Bibliothèques et lecture publiques:
des espaces ou la francophonie occupe
une vraie place de choix au Liban
ASSABIL & les "CLACS*"

Réseaux de Bibliothèques Publiques au Liban


Eté 2008

Après Bachoura en 2001 et Geitawi en 2004, voilà la troisième bibliothèque publique municipale de Beyrouth qui vient d’ouvrir ses portes rue Monot. Elle est gérée, comme ses consœurs, par Assabil – les Amis des bibliothèques publiques. Cette association non gouvernementale vient aussi de lancer un bibliobus qui devrait permettre aux habitants de plusieurs quartiers de la ville d’avoir accès aux services d’une bibliothèque publique… ambulante. En attendant, et c’est l’objectif final, la création de douze bibliothèques municipales à Beyrouth.
La bibliothèque de Monot entre donc dans le cadre de l’élargissement de ce réseau de bibliothèques. « Elle est le fruit de la collaboration entre Assabil et la municipalité de Beyrouth, et elle est généreusement cofinancée par le Conseil régional d’Île-de-France (CRIF) », indique Michèle Wardé-Fawaz, présidente d’Assabil.
Explications : « Avec la municipalité de Beyrouth, nous avons développé depuis huit ans un plan de partenariat, pionnier en son genre, entre une instance publique et une association non gouvernementale, qui permet à la municipalité de mettre en place des bibliothèques publiques dans la capitale. Un tel accord permet aux deux partenaires de profiter mutuellement de leurs expertises et positions institutionnelles, indispensables à la réalisation du projet. Bien que la municipalité ait à sa disposition un large éventail de possibilités et de droits d’initiation et d’“implémentation” de projets, elle bénéficie de l’expertise, de l’enthousiasme et des ressources humaines d’une ONG. L’ONG, de son côté, bénéficie du statut de la municipalité pour créer des bibliothèques qui sont véritablement “publiques” – des bibliothèques non seulement au service du public, mais qui appartiennent au public. Le format de partenariat public-privé pour la gestion et la création de projets publics comme des bibliothèques municipales est donc particulièrement attractif. »
Avec des objectifs bien nobles comme encourager la lecture, créer des bibliothèques publiques, engager les instances publiques dans le développement des projets culturels et coopérer avec les associations, les centres culturels, les universités pour promouvoir les bibliothèques et les livres, Assabil a réalisé une étude de mise en place du réseau de 12 bibliothèques municipales, sur demande de la municipalité et grâce à un financement de ce partenaire de choix qu’est le Conseil régional d’Île-de-France. Le document offre un aperçu global du projet et définit les objectifs généraux, le choix des sites et les besoins génériques des bibliothèques de quartier. Il est accompagné de 10 études de quartier commissionnées par Assabil afin d’évaluer les besoins et demandes de chaque quartier.
« Les nouvelles bibliothèques publiques seront à thèmes, précise Mme Fawaz. Les quartiers suivants ont été choisis pour les accueillir : Aïcha Bakkar, Badawi, Carracas, Karm el-Zeitoun, Mar Élias, Musée, Monot, Sanayeh, Sassine et Tariq el-Jdideh. L’espace restreint d’une petite bibliothèque limite sa capacité d’offrir de grandes collections. Pour cela, nous avons décidé que chaque bibliothèque aura une collection de base ; s’y ajoutera une sélection de livres sur un thème particulier. » À Monot, par exemple, ce sont des ouvrages sur les arts qui ont la primeur. « Ce lieu fraîchement rénové (et qui a pris la place de l’ancienne Maison du livre) a pour ambition de devenir plus qu’une petite bibliothèque publique de quartier, ajoute la présidente d’Assabil. Elle est entourée d’institutions culturelles importantes : l’USJ, l’Université pour tous, une branche du Conservatoire national, la Bibliothèque orientale, le Musée de la préhistoire et, bien entendu, le théâtre Monnot qui est juste à côté. »
Les deux bibliothèques déjà existantes constituent deux espaces publics visités par environ 100-150 personnes chaque jour. Plus de 30 000 documents (livres, périodiques, vidéos, etc.) y sont mis à la disposition de 1800 abonnés, sans compter les nombreux simples visiteurs. Les bibliothèques accueillent diverses activités culturelles ou citoyennes : lectures de contes, ateliers d’écriture, de théâtre et d’arts plastiques, expositions pédagogiques, débats, ciné-clubs, soirées musicales et littéraires, initiation à l’informatique, contribution aux événements nationaux consacrés au livre, et prennent part aux efforts de solidarité dans les périodes de conflits. « Bien que de nombreuses personnes habitant à Beyrouth ne soient pas familières avec le concept de “bibliothèque publique”, notre expérience a montré qu’une fois les bibliothèques établies, elles deviennent des espaces publics vibrants et animés pour les résidents,
(notamment les enfants) des quartiers avoisinants ainsi que pour les étudiants »,
conclut Michèle Wardé-Fawaz.
Et de trois, donc ! Monot, cette fameuse rue qui s’enflamme la nuit, s’enrichit le jour d’une enseigne culturelle qui vient s’ajouter aux prestigieuses institutions académiques voisines. Cérébrale le jour, fêtarde la nuit, c’est Monot version 2008.

« Kotobus » sur les routes
Sur la corniche de Manara, un bus multicolore attire l’attention des promeneurs. Non, il ne s’agit pas d’un « revival » des cafés-express d’antan qui proposaient aux passants moult boissons caféinées et autres sodas. Ce véhicule avenant aux portes grandes ouvertes propose une nourriture autrement plus intellectuelle. Il s’agit du premier bibliobus d’Assabil. Cette bibliothèque mobile est un don de l’ambassade de France. Sa rénovation et sa modification ont été subventionnées par l’ambassade du Canada. Un deuxième bus, un don du Conseil régional d’Île-de-France, est en cours de préparation. Il prendra la route vers la fin de l’été. Les fonds de livres et les frais de maintenance de ces véhicules sont subventionnés par le ministère de la Culture, le Fonds canadien, l’ambassade de France, la Fondation Anna Lindh, l’Open Society Institute et Première Urgence.
Le bureau régional de l’Unesco a mis à la disposition d’Assabil un lieu de stationnement et un local pour disposer les livres. Les bibliobus circuleront entre Beyrouth et ses banlieues, plus précisément entre Tarik el-Jédidé et Bourj el-Brajneh, et entre Karm el-Zeitoun et Bourj Hammoud. À présent, un véhicule se trouve les mardis et jeudis au jardin de Sanayeh (de 10h00 à 17h00) et, sur la corniche de Ain el-Mrayssé, les vendredis (de 10h00 à 17h00) et les samedis (de 10h00 à 13h00).
Il convient de préciser que, comme dans toutes les bibliothèques d’Assabil, les lecteurs pourront consulter, à partir du « Kotobus », le catalogue informatisé commun où sont classés 42 500 ouvrages.

Rappel
Assabil est une association non gouvernementale, à but non lucratif, fondée en 1997 pour créer et développer des bibliothèques publiques au Liban, gratuites et ouvertes à tous, et fonctionnant selon les principes du manifeste de l’Unesco sur la lecture publique (1994). Gérée par un comité administratif de 7 membres, Assabil œuvre à créer des bibliothèques dans la capitale, à développer les services et les activités des bibliothèques régionales et à renforcer le réseau de bibliothèques publiques dans tout le pays.

Horaires d’été
Les bibliothèques publiques municipales de Beyrouth sont ouvertes en août du mardi au samedi. Bachoura et Geitawi accueillent les visiteurs de 9h00 à 13h00 et de 15h00 à 17h00. Les samedis de 9h00 à 13h00. Heures de contes : les vendredis à 16h00. Monot est ouverte du mardi au vendredi de 10h00 à 18h00, les samedis de 10h00 à 13h00. Les soirées de performances de théâtre à Monot jusqu’à 20h00.
Maya GHANDOUR HERT pour L'ORIENT LE JOUR

Du 2 au 15 mai 2007
de Beyrouth à Nabatieh, Hasbaya, Zahlé et Halba
Festival itinérant du livre jeunesse


Placé sous le patronage du ministère de la Culture et avec le soutien du Fonds de solidarité prioritaire « édition jeunesse », le premier Festival itinérant du livre jeunesse est organisé par la Maison du livre du 2 au 15 mai dans les villes et localités suivantes :
Beyrouth (palais de l’Unesco) : du mercredi 2 au samedi 5 mai.
Nabatieh : lundi 7 et mardi 8 mai.
Hasbaya : mercredi 9 et jeudi 10 mai.
Zahlé : vendredi 11 et samedi 12 mai.
Halba : lundi 14 et mardi 15 mai.
Les éditeurs jordaniens sont les invités d’honneur de cette manifestation qui comprendra une exposition-vente de livres sélectionnés par Qira’at Saghira ; une exposition d’illustrateurs de livres de jeunesse et des finalistes du concours
« Illustrer pour la jeunesse » ;
des animations et des rencontres avec des d’auteurs, ainsi que des lectures...

