présente
Emirat d'Abou Dhabi:
1er pôle d'excellence de la Francophonie dans le Golfe Persique
Musée du Louvre - Université Paris-Sorbonne - Université Saint-Joseph de Beyrouth

Objectif 2012

L'émirat d'Abou Dhabi mise sur la culture pour mettre en valeur ses multiples atouts et
affirme une stratégie d'attachement aux valeurs de la francophonie

avec l'Oriental.info, 1er journal francophone des émirats
Une antenne de l’USJ de Beyrouth à Abou Dhabi

Trois formations y seront dispensées en arabe, en français et en anglais.

Comme suite à un accord signé avec le Centre of Excellence for Applied Research and Training (CERT), un organisme relevant du ministère de l’Enseignement supérieur d’Abou Dhabi, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), au Liban, créera une antenne dans l’émirat du Golfe.
L’Université Saint-Joseph y installera une filiale de son École de traducteurs et d’interprètes, un institut de formation ortho-pédagogique
ainsi qu’une formation en actuariat.

Ces formations, qui seront suivies de plusieurs autres filières, seront dispensées en trois langues : l’arabe, le français et l’anglais.

La formation académique sera assurée par l’Université Saint-Joseph, notamment par des professeurs sur place et également par des professeurs visiteurs, tandis que l’administration et la logistique seront assumées par le CERT.

Les diplômes qui seront délivrés seront ceux de l’USJ.

Selon les responsables de l’Université Saint-Joseph, c’est grâce à la tenacité et aux efforts de la Fédération des anciens de l’USJ à Abou Dhabi
que l’on doit la création de cette antenne universitaire.
Sur quelque 200 000 Libanais qui travaillent dans la région du Golfe, 60 000 sont installés à Abou Dhabi. Ils seront les premiers bénéficiaires de cette initiative.

Après l’Université de Paris-Sorbonne qui a installé un campus à Abou Dabi en octobre 2006, l’Université Saint-Joseph est la deuxième université de langue française à s’ouvrir une fenêtre sur le Golfe.

Abou Dhabi achète tous azimuts et se pose en concurrent de Dubaï

Septembre 2008- Fort de son immense richesse pétrolière, l’émirat d’Abou Dhabi, qui a acheté la semaine dernière un grand club anglais de football et annoncé un investissement d’un milliard de dollars dans le cinéma, fait feu de tout bois pour s’imposer sur la scène mondiale.
Dopé par des recettes pétrolières record du fait de la flambée des cours du brut, Abou Dhabi, le plus riche des sept membres de la Fédération des Émirats arabes unis, multiplie aussi les investissements sur le plan local au point de se poser en rival de Dubaï, engagé dans des projets monumentaux, comme la plus haute tour du monde et trois îles artificielles en forme de palmiers.
Longtemps dans l’ombre de cet émirat voisin, Abou Dhabi s’est lancé dans des investissements tous azimuts après la mort en novembre 2004 de son souverain, cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, également fondateur et premier président des Émirats.
Abou Dhabi a d’abord misé sur la culture et le tourisme haut de gamme en attirant, moyennant finance, la prestigieuse université française de la Sorbonne – qui a ouvert en 2006 une branche à Abou Dhabi – puis le musée du Louvre. L’ouverture du « Louvre Abou Dhabi » est prévue en 2012.
Un parc à thèmes, dédié aux studios Warner Brothers, a aussi été annoncé et l’émirat prépare un « Ferrari World » qui comportera dès 2009 un circuit de formule 1. Abou Dhabi organisera ainsi à partir de l’an prochain un Grand Prix.
Les responsables d’Abou Dhabi ne lésinent pas sur les moyens pour faire parler de leur émirat : une nouvelle compagnie, Imagination Abu Dhabi, a ainsi été lancée mercredi dernier avec pour mission d’investir un milliard de dollars pour la production de 40 films sur les cinq prochaines années, en partenariat avec les plus grandes firmes de Hollywood et Bollywood, afin de faire d’Abou Dhabi une place forte de l’industrie du film.
Cette initiative a été révélée deux jours après l’entrée remarquée de l’émirat dans le monde du football, avec l’annonce de l’acquisition de Manchester City, club qui a engagé le même jour le Brésilien Robinho, 24 ans, en provenance du Real Madrid, pour 42 millions d’euros (près de 61 milliards de dollars).
L’acquisition a été faite par l’Abu Dhabi United Group for Development and Investment, un groupe d’investisseurs privés dirigé par cheikh Mansour ben Zayed al-Nahyane, ministre des Affaires présidentielles et frère du chef de l’État des Émirats.
Le nouveau patron de Manchester City, le milliardaire émirati Sulaiman al-Fahim, qui veut faire du club le plus grand du monde, a même affirmé mardi dernier qu’il était prêt à débourser jusqu’à 165 millions d’euros pour s’assurer les services du Portugais Cristiano Ronaldo, qui joue pour Manchester United, le principal club de la ville.
L’ambition semble désormais sans limite dans cet émirat dont le souverain, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, également président de la fédération, figure, avec une fortune estimée à 23 milliards de dollars, au deuxième rang des têtes couronnées les plus riches du monde, selon un récent classement du magazine américain Forbes.
Le principal fonds souverain de l’émirat, l’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), doté de quelque 875 milliards de dollars, est aussi le premier au monde.
Il est devenu en novembre 2007 l’un des principaux actionnaires de la banque américaine Citigroup en injectant 7,5 milliards USD dans cet établissement affaibli par la crise des « subprimes » (crédits hypothécaires à risque).
Fin septembre 2007, il avait acquis 7,5 % de Carlyle, l’un des plus gros fonds d’investissement américains, pour 1,35 milliard de dollars, et aussi investi 500 millions dans un fonds détenu par Carlyle, qui, comme Citigroup, a été gravement touché par la crise des crédits hypothécaires.
Mais Abou Dhabi investit aussi dans l’électronique. L’émirat a acquis en novembre 8,1 % d’AMD (Advanced Micro Devices), le numéro deux mondial des microprocesseurs.

