre du Liban. Cet arbre impressionnant donne envie de déplacer les murs des bâtiments voisins pour que ses magnifiques branches puissent s’étaler au-delà de la surface qu’elles occupent aujourd’hui, c’est-à-dire près de 800 mètres carrés. Selon des données récoltées par l’Association ARBRES (Arbres remarquables : bilan, recherches, études et sauvegarde), le cèdre a une envergure de 33 mètres, une hauteur de 31 mètres et une circonférence de 7,5 mètres.
Ce Cedrus libani n’a rien à envier à celui que Bernard de Jussieu ramena d’Angleterre en 1734, tant bien que mal dans son chapeau, pour enrichir les collections du jardin des plantes du Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Celui de Tours est même plus somptueux, plus majestueux, doté d’une silhouette démesurée, orgueilleuse et dressant la tête vers les cieux. Il faut savoir aussi que le sol dans lequel il puise son énergie est très fertile grâce aux alluvions de la Loire.
L’histoire de ce rarissime cèdre vieux de deux siècles ne s’arrête pas là. L’Association ARBRE a attribué, en mai 2001, le label « Arbre remarquable de France » pour le travail accompli par la municipalité de Tours en vue d’entretenir, préserver et sauvegarder ce magnifique spécimen.
Le cèdre de Tours prospère jour après jour en puisant suffisamment d’eau du ruisseau souterrain de l’archevêché pour pouvoir traverser les périodes de sécheresse de plus en plus manifestes durant l’été en France, en raison du réchauffement climatique de la planète. Il traverse le temps malgré certains incidents comme, en juillet 2005, celui de la chute d’une grosse branche du sommet jusqu’à terre, sous l’effet d’une pluie qui avait duré toute la nuit. Dans sa chute, celle-ci a rompu d’autres branches, causant un cratère au milieu de l’arbre et le rendant quelque peu défiguré. C’est la raison pour laquelle les jardiniers sont intervenus pour élaguer l’arbre afin de lui éviter, à l’avenir, des dégâts identiques. Depuis, le cèdre du musée s’est rétabli.
Jusqu’à ce jour, ce chef-d’œuvre de la nature en France n’a subi aucun traitement chimique contre les insectes. Même les produits désherbants servant à éradiquer les mauvaises herbes qui poussent dans les allées tout autour sont considérés, d’après les spécialistes, comme nocifs pour l’arbre.
D’un point de vue esthétique, l’une des plus belles caractéristiques de ce conifère remarquable réside dans l’orientation des branches inférieures vers la terre. C’est une image qui évoque l’attachement de cet arbre à son environnement : il se bat pour la vie malgré la tourmente, un peu comme nous, Libanais, qui envisageons un avenir meilleur au plus fort de la crise politique. Les branches au ras du sol sont soutenues par des pieux afin d’éviter leur brisure.
Soucieuse de la pérennité de cette merveille naturelle, la ville de Tours et le personnel de ses espaces verts lui consacrent une surveillance particulièrement attentive. Un système d’arrosage dernier cri a été installé dans le sous-sol du jardin et se déclenche en fonction des besoins hydriques du conifère.

Plusieurs « Cedrus libani » en France
Aux XVIIIe et XIXe siècles, il était d’usage de planter des cèdres du Liban dans les parcs des propriétés de grandes familles fortunées et dans les espaces publics en France. Cet arbre était très apprécié de la population et était considéré comme un bien précieux.
En plusieurs endroits de France se trouvent de grands cèdres du Liban. Nous citons, à titre d’exemple :
– Le domaine de Rochecott à Saint-Patrice (37 130 – Langeais à quelques dizaines de kilomètres de Tours) où se trouve un cèdre d’une beauté exceptionnelle.
– Le cèdre de la place Gambetta (Saint-Gratien) est sans doute l’un des premiers cèdres du Liban planté en région parisienne. Il aurait été offert au maréchal Nicolas de Catinat sur ordre de Louis XIV. Ce cèdre a reçu le label ARBRES en octobre 2000.
– Le cèdre de Montmorency a reçu, lui aussi, le label ARBRES en avril 2001.
– Le cèdre du Liban du Muséum national d’histoire naturelle de Paris a été, à son tour, gratifié par le label ARBRES en juin 2001.
– Le cèdre du Liban de Vitry-sur-Seine qui se trouve dans la partie « jardin méditerranéen » du parc du Coteau (département de Val-de-Marne) a reçu le même label en octobre 2005.
– Les deux cèdres plantés au bord de l’autoroute de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle ont reçu, eux aussi, le label en novembre 2005.
– Le magnifique cèdre de Moissac (région du Midi-Pyrénées/département du Tarn-et-Garonne), situé au milieu du cloître roman, a été classé, lui aussi, comme arbre remarquable par l’Association ARBRES.
Gérard Flabeau, pour sa part, souligne que « le cèdre du Liban s’adapte bien aux conditions météorologiques de la France », d’où la possibilité, pour ce pays, de sauver l’espèce de l’extinction. « Le climat lui convient bien, ce qui facilite son intégration dans le paysage français… Mais, nous, en France, on sait qu’au Liban, malheureusement, il ne reste plus grand-chose du cèdre ! Et c’est la raison pour laquelle on y attache beaucoup d’importance », a-t-il ajouté.
De même, M. Flabeau reproche aux paysagistes français d’« œuvrer actuellement non pas dans le cadre d’une vision de sauvegarde des espèces menacées, mais plutôt pour développer des visions d’esthétique ou de propager des vagues de modes et de tendances, d’où le fait que les cèdres du Liban sont moins plantés qu’auparavant ».
Mais cela risque de changer à nouveau : un parc de plusieurs hectares à côté d’Angers
(à quelques kilomètres de Tours) doit ouvrir ses portes au grand public en 2010 ; il sera planté entre autres de cèdres du Liban.
Cet événement attendu en France devrait être un exemple à suivre pour les Libanais en vue de sauver les espèces emblématiques de leur patrimoine végétal, stopper l’avancée du béton sur les espaces verts restants. Bref, nous méritons la vie dans un pays vert qui respire la liberté, l’indépendance et la souveraineté !

Élias AYOUB
Radio-« Monte-Carlo Doualiya »

L’Association ARBRES pour la sauvegarde des spécimens exceptionnels

Créée en 1994, l’Association ARBRES (Arbres remarquables : bilan, recherche, études et sauvegarde) se propose de rassembler tous ceux que les arbres intéressent, de stimuler les recherches tant biologiques qu’historiques sur ces témoins du passé, d’aider ceux qui sont chargés de faire des inventaires régionaux, et d’apporter un soutien à ceux qui désirent sauver des arbres menacés. Cette association a également fondé un label efficace pour protéger ces arbres remarquables.
Les arbres dits remarquables sont ceux qui sont exceptionnels par leur âge, leurs dimensions, leur forme, leur passé ou encore les légendes qui y sont attachées. En l’an 2000, dans le cadre de l’opération « 200 arbres pour retrouver nos racines », l’association a commencé à attribuer le label « Arbre remarquable de France » aux communes qui possèdent des spécimens exceptionnels. Ces communes signent alors un accord de partenariat avec l’association et s’engagent à entretenir, à sauvegarder et à mettre en valeur l’arbre en question, considéré comme patrimoine naturel et culturel. Une fois qu’un panneau de présentation de l’arbre, portant le logo de l’association, est placé sur le site, les communes peuvent alors se prévaloir de l’attribution de ce label.

Cedrus libani

Revue spirituelle franco-libanaise



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