Pour plus de renseignements, appeler la Maison du livre, rue de l’Université Saint-Joseph, tél. : 01/203104.



Automne 2006
« Bibliobus », la promotion de la « lecture-plaisir » et une troisième bibliothèque municipale sont les priorités d’Assabil
Le livre, pour une meilleure compréhension de l’autre

Nawal Traboulsi (en photo ci-dessus), vice-présidente et directrice d’Assabil, a tenu une conférence de presse le 28 Septembre 2006, à la bibliothèque municipale de Bachoura,
pour une mise au point des projets de cette association des amis des
bibliothèques publiques, née en 1997.
S’adressant aux représentants des bibliothèques de son réseau, venus de différentes régions libanaises, Mme Traboulsi a déclaré: «Nous sommes là, réunis un mois après la fin de la guerre au cours de laquelle nous avons ouvert et nos cœurs et nos bibliothèques aux victimes du conflit, pour dire qu’une autre voie est possible, avec nos différences, que le dialogue est possible et que la vie ensemble est possible. Nous sommes ensemble pour travailler autour d’un même projet qui concerne le développement de notre pays.»
Rappelons qu’Assabil, en association avec le collectif Samidoun, avait mis en place, pendant la guerre, une cellule de soutien psychologique et humanitaire pour les déplacés, leur proposant des activités d’animation, profondément convaincus que le droit au savoir et à la connaissance est un droit pour tous. «C’est en lisant, en nous informant, en rencontrant les autres et en dialoguant dans les espaces ouverts que sont les bibliothèques publiques que nous pouvons apprendre à nous connaître, à nous développer et à vivre ensemble», note la directrice d’Assabil qui indique que l’association articule son action autour de trois projets prioritaires: la création de Bibliobus dans le Sud et dans la banlieue sud, «ces bibliothèques mobiles, vivantes, qui iraient de village en village et d’école en école conter des histoires, présenter et prêter des livres, faire des animations…»; le lancement d’une action intitulée «La bibliothèque publique eu sein de l’école», «ce travail d’initiation à la “lecture-plaisir” et à la recherche documentaire a été réalisé l’an passé avec huit écoles publiques et il a remporté un franc succès. Nous espérons le réaliser cette année avec la participation de 16 écoles publiques et 10 bibliothèques»; et last but not least,
Assabil prévoit l’ouverture d’une troisième bibliothèque municipale
(après Bachoura et Geitawi), dans l’espace Monnot.

Un quatrième projet, encore en veille, concernerait la redynamisation de trois bibliothèques du Sud, dans les villages de Aïtit, Aïta el-Chaab et Babliyé.
Par ailleurs, Assabil a contribué à la mise en place d’une semaine d’ateliers créatifs animés par cinq artistes londoniens. Intitulé «Narrative of Hopes» (Récits d’espoir), ce programme, financé par la Karim Rida Said Foundation et dirigé par l’artiste libanaise Samar Maakaron, s’est adressé à environ 70 enfants, à raison de 20 à 25 par «workshop». Afin de permettre aux plus jeunes d’exprimer leur traumatisme et de retrouver le goût du jeu via des activités ludiques, les cinq artistes ont travaillé les après-midi avec des volontaires de la banlieue sud, les matinées dans les jardins de la bibliothèque municipale de Geitawi et au théâtre Monnot le soir. «Ils ont mêlé histoires et musiques en rapport avec les récents événements, mais ils ont aussi abordé les thèmes du livre et de la narration», précise Mme Traboulsi, qui conclut en remerciant pour leur contribution la OSI Open Institut, la Anna Lindh Foundation, la commission nationale de l’Unesco et la Herindrich Boell Foundation.
Assabil a également profité de cette réunion pour distribuer aux représentants des bibliothèques municipales des aides et des lots de livres.


Août 2006
Appel de bibliothécaires du Liban aux congressistes de l’IFLA
réunis à Séoul du 20 au 24 Août 2006

Les bibliothécaires du Liban ne pourront pas cette année participer en nombre au congrès de l’Ifla. L’agression israélienne sur le Liban, qui est aujourd’hui suspendue, a fait en un mois plus de 5000 victimes tuées ou blessées, des civils pour la plupart dont plus de 30% sont des enfants, détruit en quelques heures toute l’infrastructure du pays, fait subir à une population terrorisée, dont le quart est aujourd’hui déplacé, un blocus par air, terre et mer qui l’étouffe.
Des collègues bibliothécaires ont aujourd'hui perdu leurs maisons, se sont retrouvées déplacées dans leur propre pays et, à l'égal de très nombreuses personnes, ont aujourd'hui perdu leur emploi.

Les répercussions de cette guerre sont graves tant sur le plan économique que social, éducatif, culturel, humain et psychologique, un nombre d’entreprises et d’institutions ayant été détruites ou ayant dû fermer leurs portes.
Le Liban connaissait depuis l’année 2000 une dynamique pour la création et l’animation de bibliothèques publiques avec un réseau de soixante dix bibliothèques. Aujourd’hui 30 bibliothèques publiques sont fermées ou détruites. Sans compter les bibliothèques scolaires et universitaires, ainsi que les écoles elles-mêmes, abandonnées ou détruites ou transformées en refuges pour les familles déplacées. Des centres culturels et de documentation, mémoire du pays, ont été bombardés et détruits.
La Bibliothèque Nationale du Liban a connu déjà les ravages de 16 années de guerre. Tous les efforts pour remettre sur pied cette institution risquent aujourd’hui de s’avérer inutiles, et l’équipe risque de se disperser, les contrats de travail ayant été suspendus.
Face à cette agression, les bibliothécaires du Liban cherchent à répondre aux besoins nouveaux imposés par le déplacement forcé des populations. Dans les lieux moins exposés, dans les montagnes, les bibliothèques qui ont pu rester en activité ont vu leurs espaces investis par un nombre considérable d’ « usagers ». Dans les écoles et jardins transformés en refuges précaires, des volontaires organisent des animations pour ces enfants traumatisés. Un mouvement de solidarité parmi les bibliothécaires français a déjà permis l’achat d’une partie du matériel nécessaire à ce travail.
Nous appelons les associations de bibliothécaires dans le monde à prendre position contre la destruction d’un pays connu pour son dynamisme, son rayonnement culturel au sein du monde arabe et sa diversité que reflètent son réseau de bibliothèques, et à s’engager dans toute action qui concoure au maintien des cessez le feu et au respect des frontières afin qu’à l’avenir nous ne voyions plus une fois de plus détruit ce que nous aurons reconstruit.
Nous invitons les collègues bibliothécaires à manifester leur solidarité morale et matérielle avec les bibliothèques du Liban qui peuvent constituer un instrument précieux pour la paix et la tolérance.

Tous ensemble nous devons œuvrer pour que soit trouvée une solution durable qui permette au peuple libanais de vivre dans la paix et la dignité.
Un blog a été lancé pour informer sur la situation des bibliothèques du Liban : http://bibliban.over-blog.com.

Signataires:
Marie Helène Bastianelli (mise à disposition du Ministère de la Culture du Liban) , Hala Bizri (Bibliothèque Nationale du Liban), Ismail Chahine (Bibliothèque de Hermel) , Sawsan al Habre (Lebanese American University), Hilda Nassar (Saab Medical Library, American University of Beirut, IFLA / RSCAO Information Coordinator), José de Raulin (Bureau du livre, Ambassade de France au Liban), Maud Stéphan (Université Libanaise), Elsa Zakhia (Institut Français du Proche-Orient).