ArtParis AbuDhabi
se tiend du 27 au 29 novembre, sous la coupole de l'Emirates Palace. 47 galeries internationales représentant 17 pays y participent. 24 viennent de l'Hexagone, dont Patrice Trigano, ou
Daniel Templon avec un «one-man-show» de Vasarely. A ne pas manquer non plus, la galerie allemande Frank Pages, qui montre une vidéo de Shirin Neshat, Rapture, et les 10 exposants du Moyen-Orient: l'iranien Silk Road se spécialise dans la photo et Albareh Art, de Bahreïn,
présente Ali Hassan, artiste du Qatar.

Rens.: 01-42-18-09-42. Et www.artparis-abudhabi.com
Art Paris-Abou Dhabi, un face-à-face de cultures

« Que la créativité soit un moteur de vie. » C’est ce qu’a déclaré cheikh Mohammad el-Khalaf al-Mazroui, porte-parole de l’Adach (haute autorité responsable du développement de la culture et de la préservation de l’héritage à Abou Dhabi). C’était lors d’une conférence de presse donnée à l’hôtel « Emirates Palace », la veille de l’inauguration de la foire Art Paris Abou Dhabi.
Cette foire d’art moderne et contemporain retrouve le golfe Arabique pour la seconde année consécutive.
Sous la prestigieuse coupole de l’Emirates Palace, plus de cinquante-neuf galeries, exposant des artistes de plus de 22 pays, se sont installées dès le 17 novembre. Inaugurée par Son Altesse cheikh Mohammed bin Zayed al-Nahyan, cette foire, qui se déroulera jusqu’au 21 novembre, est une plate-forme de dialogue entre les cultures orientale et occidentale. En effet, si les salles d’exposition enregistrent une augmentation de 40 % de fréquentation par rapport à l’an dernier, on note par ailleurs une recrudescence de l’art venu des pays du Moyen-Orient. Cette région du monde offre aujourd’hui une opportunité fantastique de découvrir de nouveaux artistes, avec une vision originale parfois radicalement différente de tout ce qu’on a l’habitude de voir en Occident. « Le M-O possède un grand potentiel de talents qui n’attendent qu’à être connus »,
dit Caroline Clough Lacoste, directrice d’Art Paris Abou Dhabi. « On assiste au même phénomène en Chine, en Inde ou en Australie et les collectionneurs ou curateurs sont attentifs au développement de ces régions », poursuit-elle.
Pour Bassam Terkawi, directeur général de TDIC (société pour le développement et l’investissement du tourisme), Art Paris entre dans le cadre d’un programme éducatif et culturel qui aura certainement des ramifications futures dans ce domaine-là. Tom Krens, ancien directeur du Musée Guggenheim de Bilbao et conseiller pour la construction du même musée à Abou Dhabi, considère qu’Art Paris serait comme un pont qui mènerait vers différentes directions. « Quand Bilbao a été construit, a-t-il dit, c’était une utopie et lorsque je suis arrivé il y a trois ans à Abou Dhabi, l’Emirates Palace était vide. Aujourd’hui, il grouille d’activités et il confirme ce dialogue qui existe entre les cultures. » En faisant le tour des galeries, de nombreux talents interpellent par leurs œuvres et leur créativité. Comme un terreau fertile, ils n’attendaient qu’à être découverts. Art Paris Abou Dhabi est une occasion unique pour que le monde connaisse ces nouveaux venus dans le paysage artistique. Qui sait si ces talents ne peupleront pas les murs des musées de demain à Abou Dhabi, ou ne mettront pas leurs efforts en commun pour travailler à la muséographie de ces grandes institutions artistiques qui vont voir le jour à partir de 2011 dans cette cité des Émirats.
Art Paris n’expose pas seulement à l’intérieur, mais à l’extérieur également. Dans le jardin de ce fabuleux palace de mille et une nuits, les sculptures ont pris place attirant les visiteurs et invitant à la ballade. Le monumental Art Garden avec notamment le Caterpillar de Wim Delvoye (présenté par la galerie Guy Pieters, Belgique) et la Corazza, gigantesque sculpture en bronze d’Igor Mitoraj (de Die Galerie, Allemagne).
Par ailleurs, dans cette seconde édition où Picasso côtoie l’artiste algérien Yazid Oulab et Ramin Haerizadeh avoisine Chagall, on assiste à l’émergence de nouveaux talents venus d’Inde, d’Iran et du Liban. Une foire qui défie la crise financière à laquelle fait face le monde et qui appelle à la fois à la créativité et au dialogue.