Contact :
Laure LAHAYE
(Rola YAHYA)
Chargée de collections
Responsable de la Littérature du Proche-Orient
Bibliothèque nationale de France
Quai François Mauriac
75013 Paris
Francetel 33 (0) 1 53 79 52 65
cellulaire 33 (0) 6 20 93 16 65

Un blog au secours des bibliothèques libanaises

Juillet-août 2006. Alors que les avions israéliens s’acharnent à démolir les ponts et l’infrastructure du Liban, de nombreux Libanais relèvent le défi de construire des passerelles. Des passerelles virtuelles qui prennent souvent la forme d’un blog,
parfait outil de communication national et international, surtout en temps de blocus tous azimuts.
Parmi les initiatives à retenir et qui continuent aujourd’hui à porter leurs fruits, Bibliban, http://bibliban.over-blog.com/ un blog créé par un groupe de bibliothécaires libanais et français dans le but de rassembler les informations sur les dégâts causés par les attaques israéliennes contre les infrastructures culturelles,
et plus particulièrement les bibliothèques.
Ce blog se propose aussi de rassembler les initiatives privées ou publiques destinées à réhabiliter et développer ces centres de lecture et de documentation.
«Créé dans l’urgence, durant la période de guerre qu’a vécue le Liban, ce blog était notre initiative militante à nous. Il se proposait au début de sensibiliser aux dégâts causés par les opérations militaires israéliennes contre les infrastructures culturelles libanaises et de devenir un instrument de communication pour les bibliothèques détruites, notamment pour les besoins en aide qu’elles requièrent», précise Marie-Hélène Bastianelli, experte française mise à disposition du ministère de la Culture et une des signataires de Bibliban. Le collectif compte également parmi ses membres: Hala Bizri (Bibliothèque nationale du Liban), Ismaïl Chahine (Bibliothèque de Hermel), Sawsan el-Habre (Lebanese American University), Hilda Nassar (Saab Medical Library, American University of Beirut, IFLA / RSCAO Information Coordinator), José de Raulin (Bureau du livre, ambassade de France au Liban), Maud Stephan (Université libanaise) et Elsa Zakhia (Institut français du Proche-Orient).
«Le blog a reçu un accueil qui a dépassé nos espoirs. De nombreux messages de solidarité et des offres de soutien nous sont parvenus», indique Maud Stephan.
Un dossier, comprenant une estimation financière des dommages et des besoins et l’élaboration d’un projet de réhabilitation et de réactivation des bibliothèques touchées par l’agression, est actuellement mis en ligne.
On apprend ainsi que 33 (sur 70) bibliothèques ou Clac (centres de lecture et d’animation culturelle) ont été fermés ou détruits.
Le blog mentionne aussi que les bibliothèques épargnées ont eu un rôle social clef: «La bibliothèque est alors devenue un lieu privilégié pour passer le temps, tant pour les déplacés que pour les habitants eux-mêmes. Certaines bibliothèques ont connu un nombre record de visiteurs pendant cette période (trois fois plus que d’habitude) et aussi un nombre record de prêts à domicile (multiplié par 4). Les ouvrages les plus demandés étaient les romans, les livres politiques, les ouvrages concernant les religions, ainsi que des livres de culture générale.» Certaines sont devenues «des centres d’informations», d’autres ont entrepris des «activités diverses» en faveur des enfants notamment.
En plus d’une carte des lieux sinistrés, le blog lance un cri d’alarme aux congressistes de l’IFLA (qui s’est tenu à Séoul du 20 au 24 août).
Dans le message envoyé aux congressistes, Maud Stephan indique que «le Liban connaissait depuis l’année 2000 une dynamique pour la création et l’animation de bibliothèques publiques avec un réseau de soixante-dix bibliothèques. Aujourd’hui, 30 bibliothèques publiques sont fermées ou détruites. Sans compter les bibliothèques scolaires et universitaires, ainsi que les écoles elles-mêmes, abandonnées, détruites ou transformées en refuges pour les familles déplacées. Des centres culturels et de documentation, mémoire du pays, ont été bombardés et détruits.
«La Bibliothèque nationale du Liban a connu déjà les ravages de 16 années de guerre. Tous les efforts pour remettre sur pied cette institution risquent aujourd’hui de s’avérer inutiles et l’équipe risque de se disperser, les contrats de travail ayant été suspendus.» Le collectif Bibliban invite ainsi leurs collègues ou autres mécènes à manifester leur solidarité morale et matérielle avec les bibliothèques du Liban «qui peuvent constituer un instrument précieux pour la paix et la tolérance».

Service d’abonnement annuel
La lecture à portée de tous chez Stephan

Installés depuis cinquante ans à Furn el-Chebbak et depuis près de dix ans à Achrafieh, les espaces de la librairie Stephan n’ont pas fermé leurs portes durant les événements douloureux qu’a traversés le Liban et sont restés au service d’une clientèle avide de lecture. C’est ce qui explique le redémarrage rapide de leurs activités qui s’est opéré naturellement après la cessation des hostilités. Dans ce pays, quand la tempête s’apaise, le soleil brille encore plus fort.
«Nous n’avons pas chômé un seul jour», affirme Rania Stephan, responsable de la librairie, située à Achrafieh depuis 1998. Notre seul souci était de demeurer au service de cette clientèle qui a sans cesse réaffirmé son assiduité et de perpétuer la tradition. Durant les trente premières années de guerre, mes parents n’ont jamais fermé la librairie à Furn el-Chebbak. Rester fidèle à ce combat qu’ils ont mené tous deux contre l’inactivité et la paralysie de l’esprit a été mon moteur durant cette récente crise meurtrière.»
Fondée en 1956, la librairie Stephan n’a fait là que confirmer une volonté indéfectible d’aller de l’avant et d’anticiper parfois les souhaits des lecteurs, s’adaptant à leurs besoins. C’est dans cet esprit-là que le concept de location de livres a été créé, afin de déjouer les fluctuations économiques qui accablaient le lecteur. Les plus récentes parutions sont désormais à la portée de tous à un prix dérisoire. Cette formule, qui s’est avérée très réussie, a d’ailleurs fait les beaux jours de tous ceux qui désiraient, durant la guerre, se réfugier dans la lecture.
Entre-temps, les locaux d’Achrafieh, qui s’étaient enrichis durant ces dernières années d’un fonds unique de bandes dessinées pour tous les goûts, offraient aux jeunes et aux adultes toutes les possibilités d’évasion. Des mangas aux «fantasies», en passant par les BD réelles et policières, l’atmosphère du local aménagé à cet effet est un vrai régal.«J’ai créé ce fonds parce qu’il y avait un manque évident, au Liban, au niveau de la BD et que la demande était trop forte, confie Stephan. Notre librairie a toujours essayé de sortir des sentiers battus et la BD est devenue un “plus” qui nous démarque.» Aujourd’hui, ces efforts ont été gratifiés par un courrier d’auteurs qui ont tenu à nous exprimer leur soutien durant la guerre et à nous encourager à persévérer.

Colette KHALAF pour L'Orient- Le Jour


7 Novembre 2005
COLLOQUE : pour une politique du livre et de la lecture au Liban
Concertations entre professionnels de l’édition et ministère de la Culture

Éditeurs, distributeurs, libraires, bibliothécaires, auteurs ont participé, hier, au colloque organisé par le ministère de la Culture au palais de l’Unesco, sur le thème de la politique du livre et de la lecture au Liban.
Des représentants de tous les maillons-clés de la chaîne du livre se sont donc réunis autour du ministre de la Culture, M. Tarek Mitri (en photo ci-dessus), pour débattre de la situation du livre et de la lecture et des moyens d’engager une politique réellement efficace dans ce domaine.
On le sait, l’édition et le livre au Liban souffrent de nombreux problèmes : désintéressement dû à l’absence de publicité et d’émissions spécifiques, coût de production, piratage, fraude et violation des droits d’auteurs, censure et exiguïté du marché arabe…
Dans son discours d’ouverture des travaux du colloque, M. Mitri a indiqué que son ministère, qui veille à consolider le partenariat avec les bibliothèques, les Clacs et les librairies, « veut cerner les priorités et élaborer les stratégies d’une politique de promotion du livre ».
Signalant que cette réunion a été précédée « d’études sur le terrain, de nombreux ateliers et d’un cumul d’informations sur les raisons du manque de lecture qui nous ont permis de faire un diagnostic sur la situation du livre », il a affirmé que « les maux de la culture au Liban sont liés aux problèmes de développement et à la crise économique. L’édition au Liban fait face à plusieurs difficultés : la concurrence arabe, le manque de soutien de la part de l’État, les problèmes de piratage, etc.
Il s’agit donc pour nous ici réunis de fixer les secteurs dans lesquels nous pouvons réaliser un changement à court terme. À savoir, la garantie des droits d’auteurs, l’aide à la publication, la lutte contre le piratage, le support aux librairies et bibliothèques. C’est pourquoi nous voulions vraiment une participation de toutes les parties concernées par le livre et la lecture.

Une situation actuelle difficile
Cette concertation doit également créer les bases d’une consultation multipartite et dépasser les limites de la pensée sectaire », a ajouté le ministre, « car ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est l’engagement au travail pour que Liban balise des ponts dans le domaine du livre entre la culture arabe et les cultures du monde ».
Traitant de « La problématique du livre et de la lecture au Liban », Sélim Nasr, expert consultant au PNUD, a axé son intervention sur certains aspects essentiels de ce domaine. « Le livre a joué un rôle important dans la constitution du Liban moderne (…). Le Liban contribue à hauteur de 60 % de la production du livre arabe. Ce secteur qui fait face actuellement à une crise en raison de facteurs externes (comme la compétition arabe, des obstacles de réglementation, etc) et internes (la crise économique, l’absence du rôle organisateur de l’État…) a besoin de soutien, d’expansion et de développement des capacités et des ressources humaines pour que l’édition représente à nouveau un secteur capable de contribuer à la relance de l’économie.»