Bilan et perspectives d’une grande foire artistique

Quatre mille cinq cent personnes, dont de nombreux collectionneurs, curateurs et
amateurs d’art, ont convergé vers l’« Emirates Palace » pour assister à l’ouverture de la deuxième
édition d’artparis-Abou Dhabi. Un rendez-vous devenu incontournable.
Après l’inauguration officielle du Salon qui s’est déroulée en présence de Son Altesse cheikh Sultan bin Tahnoon al-Nahyan, avec la participation de personnalités françaises, notamment Marie Laure de Villepin, Cécilia et Richard Attias, Dominique Baudis, président de l’Institut du monde arabe, et d’autres figures du monde de l’art, plus de 12 000 visiteurs et collectionneurs ont déambulé entre les stands de 59 galeries internationales et dans les allées du Monumental Art Garden, installé sur la terrasse de l’Emirates Palace. Cela représente une augmentation d’environ 30% en terme de fréquentation, puisqu’ils étaient 9200 visiteurs l’année dernière.
Collaborant étroitement avec les autorités culturelles (Adach) et touristiques (TDIC) d’Abou Dhabi, les organisateurs d’artparis-Abou Dhabi, Caroline Clough Lacoste, Laure d’Hauteville et Henri Jobbé-Duval, ont confirmé leur volonté de prendre activement part au développement culturel d’Abou Dhabi en instaurant un dialogue fécond entre galeries, artistes et collectionneurs du Moyen-Orient et de l’Occident.
Dans un contexte économique touché mondialement par la crise, artparis-Abou Dhabi a généré des transactions en faveur d’artistes internationaux, principalement du monde arabe où s’est profilé un vif intérêt pour les artistes moyen-orientaux. Pour Laure d’Hauteville, ayant vécu plus de quinze ans au Liban et habituée donc aux foires d’art libanaises, « la présence des stands arabes a pour objectif de mettre en avant les grands artistes émergents et d’illustrer l’avancée culturelle du Moyen-Orient». «L’art arabe, souligne-t-elle, n’a pas fait ombrage aux grandes signatures, mais il est à présent plus difficile d’acquérir des œuvres de plusieurs millions d’euros qu’une œuvre contemporaine arabe qui vaut moins cher (entre dix et trente mille dollars) et certaines galeries ont joué la carte du métissage, comme Trigano qui exposait les œuvres orientales et occidentales. » « Les frontières s’ouvrent donc à artparis-Abou Dhabi et les gens communiquent, poursuit Laure d’Hauteville. Les musées qui sont en train de se construire ne peuvent démarrer s’il n’y a pas un marché de l’art. Celui-ci ne peut exister que par l’intermédiaire d’une foire qui offre un large panorama de l’art. Notre objectif est qu’Abou Dhabi soit formé de 50% d’œuvres des pays arabes et 50% d’occidentales tout en maintenant la qualité, et nous sommes déjà prêts pour l’an 2009. »
ABOU DHABI, de Colette KHALAF

>> Le Club de femmes francophones d'Abou Dabi

Abou Dhabi voit grand: Louvre, Sorbonne, salons et expositions...
l’Émirat multiplie les réalisations. Et ne lésine pas sur les moyens.
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Mars 2008: la semaine francophone à Abou Dhabi
Une première édition réussie

Baptême des mots et de la francophonie pour Abou Dhabi qui s’est ouverte à la culture au cours de trois journées qui se sont déroulées sous le haut patronage de cheikh Hamdan ben Zayed al-Nahyan, vice Premier-ministre, sous l’impulsion de Hoda al-Khamis-Kanoo, fondatrice du Abu Dhabi Music and Arts Foundation, et grâce à l’énergie de la curatrice Rita Saab Moukarzel. Abdou Diouf, secrétaire général de la francophonie, a donné le coup d’envoi de l’événement, en français dans le texte, rejoint par de nombreuses personnalités francophones qui ont animé la scène culturelle du 16 au 19 mars.

Abou Dhabi. La ville est accueillante, animée par les derniers préparatifs d’un événement inédit?: la semaine francophone. Dans son désir de construire des ponts virtuels et d’amitié pour que la diversité des cultures puisse se retrouver en toute harmonie, la cité a réuni culture, musique et art autour d’invités, écrivains, philosophes, caricaturistes, peintres, producteurs de cinéma, parfaits ambassadeurs de la langue française.
Coup d’envoi le 16 mars, à l’occasion d’une soirée d’inauguration, à la fois discrète et élégante, à l’Emirates Strategic Center, fondé en 1994 par cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan. Au cours de cette cérémonie, cheikh Nahyan Moubarak al-Nahyan, ministre de l’Éducation supérieure et de la Recherche scientifique, et cheikh Hamdane ben Zayed al-Nahyan, représentant du Premier ministre, ont pris la parole pour décrire l’éveil culturel d’Abou Dhabi, qui se fait dans un esprit de paix et de compréhension entre les peuples. Et cela, en présence de l’ambassadeur de France, Patrice Paoli,?et de Mongi Bousnina, directeur général de l’Alesco.
Dans son allocution, Abdo Diouf n’a pas manqué de souligner sa fierté de se trouver dans ce pays «?foyer d’une renaissance intellectuelle remarquable, symbole d’ouverture culturelle sur le monde, vecteur de dialogue illustré par la présence en ces lieux d’institutions prestigieuses comme la représentation de l’Université de la Sorbonne, le musée du Louvre et le musée Guggenheim?».
En remettant, pour la première fois, le « Prix de la traduction Ibn Khaldoun-Léopold Sédar Senghor en sciences humaines », créé par l’Alesco, à l’équipe du Centre de recherche et de coordination scientifiques (Cercos), pour la traduction en français de l’ouvrage de Mohammad Abel al-Jabri,?La raison politique en islam hier et aujourd’hui (remarquable travail qui s’est fait sous la supervision du professeur Ahmed Mahfoud), Diouf a précisé?: «?Voilà la formidable magie du texte qui demeure le lieu et le moyen le plus sûr de forger les âmes qui animeront le monde de demain, riche de sa diversité culturelle et linguistique.?» Et de conclure?:?«?L’équipe du Centre de recherche et de coordination, qui entre aujourd’hui dans le palmarès du Prix de la traduction Ibn Khaldoun-Léopold Senghor, nous a livré cette œuvre. À nous de savoir bénéficier de cette moisson qui illustre la diversité culturelle et son acceptation.?» Un trophée a été remis au lauréat, ainsi qu’aux invités et intervenants de cet événement culturel. L’inauguration a été suivie d’un cocktail autour de l’exposition des œuvres de Nja Mahdaoui, plasticien du signe tunisien, diplômé de l’Académie des arts de Santa Andréa de Rome et de l’École du Louvre, et membre du jury international du Grand prix des arts de l’Unesco. «?C’est une chance et un honneur d’exposer quelques-uns de mes travaux artistiques ayant trait au métissage du signe dans le cadre de ce débat civilisateur.?»