Suggestions
M. Nasr a également émis quelques suggestions relatives à l’édition. « Il faut profiter des nouvelles techniques pour passer d’une mentalité de production de masse à une mentalité de production d’adaptation. Dans un monde en changement, les éditeurs libanais sont amenés à rénover leurs techniques de travail. Il est également important de faire la différence entre la compétition et la coopération : former des groupes d’éditeurs et élaborer des réseaux d’alliances. Faire la promotion du livre et de la lecture en se basant sur des sondages et des études statistiques précises menées en relation avec les maisons d’édition. »
Des recommandations à examiner avec grand intérêt. Et qui offriraient peut-être des solutions à la situation actuelle difficile de la production et de la diffusion du livre. Laquelle a été débattue en long et en large par les auteurs, éditeurs, libraires, distributeurs et responsables de bibliothèques publiques réunis.


25 Novembre 2004

Assabil inaugure la deuxième bibliothèque publique à Geïtaoui

La lecture dans un jardin...

Ce sont les petits ruisseaux, dit-on, qui font les grandes rivières. Assabil (ruisseau en arabe), l’Association des amis des bibliothèques publiques, tisse petit à petit sa toile. Après avoir créé la première bibliothèque municipale à Bachoura, voilà le deuxième bébé qui voit le jour au jardin des Jésuites. Inaugurée officiellement il y a une dizaine de jours, en présence du mohafez de Beyrouth, Yaacoub Sarraf, du président de la municipalité, Abdel Menhem Ariss, de plusieurs conseillers municipaux, mais aussi de centaines d’amis, de parrains, d’amoureux du livre, la bibliothèque du jardin sera ouverte au public le 1er décembre. Le temps de finaliser les installations et d’achalander les étagères. Dans le jardin des Jésuites, derrière un terrain de jeux aménagé pour les enfants, une petite construction aux façades de verre et à la toiture d’argile. L’intérieur est coloré, bien éclairé, mais les étagères restent à moitié vides. Les préparatifs vont bon train pour accueillir les premiers rats de bibliothèque. Déjà, les promeneurs du jardin frappent à la porte pour s’informer sur les modalités de consultation. «La bibliothèque est ouverte tous les jours de 9h à 13h, et les mercredi, vendredis et samedis, de 15h à 19h, précise Nawal Traboulsi, présidente d’Assabil. Cette ouverture à temps partiel a été adoptée parce que nous n’avons pas les moyens de payer les employés à temps plein », explique-t-elle. Comme sa grande sœur de Bachoura, cette bibliothèque obéit aux principes définis par l’Unesco: gratuité des livres, accès ouvert à tous les citoyens, prêt à domicile et absence de censure. Mais elle se distingue par son cachet écologique. En effet, nombre de livres traitant de ce sujet seront disponibles, et les activités prévues seront en relation avec l’environnement.

Savoir universel
Formée principalement de bibliothécaires, pédagogues et enseignants, l’association axe son action sur la mise en place de bibliothèques, mais aussi la formation de bibliothécaires capables de dynamiser ces espaces, d’aller vers le grand public, d’organiser autour des livres des animations adressées aux enfants et aux adolescents, de créer des relations de collaboration étroite avec les écoles du voisinage. Assabil part du principe que les bibliothèques publiques sont un service qui doit être assuré à tous sans distinction. « L’accès au savoir universel, la transmission de la mémoire et la conservation du patrimoine documentaire sont des corollaires de la démocratie», note la présidente. Et ce, pour que le goût de lire ne se perde pas chez les jeunes, pour que le droit à l’information devienne une réalité au pays de l’alphabet, pour que les citoyens de demain ne grandissent pas dans des établissements scolaires privés de livres, pour que s’établissent dans les quartiers de la ville des lieux de convivialité à la fois sociale et culturelle, et enfin pour que la capitale se dote de bibliothèques publiques, gratuites et laïques. Afin de développer la lecture publique, Assabil a réussi à former un réseau, en collaboration étroite avec 24 autres bibliothèques disséminées dans des régions souvent défavorisées. Deux grandes lignes directrices structurent son action.
D’une part, organiser régulièrement des formations techniques et documentaires aux futurs bibliothécaires (indexation, classement, animation autour d’un livre ...), faisant souvent appel à des intervenants étrangers. D’autre part, assurer la distribution des livres. C’est précisément une livraison d’environ 40000 ouvrages que Assabil vient de réaliser. Destinés à une quarantaine d’associations, centres, bibliothèques et écoles publiques, ces livres ont été offerts par les associations françaises Biblionef et Adiflor, leur transport étant financé par le Centre culturel français. Le perimètre de ce nouveau local doit s’orner, au printemps prochain, de bougainvilliers et de jasmins, ainsi que d’un espace de lecture à l’extérieur et d’un patio sous lequel sera installée une grande table pour accueillir les enfants.
Pour conclure, Nawal Traboulsi tient à remercier principalement le conseil régional d’Île-de-France «qui soutient à fond les bibliothèques publiques de Beyrouth.
Avec leur aide, nous avons pu nous procurer tout l’équipement en meubles, matériel informatique et audiovisuel, ainsi que les livres. La fondation Hachette a également aidé dans les travaux de restauration en offrant les tables et les chaises. Le service culturel de l’ambassade de France a offert des livres et des abonnements à des périodiques, la fondation Ousseimi nous soutient dans les animations, et Gaby Wardé a offert les rideaux. Sans oublier la municipalité qui nous fournit le local».
La lecture dans un jardin semble déjà un concept qui marche car Assabil, qui s’est engagée auprès de la municipalité à ouvrir encore 10 autres bibliothèques de ce genre, convoite d’autres espaces verts de la ville.

Maya GHANDOUR HERT
pour L"Orient Le Jour


21 Mai 2004
Rencontres autour des bibliothèques nationales:
Pour sauvegarder la mémoire et le patrimoine intellectuel du Liban



Allocution de Mme Maud Stéphan-Hachem, professeur à l’UL,
responsable du projet de réhabilitation de la BN de 1999 à 2003

« La bibliothèque nationale : une vision, une politique et un concept ».
Tel est le thème du congrès organisé par le comité de réhabilitation de la bibliothèque nationale du Liban, un projet relevant, on le rappelle, du ministère de la Culture et financé par la Communauté européenne. Inauguré hier, à l’hôtel Rotana-Hazmieh, en présence du ministre de la Culture Ghazi el-Aridi, du chef de la délégation de la Commission européenne Patrick Renauld et de nombreux représentants de bibliothèques nationales de plusieurs pays (Grande-Bretagne, Québec, France, Arabie saoudite, Égypte, Syrie, Koweït…), ce congrès vise à souligner l’importance du rôle de la bibliothèque nationale dans la sauvegarde de la mémoire et du patrimoine intellectuel d’un pays. Les participants y explorent également les divers moyens qui permettent de développer les collections des bibliothèques et les meilleures politiques bibliographiques. Nada Itani, directrice du projet de réhabilitation de la BN du Liban, a entamé la séance inaugurale par un mot de bienvenue dans lequel elle a tenu à rappeler l’importance d’une nouvelle politique de gestion de l’information et des technologies informatiques. « Au cours des ces rencontres, nous profiterons de l’expertise et de l’expérience des institutions représentées ici », a-t-elle indiqué. Maud Stéphan-Hachem, professeur à l’UL, responsable du projet de réhabilitation de la BN de 1999 à 2003 et conseillère du ministre de la Culture de 2001 à 2003, a ensuite prononcé une allocution intitulée « La Bibliothèque nationale, entre les aléas de l’histoire et l’acharnement des uns », un titre qui illustre parfaitement l’histoire de cette institution qui a été depuis le début de son histoire le rêve de chercheurs, de bibliophiles et d’intellectuels ... à commencer par Philippe de Tarazi puis les autres qui ont œuvré contre les fatalités de la guerre. Stéphan-Hachem a passé en revue l’état des collections lors de l’inventaire effectué en 1999. « L’inventaire des centaines de caisses déjà ouvertes démontre que la collection d’avant 1975 était constituée à plus de 50% de livres étrangers ; de là l’importance de la coopération avec les bibliothèques du monde pour les échanges de notices et de documents. Les livres arabes sont publiés au Liban et en Égypte. Ils représentent la production intellectuelle libanaise et arabe de la première moitié du siècle. Le rôle patrimonial de la BNL devrait donc mobiliser l’ensemble des pays arabe », a estimé la conférencière. Elle a ensuite évoqué les difficultés et les contraintes, les urgences dans le sauvetage des livres, le processus de désinfection (qui a eu lieu en avril 2000), le lancement du projet par le ministre Ghassan Salamé. Mme Stéphan-Hachem a énuméré les composantes du projet : l’édification de l’institution publique, la formation des cadres, le sauvetage et le développement des collections, le développement de la lecture publique et la préparation du site définitif. L’ancienne responsable du projet de réhabilitation de la BNL a conclu en proposant quelques pistes de réflexions sur le rôle attendu de la future BNL, en insistant sur la nécessité d’un cadre juridique qui dote cette dernière d’un statut d’établissement public. En faisant allusion à ce congrès, le ministre Ghazi el-Aridi a, pour sa part, insisté sur l’importance de telles rencontres qui favorisent la collaboration entre les bibliothèques de diverses régions du monde. « Nous encourageons l’ouverture et l’interaction avec tous ceux qui sont impliqués dans le domaine culturel. La variété et le dialogue dans ce domaine sont prépondérants, a déclaré le ministre, en ajoutant que pour lui, la mondialisation est un projet humanitaire qui rassemble les hommes, fédère leurs énergies créatrices en faveur d’idées créatrices bénéficiant l’humanité. » « En Irak, 10 000 pièces restent manquantes à la collection des musées. Les bibliothèques ont également été saccagées. Pourquoi, et qui en est responsable. À Beyrouth, les milices ont fait le plus grand tort aux collections de la BN. Mais en Irak, ce sont les mercenaires US qui font le plus grand tort à l’humanité et au peuple de l’ancienne Mésopotamie. » Après la séance inaugurale, les participants ont effectué une visite des locaux provisoires de la BN à la zone franche du port de Beyrouth, où est installée, depuis décembre 2002, l’équipe chargée de traiter et répertorier les titres.
Deux journées chargées, les 21 & 22 Mai
Deux tables rondes ont eu lieu le 21 Mai. La première, intitulée « Mission et définition d’une bibliothèque nationale », a réuni Marie-Claire Germaud, de la Bibliothèque nationale française, et Graham Shaw, de la British Library. Lise Bissonnette, de la bibliothèque du Québec, a évoqué la coopération entre les bibliothèques de son pays, et Patrick Villa, de l’Université de Bristol (Grande-Bretagne), a présenté une étude comparative entre plusieurs bibliothèques nationales connues. Layla Abdel Hadi (Bibliothèque d’Alexandrie) et Wafa el-Saneh (Bibliothèque nationale du Koweit) ont conclu la journée en présentant l’expérience de leurs institutions respectives. Au programme d’aujourd’hui, une intervention sur les bibliographies dans le monde arabe par Mohammed Fathi Abdel Hadi (Dar el-Kotob el-Qawmiyyah- Caire) et une sur l’indexation unifiée en arabe par Abdel Karim Zeid Saleh el-Masnad (Bibliothèque du roi Fahd - Arabie saoudite). Sous le thème du développement des collectivités entre bibliothèques, des interventions de Ali ben Souleiman el-Soueiyegh (Bibliothèque du roi Fahd) et de Najoua Haffar (bibliothèque du président Assad - Syrie).