Table ronde
Les journées francophones ont véritablement démarré le lendemain, sous le signe de la culture et de la musique, avec une table ronde autour du thème?: «?L’art francophone comme vecteur de la communication?». Dans son mot d’introduction dit en français, fait suffisamment rare pour le souligner, la cheikha Shamma bint Sultan ben Khalifa al-Nahyan a précisé?: «?En tant que jeune Émiratie, ma capacité à m’exprimer, lire et écrire en français m’a ouvert les portes du monde francophone, de l’art, de la musique, de la littérature et même des sports. Je suis convaincue que la compréhension de cette culture me permet de construire des ponts et de faciliter les échanges entre les Émiratis et la culture française.?»
Diane de Bellescize, modératrice mais également professeur agrégée des facultés de droit à l’Université du Havre, chargée d’enseignement à l’Université Paris 2 Assas et responsable des échanges internationaux à l’Institut français de presse, des DESS de journalisme à Beyrouth, Moscou et Le Caire, a lancé le débat en s’adressant à Joseph Maïla, ancien recteur de l’Institut catholique de Paris et directeur du Centre de recherche sur la paix à Paris, lui demandant d’intervenir sur l’art de la médiation «?qui conduit, précise-t-elle, à la négociation et la communication?».
«?J’ai eu l’occasion, dit Maïla, à l’Organisation internationale de la francophonie, de participer à nombre de sorties de crises. J’ai appris certaines choses portées par la philosophie des institutions francophones et notamment qu’il y a un médiateur là où il y a un conflit. Et que, pour sortir de ce conflit, qui est plus important que le médiateur, il faut d’abord l’accepter. Regarder la crise en face et l’assumer, c’est commencer à la résoudre. C’est la loi de la démocratie. Le conflit n’est jamais objectif. Une fois assumée la visibilité de ce conflit, il faut changer le regard porté sur l’autre. Les appréhensions des uns et des autres sont les mêmes, les douleurs se retrouvent et les angoisses aussi. Enfin, dans une médiation, on donne à chaque acteur la possibilité de devenir le faiseur de sa propre histoire.?»
Pour le député Salah Honein, à qui il a été demandé d’intervenir sur l’art dans le discours politique, «?la politique a pour objectif de faire évoluer une société vers la démocratie, la liberté, l’ouverture et la justice. Le discours politique, basé sur la forme et le fond, est un moyen de promouvoir ces idées et de les appliquer. Le fond doit être honnête et la forme porteuse. Tout discours doit être rassembleur, dynamique et actif. Il doit surtout aboutir à une application. L’homme politique doit être jugé sur les résultats de son action.?»
Le philosophe Benoît Peeters, théoricien, critique, romancier et spécialiste d’Hergé, a développé la relation entre le texte et l’image. «?La bande dessinée peut être un vecteur important de la francophonie, un véritable dialogue culturel.?» Reprenant les albums de Tintin et notamment Le Lotus Bleu, il rend hommage à Hergé, précurseur et visionnaire, qui, dans les années 30, illustrait déjà parfaitement le dialogue et l’échange réussi entre deux cultures si différentes, bousculant tous les stéréotypes et les appréhensions d’actualité. Revenant également sur Les Cités obscures, célèbres bandes dessinées qu’il crée en collaboration avec François Schuiten, il confirme qu’«?à travers ce médium souple, sans grands moyens financiers, nous pouvons faire exister un espace, un monde, à travers des techniques très libres.?»
Salem Brahimi (fils du diplomate algérien Lakhdar Brahimi), producteur de cinéma, venu présenter le film Mon Colonel?dans le cadre de ces journées francophones, a tenu pour sa part à souligner la difficulté de faire coexister le verbe et l’image, en affirmant que «?résister c’est créer, créer c’est résister?». Nja Mahdaoui a partagé son expérience de métissage artistique dans la concrétisation d’une œuvre commune avec un artiste québécois, une «?cohabitation sur une même œuvre?» dont il a pu découvrir les possibilités et les limites. Plantu, célèbre caricaturiste au quotidien Le Monde et créateur en 2007 de la fondation Cartooning for Peace, a confirmé l’importance de l’humour dans la caricature, ne pouvant s’empêcher d’illustrer ses propos et de revenir sur son expérience personnelle avec cet outil aujourd’hui dangereux. «?La caricature, c’est une manière de faire du bien là où ça fait mal. Notre première langue à tous, c’est l’image. Le boulot d’un caricaturiste est de montrer quelque chose de spontané et qui va à l’essentiel.?»?«?Il y a, conclut-il avec un large sourire, un temps pour pleurer et un temps pour critiquer. »
Le musicien et pédagogue Éric Preterre, spécialiste de jazz, a appris, dit-il, à écouter au cours de ses voyages. Revenant sur une expérience vécue à Abou Dhabi avec des élèves étudiant le français comme langue étrangère et qui ont prêté leur voix à l’enregistrement d’un recueil de neuf chansons réunies dans un CD et un spectacle sur l’environnement, intitulés Planète en danger, il affirme, satisfait?: «?Dans ce projet d’une année, modeste et ambitieux, initié et dirigé par le Bureau de coopération pour le français et l’ambassade de France, nous avons développé la communication et le dialogue au détriment du professionnalisme?», avant d’inviter l’assistance à une représentation donnée le soir même à la Fondation culturelle d’Abou Dhabi. Le journaliste français Aurélien Colly, qui travaille à RFI et France 24, a, quant à lui, signalé le rôle de la francophonie et des médias français dans la définition d’un espace alternatif qui permettrait aux autres cultures d’exister.
Enfin, et pour clôturer une table ronde où le dialogue s’est illustré par sa diversité et sa qualité, Patrice Paoli a conclu en faisant rimer francophonie et polyphonie?: « La parole est le début de l’action, qui reste l’une des vertus de la francophonie. Commencer à dire, c’est commencer à agir.?»
La première journée s’est achevée sur un sentiment de satisfaction générale. La francophonie a trouvé sa place d’honneur à Abou Dhabi.