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Avril 2004
Notre consoeur Maria Chakhtoura spécialiste de la culture pour le quotidien l'Orient Le Jour a réalisé une enquête fort intéressante auprès des bibliothèques publiques libanaises pour évaluer la vigueur de l'activité de la lecture chez ses concitoyens; les conclusions sont plutôt rassurantes >>>

La lecture au mieux de sa forme, grâce aux bibliothèques publiques

Qu’on se rassure, la lecture se porte encore bien au Liban. Non, l’envie de lire ne s’émousse pas et les nouvelles techniques n’ont pas supplanté le livre, même si... C’est, du moins, ce que dégage une enquête-express réalisée auprès de bibliothèques publiques à Beyrouth, Saïda, Zahlé, Batroun, de centres culturels étrangers ainsi que de particuliers et de directeurs d’écoles. Ce que les librairies perdent en clients, ce sont peut-être les bibliothèques publiques qui les gagnent, semble-t-il. N’est-ce pas normal en période de crise ? Avec le temps, la guerre et les conséquences qui les accompagnent, c’est davantage le comportement du lecteur qui a changé, s’adaptant à de nouvelles donnes. C’est aussi un autre genre de lecture qui s’est imposé, du moins à une catégorie de lecteurs, particulièrement les jeunes, en raison de la variété des genres qui leur sont proposés. De nouvelles habitudes se sont installées. Dans ce nouveau contexte, les bibliothèques publiques (soutenues généralement par les municipalités ou des associations privées) prennent de plus en plus de place dans la vie des lecteurs qui se présentent en deux catégories : ceux qui n’ont plus les moyens de se payer les livres et qui se font à l’idée de se diriger vers une bibliothèque publiques et les autres, les jeunes que l’on initie à la lecture encore tout petits et qui prennent de bonnes habitudes. Et les bibliothèques publiques deviennent un lieu de rencontre et d’échange pour grands et moins grands. Seul bémol de cette enquête, Tripoli, où le directeur de la Rabita Sakafia affiche son pessimisme quant à ce sport culturel remplacé par les nouvelles technologies, d’après lui. Un tour d’horizon a permis de recueillir des informations aussi intéressantes que réconfortantes. Najwa Assaf, de la bibliothèque municipale de Beyrouth (Assabil, Zokak el-Blat) est surprise par l’affluence quotidienne des lecteurs, jeunes et moins jeunes (140 par jour). « Ils ont une gourmandise de lecture », dit-elle. À la bibliothèque du CCF de Beyrouth, ils sont environ 300 à fréquenter ses salles quotidiennement. « 45 000 personnes défilent par an à la bibliothèque publique de Baakline, dotée de près de 100 000 ouvrages et 250 périodiques », affirme Ghazi Saab, le responsable. La plus petite des bibliothèques publiques (BP), celle du Cercle de dialogue de Batroun créée par des jeunes pour d’autres jeunes, accueille une cinquantaine de visiteurs par jour, généralement des étudiants qui viennent pour la recherche. Cela, sans compter les classes entières qui passent, selon un programme établi à l’avance, et les samedis, jours d’affluence record pour des raisons évidentes.

Des espaces de rencontre
Tous les étudiants considèrent les bibliothèques publiques comme des centres d’information et de documentation. Ils viennent surtout consulter ou emprunter des livres utiles, didactiques. Les moins jeunes, par contre, s’intéressent aux romans, livres historiques ou politiques. Même les mamans qui viennent prendre quelque chose pour leurs enfants ou pour accompagner ces derniers sont tentées et finissent par mordre à l’hameçon. Il y a aussi les périodiques. Toutes les bibliothèques sont bien équipées de ce côté-là. Les gens ne savaient pas vraiment ce qu’était une BP et, en la découvrant, ils découvrent par la même occasion leur droit à une lecture gratuite ou presque. Elles se développent de plus en plus et le nombre de lecteurs grossit. Si on ne crée pas des nouveautés et des activités, ces endroits seront désertés, souligne Nida’a Ghazal de la BP Maarouf Saad de Saïda. Assabil, par exemple, fait des petits et ouvre dans d’autres quartiers de Beyrouth. À Zahlé, un projet de deux nouvelles bibliothèques municipales est en chantier, sans compter la principale, qui s’agrandit de 500 m2, ce qui porte à quatre le nombre de ces lieux de culture dans la capitale de la Békaa, explique Nada Marouni, membre du comité. Toutes développent sérieusement le volet enfants avec des activités appropriées. Et puisque la BP devient un espace social et utile, la multiplication de ces espaces passe par le livre. L’ancien ministre Ghassan Salamé avait déjà compris l’importance de l’enjeu et le ministère de la Culture a constitué un réseau qui regroupe aujourd’hui 35 BP partenaires de cette administration qui les soutient de diverses manières. « Avec la multiplicité des nouveautés et des genres de lecture, on lit davantage, affirme Antoine Boulad, directeur d’une grande école. Pour lui, « libraires et BP travaillent ensemble pour faire aimer la lecture. Cela paraît antagoniste, mais tout ce qui sauve le livre ne peut avoir que des retombées positives sur tous ». En fait, si les amoureux du livre deviennent de plus en plus nombreux, ne constituent-ils pas les futurs clients des librairies ? Reste les groupes de lecture. Très anciens ceux-là. Des personnes de professions différentes qui se retrouvent régulièrement pour discuter d’ouvrages lus. Ils constituent un fonds commun de livres renouvelables, sur propositions des uns et des autres. En 1995, on conseillait d’acheter une encyclopédie très connue parce que, disait-on, c’était la dernière édition. En 2002, cette même encyclopédie était rééditée de nouveau. C’est dire que le livre semble avoir de beaux jours devant lui, avec cette bonne odeur de l’encre et du papier. Irremplaçable.


26-27 Mai 2003
25e congrès du Melcom, organisé par la Bibliothèque orientale et l'Orient Institut Le patrimoine écrit irakien dans la tourmente, crainte et espoir pour le livre libanais

Quelle est la situation des bibliothèques au Liban ? Comment adapter les nouvelles technologies dans ce domaine ? Comment se fait l'étude des manuscrits et des collections rares dans les différents pays ? Quel va être le sort des bibliothèques et archives en Irak ?
Des questions aussi diverses que cruciales sont au programme du 25e congrès annuel du Melcom (Association européenne des bibliothécaires du Moyen-Orient) inauguré hier au théâtre Monnot.