La semaine francophone à Abou Dhabi

Journées langue française, cinéma et arts plastiques

Après la cérémonie d’inauguration et la table ronde organisée autour du thème «? L’art francophone comme vecteur de la communication?», la semaine de la francophonie s’est poursuivie dans un même souci de qualité, mettant à l’honneur la langue française, le cinéma et la peinture.

Mardi 18 mars. Pour sa deuxième journée, Abou Dhabi s’enrobe d’une délicieuse francophonie que tous les invités savourent avec un plaisir partagé. Au programme?: une conférence de Benoît Peeters sur le thème «?Demain la langue française?» et la projection du film Mon Colonel, réalisé par Laurent Herbié, en présence du producteur Salem Brahimi.
L’écrivain belge Benoît Peeters, théoricien et critique, qui était intervenu la veille en tant que spécialiste d’Hergé et cocréateur des bandes dessinées Les Cités obscures, a repris le thème de l’exposition «?Tu parles !? Le français dans tous ses états?», dont il fut le commissaire en 2000, la faisant suivre d’un ensemble comprenant un DVD et un livre. «?Nous avions choisi les villes de Lyon, Bruxelles, Québec et Dakar pour confirmer que Paris n’est pas le centre obligé de la francophonie?», a souligné Peeters en guise d’introduction. En projetant l’extrait d’un des films tournés un peu partout dans le monde, intitulé Les francophones du bout du monde, il a tenu à «?faire entendre les couleurs de la langue française?». Roumains, Malgaches, Japonais, Américains, Iraniens, Cambodgiens y témoignent d’une même voix leur attachement à cette langue. Le ton est vite donné, gorgé de clins d’œil et teinté d’humour. Pour illustrer ses réflexions sur la situation actuelle de la francophonie, Benoît Peeters a critiqué le «?pragmatisme mondialisant?», qui tient à mettre la langue anglaise face au français, presque contre. «?On dit que la première est la langue des affaires, de l’informatique, la langue “up to date”, “trendy”, chic. Alors que la seconde est celle de l’Académie et celle du rap?; celle du TGV, de la diplomatie et des droits de l’homme.?» Parce que ce sont les langues qui sont à défendre et pas le français, «?il faut, précise-t-il, arrêter de tenir le discours de la citadelle assiégée et défendre la diversité linguistique, celle des langues oubliées, menacées de disparition, pour aller vers un régime de coexistence linguistique…?» Il serait bon, également, selon l’écrivain, de sortir du purisme de la langue française, cette «?hypertrophie de la langue grammaticale?» qui, se préoccupant trop du juste, a de la difficulté à se forger de nouveaux mots. «?Avant de se demander si on est dans la correction, il faut d’abord le dire !?» Reprenant des mots anglophones liés à l’ère de l’informatique, Peeters, non sans humour, rappelle que, comme l’ont fait les Québécois qui ont accompagné la naissance de ce phénomène, remplacer software par logiciel, walkman par baladeur, e-mail par courriel et spam par pourriel résonne comme une évidence. «?Il faut, conseille-t-il enfin, mélanger pragmatisme, volontarisme et écoute, et garder un rapport ouvert et créatif avec la langue. La réinventer, comme une langue curieuse des autres, ouverte aux autres et désirable.?»

Projection
Désirable, cette langue francophone le fut, tout au long de ces journées particulières. La projection du film Mon Colonel, écrit par Costa-Gavras et Jean-Claude Grumberg, réalisé par Laurent Herbiet d’après le roman éponyme écrit par Francis Zamponi, avec Robinson Stévenin, Olivier Gourmet, Cécile de France, Bruno Solo et Charles Aznavour, a été introduit par l’un des producteurs, l’Algérien Salem Brahimi. «?Après les mots, a-t-il précisé, parlons de la guerre.?» Et plus précisément la guerre d’Algérie, la torture et les «?pouvoirs spéciaux?». «? Ce film, à la fois thriller et film politique, psychologique et historique, est franco-algérien. Il n’aurait pas été possible sans l’Algérie, sa population, sa communauté artistique, ses autorités civiles et militaires. Il n’aurait pas été possible, non plus, sans la France. Costa Gavras et son épouse Michèle, Pathé, le Centre national du cinéma et l’Île de France… Durant le financement, la préparation et le tournage de ce film, le monde et notre équipe aussi regardaient avec stupéfaction et désolation l’histoire que nous racontions se répéter?: une armée d’occupation envoyée là où elle n’avait aucune raison d’être, laissée à ses propres excès par un pouvoir politique désespéré de “pacifier” par quelque moyen que ce soit et qui commençait à justifier l’injustifiable… L’histoire ne se répète pas… elle avance… et on apprend ensemble… et on impressionne un peu de pellicule… pour ne pas oublier…?», conclut-il.

Arts plastiques
Le dernier rendez-vous de cette semaine francophone, fixé pour le mercredi 19 mars, s’est organisé autour des arts plastiques. Trois expositions se sont déroulées à l’Alliance française d’Abou Dhabi, en l’honneur de Léopold Sédar Senghor?: «?Gueule de lion et sourire du sage?», réalisée et diffusée par l’Organisation internationale de la francophonie, qui a réuni une série d’affiches illustrant la vie et l’œuvre du grand poète. Et «?La belle histoire de Leuk-le-lièvre?», superbe conte pour enfants imaginé par un Senghor inspiré. Soit 55 planches qui ont illustré le livre et, d’autre part, 20 peintures sur plaques de verre fixées sur bois, inspirées de ce même conte et réalisées par des artistes africains.
La semaine francophone s’est ainsi achevée sur une impression de réussite, laissant derrière elle une envie d’encore plus. Encore plus de culture et de rencontres de qualité, tant pour les organisateurs que pour les intervenants et les participants. Cette première édition, qui a semé ses grains, espère récolter, sur le long terme, une francophonie transformée en langage naturel.

ABOU DHABI, de Carla HENOUD pour L'Orient-Le Jour de Beyrouth


UN MIRAGE NOMMÉ ABU DHABI
Avec quatre futurs musées, des projets architecturaux et hôteliers vertigineux, mais aussi un patrimoine naturel méconnu, Abu Dhabi s'avère la destination phare de demain. Visite d'une capitale vers laquelle tous les regards convergent.

Un ballet d'hélicoptères tournoie dans le ciel délavé d'Abu Dhabi. Direction l'Emirates Palace Hotel, sur la pointe Ras al-Akhdar de l'île. La Main Gate (inspirée de notre Arc de triomphe, sic !), réservée aux hôtes d'exception, aspire un flot de berlines rutilantes, tandis que la pelouse latérale tient lieu de piste d'atterrissage. Des essaims d'hommes en blanc et de femmes en noir déambulent dans le lobby pharaonique. Le palace de tous les superlatifs, autoproclamé 7 étoiles, accueille ce mardi de décembre un mariage princier. La famille royale célèbre l'union d'un des siens, Cheikh Mohammed Ben Hamdan Ben Zayed al-Nahyan, avec la fille du Dr Cheikh Sultan Ben Khalifa al-Nahyan. Deux al-Nahyan ? Rien d'exceptionnel : les Emiriens - qui ne représentent que 13 à 15 % de la population de leur pays - se marient de préférence entre eux, a fortiori lorsqu'ils portent un nom célèbre, nous dit-on. Les al-Nahyan exercent leur autorité à Abu Dhabi depuis 1690. Deux d'entre eux ont donné leur nom aux deux avenues principales d'Abu Dhabi : le plus célèbre, Zayed al-Nahyan le second, qui fut le père fondateur des Emirats arabes unis (EAU) - le 2 décembre 1971 - et son président jusqu'à sa mort en 2004 ; ainsi que son grand-père Zayed al-Nahyan le Grand, qui fit bâtir sur un édifice du XVIIIe le fort Blanc et ses remparts, ancien palais des cheikhs que Wilfred Thesiger décrit, dans Le Désert des déserts, comme « un grand château dominant la petite ville en ruine qui s'étirait du rivage. Il y avait là quelques palmiers et, non loin d'eux, un puits où nous abreuvâmes nos chameaux. » C'était en 1948. Aujourd'hui, rare vestige historique de la ville - la légende raconte qu'il protégeait la source d'eau qui fut à l'origine de la fondation d'Abu Dhabi -, le fort al-Hosn se tient timidement à l'ombre d'une forêt de buildings. Le plus haut, l'Adia Tower, un bâtiment de verre et d'acier, inauguré en 2007 pour accueillir le quartier général des services d'affectation des revenus du pétrole, culmine à 200 mètres de hauteur.