Il est organisé par l'Orient Institut der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft et la Bibliothèque orientale de l'Université Saint-Joseph. Les conférences auront lieu dans les deux institutions. La séance inaugurale s'est déroulée en présence de l'ancien ministre de la Culture, M. Ghassan Salamé ; du recteur de l'USJ, le RP Sélim Abou ; ainsi que de MM. Manfred Kropp, directeur de l'Orient Institut ; Arnould Vrolijk, président du Melcom ; Wolf-Dieter Lemke, du Orient Institut et Mme May Semaan Seigneurie, directrice de la Bibliothèque orientale. " Une longue tradition de coopération lie l'Orient Institut et la Bibliothèque orientale, a souligné le recteur Abou. Elle a été renouvelée dans les années 90 et fait partie d'un traité de coopération entre l'Orient Institut et l'Université Saint-Joseph. " Les deux institutions possèdent des fonds souvent complémentaires et s'intéressent aux mêmes domaines du savoir, d'où leur coordination dans les domaines de l'acquisition et des échanges ", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il apprécie tout particulièrement le fait que les organisateurs aient consacré la première partie du colloque au sort des bibliothèques en Irak. " C'est un problème grave et qui nous concerne tous dans la mesure où toute atteinte à un patrimoine culturel est une atteinte à la civilisation humaine. " La première table ronde était ainsi consacrée au sort du patrimoine écrit irakien qui a subi des dommages irréparables après les pillages qui ont suivi la chute du régime de Saddam Hussein et l'entrée des troupes américaines le 9 avril. À la tribune : Geoffrey Roper, de la bibliothèque de l'Université de Cambridge et Sjoerd Koopman, représentant de l'IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques).
Roper a d'abord cité deux rapports : le premier, un aperçu sur l'état des bibliothèques et dépôts d'archives irakiens par Édouard Méténier de l'Ifapo de Damas. Et le second signé par Graham Shaw, de la British Library. Ces rapports font état du sérieux de la situation. Il en existe d'autres, a noté le conférencier, insistant sur leur diversité et leurs informations parfois contradictoires. " En réalité, nous ne savons pas ce qui s'est vraiment passé. On pensait que les manuscrits islamiques avaient été brûlés. Mais l'on vient d'apprendre qu'ils étaient regroupés depuis 1988 dans la bibliothèque de Saddam (Dar Saddam lil mahfouzat). Cette collection de près de 40 000 pièces se trouve donc actuellement à l' abri. " De plus, le directeur général de l'Unesco annonçait la semaine dernière qu'une équipe de quatre experts envoyée à Bagdad avait noté que les chiffres avancés entre 60 000 à 70 000 pièces volées du musée de la ville étaient inexacts. Il semble à présent qu'il y en ait eu moins de 1 000. " Tout cela reste très flou. L'idéal serait de pouvoir envoyer un spécialiste sur le terrain pour recueillir des informations exactes sur l'état des choses ", a conclu M. Rooper en se disant prêt à toutes les suggestions. M. Koopman a ensuite pris la parole pour exposer les objectifs de l'IFLA. Il a présenté le programme Bouclier bleu, constitué par les ONG représentant les archives (ICA), les bibliothèques (IFLA), les monuments et les sites (ICOMOS) et les musées (ICOM). Toutes les parties concernées se sont engagées à faire tout leur possible afin de protéger le patrimoine culturel irakien et empêcher des dommages supplémentaires. Les États-Unis se sont attiré les critiques des intervenants, car lors des pillages, les troupes américaines n'étaient pas intervenues pour protéger les collections riches de quelque 170 000 pièces. Mais, l'on s'en doute, le sujet n'est pas clos. Les participants ont proposé de regrouper les suggestions dans un plan d'action à publier avec les recommandations du colloque. Par ailleurs et toujours à propos de l'Irak, à noter la projection, ce soir, à 19h, d'un film d'Amal al-Jubouri et Jawad al-Hattab.
Travail fastidieux " Le projet de la Bibliothèque nationale du Liban " :
c'est avec ce sujet, aussi passionnant qu'alarmant, que Maud Stephan-Hachem, responsable du projet de réhabilitation de la Bibliothèque nationale, a ouvert la deuxième série de conférences qui s'articulaient autour du thème " Situation de la bibliothèque au Liban ". Évoquant " les difficultés à rebâtir une bibliothèque nationale détruite ", elle brosse un panorama détaillé de l'entreprise de reconstruction, commencée dès 1991 et poursuivie jusqu'à aujourd'hui, avec l'espoir d'être achevée en 2006. Avec une minuscule équipe de huit personnes, 11 000 ouvrages ont été triés, nettoyés, leurs couvertures digitalisées et des informations sommaires sur les livres ont été saisies. Le travail à effectuer est encore lourd et fastidieux, et la conférencière rappelle quelques handicaps de taille : l'absence d'inventaire pour la collection moderne, répartie en quelque 34 000 caisses largement endommagées par les déménagements successifs ; l'inexistence d'une structure administrative reconnue ; absence d'équipe qualifiée. Elle conclut en rappelant que " depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, les travaux engagés sur le site provisoire de l'école de droit de l'Université libanaise, à Sanayeh, ont été interrompus. De plus, la Commission européenne doit tenir son engagement de signature de convention financière. " Espace et lacunes Antoine Saliba, quant à lui, a évoqué " La Bibliothèque orientale : histoire et orientations actuelles ". Les principales difficultés de cette institution, fondée en 1880 à Ghazir par le père Louis Cheikho et qui contient 200 000 titres dans les domaines, entre autres et pour les plus importants, de l'histoire, de la religion et de l'archéologie, concernent d'une part la protection des manuscrits, une opération commencée en 2000 par une désinfection générale ; la redistribution des fonds d'autre part, avec une protection préventive des ouvrages. Alors que l'informatisation des données a débuté dès 1992, Antoine Saliba relève les deux efforts à effectuer le plus rapidement possible : la gestion de l'espace, qui devient de plus en plus étroit, ainsi que le rattrapage des lacunes de mise à jour de la collection moderne, présentes depuis près de 25 ans. Le millénaire de la bibliothèque de l'AUB Beaucoup plus enthousiaste et sereine a été l'intervention de Samira Rafidi Meghdessian, intitulée " The University Libraries at the American University of Beirut : gearing up for the millenium " (les bibliothèques académiques de l'AUB : en route pour le millénaire).
À la pointe de la technologie pour des milliers d'étudiants, de professeurs et de chercheurs, la bibliothèque académique de l'Université américaine est une des plus grandes de la région arabe. Comme ses collègues, la responsable de ces institutions relève le manque évident de bibliothécaires et d'assistants (l'équipe actuelle comprend à peine 20 personnes), mais souligne l'avance prise dans les domaines de la conservation, de l'archivage et du renouvellement des fonds, allant de pair avec une informatisation massive qui se fait forte de mettre un maximum de documents à la portée du plus grand nombre (par exemple, à travers l'adresse Web http://www.staff.aub.edu.lb/˜webjafet/special.html
Comme le souligne la conférencière, " l'un des buts principaux de l'institution est de servir d'intermédiaire entre le local et l'international, grâce à une digitalisation des documents, devenue pour nous prioritaire ".
Le programme du 27 Mai
- 9h-10h45, " Études de manuscrits et ouvrages rares " : Tilman Seidensticker (Université de Jena, Allemagne), " Le développement des miniatures du Coran " ; Zeina Genadry (Bruxelles), " Une reliure laquée de Herati " ; OlgaYastrebova (Bibliothèque nationale de Russie), " Un manuscrit curieux du XVIe siècle contenant les brouillons de deux textes anonymes " ; Cihan Okuyucu (Université Fatih, Istanbul), " Signification de "Vekayi-i Ali Pasa" de Kelami selon le point de vue de la poésie classique turque ".
- 11h-12h15, " Études de manuscrits et ouvrages rares " : Kamaruzzaman Yusoff (Université nationale de Malaisie), " "Zubdat ikhtisar tarikh Misr al-mahrusa" et le fragment, retrouvé à Paris, de l'histoire de l'Égypte ottomane du XVIIe siècle " ; Stoyanka Kenderova (Bibliothèque nationale, département oriental, Bulgarie), " La bibliothèque d'Osman pacha, wali de Beyrouth et de Saïda " ; Jamileh Osti (Centre de documentation et des études orthodoxes antiochiennes, Balamand), " Le catalogage et l'accès aux archives de l'évêché des grecs-orthodoxes de Beyrouth ".
- 14h-15h15, " Études de manuscrits et ouvrages rares " : Sebah Muhssin (Université de Benghazi, Libye), " Conservation et restauration des collections de manuscrits et des archives dans les bibliothèques et les centres d'archives à Bagdad " ; Youssef Zeidan (Bibliothèque Alexandrina, Égypte), " Héritage des projets de renaissance à la Bibliothèque Alexandrina " ; Asma Fathallah (Bibliothèque Jafet, AUB), " Manipuler avec précaution : les manuscrits dans les bibliothèques de l'AUB ".
- 15h15-16h30, " Études de manuscrits et ouvrages rares " : Souad Slim (Université de Balamand), " Le rôle de l'université de Balamand dans la préservation du patrimoine culturel et religieux des chrétiens arabes du patriarcat d'Antioche " ; Olga Vasilyeva (Bibliothèque nationale de Russie, département des manuscrits), " Manuscrits chrétiens arabes de la bibliothèque nationale de Russie : valeur historique et histoire de son acquisition " ; Katherine Gill (St. John's University, États-Unis), " Le projet en Méditerranée orientale de la Hill Monastic Manuscript Library de l'université St. John ".
- 16h45-18h, " Études de manuscrits et ouvrages rares " : Dmitri Osipov (Centre d'études orientales, Bibliothèque de la fédération russe pour la littérature étrangère, Moscou), " Manuscrits arabes, persans et turcs des collections de Moscou à travers le catalogue électronique " ; Andrew Peacock (Université de Cambridge, Angleterre), " Les manuscrits islamiques (historiques et géographiques) non inventoriés de la bibliothèque de l'université de Cambridge " ; Muhammad Isa Waley (British Library, Londres), " Les trésors cachés de Birmingham ".