Du sommet de la tour voisine, on a bien du mal à imaginer qu'avant 1958 - date de la découverte de l'or noir -, cette ville debout n'était qu'un minuscule village de pêcheurs de perles. Là où se dressaient leurs cabanes ensablées, là où les bédouins se déplaçaient à dos de dromadaire, se trouve actuellement la Corniche, une belle promenade de 6 kilomètres ponctuée de squares, de cafés, et bordée de tours et de mosquées. Abu Dhabi recense plus de 900 de ces dernières. La plus fameuse, la grande mosquée Cheikh Zayed vient d'être achevée après sept années de travaux. L'édifice est somptueux. Une partie du monument sera accessible aux non-musulmans, qui pourront ainsi admirer ses colonnes incrustées de pierres précieuses et son fabuleux tapis iranien de 6 000 m2, le plus grand du monde. Un des plus jolis points de vue pour la photographier est incontestablement la terrasse de la piscine de l'hôtel Shangri-La. Ouvert fin 2007, le palace oscille entre profusion et charme orientaux. Ses élégants restaurants chinois, vietnamiens et français accueillent le Tout-Abu Dhabi.

Le soir, il est très couru de venir y fumer la chicha. Les belles Emiriennes, luxueusement vêtues sous leurs abayas noires (« un vêtement culturel et non religieux », précisent-elles en choeur) jouent langoureusement avec leurs voiles. Pour croiser des Emiriennes et leurs familles, inutile de déambuler dans les rues - on ne se promène pas en centre-ville, il n'y a rien de charmant à découvrir sous une chaleur caniculaire -, rendez-vous dans les centres commerciaux de la capitale : le Marina Mall et l'Abu Dhabi Mall, de préférence en fin d'après-midi. Le sport préféré des Emiriennes, avant le ladies'club, est invariablement le shopping. Marie-Christine de Warenghien, une « expat' » cultivée devenue prof de français, puis guide officielle d'Abu Dhabi, le confirme : « A chaque session, lorsque je demandais à mes élèves pourquoi elles voulaient apprendre le français, elles répondaient à l'unisson "for shopping !" » Fatima, une étudiante rencontrée à la Sorbonne-Abu Dhabi - université mixte de langue française créée par un accord de coopération entre Paris IV et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche des EAU - acquiesce : « Ça fait chic de parler le français ; c'est prestigieux. » Les ressortissants de l'Hexagone sont ainsi plutôt bien accueillis. Mais que faire à Abu Dhabi, excepté du shopping aux malls ou à l'Heritage Village, pour les souvenirs, et profiter des infrastructures et des plages de l'Emirates Palace et du Shangri-La ? Passer une demi-journée à buller sur l'île de Lulu ; swinguer sur le green (de sable en l'occurrence) de l'al-Ghazal Abu Dhabi Sand Golf ; découvrir le chantier et le port des Dhows, à deux pas des souks aux poissons, aux fruits et légumes, aux dattes... Les travailleurs indiens et pakistanais y construisent encore des bateaux en bois selon la tradition séculaire. « Mais c'est sûr, commente Mohammed, un Marocain expatrié, pour m'amuser, je préfère aller à Dubaï, tandis que pour vivre au calme, en famille, je préfère Abu Dhabi. Ici, il y a une vingtaine de parcs et jardins, et moins d'embouteillages. Dubaï, c'est la démesure, alors qu'Abu Dhabi, c'est la capitale émirienne et fédérale, avec ses administrations, ses ambassades... et une véritable ambition de capitale culturelle du Moyen-Orient. » Comme l'attestent l'île de Saadiyat (signifie bonheur en arabe) et ses quatre futurs méga-musées prévus pour 2011-2012 : le Louvre de Jean Nouvel, le Guggenheim de Frank Gehry, le Centre des arts vivants de Zaha Hadid et le musée de la Mer de Tadao Ando, qui ont fait couler beaucoup d'encre. L'Emirates Palace accueille une très belle expo consacrée à ce projet. En revanche, l'île de Saadiyat n'est aujourd'hui qu'un chantier. Inaccessible. Qu'à cela ne tienne, une myriade d'îles naturelles, au large des 400 kilomètres de côtes de l'émirat, sanctuaires des tortues vertes et des dauphins, constituent des réserves naturelles protégées, notamment pour des espèces ornithologiques menacées, bien plus attrayantes. Certaines de ces îles furent peuplées dès l'Antiquité, telle Sir Bani Yas.

Ne quittez pas Abu Dhabi sans une excursion à al-Ain, la verdoyante oasis qui vit naître Cheikh Zayed. Son marché aux chameaux, son camélodrome et son Musée archéologique méritent le détour. Les amoureux des dunes skieront sur le sable ou admireront le coucher du soleil. Les plus chanceux pousseront jusqu'à l'oasis de Liwa, par le désert de Roub al-Khali, « le quartier vide ». Au train où vont les chantiers du pays, il ne le restera peut-être plus très longtemps !

MARIE-ANGÉLIQUE OZANNE pour Le FIGARO


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