Inauguration de l'exposition Gibran
Le mardi 22 avril 2003 à 18 heures

A l'occasion de la Journée Nationale de la Lecture
En partenariat avec le Ministère de la Culture et du Comité National Gibran:


La bibliothèque personnelle de Gibran Khalil Gibran est exposée au grand public pour la première fois depuis 1934 (maquette en grandeur nature) ainsi qu'une exposition de peinture de l'auteur du Prophète.

Bibliothèque Publique Municipale Association ASSABIL
Immeuble des ambulanciers Bachoura, BEYROUTH Tél 01-667701 / 02
e mail: assabil@lb.refer.org


Deux chargés de mission Français à Beyrouth pour évaluer les besoins
au niveau du livre et de la Lecture publique


Jean-Michel Guillon et Claire Castan . (Photo Michel Sayegh)


Beyrouth, 11 Mars 2003
- Jean-Michel Guillon, chargé de mission au ministère français des Affaires étrangères, et Claire Castan, membre de l’Association des bibliothécaires de France et présidente de la Banque régionale du livre en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ont passé une semaine à Beyrouth, à la demande du ministre de la Culture M. Ghassan Salamé, pour, disent-ils « évaluer les besoins et répondre à la vraie demande au niveau du livre sur l’ensemble du pays ».
Forts de leur expérience positive au niveau de ce qu’on appelle en France « La lecture publique », à savoir les réseaux de bibliothèques municipales et départementales (qui couvrent l’ensemble du pays, assurant la gratuité de la lecture pour tous), les deux chargés de mission sont venus rencontrer sur place les différents intervenants et les instances concernées par les bibliothèques publiques et associatives au Liban pour dresser un plan d’action et de coopération entre le ministère français des Affaires étrangères et le ministère libanais de la Culture.
« Les Affaires étrangères ont mis en place une politique de soutien au développement du livre dans certains pays à travers le Fonds de solidarité prioritaire, qui programme des actions échelonnées sur trois-quatre ans, explique Jean-Michel Guillon. Ces projets de coopération concernent le développement de toute la chaîne du livre. Ils ne se limitent pas à apporter le livre dans les localités. Ce sont des projets d’État que l’on signe avec les ministères de la Culture. Ils sont à peu près tous construits de la même manière : on apporte en premier un soutien efficace, de manière à aider l’institution à pouvoir avancer dans sa politique du livre, à avoir un service capable de gérer l’ensemble du réseau sur tout le territoire. » « Un autre appui important, poursuit M. Guillon, réside dans l’aide au développement et à l’extension du réseau existant. Là, notre projet de coopération apporte généralement des fonds documentaires. Il s’agit de livres au sens large. C’est-à-dire d’ouvrages imprimés mais également de matériel audiovisuel, de revues, de CD-Rom, d’expositions, etc. Enfin, la formation étant un élément principal du Fonds de solidarité, nous aidons à former le personnel en place, les bibliothécaires, dans une logique de gestion de bibliothèque, d’animation, de rencontre avec le public, mais aussi de recherche de nouveaux lecteurs. » Jean-Michel Guillon signale une dernière composante: «L’aide au développement périphérique du livre. C’est-à-dire offrir un soutien et une formation aux éditeurs, aux diffuseurs, aux libraires. Instituer des ateliers de créations de livres, notamment de jeunesse, en réunissant des illustrateurs et des écrivains. Et, très probablement, avec la spécificité du Liban, on pourrait faire quelque chose autour de la traduction et du bilinguisme. »
A la rencontre des lecteurs
En matière de mise en place d’un réseau public de lecture, l’exemple peut aussi aider. Mme Claire Castan explique, pour sa part, comment ont évolué les bibliothèques publiques en France. Qui sont, bien entendu, « différentes des bibliothèques scolaires, universitaires, spécialisées ou encore des centres de documentation...» «La bibliothèque municipale a des missions d’accueil de tous les publics, soit gratuitement, soit en contrepartie d’un abonnement modique. Elle donne au lecteur un accès direct à une pluralité de fonds. Depuis le début des années quatre-vingt, elle s’est énormément développée en France. Aujourd’hui, elle couvre l’ensemble du territoire national et fait circuler dans les milieux les plus ruraux des bibliobus », souligne-t-elle. « Il semblerait que le seuil de fréquentation des bibliothèques en France soit en moyenne de 25% de la population d’une commune. Ce qui est assez limité. Depuis quelques années, on s’est rendu compte que les bibliothèques touchaient surtout des gens qui étaient déjà de grands lecteurs. C’est pourquoi elles ont essayé de s’ouvrir, de faire des politiques hors les murs et d’aller à la rencontre des publics qui n’avaient pas accès à la bibliothèque, soit parce qu’ils sont empêchés physiquement: les personnes âgées, les handicapés, les personnes incarcérées, hospitalisées, etc. (portage de livres à domicile, dépôts dans les prisons, animations dans les hôpitaux...), soit pour des raisons de non-pratique culturelle (illettrés et analphabètes). Là, il s’agit d’actions dans les quartiers : bibliothèques de rue (des bibliothécaires arrivent avec des caisses de carton, les déposent au pied d’un immeuble ou dans une cour de cité et commencent à lire des livres aux enfants qui sont là), dépôts dans les crèches, prêts, lectures qui se font dans les familles et même ateliers d’écriture, et rencontres d’écrivains...», ajoute-t-elle. « Ce maillage demande du temps mais permet la conquête de nouveaux publics. Il s’inscrit parfaitement dans la politique du ministère de la Culture en France, qui encourage tout ce qui peut mettre le livre en contact avec le citoyen, le rapprocher au plus près de son lieu d’habitation ou de travail... Tout ce qui peut le rendre le plus accessible possible au lecteur», conclut-elle.



L'Association des Amis des Bibliothèques publiques au Liban

40000 livres actuellement distribués à travers le Liban aux écoles officielles, associations et biblithèques publiques... A l'origine du projet, l'Association Assabil qui gère entre autres activités, depuis bientôt deux ans, la bibliothèque municipale de Beyrouth.

L'Hebdo Magazine a rencontré sa Présidente, Nawal Traboulsi pour nous aider à mieux connaitre l'ampleur de la tâche.



Coopération entre la Banque Régionale du Livre PACA et le Liban



Soutenir ASSABIL...


Projets à venir...

Pour ce qui est des projets à venir, Assabil cherche à mettre sur pied au sein des différentes bibliothèques publiques de nouvelles activités de sensibilisation aux droits de l'homme et de la femme, à l'environnement ...
Autre projet imminent:
Assabil prévoit très prochainement l'inauguration d'une nouvelle bibliothèque à Geitawi
dans le jardin des Pères Jésuites; elle aura la particularité de jouir d'un espace en plein air et adoptera une orientation écologique. De quoi attirer pas mal de curieux, témoignage du dynamisme de ces "amis de la bibliothèque" et du désir de nos jeunes d'en savoir toujours plus...



Au Menu de la Bibliothèque Municipale de Beyrouth
Tous les Lundis, diverses activités sont proposées:
Club-lecture, ciné-club, ateliers pour enfants d'initiation à la citoyenneté, ateliers pour femmes sur les bienfaits thérapeutiques du livre, animé par une psychologue, et atelier pour adolescents consacré aux Droits de l'Homme, occasionnant la rencontre et le mélange entre des jeunes venus de divers bords et horizons du pays. Bref, c'est tout un programme d'animations à la fois ludiques et éducatives qu'élabore cette bibliothèque qui dispense également des sessions gratuites d'initiation à l'informatique et à Internet.

 

 

 

 

 

 




Bibliothèque Publique ASSABIL:
Une conviction: le livre est un bien pour tous

Depuis quelques années déjà, l'association Assabil poursuit le objectifs qu'elle s'était assignés/ créer des bibliothèques publiques et soutenir celles qui existaient déjà dans les différents villages libanais, tout cela dans le but de développer la lecture publique.
Fidèle à son credo, elle fonde en Février 2001, la première bibliothèque publique à Beyrouth? en coopération avec la Municipalité de Beyrouth qui lui offregracieusement un local situé à Bachoura. Un concept inédit au Liban et dont l'application obéit aux principes définis par l'Unesco: gratuité des livres, accès ouvert à tous les citoyens, prêt à domicile et absence de censure.

Dans cette bibliothèque, quelques 20000 ouvrages, des revues, cassettes vidéo et l'accès à l'Internet sont mis à la disposition du public? ciblant ainsi tous les âges et ous les goûts. La majorité des livres sont en Français; le reste se répartit entre l'Arabe, l'Anglais, l'Arménien, mais aussi l'Espagnol, l'Allemand et, surprise, le Tamoul et l'Ourdou!
C'est dire l'esprit d'ouverture de cette bibliothèque ou jamais pourtant un Sri Lankais n'a encore mis les pieds... Si les rayonssont bien garnis, c'est d'abord grâce à l'indispensable concours des donateurs, parmi lesquels le Conseil Régional d'Ile de France, principal partenaire, l'Ambassade de France au Liban, les Fondations Hachette et Osseini, les Maisons d'édition Dar Ryad el Rayess, Dar An-Nahar et Dar el-Farabi
, sans oublier la contribution notable d'amis zélés qui orgaisent régulièrement des collectes de livres.

Nouvelles Activités

Avec ses 200 à 250 abonnés et la visite journalière d'une centaine de lecteurs, la bibliothèque ne désemplit pas.
Elle fait le bonheur d'un public
fidélisé, composé aussi bien de jeunes étudiants de l'université qui affluent en période d'examens et d'enfants accompagnés de leurs parents ou venus dans le cadre d'une visite scolaire, que de personnes adultes qui, souvent, viennent pour lire les journaux.
Afin de développer la lecture publique, Assabil a réussi à former un réseau, en collaboration étroite avec 26 autres bibliothèques disséminées dans des régions souvent défavorisées.
Deux grandes lignes directrices structurent son action:
- d'une part, organiser régulièrement des formations techniques et documentaires aux futurs bibliothécaires ( indexation, classement, animation autour d'un livre ...), faisant souvent appel à des intervenants étrangers.
- d'autre part, assurer la distribution des livres. C'est précisément une livraison d'environ 40.000 ouvrages que Assabil vient de réaliser. Destinés à une quarantaine d'associations, centres, bibliothèques et écoles publiques, ces livres ont été offerts par les associations françaises Biblionef et Adiflor, leur transport étant financé par le Centre Culturel Français.

Lama Younès

l'Hebdo Magazine du 31Janvier 2003


Contactez Assabil

email/courriel:

 

CLAC =
* Centre de Lecture et d'Animation Culturelle

La Fiche CLAC de
l'Agence Internationale de la Francophonie


Le Réseau CLAC: Lecture pour tous!

Début 2007, un réseau comptant entre 60 et 70 Clacs aux quatre coins du pays


Les représentants des municipalités et des associations culturelles au cours de la conférence de presse.

Au cours de l’année 2001, 14 Centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) ont été implantés par le ministère de la Culture en partenariat avec l’Agence intergouvernementale de la francophonie et les municipalités ainsi que plusieurs autres coopérateurs. Dans les deux années à venir, 15 nouvelles bibliothèques publiques sur le modèle des Clacs seront inaugurées de manière à couvrir les régions ne possédant pas d’infrastructure culturelle semblable, en particulier les cazas de Jbeil, Batroun, Jezzine, Baalbeck, Hermel, Bécharré. Le lancement de ce réseau de Clacs a eu lieu lundi dernier au ministère de la Culture, en présence de représentants de municipalités et d’associations culturelles.
« D’ici à fin 2006, tous les villages comptant plus de 10 000 habitants auront leur bibliothèque publique », a annoncé le ministre Ghassan Salamé.
Il ne s’agit pas uniquement de fonder une Clac, il faut entretenir ces centres. Ce projet, qui s’étale sur 3 ans, vise ainsi à réhabiliter les centres existants et à inaugurer 30 nouveaux Clacs, à raison de 10 par an.
Début 2007 donc, un réseau comptant entre 60 et 70 Clacs sera installé aux quatre coins du pays.

À mi-chemin
Le ministre a adressé des remerciements aux présidents des municipalités et aux associations culturelles, dont quelques-unes ont fondé des bibliothèques depuis des décennies. « Nous collaborons actuellement avec ces associations pour un développement durable. La culture est pour tous. Elle doit aller vers les gens, elle doit sortir des grandes villes. » L’enthousiasme de ces partenaires a suscité l’intérêt de nombreux organismes internationaux. « Le gouvernement français vient de nous accorder un million de dollars (à l’issue de la réunion, à Paris, des ministres de la Culture). L’Unesco nous a offert des livres et des ordinateurs, l’AIF poursuit son soutien pour les Clacs, la Grande-Bretagne et le Japon nous promettent également leur soutien. » « Il s’agit d’un projet ambitieux, a conclu M. Salamé. Mais au cours des deux années précédentes, nous en avons réalisé la moitié. »

Les Clacs, c’est quoi ?
Bibliothèques publiques et lieux d’interaction, les Clacs offrent un libre accès aux livres, aux technologies et à diverses activités culturelles et éducatives. Créés en partenariat avec l’Agence intergouvernementale de la francophonie, ils ont également bénéficié du soutien de la communauté française de Belgique, de la principauté de Monaco et du Conseil régional d’Île-de-France.

Partenariat international
Un projet Fonds de solidarité prioritaire sera préparé cette année avec les responsables du bureau du livre au Centre culturel français et le ministère français des Affaires étrangères. Une coopération, surtout dans le domaine de la formation, existe déjà avec la région française Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), l’ABF-Paca, Cobiac. Le partenariat avec Paca pourrait être développé pour l’établissement de la bibliothèque de Tyr, avec la mise à disposition d’un « Volontaire du progrès » pour le projet et l’animation des bibliothèques du Sud et la dotation de livres de la banque du livre. L’ambassade du Japon pourrait contribuer à l’équipement complet de deux ou trois bibliothèques. Dans le cadre du soutien de l’AIF jusqu’à la fin 2003 pour le budget de fonctionnement des 14 Clacs, une aide pourrait être obtenue cette année pour la formation des animateurs : formation à la lecture de contes et formation informatique. Le bureau régional de l’Unesco apporte son soutien à la constitution de bases de données pour les catalogues accessibles en ligne et s’engage à fournir des publications de l’organisation pour chaque bibliothèque ainsi que des ordinateurs.


Le ministre de la Culture montrant la plaque à installer dans les bibliothèques partenaires.

Quelques chiffres
Les 14 Clacs établis depuis 2001 ont accueilli en 2002, 191 000 visiteurs. 42 000 ouvrages ont été prêtés. Le Clac de Haret Hreik, par exemple, a enregistré 34 000 visiteurs, à raison de 108 jeunes lecteurs par jour.

Les engagements du ministère
Pour mener à bien le projet du réseau des Clacs, le ministère de la Culture s’engage à :
- lier les bibliothèques associatives au ministère par une convention. Elles doivent se conformer à un minimum de conditions. Elles deviennent bibliothèques partenaires ; - aider les bibliothèques partenaires à se rapprocher du modèle Clac : expertise, dons de livres de bonne qualité, dons d’équipements, formation ; - développer les fonds et les services des Clacs et des bibliothèques partenaires de manière harmonieuse : favoriser l’équilibre linguistique, développer le fond jeunesse, assurer des ouvrages de référence de base, assurer une base de données consultables à distance ; - former les animateurs de bibliothèques à la gestion de fonds, à la connaissance des ouvrages de base, à l’animation autour du livre ; - élaborer des projets de formation d’animateurs culturels ; - mettre un calendrier d’activités culturelles général et local avec les comités de gestion ; - développer le fonds des trois grandes bibliothèques importantes pour répondre à des besoins documentaires de niveau universitaire ; - élaborer un projet de création de bibliothèques dans les grandes villes.

Liste des donateurs
Outre les livres, les donateurs suivants ont assuré une expertise, une formation et un financement aux Clacs : ABF PACA et Banque régionale du livre, AIF, les ambassades de Belgique (CFB), d’Australie, de France (Bureau du livre, CCF Saïda), de Suisse, du Japon (Grassroots Projects), Assabil, Association des bibliothèques libanaises, Association libanaise pour les sciences de l’éducation, le British Council, la Fondation des parlementaires du Québec, la Fondation Hachette, le Goethe Institut, la librairie Antoine, Lions Club, la Maison du livre et l’Unesco (bureau régional).

 

 


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